Un enfant est un don du ciel répétait ma grand-mère
442 pages
Français

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Un enfant est un don du ciel répétait ma grand-mère , livre ebook

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Description

Un jeune homme handicapé nous conte sa vie à travers un dialogue imaginaire avec sa mère. Il exprime l’amour qu'ils se portent mutuellement; plongeant une plume aimante dans son intime condition humaine pour nous dire que la vie vaut le coup. L'humour se retient avec pudeur au fil des sentiments qu'il éprouve pour une jeune fille de son âge. Il s'expose à s'imaginer réunis, dans l'absolu de l'éternité. On voudrait le croire.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 avril 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332696564
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0105€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-69654-0

© Edilivre, 2015
Dédicace


A Damiens, Jean, Louis,
Un enfant est un don du ciel répétait ma grand-mère
 
 
De
jerm@louret.com
à
elise@louret.com
Lise, ma chère fifille,
Je comprends que tu n’aies pu te déplacer pour les obsèques de ta maman. Il est vrai que ce n’eut pas été raisonnable de passer outre à ta condition de future mère, presque à terme ; prendre l’avion avec un gros ventre depuis Bamako via Paris avec les bagages eut été même dangereux pour toi et le bébé. Et puis ta petite Flora ? Sans sa mère…
Je me demande s’il n’y a pas quelque chose de maudit au royaume de notre famille ? Cette question me tourmente et me noie dans les larmes ; elle cloue mes doutes aux murs de ma solitude. C’est presque une obsession ! Elle m’insupporte et ternit ma joie de vivre, encore timide à remonter à la surface de mon quotidien. Pourtant, je peux t’assurer que rien ne me fera oublier ta chère maman, ni notre Yann chéri parti voilà déjà plus d’un an maintenant. Leur présence me manque si fort ! Je te supplie de ne pas pleurer plus encore sur la disparition de ta maman, son chagrin portait aussi les nôtres. Prisonnière de sa souffrance, elle se sentait clouée sur sa croix de douleur et de solitude. Elle se voyait incapable de changer le cours des choses ; de reprendre goût à la vie. Elle aurait donné la sienne, pour obtenir ce pouvoir. L’a-t’elle fait ? Dieu a-t-il voulu la rendre à son bébé, notre Yann, dont la mort, pourtant prévisible, l’avait profondément affligée ? Va savoir ! Demeure en moi ce doute parmi tous ceux qui tapissent le sol fuyant de ma mémoire.
Mais revenons au quotidien ! Ce que j’ai fabriqué pour faciliter la vie quotidienne et pratique de Yann reste disponible à la maison. Je te tiendrai informée de mes nouvelles avancées techniques pour améliorer le handicap des enfants blessés de la vie, que tu côtoyes au Mali. Sans devenir une obsession supplémentaire, ces recherches m’aident à soutenir la perte de ta chère maman et celle de Yann, sans compter le vide provocant de ton absence, Elise chérie. Enfin mes occupations me gardent-elle de devenir un vieil homme inutile…
Pourrai-je un jour venir vous visiter dans votre village ? Dans cette optique, je cherche à lier des liens avec des Associations maliennes ayant éventuellement besoin de matériel médical. Je crois pouvoir apporter à l’une d’elles ce qu’elle espère pour un de ses petits patients. Je me rendrai alors disponible, pour vous serrer dans mes bras. Promis juré ! Un peu de piste sub-saharienne me retendra la sangle abdominale…
Sur ce, laisse-moi te dire que je t’aime, ma fifille. Que nos larmes soient celles du bonheur de vivre tous ensemble, unis, si ce n’est par la pensée, la mémoire… Et l’Internet !
Mille bisous à Flora et salut à Paulo. Je t’embrasse.
Ton papa.
 
