Un amour sinon rien
241 pages
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Un amour sinon rien , livre ebook

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Description

Armand, fils d'un couple normal mais avec un instituteur délicat à gérer, devient, au fil des années, aventurier, moniteur de ski, puis ingénieur en Formule 1. Il aime les relations et son éventail de connaissances est très ouvert. Néanmoins, le jeune homme est timide avec les filles. Ses expériences d'adolescent l'entraînent dans une philosophie de vie qu'il aimerait partager avec une jeune fille qu'il cherche, en vain.
Au détour d'un voyage en Suisse, à 26 ans, c'est la révélation. Il rencontre Cäcilia, jeune Autrichienne. Les deux adultes vivent le coup de foudre. Armand partage enfin ses aspirations et ses réflexions qu'il a initiées avec Mallaury, une enfant rencontrée en colonie 7 ans plus tôt. Il l'emmène de temps en temps au ski pour la sortir d'un environnement familial difficile. Mallaury et Cäcilia sont des personnes attachantes et renvoient cette confiance qu'Armand souhaite palper entre deux êtres.
Mais elles vont connaître le meilleur, comme le pire.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 avril 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782363155375
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0012€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Un amour sinon rien
CyrilleMarais
© Cyrille Marais 2016 ISBN:978-1530722556
Cet ebook a été réalisé avec IGGY FACTORY. Pour plus d'informations rendez-vous sur le site : www.iggybook.com
ChapitreI
Vue sous un certain angle, la vie est surprenante. Elle dilue son lot de métaphores, procrée des fortunes diverses et variées, déchaîne les passions et les émotions, raye des destins, en fige d’autres, en bâtit même. La terre donne de l’énergie, l’homme puise. Sous un autre angle plus général, la femme diffuse, l’homme hume. Les deux sexes s’oxygènent. Mais souvent, c’est un parfum volatile que les filles espèrent condenser, et une personnalité tumultueuse et moussante que les garçons tentent de liquéfier. Armand s’envola vers Barheïn à contrecœur. Même s’il se persuadait du bien-fondé de son raisonnement et s’obligeait à assurer son poste, débarquer dans un pays cerné de bateaux de guerre handicapait sa sérénité. En effet, par la fenêtre du hublot, il découvrit les porte-avions et croiseurs américains qui patrouillaient dans le golfe persique, la mer la plus surveillée de la planète. — Toute cette artillerie pour le pétrole, songea-t-il. Sur le parking devant les paddocks, un brouhaha s’entendait de l’extérieur ce qui interpella l’ingénieur à sa descente du taxi. Fidèle à ses calculs, alors que le personnel de Red Bull Racing, qui accumulait desmiles avec toutes les compagnies aériennes, s’était retrouvé bloqué à Dubaï, le passager d’Air-France avait optimisé sa feuille de route. Armand choisissait les vols adéquats pour glaner, çà et là, quelques heures, et rester le plus longtemps possible avec sa famille. Il badgea à l’entrée des motor-homes, sorte de camping-cars dont les carrosseries sérigraphiées aux couleurs des écuries incluent les logos des sponsors, pénétra dans le garage, et se trouva nez à nez avec trois personnes distinguées. — Va bene, monsieur l’ingénieur du carburant, chanta chaleureusement le directeur de l’écurie en lui tapotant l’épaule, comment ça va ? Mesdemoiselles, je vous présente notre magicien qui dope nos moteurs de formule 1, monsieur Meiller, 27 ans, un beau gosse. — MesdemoisellesJ’en ai 35 ! patron. — Ma, vous ne les faites pas. Avec la délicatesse de notre sponsor français qui vous a délégué auprès de notre écurie, nous nous calons sans accroc sur le règlement de la FIA. Les deux filles qui meublaient la garde rapprochée du grand patron et argentier de