Mon coin de paradis
214 pages
Français

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Mon coin de paradis , livre ebook

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Description

Après le décès de son père, mort à la mine, Jean quitte la région et part vers le Boulonnais où il rencontrera Jeanne, la femme de sa vie. Ils vont connaître ensemble les joies et les peines d'un couple cherchant le bonheur.
Seule ombre à cette belle romance, le passé de Jeanne ! De son histoire, elle n'a qu'une lettre, retrouvée dans son berceau, que les sœurs lui ont remise le jour de ses 18 ans. La maladie de leur fille Marie obligera Jean à reprendre contact avec les siens, perdus de vue au fil des années.
Et si ce retour aux sources pouvait apporter des réponses à Jeanne ?
Toute vérité est-elle toujours bonne à savoir ? Est-il bon de connaître son histoire ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 août 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332978172
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-97815-8

© Edilivre, 2015
Chapitre I Jules
Jules, était le quatrième d’une famille de six enfants. La lointaine campagne où il avait été élevé ne lui permit pas de connaître autre chose que les champs à perte de vue, des cheminées d’usine, l’air qui naissait de ces cheminées et qui couvrait des kilomètres à la ronde, et les petits taudis où tout le monde s’entassait pour vivre malgré la misère et la pauvreté.
Ces maisonnettes formaient malgré tout leur foyer, leur nid, leur cocon, où chacun se retrouvait, en couple, en famille plus ou moins grande, et où il fallait souvent cohabiter entre plusieurs générations… mais peu importe ! Qu’ils étaient douillets ces nids !
Il avait eu une jeunesse difficile où les repas n’étaient pas toujours copieux, mais de bonne qualité, préparés avec tout l’amour d’une mère qui restait souvent en cuisine. A l’heure des repas, on la voyait trottiner d’un bout à l’autre de la table, entre son mari et ses enfants, elle posait un plat ici, une casserole là, coupait le pain et distribuait un morceau à chacun, vérifiait la posture des petits, grondait gentiment celui qui mangeait avec les mains.
Elle omettait souvent de s’asseoir et même de manger. « Je mangerai après ! » leur disait-elle souvent. Jules comprenait bien que sa mère passait son repas trop souvent, mais sans jamais se plaindre. C’était comme ça, pourquoi se poser des questions auxquelles il n’y a pas de réponse, c’était l’évidence !
Il avait appris jeune la nécessité du partage, du respect de soi-même et de l’autre, et la conviction que le lien familial était la seule arme pour vaincre tous les défis, les soucis et la dure loi de la vie.
A l’âge de dix sept ans, Jules entra dans la mine. Il avait remarqué depuis quelques temps que son père n’avait plus une bonne santé pour descendre dans « le trou noir », ses nombreuses quintes de toux venaient troubler son sommeil et la fatigue du travail dur et des longues journées marquaient son visage usé.
Un soir, le jeune homme surprit une conversation entre ses parents :
« Je mourrai dans le trou comme les copains, ce sera ma tombe ! » disait Monsieur Sarazin à son épouse.
Jules entendait sa mère sangloter doucement, il les imaginait se tenant la main et se comprendre dans ce silence de la nuit. Quoi dire, ils avaient connu et vu partir tellement de voisins, d’amis, et parents.
Le lendemain matin, une heure avant que le réveil de Monsieur Sarazin ne sonne, Jules se leva en silence et sans un bruit, sortit de la maisonnette où tout le monde dormait encore. Il avait l’intention de rencontrer le chef d’équipe de son père. Il en avait parlé à un autre ouvrier. Ce dernier, ami et collègue de Monsieur Sarazin, avait compris les angoisses de Jules et il estimait qu’à son âge, il était assez costaud et intelligent pour prendre ses responsabilités. Il avait donc accepté de prendre un rendez vous avec le responsable : Monsieur Patini.
Après tout, combien d’autres jeunes hommes commençaient à cet âge là, sur les pas de leurs aînés, c’était dans l’ordre des choses.
Arrivé bien à l’heure au rendez vous, Jules expliqua de son mieux au responsable qu’il désirait prendre le poste paternel. Sans détours, il lui fit part de ses craintes quant à la santé de son père et ce qu’il adviendrait de sa famille, si malheur arrivait. Il osa lui révéler la conservation qu’il avait surpris quelques nuits précédentes.
Monsieur Patini, avec son expérience savait qu’un homme qui descend avec la peur au ventre était dangereux pour lui-même et pour les autres. Non pas que cet homme se mettait en danger ou qu’il était moins prudent ou moins compétent, mais c’était comme quelqu’un qui perd la foi, il y avait cette impression de mort. Cette ombre, ce nuage lugubre rodait et attendait son heure pour prendre, au moment choisi, la victime qu’il avait repérée et qu’il allait posséder. Ce n’était pas qu’un pressentiment (il avait entendu dire que les marins ou les montagnards ressentaient la même chose).
Combien oh oui, combien, il avait vu partir comme ça. Il avait tenté un soir bien arrosé de les compter, mais c’était trop lugubre, ce qu’il savait c’est qu’à ce moment précis, et à chaque fois que l’on savait qu’un homme du trou prenait peur avant de descendre, devant lui repassaient tous les visages de ces pauvres ouvriers usés par leur dur labeur, et avalés par le souffle de la mort qui les avait emmenés dans ce gouffre qui devenait leur tombe.
