Miss rebelle et autres mondes parallèles

Myriam Bellecour

Description

« Vous avez lu récemment que trois Français sur quatre déclarent manquer de temps. Ce constat ne vous semble pas totalement infondé. Vous n’avez pas répondu au sondage mais vous gérez votre activité professionnelle, les lessives, le ménage, les courses, vous réfléchissez chaque semaine à des repas variés et équilibrés (et les réalisez), vous faites réciter des leçons de mathématiques, de technologie ou de latin entre 20 heures et 22 heures (et les révisez), vous organisez des goûters d’anniversaire, accompagnez les sorties scolaires, êtes présent aux matchs de foot du samedi et réussissez à peine à faire une heure de sport dans la semaine. Vous ne seriez pas contre trouver quelques heures pour vous, disposer d’un monde parallèle, souffler un peu. » Vous naviguez entre votre vie personnelle et professionnelle, les fêtes d’anniversaire, votre cours de gym, les négociations avec vos ados débordés, un week-end à Londres ? Vous détestez le dimanche soir, vous avez affronté la canicule et vous préparez Noël ? Vos enfants grandissent et vous ne pouvez rien y faire ? Après « Baskets taille 44 et autres mondes parallèles », ces nouveaux mondes parallèles sont pour vous, le temps d’un voyage en RER, d’une pause café ou pour mieux patienter en salle d’attente.

Informations

• Publié par: Les Éditions du Net
• Date de parution: 19 octobre 2015
• Nombre de lectures: 4
• EAN13: 9782312039237
• Langue: Français

Extrait

Miss rebelle et autres mondes parallèles
Myriam Bellecour
Miss rebelle et autres mondes parallèles