l’écurie mesuraient chacune un mètre quatre-vingts, sans comptabiliser les talons aiguille de dix centimètres minimum. Une blonde et une rousse, aux très fortes poitrines, aux rouges à lèvres détonants et aux mensurations affolantes, entouraient leur ami aux huit bagues. Les Anglais, mécaniciens, ingénieurs et chefs de voiture, admiraient les deux demoiselles qui déambulaient tout en posant des questions dont les réponses ne les intéressaient en aucune manière. Le préposé aux pneus, les yeux divergents, poussait une charrette remplie à ras bord et difficile à manoeuvrer. Il s’était empêtré les pieds dans l’un
des paravents qui séparait chaque voiture. Sa chute avait émis des décibels suffisamment importants pour alarmer les autres équipes. Armand, impressionné par la longueur des jambes exhibées, leur assura poliment, sans se démonter : — C’est un honneur pour moi de vous rencontrer, mesdemoiselles. La délicatesse est notre spécialité, je suis mandaté pour. Leurs mains aux phalanges légèrement arquées, tendues avec élégance, légèreté, et finesse, flottaient comme si elles étaient épargnées de la pesanteur. L’homme soutint délicatement le bout des doigts de chacune des fées, s’inclina devant l’une, puis l’autre, en un réel baisemain digne de films hollywoodiens. Les deux bouches respectives, dont l’éclat des dents semblait directement sorti d’une publicité pour dentifrice, s’élargirent spontanément en un sourire à la dimension de leur taille. Le grand chef, un poignet sur chaque épaule dénudée, supervisait l’échange. — Notre ingénieur est un gentleman, commenta-t-il avec un fort accent italien, les lunettes de soleil sur ses cheveux ondulés grisonnants. Vous me sembliez timide, mais maintenant, je me méfierai. Les quatre éclatèrent de rire. — Gracie mille, merci beaucoup monsieur Armand, acquiescèrent-elles en choeur. Puis, elles disparurent. La Hongrie et ses péripéties accueillirent l’état-major de l’écurie au sein d’un hôtel cinq étoiles qui fleurissait, avec d’autres de même niveau, le long du Danube. Des couloirs de quatre-vingts mètres de long distribuaient les portes des chambres où, comme en Malaisie, les lits de 220 x 220 haut de gamme campaient au milieu des vingt à quarante-cinq mètres carrés de la pièce centrale. À l’instar du pays au tigre éponyme, mais à échelle plus réduite, la salle de bains en marbre se composait d’une baignoire de deux mètres et d’une douche à l’italienne. Un combiné double vasque se reflétait dans un miroir aussi propre qu’un objectif d’appareil photo. Tous ces équipements étaient dédiés au bien-être de plusieurs pensionnaires, si affinité. L’acoustique, traitée avec des matériaux performants, isolait chaque chambre des pires ronfleurs. — Les ronfleurs et ceux qui profitent de la vie, entonna l’athlétique et baraqué responsable de la sécurité. Viens au sous-sol, un bar moderne et une boîte de nuit t’extraient le stress de la journée. Tu remontes par ascenseur. Même ivre, ces transports verticaux sont gérés par des hôtesses et tu réintègres ta chambre, seul ou à deux. — À deux ? Armand mimait le candide, malgré son examen de la gent féminine fréquentant le bar de la réception, planté au beau milieu du rez-de-chaussée. — Ne sois pas innocent— Je viens à Budapest pour la seconde fois. Je n’ai repéré aucun indice d’entraîneuse au sous-sol l’année dernière. Je dormais au quatrième. — Ton imaginaire, aussi exotique soit-il, ne parviendrait pas à rêver de ce qui t’accueille en bas. Même dans ta chambre au premier étage, le bruit de la boîte est imperceptible. — Mon métabolisme nécessite beaucoup de sommeil. He ureusement que tu m’annonces ça, parce qu’au Grand Prix précédent, à Bahreïn, bonjour l’angoisse ! — Tu ne payes pas ton coup à boire ? — En général, mes services sont autres.
Alorsjecomptesurtoi.Onintervertitleschambres?
