Mon Buen Camino
28 pages
Français

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Mon Buen Camino , livre ebook

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Description

Après le Camino Francès , me voilà reparti sur la route... cette fois-ci, c’est la Via de la Plata de Seville à Salamanque. 580 km, 22 jours de marche sous 40 °C. Epuisant, mais magique ! Ce récit te bouleversera, parfois, tu pleureras de joie ou d’émotion. Du plus profond de mon cœur, j’ai écrit sur cette beauté des paysages bien sûr, mais c’est surtout sur la beauté des personnages et toutes ces histoires vécues qui te feront aimer et peut-être partir sur le Camino de Santiago.

Informations

Publié par
Date de parution 10 septembre 2015
Nombre de lectures 4
EAN13 9782312035543
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0012€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Mon buen camino
Yannick Peres
Mon buen camino












LES ÉDITIONS DU NET
22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
© Les Éditions du Net, 2015
ISBN : 978-2-312-03554-3
C’est mon ami Francis qui m’emmène à la gare de Perpignan. Ça y est, dans ma tête, je suis presque sur le Camino. Il m’a fallu quoi ? Pas une semaine pour m’organiser. J’avais pas envie de préparer ni de programmer ce départ.
C’était tellement bien la dernière fois sur la Camino francés, j’avais pas mal d’appréhension. Je me disais : jamais plus je n’aurai une autre si belle histoire.
Évidemment, je vais t’en parler de cette belle histoire. Compte sur moi, je vais te parler de tout d’ailleurs. Comme si tu y étais. Comme pour t’y préparer !
Départ de Perpignan le 28 mai à 11 h 11
TGV de la Renfe
Ma première découverte fut ce Iean, un grand gaillard style troisième ligne de rugby, avec accent des pays de l’Est. « Je suis monté à Marseille », me dit-il. Ancien garde du corps ou homme de main oligarque, Iean était de Roumanie, un rude, passionné de rugby, une intelligence dynamique un regard d’acier. Il me dit travailler dans la sécurité… Je pensais plutôt : dans l’insécurité ! Iean descendait à Tarragone retrouver son épouse espagnole. Ou je supposais plutôt un contrat à remplir. Style buter un mec.
Arrivée Madrid
J’ai 15 minutes pour prendre la correspondance vers Séville… Le stress de louper ce train me gagne… 5 minutes plus tard, me voilà bien installé dans cette voiture 7 ! C’est comme dans la vie, j’ai couru trop vite, j’ai couru pour rien. À 270 km/h, le TGV de la Renfe file vers l’Andalousie, et m’emmène sur la Via de la Plata…
Séville
La magie s’opère de suite. Direction la cathédrale, sublime, grandiose, mon bâton de pèlerin à la main, on me dirige de suite vers une loge consacrée à saint Jacques. Et à cet instant précis, j’entame mon pèlerinage, mon premier timbre, celui de la cathédrale tamponné sur ma Credentia. Je me promets d’y revenir demain matin pour assister à la messe de 8 heures près du tombeau de Christophe Colomb.
En sortant du lieu saint, je me retrouve nez à nez avec le bus de l’équipe de Séville, les joueurs brandissant la coupe de champion d’Europe UEFA gagnée la veille au soir.
L’ambiance de cette ville est naturelle, ronde et chaude. Les Andalouses toutes de rouges vêtues sont plus belles et souriantes les unes que les autres, il ne peut rien leur arriver, elles sont championnes. Ce soir, le charme d’une bodega d’où émanent des sons de guitare et une voix de femme qui chante du flamenco me font encore plus apprécier ce moment et cette soirée forte en émotions. J’ai laissé la France et tous ceux que j’aime…
Après une bonne nuit de sommeil dans cette fameuse albergue près de la cathédrale, messe du pèlerin à 8 heures et me voilà traversant le Guadalquivir par le pont Isabelle II. J’ai maintenant Séville dans le dos, il fait déjà très chaud. Que Dieu veille sur cette ville et sur les Andalouses.
Après six heures de marche, j’arrive à l’auberge de Guillena. Cette étape est assez éprouvante, sûrement parce que c’est le premier jour. Mon sac est lourd, je suis fatigué, les jambes chaudes et lourdes, mais durant cette rude journée, j’ai retrouvé cette atmosphère que seul ce chemin qui nous emmène à Santiago nous procure. Passer dans un village et entendre : « Mira el peregrino » ou des « Buen Camino » te rendent fier et humble à la fois. Toute cette bienveillance t’accompagne pour que tu ne sois jamais seul ! À cet instant précis, je pense à Domi, cette sainte qui a su trouver les mots afin que je reste dans l’action.
Julia est la généreuse hospitalera de cette albergue . Cette femme d’une trentaine d’années est la bonté même. Un foulard cache sa calvitie, les yeux cernés par la maladie. cette saloperie touche de plein cœur cette donatrice. Je ne peux m’empêcher de la serrer contre moi comme pour lui prendre son mal qui la ronge. Elle a compris que moi aussi je devais souffrir, émue aux larmes toute en sobriété, Julia me laissa les clefs de l’ albergue , elle partit se reposer « car, me dit-elle, cet après-midi, ma séance de chimio à l’hôpital de Séville fut des plus pénibles ».
