Un service explosif
36 pages
Français

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Description


Un repas, une serveuse aux baskets bleues, un accident qui changera tout...




RÉSUMÉ



Comme tous les mardis, Harold passe la soirée avec Léa, dans leur restaurant favori. Pourtant, cette fois, ce moment d’ordinaire agréable sera gâché par une nouvelle serveuse — portant de détestables baskets bleues —, qui, en plus de fournir un mauvais service, renversera le contenu d’une assiette chaude sur Léa. Certain qu’elle l’a fait exprès, Harold s’énerve, exige qu’on licencie la malheureuse — mais mignonne — Elsa.


Dès lors, un affrontement s’engage entre nos deux protagonistes, source d’une cascade de malentendus et de situations rocambolesques impliquant des trahisons, un passage aux urgences, des tongs par moins cinq degrés, et même un entretien d’embauche le jour de la Saint Valentin...


Y a-t-il de la place pour l’amour, dans tout ça ?




EXTRAIT 1


La femme aux baskets ouvre la bouche pour parler, mais se retient à la dernière seconde. Elle s’efforce ensuite de revêtir une expression neutre, qui se traduit plutôt par une envie de meurtre à peine masquée. Harold en déduit qu’elle est novice dans l’art du faux-cul et de la langue de bois, qualité très appréciée dans cette partie de la capitale et dans la vie professionnelle en général. Avec cette lacune, comment survit-elle au quotidien? Indifférent à l’injustice de la situation — c’est son job, après tout —, il ajoute :


— C’est son plat préféré. Changez-lui, ça ira plus vite. Vous pouvez demander à...


— Très bien, le coupe-t-elle avant qu’il n’ait pu dire le nom de Rose.


Elle se saisit du plat de Léa avec rage et, au moment de se redresser, le lâche brusquement. Le contenu du repas se déverse presque entièrement sur le chemisier fleuri de Léa, qui hurle, outrée :


— Mon Dieu! Mon chemisier!




EXTRAIT 2


Il poursuit sa route, déterminé à ne pas s’en mêler.


C’est alors que sa cible se lève brusquement, range ses lunettes ainsi que son casque, plie le clapet de son ordinateur, et s’apprête à le placer sous son coude quand elle lâche ledit objet.


Comme si la scène se déroulait au ralenti, Harold voit le Mac Book Pro tomber lentement, tandis qu’elle ouvre la bouche d’horreur et tend les bras pour rattraper son précieux bien. Ses tentatives demeurent vaines, le portable continuant impassiblement sa course vers son objectif : les fameuses baskets bleues qu’il déteste tant. Harold ne peut s’empêcher de rester captivé par le spectacle, les yeux s’écarquillant au moment où un des côtés du boîtier entre en collision directe avec le pied de la jeune femme dans un craquement inquiétant, lui arrachant au passage un hurlement, avant de rebondir et de poursuivre sa chute — désormais amortie — au sol dans un bruit métallique.

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Nombre de lectures 38
EAN13 9791096622542
Langue Français

