Mille feuillets, la librairie de Colombe
338 pages
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Mille feuillets, la librairie de Colombe , livre ebook

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Description

Le roman Mille feuillets retrace l’histoire de Colombe, une libraire. Le directeur de l’assistance publique ne lui propose qu’une seule voie : travailler « chez les autres ». Grâce à Pierre, un normalien qu’elle rejoindra à Paris, elle reprendra ses études. Ils se marieront. Le fracas des armes et le deuil la ramèneront dans les environs de Vichy où elle est nommée maîtresse d’école intérimaire.

Un jour de printemps 1919, à Vichy, elle s’arrête devant une librairie vieillotte qui recherche une personne de confiance pour préparer la liquidation. Elle entre, son destin est scellé.

Ce seront de multiples rencontres, tout d’abord avec Charles, médecin-inspecteur au thermalisme, qui l’emmènera à Madagascar. Revenue en France, dans sa librairie qu’elle ne quittera plus, elle rencontrera Albert Londres, le globe-trotter journaliste qui lui laissera un souvenir ébloui. Colombe fera aussi la connaissance du redoutable directeur de la revue des lectures, qui séjourne régulièrement à Vichy...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 mai 2017
Nombre de lectures 1
EAN13 9782414022953
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0097€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-02293-9

© Edilivre, 2017
Dédicace
Je dédie ce livre à Nadira Mokhtari, notre amie, dont les poèmes ont tissé des liens au-delà de la Méditerranée et ont ouvert les portes d’une indéfectible fraternité.
Remerciements à ma mère Denise Bayle Peycliet qui eut très tôt l’intuition que la lecture serait le fil conducteur de mon existence en m’apprenant à lire dès l’âge de quatre ans. Reconnaissance à mon père qui m’encouragea à poursuivre des études dans ce sens à mes deux grands-mères l’une institutrice l’autre qui lisait ses deux ouvrages par semaine à mes grands-pères qui m’ont toujours encouragée. Je remercie enfin mon frère pour son soutien matériel et moral.
Première partie
Chapitre 1
En ce 24 juin 1918, une jeune femme, vêtue de noir, accompagnée d’une petite fille regagnait son domicile situé au 51 faubourg Saint-Antoine. Colombe avait préféré s’attarder le long des rues tant la chaleur était suffocante. A l’ouest, des lueurs intermittentes zébraient un ciel de cuivre, éclairant les façades des ateliers fermés.
– Il va bientôt pleuvoir, maman, murmura la fillette.
– Ne crains rien ma Julie, nous ne sommes plus très loin. Nous dormirons mieux cette nuit.
– Maman si nous allons à la campagne, tu ne reviendras pas toute seule à Paris, dis maman ?
– Non, nous resterons là-bas ensemble. Je tâcherai de trouver du travail. Ne t’inquiète pas !
Elles croisèrent trois femmes en noir qui s’engouffrèrent par une porte cochère. Encore ces messagères du malheur, songea Colombe. Elle ne connaissait que trop ces femmes qui, au fil des jours, allaient apporter la désolation au cœur des foyers dévastés déjà par l’angoisse et l’absence d’un être cher. A leur égard, elle éprouvait une sorte de répulsion et il lui semblait sentir sur ses joues leur baiser mortel et glacé de larmes. Elle s’écartait toujours lorsqu’elle croisait sur un trottoir les membres de la commission du devoir.
Voici quelques jours, elle avait pris la résolution de revenir au pays, et se sentait désormais plus sereine. Tiraillée par des craintes contradictoires, elle tergiversait depuis plusieurs semaines mais cette fois, la sagesse l’avait emportée et, la nuit précédente, alors que l’enfant dormait d’un sommeil lourd, les joues en feu, elle avait écrit une lettre aux Letellier, ses anciens patrons, propriétaires d’une auberge à Vicq, sollicitant leur hospitalité pour la période estivale. Avant tout, elle voulait mettre Julie à l’abri de cette épidémie de grippe : quatre enfants manquaient à la crèche de l’usine Citroën ce matin-là, plus de douze absences en quinze jours et aucun n’était revenu…
