Minas
186 pages
Français

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Minas , livre ebook

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Description

Minas. Croisement d’une araignée et d’un poulpe, sans tête, sans bouche, de couleur rosée, de la taille d’un ancien 45 tours. La chose qui lui sert d’ami, de femme… Experte, attentive, jalouse. Trop. Lisant en lui comme dans un livre ouvert. Lui, Gavran, devenu une loque, un esclave dans son appartement aux allures de décharge. Lui qui était déjà le looser, le souffre-douleur, mais qu’elle avait aidé… Comment en étaient-ils arrivés là? Se méfier l’un de l’autre? Les débuts avaient été si prometteurs, si libérateurs… La rencontre, insolite, un jour d’été sous un soleil de plomb, laissait pourtant présager le meilleur. Elle lui avait sauvé la vie. Elle avait tué pour lui. Désormais, c’était "à la vie, à la mort"… Décalé et grave à la fois, Minas plonge dans les méandres d’un esprit torturé en mal d’amour, tour à tour victime et bourreau. Flirtant avec le fantastique, jouant avec les genres et les codes, Benjamin Lahou sème le trouble et donne vie à une dérive hallucinée inquiétante et drôle, improbable et imprévisible. Assurément, une love story pas comme les autres.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 14
EAN13 9782748361292
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Minas
Benjamin Lahou Minas
Publibook
Retrouvez notre catalogue sur le site des Éditions Publibook : http://www.publibook.com Ce texte publié par les Éditions Publibook est protégé par les lois et traités internationaux relatifs aux droits d’auteur. Son impression sur papier est strictement réservée à l’acquéreur et limitée à son usage personnel. Toute autre reproduction ou copie, par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon et serait passible des sanctions prévues par les textes susvisés et notamment le Code français de la propriété intellectuelle et les conventions internationales en vigueur sur la protection des droits d’auteur. Éditions Publibook 14, rue des Volontaires 75015 PARIS – France Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55 IDDN.FR.010.0115888.000.R.P.2010.030.31500 Cet ouvrage a fait l’objet d’une première publication aux Éditions Publibook en 2011
À tous ceux qui ont l’impression, tenace, d’être nés sur la planète des singes.
La chose reposait, sans le moindre mouvement, sur une table de cuisine en bois ouvragée, sorte de monumental autel élevé au dieu de la crasse. Autour de ses tentacules sommeillaient des cadavres de pizzas, de canettes de coca, de bières et des restes si anciens qu’ils en devenaient indéfinissables. De longues traînées noirâtres, parcouraient le plateau et serpentaient autour des pieds pour atteindre le sol, comme le sang des sacrifiés au temps des Aztèques. Gavran regardait cette anomalie de la nature du coin de l’œil, il aurait pu tourner le regard, la fixer, cela n’aurait rien changé, elle ne se serait pas enfuie, pas son style, trop arrogante, effrontée. Elle rampa parmi les détritus pour se planter devant lui. — La voilà, près de moi, pensa-t-il, postée comme un garde, prêt à exécuter le moindre ordre de son maître. Si seulement je connaissais ce maître invisible, j’agirais, demanderais… implorerais, mais non, je dois subir encore et encore, comme un prisonnier à la merci de son geôlier… de ses… je ne sais pas… pas vraiment, elle est seule, mais parfois j’en devine une autre qui lui ressemble tellement… Après tout, quelle importance qu’elle soit seule ou à plusieurs, qu’elle ait un maître ou plusieurs, une seule chose ne change pas : Le prisonnier. Du bord de la table, elle s’éleva dans les airs et se posa sur le front gras, strié de crasse de Gavran. Après un court moment d’arrêt, elle glissa sur le sommet de son crâne et attendit. Alors qu’il soupirait, elle coula vers la nuque et le massa de ses appendices poisseux. — Elle essaye de me calmer, elle me prend par les sentiments. Elle sait, elle sent que je pourrais… je pourrais
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lui faire mal, très mal. Alors elle se montre câline et chaude. Faut avouer qu’elle sait y faire quand elle veut et… c’est vrai, elle veut souvent faire du bien… ME faire du bien, à moi seul. Elle est très exclusive… trop. Il se racla la gorge, sa bouche pâteuse lui dicta sa loi. — Encore un à qui je dois me soumettre, ce corps, toujours avec ses besoins « j’ai faim, soif, sommeil, envie de pisser, chier, respirer, un peu plus, un peu moins… » Et moi… ET MOI, on me demande ce que je veux ? On s’inquiète de mes désirs ? Non, jamais, je dois courber l’échine, dire Amen, me sacrifier, je ne suis qu’une larve sans intérêt, un esclave… oui, je suis l’esclave des autres. Il se leva, traîna ses pantoufles miteuses sur un parquet jonché de détritus et s’arrêta devant la porte du frigo américain. À l’origine, le frigidaire était étincelant, recouvert d’aluminium poli, aujourd’hui, comme tout le reste, la saleté l’avait gangrené, ne laissant que la poignée brillante, comme un phare perdu dans un brouillard de fange. Elle vola du trapèze supérieur de Gavran, à la poignée. Il prit une canette de bière, elle se précipita sur l’opercule. Un coup de fesse referma le réfrigérateur. Un tapis d’orient aux délicates arabesques, moucheté d’auréoles, parsemé de minous, de rognures et de miettes accueillit les pas las de Gavran, alors qu’il passait au salon. Il se vautra dans le divan de cuir couleur crème, soupira, avala une gorgée de liquide ambré et rota. Elle reposait sur le boîtier de commande de la télévision LCD. Plusieurs programmes défilèrent avant qu’elle ne s’arrête sur un feuilleton. — Mon préféré… Bien sûr, elle sait ce que j’aime, elle l’a toujours su, elle lit en moi comme dans un livre ouvert… J’déteste ça… Le programme du jour, comme tous les autres jours, consistait à regarder de jolies naïades s’ébattre dans une eau bleue, pendant que la bière submergeait son gosier laissant ses yeux cernés s’évader vers le néant.
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