Alorsjecomptesurtoi.Onintervertitleschambres? — Et pourquoi ? — La mienne jouxte celle de mon chef, la tienne est près de l’ascenseur, et une hôtesse m’accompagne. Nous sommes habitués. Elle économise des nuits à l’hôtel. — Une hôtesse ? — Ouais, une fille du coinUne escort— Et ? — Le club privé au sous-sol ignore mon rôle dans l’écurie. Il est préférable d’en repartir accompagné. Même à trois ou quatre, on ne va pas se marcher dessus dans le lit ! — Se marcher dessus ! Si ces demoiselles sont trop entreprenantes, tu appelles la sécurité ? — Ils sont occupés au paddock toute la nuit ! Si je suis malmené, je souffre en silence ! Le risque majeur encouru est de mourir d’épuisement ! — Bon, je te cède ma chambre, mais sois sage, hein ? Pas de bruits susceptibles de perturber ma voisine, la journaliste. — Merci, jeune ami. Je préfère que ce soit elle qui me démasque plutôt que le patron. Profite, tu le regretteras sinon. — Je ne regrette jamais rien. Ils se donnèrent une claque en riant et se couchèrent. Treize années auparavant, Armand, d’origine savoyarde, skiait avec Pascal et Emmanuel en pleine tempête de neige sur la voie normale du Mont-Blanc. Ils battaient en retraite. — Tu es sûr de toi Pascal ? — Oui, vingt mètres plus à gauche. — Je pense qu’il y a des crevasses. Je connais le coin, s’inquiétait Armand. — Non, nous avons grimpé là-bas, Pascal pointait son piolet, je dirais même cinquante mètres azimut Ouest. — Tu te trompes, mais bon. L’aspirant-guide obliqua selon les indications et la couche de neige se rompit sous ses skis. Un bouchon neigeux suspendu dans l’antre du glacier freina sa chute. Penaud, il escalada la paroi parfaitement lisse de l’anfractuosité glaciaire bleutée grâce à son matériel technique, crampons et piolets. Ses deux compagnons de fortune, les yeux étonnés, le surveillaient du coin de l’œil. Ils lui avaient déroulé une corde de sécurité. Complètement transformé en bonhomme de neige, Armand rampa sur la lèvre inférieure de la crevasse. Là, le groupe de trois fut rattrapé par deux Autrichiens chargés comme des mulets. Ils échangèrent : — Oui, se gaussèrent les Européens de l’Est, nos raids sont toujours gérés de la sorte : tente, duvet, oreiller, réchaud, gnôle ou eau-de-vie, vin, saucisson et fromage. Nous charrions même des biscottes, du beurre, du lait et du café pour le petit déjeuner. — Et vos sacs ? — Vingt-cinq kilos à peu près, mais nous ne sommes pas pressés. Nous grimpons jusqu’à ce que les jambes flanchent. Puis, nous organisons notre bivouac. Les trois compères étaient stupéfaits. Refroidis par la chute d’Armand, ils s’encordèrent tous les cinq. La traversée de La Jonction, confluent entre le glacier des Bossons et celui issu des pentes nord du Dôme du Goûter, très dangereuse, imposait une distance d’encordement maximum. Cet obstacle franchi, plus rien ne pouvait entraver la progression du groupe jusqu’à la gare intermédiaire du téléphérique de l’Aiguille du Midi. Etpourtant
