Penser les soins de santé

János Frühling, Jean Creplet

Description

Cet essai propose une grille de lecture de la réalité où se débat non seulement la pensée du malade, mais celle de tous les autres. Des spirales de documents s’élèvent de millions de colloques singuliers vers de nombreux groupes qui les relaient en haut-lieu. Chacun dans leurs rôles, les individus opèrent comme des lanceurs passeurs de produits dérivés des soins aboutissant à des critères scientifiques, des lois et des budgets. Le « système » ne peut tenir que si les citoyens qui en bénéficient ont tous conscience des indissociables liens entre la qualité technique, son sens et sa valorisation financière. Trop souvent, un déni des limites brouille la perspective sur les mutations en cours. Une nouvelle culture de liberté responsable doit pourtant émerger si nous voulons préserver l’assurance maladie solidaire. Heureusement, des signes avant-coureurs permettent d’espérer.

Jean Creplet d’abord ingénieur, devient médecin puis cardiologue. Il a dirigé le département de médecine de l’Hôpital Bracops et le service de cardiologie du CHU de Charleroi. Il est l’auteur de La troisième révolution de la médecine.

János Frühling, né à Budapest, est spécialiste en médecine nucléaire et en radiothérapie-oncologie. Il a été Médecin-Directeur général à l’Institut Bordet et Secrétaire perpétuel de l’Académie royale de Médecine de Belgique. Il a présidé l’Ordre des Médecins du Brabant francophone. Membre de l’Académie des Sciences de Hongrie.

Sujets

• Médecine
• Littérature

Informations

• Publié par: Académie royale de Belgique
• Nombre de lectures: 10
• EAN13: 9782803105113
• Langue: Français

Extrait

PENSER LES SOINS DE SANTÉ
Jean Creplet et János Frühling
Penser les soins de santé : Un défi en trois couleurs
Académie royale de Belgique
rue Ducale, 1 - 1000 Bruxelles, Belgique
www.academieroyale.be
Informations concernant la version numérique
ISBN : 978-2-8031-0511-3

© 2015, Académie royale de Belgique
Collection L’Académie en poche
Sous la responsabilité académique de Véronique Dehant
Volume 68
Diffusion
Académie royale de Belgique
www.academie-editions.be
Crédits
Conception et réalisation : Laurent Hansen, Académie royale de Belgique
Illustration de couverture : © Loredana Buscemi, Académie royale de Belgique
Publié en collaboration avec
Bebooks - Editions numériques
Quai Bonaparte, 1 (boîte 11) - 4020 Liège (Belgique)
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Informations concernant la version numérique
ISBN 978-2-87569-200-9

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Le métier de médecin est traditionnellement ancré dans l’évolution de la société humaine depuis des millénaires. Profession complexe, difficile à définir, la langue française littéraire la désigne comme « l’art de guérir ». Le colloque singulier reste une des composantes fondamentales de la relation médecin-patient. Par ce contact étroit, le premier a professionnellement une emprise significative sur la santé corporelle, psychique et sociale du second. Toutefois, les problèmes des malades et des médecins ne peuvent être analysés et traités hors contexte. En effet, ils relèvent, selon la conception marxiste, d’une composante de superstructure dépendant étroitement et indissolublement des bases socio-économiques (voir la figure 1 ci-dessous).

Figure 1. Interdépendance de différents paramètres socio-économiques et médicaux en cause dans l’organisation des soins de santé (schéma simplifié).
Les relations entre malades et médecins remontent aux temps les plus lointains. Après les sorciers, les chamanes, les gourous ou les prêtres, l’explosion de la culture judéo-chrétienne a profondément modifié ces relations, modulées ensuite par l’expansion de la pensée scientifique au siècle des Lumières. Les bases des sciences exactes naturelles ont été jetées aux XVI e - XVII e  siècles en Angleterre, en Italie du Nord et aux Pays-Bas et ont permis les progrès des sciences médicales, surtout à partir du début du XIX e  siècle. Les découvertes fondamentales en clinique et une évolution technologique vertigineuse ont fondamentalement transformé l’activité médicale pour arriver, à la fin du XX e  siècle, aux pratiques de high tech d’evidence-based medicine.
Par ailleurs, depuis environ 25 ans, notre vie socio-économique change à une vitesse impressionnante et les références de la société industrielle où nous vivons, s’écroulent. Ces changements ont refoulé les valeurs fortes établies après la deuxième guerre mondiale. Ainsi, la liberté, la solidarité et la fraternité, piliers d’une vision de l’humanité depuis les révolutions française et américaine, à la fois très différentes et très liées, avaient véritablement transformé la société occidentale, non sans bousculer les médecins. Tout ceci a provoqué un divorce entre la société civile et le monde médical 1 ...