Extrait

Iman EYITAYO Un service explosif Nouvelle © EDITIONSPLUMESSOLIDAIRES
© EDITIONSPLUMESSOLIDAIRES ILLUSTRATIONDECOUVERTURE: PIXABAY CORRECTIONSETVÉRIFICATIONSDUBONÀTIRER: AUDREYMOUI COLLECTIONNUMÉRIQUE: PLUMESLIBELLULES ISBN : 9791096622542 © TOUSDROITSRÉSERVÉSPOURTOUSPAYS FÉVRIER2019
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Iman EYITAYO Un service explosif Nouvelle © EDITIONSPLUMESSOLIDAIRES
Le restaurant
C’est un mardi comme les autres. Harold se rend auNum, le restaurant Thaï de toutes ses habitudes, situé sur la rue er Coquillière, dans le 1 arrondissement de Paris. Après quelques coups de c oude dans le RER A, il descend à Châtelet - Les Halles, étouf fant légèrement sous ses vêtements en dépit de la température extérieure de moins cinq degrés. Ce mois de février 2019 est particulièrement froid, les chutes de neige san s précédent. Pour la peine, il a revêtu un manteau en cashmere, cousu près de trois années auparavant à Shanghai et qui tient chaud — un peu trop, parfois —, des chaussure s noires à crampons pour parer aux éventuelles traces de verglas, un jean pour le confort, une chemise pour rester tout de même classe. Heureusement que son travail de che f de projet en informatique lui permet de s’habiller à peu près comme il le souhait e, ou alors il aurait dû traverser tout Paris pour rentrer chez lui avant de revenir en ville. La plaie. Au bout de cinq minutes de marche — à grandes enjam bées vu qu’il mesure un bon mètre quatre-vingt-dix —, il sort de la station côt é cinéma et débouche directement sur la rue Coquillière, en même temps qu’une impression nante marée humaine, crachée par la bouche de RER comme un lance-balles propulse rait ses projectiles à vitesse maximale. Un vent glacial lui frappant les joues et les extrémités, il se retrouve à souffler sur ses doigts non gantés pour les réchauf fer. Il pourrait en porter, mais son aversion toute particulière pour cet accessoire l’e n empêche — c’est moche, ça gratte, et en plus la taille ne convient jamais. Il avance rapidement, les mains dans les poches de son manteau, le visage agressé par le froid, remerciant le Ciel de n’avoir qu’une centaine de mètres à parcourir. Dès qu’il atteint l’établissement, il annonce sa réserv ation et se dirige vers sa place habituelle, au fond à droite de la salle, dont l’am biance feutrée lui donne constamment l’impression d’être chez lui. À force d’y venir une semaine sur deux, tout lui paraît familier : les tables rondes, les fauteuils gris, l a lumière tamisée des plafonniers, l’odeur apaisante de citron qui règne alentour, et même les membres du personnel qu’il connaît aussi bien que les subtiles et régulières v ariations du menu. Il opte pour la chaise, réservant la banquette à sa compagne du soir, s’épargnant ainsi une longue litanie sur la galanterie et la né cessité d’anticiper ses envies. Une fois installé, il consulte sa montre : dix-neuf heures. Conformément à son code de conduite, il sait d’avance que Léa aura dix minutes de retard . En attendant, il commande un café, qui ne tarde pas à arriver. Il est en train de le s iroter lorsqu’elle débarque enfin, engoncée dans une jolie cape bleu marine aux manche s ouvertes, absolument pas adaptée à la saison. Son sourire lui paraît d’aille urs figé quand elle le salue : — Salut, Harold! Ça va? Il lui répond que oui, se lève, lui fait la bise, p uis l’invite à s’asseoir. Léa dispose ainsi tout son attirail sur la banquette, repousse ses longs cheveux noir de jais en arrière et étire ses lèvres joliment peintes en rou ge. Ses yeux bridés se plissent simultanément, lui donnant un faux air perplexe. — Ça va bien, et toi? s’enquiert Harold. Tu n’as pas froid? Elle dégage sa question d’un geste : — Oh, tu connais ma devise. Sexy n’a pas chaud, Sex y n’a pas froid. Il rigole. Pour sa part, il prend un minimum soin d e sa personne, non pas parce qu’il aime la coquetterie, mais parce que, avec sa grande taille, son fin gabarit et son faciès juvénile, sans une garde-robe sur-mesure, une coiff ure millimétrée et un peu d’entretien, il ressemblerait plus à un cactus perd u en plein hiver russe qu’à un chef de