Monsieur Patini, était conscient qu’il restait à Monsieur Sarazin cinq enfants à élever, et il comprit d’autant plus les craintes et les doutes de Jules. Il donna son accord. Jules prendrait la place de son père. Il avait l’air courageux et brave et Monsieur Patini savait qu’il avait été bien élevé et qu’il serait honnête… Comme son père l’était.
« Tu seras donc une gueule noire, mon garçon, félicitations ! » ils se serrèrent la main et Jules ressentit en lui une grande fierté. Il avait craint que son père ne comprenne pas, mais maintenant qu’il avait été pris au sérieux par le chef d’équipe, il se sentait fort, il était un homme qui avait fait un choix de vie, sa vie !
Quand Jean Sarazin arriva à la pointeuse, pour prendre son tour, il se vit convoquer au bureau. Chose qui le surprit, car en trente années de bons et loyaux services, jamais il n’avait été obligé de se présenter au bureau, d’ailleurs, il ne se rappelait pas y être entré. Il pensait alors à une restriction du personnel, le marché n’était plus si porteur qu’il l’avait été, et vu son âge… mais comment aurait-il alors nourri sa famille ? Il angoissait un peu à l’approche de la porte du responsable.
Monsieur Patini le reçut alors d’une solide poignée de main, et le fit asseoir. Il lui dit alors :
« Écoute Jean, je sais que tu aimes ce métier, tu as toujours été un ouvrir modèle, et un bon exemple pour tes collègues, nous apprécions tous ton professionnalisme et ta conscience du travail bien fait. Ton fils Jules est venu ce matin. »
Jean sursauta à l’annonce du prénom de son fils,
« Jules, comment ça Jules… mais qu’est-ce qu’il voulait ?
– Il m’a fait part de ses craintes pour ta santé, et la peur qui te gagnait à présent en descendant. Tu sais ce qu’on dit chez nous, si tu descends la peur au ventre, toi ou les autres sont en danger…
Tu sais de quoi je veux parler Jean.
Ton fils m’a demandé de prendre ta place et j’ai accepté, le croyant tout à fait apte à te remplacer. »
Jean eut la gorge serrée, il était abasourdi, il ne sut quoi répondre.
« Ton gamin est brave, Jean, tu peux être fier de lui. Il fera du bon boulot, je le mettrai avec tes gars, ils veilleront sur lui. Il te reste encore des enfants à élever. Essaie de trouver un emploi en ville peut être, jardinier ou gardien, mais prends toi en main. Vois ton médecin et occupe-toi de ta santé ! »
Jean n’en croyait pas ses oreilles, il était assommé par les informations qu’il venait d’entendre. Comment son fils de dix sept ans, qu’il prenait encore pour un gamin, avait pu se rendre compte de l’état de santé de son père, comment avait-il pu découvrir son désarroi, ses craintes, ses angoisses ? Il ne put répondre tellement son cœur débordait d’émotion. Il aurait pu être en colère, mais non, bien au contraire, il était tellement fier, honoré et grandi par cette conversation.
Il sortit du bureau, serra la main de son chef d’équipe avec tout le respect et l’honneur qu’il pouvait lui témoigner, et alla se changer une dernière fois, pour enfiler ses habits de mineur, ses beaux habits, jamais ils ne lui avaient semblés si beaux qu’aujourd’hui.
Il voulait descendre encore une fois, une dernière fois pour sentir, toucher et caresser la roche de ces doigts usés et déformés par la douleur, et embrasser son fils qui, lui, était déjà descendu avec la première équipe. Qu’allait-il faire ? Lui serrer la main, lui donner une tape sur l’épaule ? Oserait-il le serrer dans ses bras ? Bizarrement, il se sentait penaud car il ne savait pas. Mais non, devant ses collègues on sert la main d’un homme, et son fils était à présent un homme, il l’avait prouvé. Oui c’est cela qu’il ferait !
Quand il descendit à la fosse quarante, il le chercha des yeux parmi les gars de son équipe. Il l’aperçut plus loin, il écoutait bien sérieusement, les ordres qui lui étaient donnés. Alors Jules tourna la tête et aperçut son père, Jean remarqua alors qu’il fronçait les sourcils, et comprit ses craintes.
Ils s’avancèrent l’un vers l’autre, et Jean tendit une main franche et directe à son fils. Ce dernier tendit sa main fébrile mais quand les deux paumes se touchèrent, Jean attira son fils près de son cœur et l’étreignit. Jean pensait que c’était la première fois depuis longtemps qu’il tenait son fils ainsi. C’est alors que plusieurs gars, se mirent à applaudir, l’émotion qui passait à ce moment là au fond du trou, éclairait le cœur de chacun. Pour l’avoir vécu, ou pour ceux qui l’auraient à vivre un jour, pas besoin de dire quoi que ce soit, c’était là, un moment fort, puissant, à prendre, un moment d’amour intense, et chacun en grappillait un petit bout parce que c’était bon et que ça leur faisait du bien, tout simplement.
Jean leur cria alors :
« Je vous confie mon fils, les gars, c’est un brave garçon, courageux et sérieux, faites gaffe à lui, je vous préviens »
Dans un écho commun, tous les gars s’étaient réunis pour dire combien ils étaient fiers et contents d’accueillir ce nouveau venu, et souhaitèrent bonne chance à leur ami sortant. Au fond d’eux, chacun pensait : tu as de la chance, profites-en, au moins tu es en vie !
Jean remonta avec le premier chargement, repassa au vestiaire et reprit le chemin de

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