LES ÉDITIONS DU NET 22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
© Les Éditions du Net, 2015 ISBN : 978-2-312-03923-7
Préambule
Avez-vous lu « Baskets taille 44 et autres mondes parallèles » ? Non ? Alors reprenons le concept des mondes parallèles !
Vous connaissez « Google maps » ? Il suffit de « zoomer », « dé-zoomer » pour voir les choses sous un angle différent. Il y a tant d’individus dans des bulles, préoccupés à un instant donné par un sujet précis, qui n’ont plus de hauteur, de largeur, de recul, qui se côtoient sans se voir, qui ne se rendent pas compte qu’ils sont dans une bulle alors qu’un simple petit « zoom » remettrait leur monde en perspective. On peut « zoomer » le matin, en sortant du RER, lorsqu’on croise des centaines de personnes qui marchent dans une même direction, s’agglutinent parfois dans un ascenseur pour éviter quelques marches, se frôlent les unes les autres dans un espace qui n’en est plus un, sans un regard. À quoi pensent-elles ? A la badgeuse, à leur chef, à leurs enfants et leur rebelle attitude, au repas du soir, à leur week-end à Londres, à leur prochain rendez-vous chez le coiffeur, à rien ? On peut « zoomer » aussi en se promenant dans la rue, en croisant à une terrasse de café un père avec un landau, une tasse de café, des cernes et une seule préoccupation : dormir. Lui ne voit pas l’adolescent avec son bonnet en laine par 25 degrés au soleil, qui « n’a pas le temps » et ne voit pas la mère de famille en route pour son cours de gym et réfléchissant à l’anniversaire qu’elle doit organiser pour sa fille. Chacune de ces personnes, à un moment de sa vie ou simplement de son trajet, seule ou entourée de personnes qui ont des préoccupations similaires, est dans un monde à part, un monde parallèle.
La négociation salariale
Grand patron d’une entreprise du CAC 40, gérant de votre PME familiale ou manager d’une équipe de 5 personnes, vous êtes aguerri aux négociations salariales collectives dans l’entreprise et aux revendications individuelles. La question du salaire est délicate mais avec ou sans syndicats, vous maîtrisez l’exercice, vous n’acceptez jamais les premières propositions, savez expédier hors de votre bureau vos collaborateurs trop gourmands ou promettre des bonus dont les objectifs ne seront jamais atteints.
Jusqu’à présent, vous aviez géré avec la même facilité et détermination l’attribution de l’argent de poche au sein de votre « entreprise » familiale.
Vous vous souvenez encore de la joie de vos enfants découvrant sous leur oreiller la pièce de la petite souris, 10 centimes, un franc, un euro, peu importe, les yeux brillaient. Ce n’était pas encore de l’argent de poche mais un premier contact avec le monde de la finance ! Ensuite sont venus les débats philosophiques entre adultes sur le bon moment pour sensibiliser vos enfants à la valeur de l’argent, celle dont tant de parents soulignent l’importance sans pour autant être eux-mêmes en mesure de passer l’épreuve du QCM du panier du marché. Sans l’aide de « Google », qui peut donner le prix en moins d’une minute :
– d’une baguette ?
– d’un kilo de pommes ?
– d’un carnet de timbres ?
– d’un paquet de carambars ?
– d’un paquet de granolas ?
Essayez, vous verrez que vos ados ont une vision bien plus précise que vous du coût de la vie !
CP, CE1, CE2, les choses étaient simples. Vous décidiez d’un montant, dérisoire le plus souvent, destiné à remplir une jolie tirelire mais dont l’enfant nourri, blanchi, logé et doté d’une chambre pleine de jouets ne faisait pas usage. Il tentait parfois une approche pour la fête des mères, enthousiaste à l’idée d’acheter un bouquet de roses mais vous n’aviez pas le cœur de lui expliquer que sa tirelire entière suffirait à peine à acheter le feuillage et le dirigiez vers un magnifique dessin ou un collier de perles multicolores. Bref, le point sur la valeur de l’argent n’était pas encore rodé, on était loin de Wall Street.
CM1, CM2, 6 e , les choses avaient assez peu évolué. Quelques discussions à vocation informative lors du repas du soir mais aucune revendication. 5 e , vous n’avez rien vu venir, vous ne saviez pas encore que votre ado développait dans le secret de sa chambre « bien bien fermée » son âme de syndicaliste, peaufinait son discours, ses arguments et que la révolution grondait.
4 e , votre ado a 13 ans, il se mue en trader, vous allez entrer dans un monde parallèle que vous n’imaginiez pas.
Cela commence de manière insidieuse. Encore un T-shirt, encore un pull, les courses deviennent un calvaire, votre ado ne cesse de demander plus et refuse l’élaboration conjointe d’un projet d’accord. Vous croyez maîtriser mais c’est lui qui vous pousse à le doter des moyens financiers destinés à le rendre autonome. Vous voudriez lui expliquer qu’à votre époque l’argent de poche se gagnait (lavage de voiture, repassage, tonte, etc.). Mais vous avez toujours affirmé le principe du bénévolat pour les œuvres collectives, impossible de mélanger les genres, il vous faut donc fixer un montant. Et c’est à ce moment-là que la négociation salariale commence…
Votre ado n’hésitera pas :
– à faire jouer la concurrence : il ne manquera pas de vous signaler que vous êtes en décalage avec le marché, Augustin lui reçoit un smartphone à chaque fois qu’il a une bonne note en physique. Vous rétorquez que vu son niveau scolaire il ne va pas non plus recevoir un smartphone toutes les semaines tout en regrettant aussitôt les paroles que vous venez de prononcer, il ne s’agirait pas de le démotiver, la discussion s’avère plus compliquée qu’au bureau.
– à parler en net lorsque vous parlez en brut : pour lui les 50 euros mensuels sont hors chaussures, blousons et autres gros achats, pour vous tout est compris.
– à s’en référer aux organisations représentatives : vous ne vous souvenez plus pour quelle raison vous avez informé votre ado de cette remarque du Proviseur lors de la dernière réunion de parents d’élèves : « lorsque les parents travaillent bien ils reçoivent une prime (vous aimeriez que ce soit le cas), de la même façon vous pourriez penser à récompenser votre enfant à chaque bonne note ». Si vous aviez imaginé que ce banal compte rendu pourrait se retourner contre vous, vous vous seriez abstenu.
– à menacer son N+1 : si vous refusez d’augmenter la somme, il quittera la maison. Vous avez beau savoir que cet argument ne tient pas et que sa stratégie est risquée, elle n’en est pas moins fort désagréable à un âge où vous savez que sa participation à vos déjeuners du dimanche des dix prochaines années pourrait être impactée par des erreurs de communication.
– à mentir sur les versements : en l’absence d’expert-comptable en charge de la gestion des bulletins de paie, votre ado profitera de toute hésitation pour demander un second versement. Ce n’est pas vraiment un mensonge, tout au plus un oubli !
Vous espérez au moins une saine gestion. Votre fille commence le mois en apurant ses dettes, votre fils a un matelas de billets d’une épaisseur telle que vous vous demandez s’il n’exerce par une activité parallèle à la sortie du collège. Vous comprenez rapidement que certaines différences entre hommes et femmes sont déjà présentes à l’adolescence.
On est en fin d’année, l’exercice budgétaire est en cours (enfin, au bureau seulement parce qu’à la maison, il est mensuel, voire hebdomadaire ou quotidien), vos collaborateurs ne le savent pas encore mais cette année ils n’ont aucune chance. Roulé par votre ado, vous allez au moins résister aux demandes de bonus de votre génération Y. Vous fermez les yeux un instant, vous vous surprenez à imaginer vos collaborateurs en cours de négociation salariale avec votre redoutable ado dans quelques années… et vous souriez.
Il fait trop chaud !
Vous vivez en Europe, plus précisément en France, plus précisément encore en région parisienne. Climat tempéré, agréable, en limite des influences océaniques à l’ouest, continentales à l’est, un peu de pluie au printemps, un peu de neige en hiver. Suffisamment pour quelques batailles de boules de neige, trop peu pour investir dans des pneus neige.
Vous avez déjà assist