 
De
elise@louret.com
à
jerm@louret.com
Cher Papa,
Je sais la douleur d’une mère, maintenant. Maman est sûrement bien heureuse là haut, au paradis de nos êtres chers. Elle m’a tellement donné et moi si peu que je n’aurai de cesse de prier pour elle en pensant à tout ce qu’elle m’a appris. Elle est et restera ma Maman, même si son cœur est parti rejoindre celui de Yann, qu’elle a tant aimé d’un amour d’abnégation et d’abandon d’elle-même. Notre vie est ainsi faite et nous la prenons comme elle vient, avec les vicissitudes, les peines et les joies qui nous abordent. Nous sommes ses émotions, sinon rien ; c’est ce que je ressens, Papa.
Pardonne-moi de ne pas t’avoir joint plus tôt. Paulo s’en est chargé, il est vrai ! Mais j’aime aussi tapoter sur le clavier quand il s’agit de demander des nouvelles et de me raconter à toi. Pour te parler de nous. Ma vie au Mali avec mon ingénieur du froid ne me prive pas d’avoir trop chaud ; notre petite Flora, bien qu’assise dans son parc, en souffre aussi. Inévitablement. La bonne nouvelle du moment, évidemment déjà connue à Couëron est que j’ai mis au monde notre petit dernier, Jean. Notre deuxième enfant possède un ADN sain, disons… Normal par rapport à la mucoviscidose ! Fait avéré et vérifié scientifiquement. Un futur « Président », quoi ! Comme ils clament ici en roulant les « R ». Les analyses l’ont confirmé. Notre soulagement est bien réel. La nuit quand je me lève pour le biberon, mon cœur léger rougit mes yeux mouillés de joie, aussi visible que la croix du sud dans le ciel clairet ; lequel entre parenthèses, nous est tombé sur la tête hier. La saison des pluies revient.
Mais au village le bruit a couru l’oued que ce beau rejeton n’est pas de mon mari car notre médecin de brousse issu de la Faculté s’est laissé aller à des bavardages coutumiers, aussi traditionnels que confondants. Je n’ai pas apprécié et mon costaud non plus. Paulo a donc organisé une réunion sous le grand arbre à palabres, avec le chef du village. Un thème unique : Pourquoi notre « petit Jean » ne porte pas la maladie génétique ? De fait, il tenait absolument à repositionner son honneur de mâle mis à mal en place publique. J’étais d’accord ! La gentille et belle femme, scientifique de renom exerçant des recherches sur le génome humain dans un grand hôpital de Paris est revenue expliquer de façon claire et déterminante pourquoi les analyses effectuées nous assurent de notre fidélité conjointe. Juste quelques petits dessins explicites ; un jeu d’enfants, si j’ose dire ! La psychose dégonflée pour avoir été éclaircie, la vérité fut clamée. Acclamée, haut et fort !
Par ailleurs, je dois te dire que je suis profondément troublée par les circonstances du décès de Maman. En effet, peu de temps avant la mort de mon frère adoré, mon Yannou chéri, il m’avait transmis le fichier d’un manuscrit écrit « de sa main » au clavier de son ordinateur. Je n’ai pas fait plus que ça attention, sur le moment, à cette histoire qui me rappelait trop la sienne, la nôtre. Tu sais ce que c’est : on lit en travers, on se rappelle des anecdotes qui font rire et puis on passe à autre chose qui presse…
La semaine dernière, j’ai relu son roman. Aujourd’hui, par son caractère prémonitoire, elle m’apparaît extraordinaire, son histoire. Aussi, je t’adresse en pièce jointe le fichier « un don du ciel ». Je t’avoue qu’en le relisant j’en ai pleuré, tant cette mémoire a remué des souvenirs émouvants autant pénibles que joyeux de notre vie de famille ; du temps où nous vivions ensemble, tous les quatre, à Couëron. J’ai été heureuse avec Yann, tu sais. Nous nous aimions fort. Il avait un cœur d’or et un esprit d’une étrange force, incorporelle, céleste. Entre l’ange et le farfadet… Mon petit génie des sables de Pen Bron !
Mais je m’arrête, Papa… Je ne veux pas ouvrir nos cicatrices inutilement, ici. S’il te plait, lis ce texte invraisemblable et pourtant d’une fiction si extraordinairement proche de notre vécu. Sa vie romancée sous forme de dialogue avec Maman, à se demander si elle ne l’a pas lu avant de mourir. Je te dois cette vérité Papa. Pardonne-moi.
Je dois te laisser. J’ai un rendez-vous chez le médecin ; Flora me fait un petit rhume.
A bientôt ! Je t’aime.
Attends ! Comment ne pas rajouter ce que Maman disait souvent à propos de Yann, « C’était écrit. »
Ta fifille Elise
 
 
L’océan battait en neige l’écume de mes souvenirs… Mes yeux ne se lassaient pas de contempler le visage de l’Eternité dont la blancheur diaphane voilait le bleu du ciel infini. Un bleu de repos incarné dans les ors solaires de l’Absolu. Etais-je bien mort ? Je n’en revenais pas ! Ou plutôt, si, hors des temps, futur présent et passé, je me sentais heureux, émerveillé, libre de me mouvoir. Mon âme ailée transportait mon être au-delà de toutes mes espérances du vivant, vers un pays que jamais, ô non jamais, je n’eus pensé atteindre. Le bonheur ! Enfin ce que je définissais comme étant cet état de légèreté du corps et de l’esprit, extasiés au cœur de la résonnance de mon être expatrié du monde des vivants. Je pensai en moi-même qu’il m’avait donc fallu souffrir autant pour être récompensé de la sorte après la mort ! Cette pensée induite par la dérision me laissait pourtant de marbre, froid et lisse comme un éclair laqué sortant du frigo.
Et pourtant ! Ma vie ne me laissa pas imaginer qu’il put y avoir un dessert au menu. Il faut dire que cette vie, je l’avais plutôt bouffée à la carte. Je veux dire que je ne l’avais pas vécue comme un autre, de la manière ordinaire, classique de la multitude des humains sur terre. J’étais né dans les choux et y étais resté ! Mon corps fut un corps de souffrances et de frustrations. Un corps d’handicapé physique qui m’enfermait dans la solitude, emporté au vent mauvais ; qui me cloisonnait dans mes nuits de pôle nord, éprouvantes et froides. Un corps qui me perdait dans des brumes et des brouillards épais, là où le regard de l’autre attrapait encore ma différence rien que d’y penser. Ce « là » ressemblait à ces refuges de randonnée où souvent mes parents me laissaient en garde dans mon fauteuil roulant, au bon air de la mélancolie que la lecture et les paysages de montagne rafraîchissaient merveilleusement. En ces lieux de repli sur moi, je libérais les colombes de ma paix intérieure, me regardant en face dans la neige poudreuse de mes rêves ; surtout les yeux fermés, inspirant profondément pour mieux shooter à l’oxygène mes évasions virtuelles. Voyage, voyage !
J’aimais plus que tout te retrouver dans mes rêves, Maman ; et danser avec toi, légers comme deux plumes au vent dans le rayonnement de l’infini. Même si j’aimais tes bons petits plats, c’est dans cet autre monde à moi que je trouvais parfois ce que je pensais alors, signifier le bonheur. Je m’y répandais avec délectation, délian

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