Mon petit lapin bleu
160 pages
Français

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Mon petit lapin bleu , livre ebook

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Description

Emma se réfugie dans une Abbaye pour échapper à une situation douloureuse et se retourne sur son passé. Enfant, elle vivait heureuse dans un modeste logement de la banlieue parisienne, jusqu’à ce que la maladie emporte sa mère et qu’elle se retrouve chez ses grands-parents à Falaise. Elle y grandit, ne trouvant du réconfort qu’auprès de Marie-Jeanne, la domestique, et Nicole, son amie de pension.
Alors qu’elle vient d’obtenir son bac, sa grand-mère étant morte quelques années plus tôt, son grand-père se suicide, lui laissant une lettre dans laquelle il dit ne plus pouvoir supporter ses mensonges et complicités honteuses. Emma découvre, enfin, qui était son père, et petit à petit tous les secrets de sa famille. Quittant définitivement la maison de Falaise, elle se partage entre Paris et Goury, un petit port du Nord Cotentin, et son destin va changer.

Informations

Publié par
Date de parution 29 septembre 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782956154303
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0012€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Mon petit lapin bleu


Martine Alani

2017
ISBN:978-2-9561543
Cet ebook a été réalisé avec IGGY FACTORY. Pour plus d'informations rendez-vous sur le site : www.iggybook.com
Table des matières

Chapitre 1 : 37, rue des Soupirs
Chapitre 2 : Falaise
Chapitre 3 : L’Héritage
Chapitre 4 : Madame Dutour
Chapitre 5 : Caen
Chapitre 6 : La Hague
Chapitre 7 : Michel
Chapitre 8 : Jacqueline
Chapitre 9 : La gitane
Chapitre 10 : Nicolas
Chapitre 11 : Valérie
Chapitre 12 : Voisin
Chapitre 13 : Nez de Jobourg
Chapitre 14 : Daniel
Chapitre 15 : Martine
Chapitre 16 : Goury
Chapitre 17 : Rêve
Chapitre 18 : Bérengère
Chapitre 19 : Menace
Chapitre 20 : David
Chapitre 21 : Audrey
Chapitre 22 : Enfance
Chapitre 23 : Médecin de campagne
Chapitre 24 : Matthieu
Chapitre 25 : Nice
Chapitre 26 : Hugues
Chapitre 27 : Guillaume
 
 
 
A Bérengère,
 
 
 
Ne fais pas quelque chose pour le finir, fais-le pour le faire.
Les hommes crèvent d’occuper le futur, jamais le présent.
Ils se préparent à vivre, ils ne se réjouissent pas de vivre.
C’est maintenant que tu écris ton texte, pas quand il sera terminé.
 
Eric-Emmanuel Schmitt
L’homme qui voyait à travers les visages
Avant-propos
 
Enfin au calme, dans ma petite chambre que les Frères Prémontrés de l’Abbaye de Mondaye m’ont louée pour un temps indéterminé, ma vie est rythmée par le son de la cloche appelant aux prières.  De temps en temps, je vais écouter les frères chanter dans l’église, et même si je n’ai pas de pensées religieuses, leurs voix m’apaisent.
Quand je rencontre un frère, il me sourit et son regard me dit qu’il est prêt à m’écouter quand j’aurai décidé de parler.
Pour le moment, je ne veux que le silence et ici, on m’en fait cadeau.
Je m’arrange toujours pour être seule dans le réfectoire réservé aux laïcs, et si un autre résident arrive, je m’empresse de finir mon repas en baissant la tête pour lui signifier que je n’ai aucune envie d’engager une conversation.
Je passe de longues heures dans ma chambre. Elle est claire, les murs blancs, sans décoration superflue, avec un lit simple, une table de travail, une chaise et un fauteuil. La salle de bains attenante est tout aussi sobre, mais confortable. Ma fenêtre donne sur le parc où les quelques résidents aiment à méditer et lire, au soleil ou à l’ombre des arbres.
Quand je ne suis pas dans ma chambre, je m’installe dans le parc ou je fais de longues marches dans la campagne voisine. De temps en temps, je vais dans un des oratoires, j’aimerais pouvoir croire et prier, les frères qui m’entourent ont l’air heureux dans leur foi. Mais je n’y arrive pas.
Je me suis isolée du monde, j’ai éteint mon téléphone et l’ai laissé dans ma valise.  Je n’ai pris avec moi que quelques livres et mon ordinateur, sans connexion internet. Il ne me sert qu’à retrouver ma vie, au fur et à mesure des chapitres que j’écris.
Après la tempête des derniers mois passés, j’ai besoin de revenir en arrière. Je veux comprendre, me réapproprier le fil de mon existence, me sentir à nouveau moi-même. Je veux avoir la pleine conscience de ma vie.
Je veux prendre mon temps.
Chapitre 1
 
