Ma voie vers la quarantaine
154 pages
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Ma voie vers la quarantaine , livre ebook

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Description

Vous l’avez compris, je débute ma quarantaine ; je parle de mon âge, je suis né en 1980, et nous sommes en 2020. Mais en même temps je me trouve en sorte de quarantaine ; je parle du confinement, d’où le titre à double sens de ce petit essai.
Formidable moment pour réfléchir, se remémorer des souvenirs, se poser des questions. C’est surtout un formidable moment pour la contemplation. La contemplation de ma vie, de la vie des autres, de nos vies en général qui sont très interconnectées.

Informations

Publié par
Date de parution 16 décembre 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782312079097
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0015€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ma voie vers la quarantaine
Nadim M.
Ma voie vers la quarantaine
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2020
ISBN : 978-2-312-07909-7
I. Mise en scène
C’est le confinement pour plusieurs habitants de la Terre. Durant cette période, je me retrouve tout seul à Alanya, une petite ville montagneuse et méditerranéenne du sud de la Turquie. Sachant que la crise allait prendre son temps, j’ai loué un appartement un peu en hauteur, avec en face de moi, les montagnes, la mosquée, la ville, les oiseaux. Décor magnifique et environnement idéal pour rester isolé du monde pendant un mois ou deux, ou même pendant une vie entière.
En effet, ça ne peut pas être mieux je pense. J’ai accès à la montagne où j’habite, et j’ai souvent l’impression qu’elle m’appartient à moi tout seul. De la même façon, j’ai accès à une plage au bord d’un long récif de roches, et là encore, on dirait que la vie a voulu m’offrir pour mes quarante ans une plage à moi tout seul. Chez moi j’ai Internet pour regarder les nouvelles du monde et une cuisine pour me nourrir. Que vouloir de plus ? Je me sens très bien. Je dirais même que je me sens, étrangement, trop bien.
Vous l’avez compris, je débute ma quarantaine ; je parle de mon âge, je suis né en 1980, et nous sommes en 2020. Mais en même temps je me trouve en sorte de quarantaine ; je parle du confinement, d’où le titre à double sens de ce petit essai. Formidable moment pour réfléchir, se remémorer des souvenirs, se poser des questions. C’est surtout un formidable moment pour la contemplation. La contemplation de ma vie, de la vie des autres, de nos vies en général qui sont très interconnectées.
C’est donc dans ce décor que je m’apprête à me remémorer mon parcours et à mettre certaines choses en noir sur blanc ; un exercice qui je pense me sera non seulement utile, mais aussi très agréable.
J’ai l’intention de me concentrer particulièrement sur mon parcours, comment dire, académique, alors que j’en suis sorti avec presque aucun diplôme ni aucune qualification. Et puis sur mon parcours professionnel, alors que je n’ai presque jamais vraiment travaillé de ma vie.
Si vous ne le saviez pas déjà, vous l’aurez probablement compris : Je suis un personnage plutôt curieux, rebelle, marginal, et peut-être même déséquilibré ou dérangé mentalement.
Au cas où, par chance ou par malheur, vous ne me connaissez pas du tout, et vous êtes tombé(e) sur ces écrits, laissez-moi juste vous mettre dans la scène : J’ai 40 ans. Je m’appelle Nadim. Je suis né en Tunisie, où j’ai vécu jusqu’à l’âge de 22-23 ans. Je suis ensuite parti au Canada où j’ai vécu pendant 10-12 ans. Depuis 2012, c’est-à-dire depuis 8 ans, je suis devenu nomade sans aucune adresse fixe et sans aucune profession fixe. Je vis entre les pays du monde : Amérique latine, Canada, Tunisie, Europe, Asie. Je ne sais pas dans combien de pays j’ai vécu, des plages tropicales aux montagnes himalayennes, en passant par les pays de l’ancien Empire ottoman.
Chaque fois on me pose la même question : Comment fais-tu pour survivre et d’où vient l’argent ? Je me pose la question moi-même. Comment ai-je réussi à arriver jusqu’à l’âge de 40 ans sans jamais travailler presque, et en menant une vie aussi extraordinaire ? C’est vraiment une bonne question. Mais sachez que je n’ai pas de réponse courte et précise à vous donner. Sachez aussi que je ne suis ni l’héritier de riches parents, ni quelqu’un qui a gagné des millions à la loterie. Jusque-là, premièrement j’ai eu de la chance, et deuxièmement j’ai plutôt bien géré ma vie. J’insiste sur le « jusque-là », car à tout moment le vent peut tourner et les choses peuvent changer radicalement.
