Nicolas Cavalier-Montrose
210 pages
Français

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Nicolas Cavalier-Montrose , livre ebook

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Description

« Le malheureux Nicolas est dans les cordes. Littéralement assommé par ce qu'il vient d'entendre, il est pétrifié. Montrose est bien le pilote et lui l'instrument. Il a tout faux depuis des mois. Son retour à la vie n'est qu'une procuration destinée à retrouver une âme sœur. Nicolas Cavalier est bien mort ce lundi 30 septembre 2013... » Issu d'une famille modeste, Nicolas Cavalier est un brillant ingénieur qui mène une vie libre et intense. Lorsqu'il se réveille après un accident de moto, son existence n'est plus la même. Il se nomme dorénavant Comte de Montrose et se retrouve malgré lui plongé dans une époque reculée. Le personnage demeure dès lors tiraillé par le combat intérieur de deux personnalités, dont l'une aura finalement raison de l'emprise de l'autre. Les événements surnaturels du roman de Pierre Cadene mettent en lumière le poids inconscient exercé par l'âme des morts sur les vivants, comme une métaphore de la nécessité de se réconcilier avec le passé pour mieux vivre au présent.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 mars 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342160352
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0071€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Nicolas Cavalier-Montrose
Pierre Cadene
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Nicolas Cavalier-Montrose

Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
1
Les pluies torrentielles des dernières heures de ce dimanche 29 septembre 2013 viennent de cesser. Le Gardon, ordinairement indolent, menace ses berges désertées. Le flot, impétueux et tourmenté, gronde sa colère assourdissante dans ses remous vertigineusement sombres. Dans les eaux brunes tourmentées flottent branches et troncs arrachés aux flancs du massif cévenol. Partout, des ruisseaux spontanés dévalent en cataractes les pentes abruptes emportant les maigres terres. Bien que terminé, l’orage a provoqué le vacarme impressionnant d’une nature déchaînée. L’automne, jusque-là paisible, fait la démonstration des excès dont il est régulièrement capable.
Depuis son balcon, Nicolas Cavalier observe la furie des éléments. Pas de véritable surprise dans son regard. Le spectacle offert est, hélas, un scénario connu pour les Alésiens de souche comme lui.
Son grand-père Ferdinand était mineur à la Grand-Combe. Jeune « galibot », il poussait les wagons. Puis il est devenu piqueur pendant des années jusqu’à ce que la silicose lui permette d’obtenir le rôle de receveur en surface. Son épouse Madeleine exerçait son rôle de mère au foyer. Jeune, elle avait travaillé dans une magnanerie. La sériciculture, concurrencée par la soie importée, finit par disparaître. La vie se limitait au bassin et à sa précarité. Un quotidien dans lequel les projets se résumaient à faire pousser quelques légumes sur un lopin de terre qui ne leur appartenait pas. Son père, François, n’avait pas réussi à échapper au carreau. Les conditions de travail des « gueules noires » s’étaient améliorées. Né durant la deuxième guerre mondiale dans un milieu modeste, il ne fit pas d’études secondaires. La mine et lui, ce n’était pas une histoire d’amour. Il espérait fortement pouvoir lui échapper. Le destin allait le conforter dans son idée. Des signes d’essoufflement de l’activité minière dessinaient un avenir incertain. Les vingt mille ouvriers de la fin des années cinquante savaient que l’apogée des rendements était atteint. Mieux valait songer, pour ceux qui le pouvaient, à une reconversion. Dans cette ambiance peu sécurisante, François comprit que son emploi serait éphémère. Il ne passa donc que quelques mois dans les boyaux avant de trouver un emploi dans un atelier de chaudronnerie à Alès. À dix-neuf ans, jeune homme coquet et longiligne, il rencontrait Alice, une jolie secrétaire aussi brune que le charbon, dans un bal populaire. Ses parents le trouvaient trop jeune pour convoler. Il attendit donc sa majorité pour se marier. Le couple s’installa dans un petit appartement où, quelques mois plus tard, vinrent résonner les vagissements du petit Alexis. Les fins de mois correspondaient aux plats allégés mais les enveloppes des diverses factures étaient garnies. Le bonheur simple eut pourtant ses limites. À l’âge de trois ans, le petit Alexis fut frappé par la grippe. Alors qu’il semblait en rémission, une pneumonie l’emporta. François et Alice touchèrent le fond de la détresse. Dévastés, leur monde vacillait et avec lui disparaissaient les rêves, les projets, le désir de construire des lendemains meilleurs. Leur existence devint une sorte d’errance dont ils pensaient ne jamais s’extraire. À trente-neuf ans, Alice se plaignit de maux de ventre. Le diagnostic médical fut un véritable électrochoc.
— Madame, vous êtes enceinte !
Quelques mois plus tard naissait Nicolas-François-Julien Cavalier. Métamorphosés, ses parents décidèrent que l’enfant ferait l’objet de toute leur attention et que le meilleur lui serait donné.
De son observatoire, Nicolas constate que la rivière grossit encore et quitte son lit pour envahir les bas quartiers. Les torrents d’amont continuent à alimenter le monstre hurlant qui va fusionner son ivresse avec celle du Gardon d’Anduze. Une force incontrôlable va frapper les villes en aval. À Quissac ou Sommières, le tocsin doit alerter la population.
Johnny Cash se fait entendre sur le portable de Nicolas.
— Salut Maman, tout va bien pour vous ?
— Mon chéri, nous allons bien, mais j’espère que tu n’as pas prévu de sortir…
— S’il te plaît, Maman, cesse de t’inquiéter. Je n’ai rien de prévu pour ce soir. Je verrai demain matin si je peux, ou non, aller au boulot.
— Avec ton père, nous en sommes toujours à nous demander ce que tu vas inventer pour nous faire peur. Quand cesseras-tu de jouer les intrépides ? Surtout, fais très attention à toi, mon chéri. Nous t’embrassons très fort.
Alice est une mère enveloppante mais elle a su laisser à son fils une totale liberté de choix. Elle fut la première surprise lorsqu’à la suite de bonnes études secondaires, Nicolas décida d’intégrer l’École des Mines. Devenu ingénieur, il trouva, sans difficulté, un emploi dans une société nîmoise de transport. Trop éloigné des siens et de ses racines, il n’hésita pas à tout lâcher. Après quelques semaines de doutes, une entreprise locale de bâtiments et travaux publics lui ouvrit ses portes. Installé professionnellement, reste à équilibrer le plan affectif. Nicolas serait du genre papillon… de nuit. À trente et un an, la sagesse ne siège pas encore dans la tête, très bien faite, du jeune homme. Brun, les yeux noirs et la mâchoire à fossette font de lui un séducteur dont la véritable passion est le sport et plus particulièrement ceux qui autorisent la vitesse. Au grand désarroi de ses parents, Nicolas semble assumer deux vies à la fois. Voiture, moto, ski, défis nautiques ne suffisent pas à combler son besoin de se dépasser. Même Stéphanie, son amie du moment, ne parvient pas à tempérer ses ardeurs. Elle sait, de plus, que toute tentative pour le changer conduirait immanquablement à une rupture.
Malgré le double vitrage, le grondement sourd de l’eau empêche Nicolas de se concentrer sur la lecture du dernier livre de Mary Higgins Clark. Il décide donc de mettre, en fond sonore, le Domine Deus de Vivaldi.
Alors que la terre manifeste une violence passagère et brutale, le ciel a revêtu ses plus belles parures. Il scintille de tous ses diamants, citrines et saphirs dorés faisant cadeau à la lune du plus délicat des écrins. Nicolas s’endort sur le canapé…
Le premier geste au réveil consiste à vérifier l’état des lieux. Bien que convalescente, la rivière a regagné son lit. Les remous sombres continuent leur tapage et lancent leurs dernières forces en égratignant les berges mises à mal.
Un message s’affiche sur le téléphone : « Boîte fermée cause inondations ». Organiser la journée, qui s’annonce magnifique, devient un impératif. Le temps de la douche et du petit-déjeuner favorise la réflexion. Un jogging sur des chemins détrempés n’étant pas l’idéal, Nicolas opte pour une virée à moto. Choisir la destination se révèle plus problématique. Ne pas longer les berges du Gardon paraît sensé. Prendre de la hauteur étant plus raisonnable, le choix se porte sur la nationale 106 jusqu’à Cendras, puis la départementale 32 pour gagner le col de Pendedis où aura lieu la pause déjeuner. La numérologie n’étant pas la préoccupation du cartésien Nicolas, qu’importe de faire étape à 666 mètres d’altitude…
La machine rouge aux chromes rutilants développe ses 1 300 cm et avale le macadam avec souplesse et légèreté comme dans un souffle éthéré et ralenti. L’espace déroule ses teintes ocrées enrichies des verts les plus subtils. L’évasion se pare d’essences communes où la bruyère flamboie depuis le début de l’été pour éclipser les fougères moribondes ou les coussins d’orpins accrochés à la roche schisteuse. La route étroite et sinueuse offre des panoramas majestueux tapissés de chênes verts, avec quelques trouées de garance voyageuse. L’ascension du col invite les résineux à se manifester. Le pin maritime déploie ses frondaisons sans pour autant faire de l’ombre sur la route, qui est souvent en surplomb de ravins vertigineux. Sur les zones moins escarpées, l’homme a modelé le paysage en y réservant une place privilégiée pour les châtaigniers dont les fruits, frais ou séchés, garantissaient la survie d’une population besogneuse. Quelques vieux mas exhibent à l’éclatante lumière du matin leurs murs épais en pierre sèche et leurs toitures de lauze. Ils sont entourés de bancels déserts qui portaient autrefois la vigne, les céréales ou les cultures nécessaires à une vie autarcique. Ces minces lanières de terre, gagnées sur les flancs abrupts, sont étayées par d’épais murs en pierre sèche. Une vie de labeur que les ans et les caprices du ciel estompent inlassablement. L’air est chargé de l’odeur des terreaux si forte après l’orage. Il glisse comme une ivresse sur la visière de Nicolas…
Le véhicule blanc coupe le virage sans visibilité. Un coup de guidon à gauche permet d’éviter le choc fatal mais la moto n’a pas l’espace nécessaire pour revenir sur la chaussée. Elle plonge dans le vide…
Éjecté, Nicolas voit, au ralenti, ses parents, les chevalements de la mine, une salle de cours, le corps sublime de Stéphanie… tout cela dans une lumière vive émanant de son être entier… En état d’apesanteur, son corps, devenu léger comme un duvet d’oisillon, flotte au-dessus des ronces et des fougères avant de pénétrer dans un long couloir sans véritables parois. Loin, très

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