37, rue des Soupirs
 
J’ai vécu mon enfance dans les rues sombres d’Aubervilliers, où je passais le plus clair de mon temps, quand je n’étais pas dans notre modeste logement de la rue des Soupirs. J’y jouais aux billes avec les garçons du quartier ou je coiffais une vieille poupée à moitié chauve que j’avais trouvée un soir dans un carton posé sur le trottoir, au milieu d’un tas de chiffons.
Quand il se faisait tard, maman me criait du 3e étage, par la fenêtre de la cuisine, de monter faire mes devoirs. Maman était très soucieuse de mes résultats scolaires. Elle me disait toujours : « Tu dois être la première de ta classe,  on va leur montrer de quoi on est capable ! »
J’aimais quand maman venait me chercher à l’école. Les autres mères la regardaient toujours de travers, avec ses talons hauts, sa robe seyante et son rouge à lèvres rouge carmin qui soulignait son sourire permanent. J’étais fière d’avoir une mère si jolie. Maman était joyeuse et toujours aimable avec tout le monde. Elle avait l’air de traverser ses journées sur un nuage de félicité et rien ne pouvait altérer sa bonne humeur.
Pourtant des soucis, elle en avait à revendre. Maman était la reine de la récup’. Comme nous n’avions pas la télévision pour abrutir nos soirées,  notre repas pris – maman savait faire des festins avec des pâtes, du riz ou des pommes de terre – la vaisselle lavée et rangée, régulièrement, nous sortions avec un vieux landau – sans doute celui qui m’avait bercé – et nous arpentions les rues, allant jusqu’à Pantin ou Clichy. Notre plus grand bonheur était les déménagements : là, les gens avaient envie de se débarrasser de tout ce qui avait fait leur quotidien et de recommencer à zéro ailleurs. Vêtements, chaussures, vaisselle, fauteuil, poste de radio encore en état de marche, lampe de chevet, couverture, rideaux… Maman faisait son marché, dépliait, testait, faisait la moue devant ce qui était irrécupérable ou s’empressait de remplir le landau de ce qu’elle estimait pouvoir être réutilisé.
Le landau rempli, nous rentrions en chantant un des refrains favoris de maman, La belle de Cadix qui avait des yeux de velours ou Catarina qui faisait tchitchi ou encore ma préférée Salade de fruits jolie, jolie.
Arrivées devant la porte de notre immeuble, (il n’y avait qu’à la pousser, la serrure étant cassée depuis belle lurette), et après avoir traversé le couloir, avec le mur, à droite, tapissé de boites aux lettres brinquebalantes, on montait le vieil escalier étroit dont le bois grinçait à chaque marche, entouré de vieux murs lépreux, d’une couleur indéfinie.
Au premier étage, la vieille Madame Dutour avait encore mis sa radio à tue-tête, au deuxième, Monsieur et Madame Germain hurlaient en s’envoyant des injures, pendant que derrière la porte d’en face, Rex, le petit chien bâtard de Monsieur Perdoin, aboyait à notre passage. Arrivées dans notre deux-pièces cuisine, maman débarrassait et triait nos trésors, les tissus et vêtements dans la bassine, pour les laver, la vaisselle sur l’évier, pour y attendre un bon récurage, les autres objets prenaient place ici et là pour parfaire la décoration hétéroclite du salon-salle à manger-ma chambre.
La chambre de maman était une sorte de couloir où le lit prenait toute la place, avec un papier peint fleuri multicolore – récupéré Boulevard Jean Jaurès à Clichy – et une minuscule table de nuit habillée d’un napperon – rue Danton, Pantin – et une lampe de chevet – à deux pas de chez nous.
Souvent le soir, j’allais rejoindre maman dans son lit et j’aimais me coller à sa chaleur et me délecter de son parfum. Elle dormait très peu, passant une bonne partie de ses nuits à lire au lit des romans récoltés ça et là au cours de nos sorties vespérales. De la même façon, elle m’avait monté ma propre bibliothèque, rose et verte, composée du Club des cinq, des Petites filles modèles, des Malheurs de Sophie, que j’aimais lire depuis que je savais le faire, et je rêvais devant les illustrations montrant des petites filles bien propres et bien élevées.
Je  n’aimais pas dormir seule dans mon lit, étroit, collé au mur et séparé de la salle par un rideau d’un brun sombre que maman avait cousu et accroché avec des punaises au plafond.
Ce que l’on appelait le salon était un gros fauteuil coincé sous la fenêtre près de la table toujours encombrée de la machine à coudre et de tissus trouvés, que maman transformait en vêtements. C’était une vraie magicienne. Elle transformait un vieux manteau en drap, pour m’en faire un à la dernière mode, digne du magasin de Mademoiselle Leblanc, dans la rue d’Epinay, L’Elégance Parisienne.
Notre « salle de bains » était dans la cuisine, l’évier surmonté d’un petit miroir pour les petites ablutions et les jeudis et dimanches soirs, maman me faisait prendre mon bain dans un grand bac en zinc, me shampouinait et me savonnait avant de me rincer avec l’eau de la bouilloire qu’elle avait fait chauffer sur la cuisinière à gaz.
Un jour par semaine, maman s’absentait pour aller faire le ménage chez la charcutière Madame Dutronc et le soir, le menu était amélioré avec une saucisse ou un morceau de boudin noir.
Le samedi midi, nous allions au marché de l’avenue Vic

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