Mon dîner au bar du dessous fut animé par des engueulades d’un débit d’un autre monde par deux mannequins de chez Olida, 300 kg à elles deux, sur la façon de cuisiner ma tortilla ! Pauvre Julia, tu es loin toi, de ces jurons de charretières. Ta douce voix couvre leurs décibels.
Cette nuit, je suis seul à l’auberge, la Via de la Plata est nettement moins fréquentée que le Camino francés. C’est vrai que depuis le départ, je n’ai pas vu l’ombre d’un pèlerin. Me retrouver seul au beau milieu de ces lits superposés, pouvoir profiter des salles de bains et de la cuisine à ma guise, c’est presque une fierté pour moi ou du moins encore plus de liberté. C’est fou comme ce Camino décuple vos sensations !
Ce matin, en fermant la porte de l’auberge derrière moi, j’ai une pensée pour Julia qui doit encore se reposer, elle doit habiter dans le village, est-elle mariée ? A-t-elle des enfants ? C’est si important la famille. La mienne, amputée de son membre supérieur depuis maintenant quarante ans, n’a jamais retrouvé son équilibre. Nous avons tous souffert de la disparition brutale de mon père… Je venais d’avoir 18 ans, j’avais la haine, j’en voulais au monde entier, mon deuil, j’ai pu le concrétiser le jour où j’ai su que je ne l’oublierai jamais. Depuis, tous les jours, j’ai réussi à garder un moment d’intimité avec lui. Il en a partagé des joies, et même mes souffrances étaient plus légères à partager. Cette vie professionnelle que j’ai eue, c’est sûrement grâce à lui, car jamais je n’ai été programmé pour ce monde de l’entreprise. J’ai toujours voulu me surpasser pour qu’il soit fier de moi. Je me souviens, déjà tout jeune, je devais avoir 12 ou 13 ans, minime au club de rugby d’Agen, un jour de match Agen contre Toulouse, nous avions, quelques copains et moi de l’équipe l’insigne honneur d’être ramasseurs de balles… Ma tenue bleue et blanche aux couleurs du club, j’étais fier d’être sur la touche. Quand, dans les tribunes, je vis mon père, je ne pus m’empêcher de regarder le match près de lui… il manquait un ramasseur de balles, mais peu importe, je ne pouvais pas manquer mon père ! Plus tard, je ferai même des courses de vélo pour être plus proche de lui. Le vélo, parlons-en du vélo… un dimanche matin son cœur a lâché dans une côte, sur son vélo.
Aujourd’hui, ce chemin, c’est encore pour lui : Yvon… Yvon le Bon.
Je ne peux m’empêcher de pleurer… en arrivant à Castilloblanco, la fin de ma seconde étape. Vingt kilomètres au milieu de l’Andalousie rurale, des oliviers, des forêts de chênes, des champs d’orangers et puis j’ai longé sur plusieurs kilomètres des barrières… interdiction absolue de les enjamber sous peine de poursuites ! Les taureaux de combat s’en chargeront…
Il fait toujours aussi chaud mais je suis de mieux en mieux. Peut-être le fait d’écrire l’amour que je portais à ce père emporté à 51 ans ! Je ne sais pas où je vais, mais je sais qui j’ai quitté.
Ce soir, j’ai besoin de confort. J’ai donc choisi le must. Cet hôtel de charme typiquement andalou, de grands volumes, belle piscine, ma chambre avec terrasse et lit baldaquin, le luxe, quoi ! Quasi Parador… il ne manquait plus que le prix ! 20 € petit déjeuner compris. Toi aussi tu m’as compris !
Ce matin, départ de l’auberge à 7 h 15, pendu à ma porte un sac plastique contenant un bocadillo et un litre d’eau, gentille attention de la part du patron qui savait que je devais partir de bonne heure. Hier soir, nous avions tous les deux regardé du foot à la télé.
À la sortie du village, je m’arrête dans ce dernier bar tenu par un « papi sympa et souriant ». La brume ce matin présage une forte chaleur sur le coup de 11 heures. Cette étape était prévue dure car pendant trente kilomètres, aucun ravitaillement possible : pas un bar, pas une Mobylette !
Après dix-sept kilomètres de bitume, j’entre dans le parc naturel. Mon sac, anormalement lourd car plombé de 4 litres d’eau, me tire sur les épaules, tout mon corps à présent me fait souffrir. Mais qu’est-ce qui fait marcher le pèlerin à ce point ? La foi ? L’aventure ? Oui, évidemment, mais je pense par-dessus tout à « l’hors du temps ». J’adore ce mot. Le fait d’être à ce point : libre, en décalage avec le monde d’aujourd’hui, réaliser ses envies, écrire notre histoire, ça doit être tout ça qui aujourd’hui nous fait marcher : nous, les pèlerins du monde. Plus loin, cela fait cinq heures que je marche, pas une âme, pas une ombre, je m’isole ma

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