Lorsque vous n’avez ni salaire, ni entreprise, ni pension de retraite, ni assurance maladie, vous pouvez être dans une situation plutôt fragile. Vous pourriez même avoir peur. Peur de quoi ? Voilà une autre bonne question. Je connais beaucoup de gens qui ont des salaires, des entreprises, des pensions de retraite et des assurances maladie, et qui ont aussi peur ; peur de souffrir, peur de mourir. Comme si la souffrance et la mort ont vraiment un lien important avec votre compte en banque !
Lorsque j’avais autour de 15-18 ans, j’ai déclaré ceci à un ami d’enfance : « Moi tu sais, si je vis jusqu’à l’âge de 40 ans, c’est assez. Je pourrais bien mourir à 40 ans et j’aurais quand même vécu ma vie. »
Maintenant que j’ai atteint cet âge honorable, l’heure est à la réjouissance et à la célébration. Car franchement, que m’importe de mourir demain si aujourd’hui j’ai réussi à bien dormir, à bien manger et à être aussi épanoui et heureux ? Y a-t-il quelque chose que j’aimerais absolument faire et que je n’ai pas faite encore ? Il y a une infinité de choses à faire dans cette vie, mais en soi, franchement : Non. Je suis prêt pour la mort. Et c’est justement le fait de m’être préparé pour la mort régulièrement dès mon très jeune âge qui fait que j’ai toujours aimé la vie, et que je l’ai adorée, contemplée et célébrée religieusement.
Cette façon de vivre, vous vous en doutez, a dû se développer contre vents et marées. Il a fallu que, très tôt, je commence à me méfier du monde entier, et en particulier des parents, des maître(sse)s d’école, des enseignant(e)s, des professeur(e)s ; en gros de tous les adultes. Depuis, je n’ai pas du tout perdu cette âme de l’enfant curieux, rebelle et insolent. Et je l’écris exactement comme je le pense : J’espère de tout cœur mourir avant de perdre ce joyau de l’âme jeune, rebelle, amoureuse, avide de liberté, de sens, de non-sens, de folie et d’extase.
II . À l’école primaire
Je suis allé à l’école primaire autour de l’âge de 5 ans. C’est à ce moment que je commençais à être fasciné par les chiffres. Je me rappelle des représentations d’un certain nombre d’éléments, et il fallait dire si c’était « deux », « trois » ou « quatre », etc. Je trouvais cette abstraction assez intrigante, surtout lorsque venait aussi le moment d’additionner, de soustraire ou de multiplier des chiffres. C’était comme un monde imaginaire. Je pense que pour l’enfant, tout est un monde imaginaire de toute façon, tout est un jeu. Pour moi, les chiffres c’était un jeu. Jusqu’au moment où je réalise, assez rapidement d’ailleurs, que ce n’était pas vraiment juste un jeu…
J’ai soudainement réalisé que ces chiffres n’étaient pas seulement des choses sans lien avec le monde. Pas du tout. Les chiffres avaient une relation très étroite avec le monde, et parfois même avec des conséquences assez terribles. J’ai fait cette réalisation dès que j’ai compris que les élèves étaient notés par des chiffres. À la fin de chaque trimestre, si je ne me trompe pas, il y avait ce qu’on appelle un bulletin de notes. Pour chaque élève, chaque matière était notée par un chiffre compris entre 0 et 20, il y avait ensuite une moyenne. Bienvenue dans le monde !
L’affaire est très sérieuse parce qu’un jour, un de mes camarades de classe m’a montré des bleus qu’il avait sur le côté du dos parce que justement son père avait eu connaissance de son bulletin de notes. Ce n’est plus vraiment un jeu tel que je me l’imaginais naïvement, mais c’est plutôt un sale jeu. Toute ma vie a été guidée par cette prise de conscience que nous étions dans un sale jeu. Et toute ma vie, jusqu’à aujourd’hui, j’ai essayé de comprendre les motifs et les règles de ce jeu.
Très tôt, j’ai commencé à observer le monde et à m’interroger sur sa nature. Les enfants étaient ainsi séparés on va dire en 3 ou 4 catégories et tout cela se faisaient au moyen de ces chiffres. Ceux qui avaient des notes entre 0 et 7 étaient vraiment considérés comme des ratés, des cancres, et des vauriens. D’ailleurs, on le leur disait, et on les châtiait. Croyez-moi, le système était assez violent. Parmi ces vauriens, il y en avait qu’on envoyait dans le bureau du directeur de l’école, un vieux monsieur à la barbe blanche, qui faisait aussi office d’imam de mosquée. Dans ce bureau, le châtiment consistait à asseoir le vaurien en question sur

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