Demain, je la confierai à Madame Suavet, se répétait-elle ; elle ne refusera pas de la garder. Nous quitterons Paris très vite. Elle ne donnerait pas tout de suite son congé à l’usine mais elle ne voulait plus revenir. Elle poserait sa candidature à un poste d’institutrice intérimaire, dans le département de l’Allier, cette fois. Peut-être l’Administration retiendrait-elle enfin son dossier ? N’avait-elle pas eu le mérite de préparer et d’être reçue aux brevets élémentaire et supérieur en tant que candidate libre ?
Plus hargneuse que les autres, une bourrasque malmena les feuilles des marronniers qui s’envolèrent dans une spirale tourbillonnante. Les coups de tonnerre se rapprochaient, parfaitement audibles en dépit du bruit des fiacres et des voitures. Les gouttières des immeubles, les toitures se découpaient avec une netteté aveuglante sous l’effet de fauves incandescences. La foudre pourrait nous frapper, pensa-t-elle en constatant qu’elles étaient désormais les seules passantes de la rue. Lorsqu’elles atteignirent le porche du 51, un fracas ébranla le sol et, en toute hâte, elles s’engouffrèrent au fond d’une cour intérieure qu’éclairaient deux quinquets. L’ébéniste, Alexandre Suavet, travaillait encore à la lueur des lampes à pétrole tandis que Mélanie, son épouse, tricotait des chaussettes, assise sur un tabouret.
– Vous revenez à temps, je crois, déclara, Mélanie sans lever la tête.
– Oui l’orage nous a suivies. Madame Suavet, j’aurais un service à vous demander : pourriez-vous garder Julie pendant quelques jours ? A la crèche, les enfants tombent malades les uns après les autres.
– Oh avec plaisir Colombe, Julie est tellement sage !
Alexandre caressa du plat de la main la porte du buffet qu’il venait de terminer.
– Ah les affaires reprennent mes petites ! Tenez ce bahut c’est un cadeau de noces. Oui des bourgeois du XVI ème qui offrent une salle à manger à leur fille.
XVI ème ou pas, mon pauvre vieux, tu te crèves les yeux ! Arrête-toi, il est près de onze heures.
– Je voudrais bien préparer mes pinceaux et demain, à la première heure, je passerai la première couche de vernis.
– Tu prépareras bien tout ça demain. On ne voit plus rien, tu ferais du mauvais travail !
Alexandre essuya ses pinceaux et les déposa dans un large pot de verre puis il ouvrit un placard, en sortit mystérieusement un objet enveloppé dans du papier de soie.
– Et un cadeau pour mademoiselle Julie ! annonça-t-il.
– Un cadeau, répéta l’enfant d’une voix ensommeillée.
– Oui Julie, dis merci et embrasse monsieur Alexandre, déclara Colombe.
Julie suivait de l’index les contours de l’objet vernissé, peint de couleurs vives dont la bouche fendue jusqu’aux oreilles laissait éclater un éblouissant sourire.
– C’est un bozzo ! affirma Julie avec beaucoup d’autorité.
– Tu veux dire un clown, reprit Colombe.
Alexandre pouffa :
– Oui et tu verras je lui ai peint le nez en rouge ; ainsi il te fera rire.
Julie sourit, elle avait déjà vu des clowns dans des albums. Sa maman lui avait promis de la conduire au cirque après la guerre.
Il était plus de minuit quand Colombe et Julie regagnèrent le cinquième étage. Un escalier en pierre noirâtre, aux marches creusées en leur milieu desservait les deux derniers étages de l’immeuble.