projet en informatique — ce qu’il est. Léa, quant à elle, le bat à plate couture, et à tous les niveaux. S’il avait besoin d’une bonne demi-heu re pour se préparer tous les matins, il en fallait facilement deux à Léa. Et il en avait souvent fait les frais. — Alors? reprend-elle. C’est pour bientôt, ton grand jour? Il sourit, énigmatique. — Et si on commandait d’abord? Joignant le geste à la parole, il appelle la serveu se.
*
Il y a de ces journées qui, peu importe nos actions , sont pourries. Celle-ci en fait partie. En fait, Elsa juge que c’est sans doute la pire de toutes. Elle gagne le concours de journée de merde, avec passage par la case priso n et sans joker, haut la main. Du moins, c’est ce qu’elle pense au moment où sa conve rsation téléphonique se coupe, l’interrompant en pleine litanie. En colère, triste , elle fixe son portable comme une idiote, se demandant pour la énième fois pourquoi e lle s’est levée ce matin. — Eh! Tu vas rester longtemps là-dedans? On a besoin de toi! De rage, elle essuie ses larmes naissantes et obser ve le miroir devant elle. Elle vérifie que son afro est bien contenu dans un chign on relevé, qu’elle déteste mais qui est censé lui conférer une allure plus «professionnelle», que sa tenue demeure conforme aux règles du restaurant — chemise sombre, pantalon sobre —, que ses chaussures n’ont pas de tache, que ses yeux ne sont pas trop bouffis. — J’arrive, hurle-t-elle en se mouillant prestement le visage. Tandis qu’elle se sèche à l’aide d’une serviette de poche, elle s’examine une dernière fois, s’assurant ainsi que tout va bien, p uis se force à sourire à son reflet. Une grande femme noire au regard brillant, au visage an guleux et aux cheveux crépus tellement tirés en arrière qu’un de ses sourcils en est resté figé en l’air — lui donnant ainsi une fausse expression étonnée — lui rend la m ême politesse. Jugeant qu’elle paraît ridicule mais présentable, elle quitte enfin les toilettes pour tomber nez à nez sur la petite brune à la coupe carrée qui l’a briefée à son arrivée au restaurant trois heures plus tôt. — Ça fait vingt minutes que tu es là-dedans! Allez, file! La table trois est pour toi, je n’ai pas que ça à faire, de bosser à ta place! Si tu continues comme ça, je n’hésiterai pas à te dénoncer, tu m’entends? L’ironie de la situation lui arrache un sourire. Co mme si elle en avait quelque chose à foutre. Puis, voyant le visage de son interlocutrice se déf ormer de rage, elle réalise qu’elle a été trop loin et que son comportement peut avoir de graves conséquences. Elle lui marmonne donc des excuses à peine audibles, juste a vant de l’observer s’éloigner en une tentative ratée de déhanché : vu son manque de formes, on dirait plutôt une tortue tentant de faire dubreak dancet se. Bref, cela ressemble tellement à rien qu’Elsa doi couvrir la bouche pour s’empêcher de pouffer. — Qu’est-ce qui te fait rire? Elle pivote sur elle-même pour découvrir Alain, un serveur un peu froid qu’elle n’a croisé que deux fois dans la soirée — deux fois de trop. — Rien! s’empresse-t-elle de dire avant de filer reprendre son service du soir. Elle atteint rapidement la table trois avec un carn et et un crayon en mains, prête à prendre la commande. Un couple d’Asiatiques y est i nstallé, en train de siroter un café. Ils sont bien assortis. — Bonsoir madame, bonsoir monsieur. Puis-je prendre votre commande? Le type, qui lui présentait son dos, se retourne po ur la regarder, les lèvres encore étirées, comme s’il venait de rire à une bonne blag ue. Elsa remarque immédiatement qu’il a des rides au coin de la bouche ainsi qu’une fossette qui lui donne un air
sympathique, de même qu’un visage jeune et avenant qui pourrait laisser supposer qu’il a la vingtaine. Toutefois, à en juger par l’é légance de sa tenue — elle reconnaît du sur-mesure quand elle en...
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