Et pourtant— Hé ! Pas à gauche, ce coup-ci, il y a la moraine du glacier des Pèlerins, sa hauteur de vingt mètres vous engloutira, criaient les français. L’un des deux Autrichiens ignora les propos. Tête baissée, il dirigea ses skis dans la pente, sans même voir la planéité du sol ni le relief. Des jours comme celui-là où le ciel se confond avec la terre, le jour blanc selon les alpinistes, imposent la prudence. Les autres membres de l’expédition décampèrent à flanc de montagne. Armand, jeune aspirant-guide stagiaire, écoutait. Les flocons chutaient verticalement et cette atmosphère feutrée étouffait tous les bruits. Pourtant, le champ visuel permettait à l’aventurier de suivre l’imprudent sur quelques dizaines de mètres. Ce dernier fit trois virages puis disparut. Armand perçut juste u nnein, sec et aussi bref que l’évaporation du malheureux skieur. Prudemment, il s’approcha. Il surplombait une rupture de pente ensevelie sous le manteau où le brouillard et les masses de neige empêchaient toute évaluation de distance. De là, une trace se perdait dans le vide. « Espérons que notre ami se réceptionne différemment des biscottes qu’il transporte. Sinon, il va endurer une sacrée décélération et les fragments du puzzle ne seront pas simples à reconstituer », marmonnait-il. Deux jours plus tard, 1 heure 20 du matin. Tout le monde dormait au refuge d’Argentière, à 2 700 mètres. Cette cabane d’altitude, aujourd’hui modernisée, est la Mecque des alpinistes européens qui veulent se mesu rer aux grandes parois chamoniardes : les Droites, les Courtes, l’Aiguille Verte, la Grande Rocheuse, la Tour Carrée et enfin, au fond de ce cirque glaciaire majestueux, le Mont Dolent, pyramide franco-italo-suisse presque parfaiteCes immenses faces nord fascinent. Depuis la terrasse du refuge, en été, les dalles rocheuses surplombées de goulottes de glace vertigineuses défient les yeux des escaladeurs les plus entraînés. Soudain, un bruit de cliquetis s’entendit dans le couloir, la porte du dortoir s’ouvrit. Deux hommes, encore harnachés, y pénétrèrent : — Ja, wir sind endlich hier angekommen. Cool. (Oui, on y est enfin arrivé.Cool.) Son compagnon, en retrait, bredouilla : — Lothar, ich gehe woandershin, Hier ist es zu voll. (Lothar, Je vais ailleurs. Ici c’est plein.) — Beunruhige dich nicht, wir lassen Dir etwas Platz. (T’inquiète, on va faire de la place.) — Nein, danke, ich will nicht stören. Tschüß ! (Non, tchao, je veux pas déranger.) Emmanuel et Armand, assommés par l’ascension de la voie des Suisses aux Courtes, la veille, profitaient d’un sommeil lourd. Le refuge était noyé dans les ténèbres des faces nord. Le silence régnait. Les dormeurs, tous au pays des songes, ronflaient ou soufflaient en fonction de leur acclimatation à l’altitude. L’un des deux Allemands se jeta entre Emmanuel et son compagnon de cordée. Ce dernier leva la tête. — Vous arrivez d’où ? — Des Droites. On s’est perdu à la descente du col de la Verte. — Vous deviez rejoindre le refuge du Couvercle ? — Exact, boy. — Vous vous êtes plantés, vous avez bifurqué plein est, alors qu’il fallait aller ouest ! — Yes, mon gars, t’aurais dû venir avec nous. Tu connais le coin ? — Oui, connaître la montagne avant de la séduire, c’est préférable. Sinon, elle vous jette comme les filles le feraient avec des dragueurs sur des mobylettes pourries ! Le grimpeur d’Outre-Rhin rit, puis s’étira. Emmanuel se leva. — Bon, vous êtes bien gentils, mais moi, j’aimerais dormir. Ilpeutsemettreentrenousdeux?suggéraArmandavecpitié.