La chaleur, qui stagnait, exaspérait des odeurs de graisse rance, de moisissures suintant le long des murs. On étouffait décidément dans ce minuscule corridor et ces murailles confinées. En passant devant une porte, elles entendirent les ronflements du locataire d’en face. De l’étage inférieur montaient des cris, des insultes qui déchirèrent la nuit. Quand Colombe ouvrit la porte de leurs misérables deux pièces, elles furent saisies par la touffeur nauséabonde qui y régnait encore.
– Ah ! dit Colombe dans une sorte de râle et elle eut envie de dévaler les escaliers, de rejoindre le faubourg mais la présence de sa fille la retint malgré tout. Il faut bien qu’elle dorme, songea-t-elle…
Colombe savait, que cette nuit encore, elle ne pourrait sombrer dans un sommeil réparateur en dépit de la fatigue qui ankylosait ses articulations, broyait ses muscles qu’elle sentait parfois parcourus de frémissements douloureux ou, à d’autres moments, transformés en blocs plus durs que la pierre.
Onze heures de travail quotidien pour les munitionnettes ; chaque obus pesait sept kilos. Certains soirs, elle n’avait plus la force de soulever Julie pour la déposer dans son lit et en éprouvait de la honte. Sa fille n’avait qu’elle. Trop harassée ellle se montrait incapable de lui prodiguer la plus petite marque de tendresse… Les nuits où l’air pénétrait mal dans la mansarde, elle se levait, et mère inquiète, posait sur le front de l’enfant un mouchoir humide qui séchait trop rapidement à son gré. Elle redoutait cette maladie bizarre qui frappait si brutalement les plus jeunes. Rendez-vous compte la grippe au cœur de l’été ! Cette fièvre qui grimpait, qui grimpait, consumant les enfants comme si cela ne suffisait pas que les pères fussent tous décimés les uns après les autres ! Venue d’un autre continent, une fièvre qui galopait à travers la ville, dévorait le pays… Le tintement des ambulances rappelait sa présence à chaque moment et, désormais, chaque volet clos en plein midi provoquait des soupçons. Le mal frappait. Curieusement, il semblait encore épargner les tranchées où la Faucheuse tuait suffisamment.
Alors Colombe avait rêvé de fraîcheur, de glycine odorante, de rivière et elle avait compris qu’il était temps de suivre les conseils des Letellier et de regagner Vicq, à l’abri de cette grippe espagnole que les rumeurs alarmistes désignaient sous le nom de choléra, réveillant les peurs ancestrales des grands fléaux. Et pourquoi pas la peste ? Au XX e siècle ? La peste tapie qui ressurgissait au plus fort du malheur des hommes comme pour les accabler davantage. On mourait dans les lits, baigné de sueurs, grelottant de fièvre ; on mourait au champ d’honneur, le corps vite enseveli dans la boue, loin des siens.
La réponse des Letellier arriva le surlendemain.
Colombe décida de fixer au premier juillet la date du départ.
Muguette avait tenu à les accompagner à la gare de Lyon. Le matin du premier juillet, après de rapides adieux à Mélanie et Alexandre Suavet, elles grimpèrent dans un fiacre. Muguette leur tendit un sac en toile :
– J’ai préparé un gâteau pour vous deux. J’ai ajouté quelques croquants aux amandes du jardin, tu sais ? Ceux que Julie aime tant… Ah ! J’ai aussi mis un illustré, Fillette ; vous regarderez les images et tu liras le texte à la petite, ma Colombe.
Celle-ci l’étreignit :
– Que tu es bonne Muguette, oh ! ton amitié va tellement me manquer.
Les yeux rougis, reniflant, Muguette s’efforçait malgré tout de donner le change.
– Ton absence n’est peut-être pas définitive…
A vrai dire, je n’en sais encore rien mais tu viendras nous voir. Peut-être pourrais-tu trouver du travail près de nous ? On embauche beaucoup de monde pendant la saison thermale à Vichy. L’air est tout de même p

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