Ilpeutsemettreentrenousdeux?suggéraArmandavecpitié. — Non. Je pars surfer dans le réfectoire ! Une vague d’hospitalité m’accueillera peut-être, qui sait ! Bande de salopards ! L’allemand, sans gêne, se coucha tout habillé avec son baudrier et ses mousquetons encore enneigés. Il rétorqua : — Votre ami est sympathique. On le remerciera demain matin. — Oui, mais vous l’avez vexé. Tassez-vous un peu par là. Et votre collègue ? — Il s’est jeté dans un autre dortoir. Les dormeurs, justement commençaient à s’agiter. Mais Armand enchaîna : — Pourquoi êtes-vous venus ici ? — On sait que le deuxième étage est affecté aux derniers excursionnistes qui se lèvent, pour les épargner du bruit de ceux qui émergent à point d’heure. Et on n’a pas réveillé la gardienne. — Vous, les allemands, vous faites comme chez vous ? — Oui, ouiLa montagne est un lieu de convivialité. — MouaisBonne nuit. — Bonne nuit, p’tit jeune. Vers 7 heures, Armand récupéra son ami au petit déjeuner. La tête entre les mains, Emmanuel humait son thé qui parfumait la pièce, et avant tout, ses narines. Il leva les yeux et grogna : — T’es gonflé, pourquoi tu l’as pas refoulé ? Ils se pointent à une heure du mat, et faut encore les supporter. On était nazes. — Allez, laisseEt mange tes tartines ! — La table est super confortable ! J’en redemande— On va où aujourd’hui ? — Au col du Chardonnetsi on est en forme, à l’Aiguille d’Argentière. Ça nous enlèvera les courbatures de la veille. Après ces deux journées éprouvantes, les deux compères reprirent la route vers Lyon où Armand se forçait à étudier une deuxième terminale sous la pression maternelle. — Tu vas faire quoi ce soir ? s’inquiéta Emmanuel, le préparateur technique de l’équipe au look intellectuel avec ses lunettes rondes sans monture. Armand fit mine d’être sérieux : — Je rejoins des potes pour une bringue. Un de mes meilleurs amis a la maison de ses parents pour le week-end. Tu peux venir si tu veux ! — Non, j’ai ma copine à m’occuper. Déjà que je vais rentrer crevé, si tu vois ce que je veux direAlors si je lui propose une bringue à quarante, elle va moyennement apprécier. — Ok. Bon, on se tient au jus pour la prochainec’était bien les Suisses corde tendue, et tant pis pour le Mont-Blanc, ce sera pour une prochaine foisIls se séparèrent à Villeurbanne, fief d’Emmanuel, étudiant en informatique. Armand arriva une heure plus tard à la soirée, douché, rasé, bronzé. — Waouhhhhhhh ! s’écria Christine, tenez qui voilà : notre Armand national avec la marque des lunettes. — Stoppez là vos conneries. Coucou les filles ! Christine et Boris avaient invité une trentaine d’amis, tous entre 20 et 22 ans. Antoine, un ancien ami de lycée, arriva avec une heure en retard, l’équipement de sonorisation dans sa voiture.
Jaieuunproblème.QuipeutallerchercherAmélie?Ellealoupélebusetattendàla
J’aieuunproblème.QuipeutallerchercherAmélie?Ellealoupélebusetattendàla gare de Perrache. Yann et Armand se dévouèrent. — Amélie est toujours à la bourrerétorqua le pauvre Yann, qui redoutait toujours de se retrouver seul avec sa conquête du collège. La voiture d’Armand emprunta le cours Charlemagne, vingt minutes plus tard, lorsque Yann dit brusquement : — Elle est là de l’autre côté. Fais demi-tour. — Je peux pas, c’est bouché. Plusieurs minutes s’écoulèrent avant qu’une éclaircie dans la file des voitures qui traversaient le carrefour permette d’effectuer uncome back. Armand s’exécuta. Yann descendit à la faveur d’un ralentissement et s’empressa, au petit trot, de rejoindre son amie. — Une place ici, grommela Armand, je me gare. Il sortit à son tour et courut à la poursuite de son ami. Au milieu des badauds, à portée d’oreilles, il hurla : — Au voleur, au voleur ! Mon portefeuilleMédusés, les buveurs sur les terrasses des bars le regardaient passer à toute vitesse, pendant que Yann avait accéléré l’allure, éclatant de rire. Entendant les cris, Amélie s’était retournée et, les mains sur la taille, secouait la tête : — Vous n’êtes que des débiles. Il faut toujours que vous vous fassiez remarquer. — C’est Armand, il aurait pu sagement attendre dans sa caisse. — Amélie, s’esclaffèrent-ils, une escorte de deux gendarmes n’est pas de trop, tu ne crois pas ? — Allez, Laurel et Hardy, on y va ? La fête battait son plein. Les fauteuils et canapés flambaient sous le poids des garçons, dont les genoux supportaient une fille, voire deux. L’alcool débordait, par moment, des gorges trop gourmandes. Antoine, mélancolique, sortit discrètement de la fête puis fila avec sa voiture. Les danses s’enchaînaient, et les fans de musique gigotaient les uns contre les autres. Armand en faisait partie car plutôt que de discuter avec les filles, il préférait les accompagner sur la piste. Une manière active de se rapprocher de l’une ou de l’autre au gré des rythmes disco, rock, danse ou électro. Vers trois heures du matin, Antoine n’était pas revenu. Mandatés par Christine, deux gars se risquèrent dans les ruelles sombres des barres d’immeubles qui jouxtaient cette banlieue huppée d’Ecully. Une heure plus tard, ils tombèrent sur la voiture recherchée. Une trace de vomi sur le talus herbeux trahissait le passé peu glorieux du buveur repenti. — J’ai trop bu— Non ? — Arrêtez de vous moquer. Je voudrais vous y voir. — Te voir pour quoi ? dit Yann. — Tu le sais très bien, Amélie, elle m’a jeté. — Quand ? — Hier soir. On est arrivé séparés, t’avais pas remarqué ? — Si— Tu pourrais pas me donner un coup de main ? — Amélie, je la connais bien. Justement,toi,elletécoutera.Situluiexpliquesmondésarroi
Justement,toi,ellet’écoutera.Situluiexpliquesmondésarroi— Un tiers, oui, c’est souvent un atoutMais dans ce genre de problème ! — Va lui parler. — J’irai. — Tu me plais. Je l’aime ! — Ce n’est pas un argument. Si elle ne t’aime pas, tu peux te plier en quatre, ça ne changera rien. — Je sais. Mais je suis le seul à ne pas savoir si elle m’aime. — Ok, allez, on y retourne dit Armand. — Non, pas encore. — Quoi ? — J’aimeraisvous êtes de bons potes à moi, vous savezje suis alcoolisé ! Ouhlàlàmais je sais qu’on peut discuter en bons garsque vous me disiez ce que vous cherchez dans la vieBonné quouestionsouis pas soure qué yé pouisse avoir la réponse qué tou attends! ricana Yann. — Déroule, idiot ! — Et toi, que cherches-tu ? — Si on m’aimeSi on m’aime pas, tant pis, d’autres en auront envie ! On partage ? Armand intervint. — Partager une passion ? celle exprimée envers les personnes qu’on aime, oui. — T’es un passionné ? bougonna Antoine. Yes, ça peut être utile qu’une passion soit dans les gènes, pour toutes les années de notre modeste existence. C’est difficile à prouver, mais c’est ma raison d’être. Ce que je souhaite par-dessus tout, c’est un amour passionné réciproque. — Faire l’amour tous les joursYann en rêvait. Puis, il ajouta : — L’amour superficiel, c’est simple. Tous les couples disent je t’aimeAlors— Que reste-t-il vingt ans plus tard, ou même après trois ans ? Antoine était mélancolique. Yann le tapota sur l’omoplate. — Tu sais, vivre au jour le jour, ce n’est pas plus mal. Non ? — Et puis, si ça colle, tu continues, si ça colle pas, ben tu te désactives La colle adhésive, c’est bon pour le bricolage, mais ça se change nécessairement à un moment donné. — Mouais Armand, tu me fais rire— La passion, c’est simple aussi. Ecoute ton cœur, et elle surgira. Fais ce que tu aimes, à fond. Là, tu sais que tes amours profonds s’identifient. On ne joue pas avec son âme. Le côté réciproque de cette passion pour l’autre, par contre, est très dur à dénicher dans un couple. — C’est ce que je disaisse plaignit Antoine. — On peut toujours chercher cette réciprocité. Voilà ! — Tu tires cela des montagnes ? — J’en sais rien. Je suis comme ça. Voilà ! — Voilà, voilàEvident, tu me dirasTu aimes quelque chose en toi, c’est déjà ça. Moi, je sais même pas si j’aime Amélie. — Tu vois, pas simple. Réfléchis, prends ton temps. J’aime la nature, oui. J’aime aussi ces rencontres, ces fêtes comme on les vit. Réjouis par toutes ces amitiés qui prennent les
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