Piano à vendre
224 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Piano à vendre , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
224 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Il vous manque du temps pour lire des briques traversées d’intrigues alambiquées ? Qu’à cela ne tienne ! Les nouvelles vous assurent souvent autant de plaisir sans vous essouffler. Celles de Denys Bergeron sont de longueur variée et, empruntant parfois des sentiers inégaux, elles ne dépeignent pas moins chacune à leur manière des tableaux saisissants de la comédie humaine. Ces 30 nouvelles s’inspirent de la vie quotidienne québécoise, hormis une toute petite excursion à Paris. En tout cas, il a semblé à l’auteur que sa panoplie des portraits parfois flatteurs, parfois pathétiques, toujours pittoresques pouvait les alimenter suffisamment.
Quoi qu’il en soit, le lecteur se transformera en témoin d’autant de scènes et s’y laissera conduire au gré des émotions garanties.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 décembre 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332644138
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-64411-4

© Edilivre, 2016
Du même auteur
Du même auteur :

Les pirouettes du destin, nouvelles littéraires, éditions Dédicaces, Montréal, 2011
Le sage qui élevait les mots, roman biographique, éditions du Cram, Montréal, 2009
La lettre du père Noël, contes, éditions Porte-Bonheur, Montréal, 2008
Les jumeaux Turmel, tome 3, Samuel, roman, éditions du Cram, Montréal, 2008
Les jumeaux Turmel , tome 2, Clément, roman, éditions du Cram, Montréal, 2008
Les jumeaux Turmel , tome 1, Clovis, roman, éditions du Cram, Montréal, 2008
Mon grenier à images , récits et nouvelles, Améca, Saint-Raphaël-de-Bellechasse, 2007
Église à vendre , roman, les éditions Arion, Québec, 2006
La nuit des gueux , (participation) anthologie poétique et textes en prose, La Plume Libre, Trois-Rivières, 2006
Les bottes du père Noël , contes, éditions Arion, Québec, 2004
Les jumeaux Turmel , tome 2, C’était le domaine d’un révérend, éditions Arion, Québec, 2003
Les jumeaux Turmel , tome 1, C’était un beau chaland gris, éditions Arion, Québec, 2002
Promeneur de villes, promeneur de vie , collectif de nouvelles, éditions Terres fauves, Saint-Jean-Port-Joli, 2000
Les contes de Marie-Clarisse , contes, Éditions Félix, Chicoutimi, 1999
Images de vie , collectif de témoignages d’enseignants à la retraite, Éditions Sans Âge, Québec, 1998
De lune à l’autre , collectif de nouvelles, Éditions Arion, Québec, 1997
Le Chemin des Écossais , récits et nouvelles, Éditions du Mitan, Québec, 1990
Depuis 1998, chroniques régulières dans le magazine Quoi de neuf , périodique de l’AREQ
(Association des retraitées et retraités de l’enseignement du Québec)
Remerciement


Sans leur influence, je n’aurais pas écrit une ligne 1 :
Alphonse, André, Anne, Antonine,
Bernard, Claire, François, Félix,
Gabrielle, Georges, Germaine, Gilbert, Guy,
Henri, Honoré, Jules, Louis, Maurice, Marcel,
Paul, Pierre, Robert, Victor.
1 A la page 223, j’ajouterai les patronymes.
Dedicace


« C’était pendant les périodes des foins, des moissons et des vendanges que je m’exaltais le plus. Les récoltes en appelaient d’autres. Les livres sont aussi l’aboutissement de longues patiences et de travaux quotidiens obscurs. Moi aussi, après de nombreuses heures volées au sommeil et aux distractions, je produirais des œuvres millésimées. »
(Bernard Pivot Les mots de ma vie )
-1- Piano à vendre
« Cécile s’est assise au piano. Elle pose un doigt, deux doigts sur le clavier. Quelques notes ! Ces notes, elles devraient être usées, flétries depuis que les hommes chantent, depuis qu’ils frappent sur des cordes ou soufflent dans des tubes sonores. Mais non, elles sont toujours neuves comme au premier jour de la création. »
(Georges Duhamel, Cécile parmi nous )
Il ne l’a pas laissée dans la misère. En tout cas, avec quelques conseils éclairés, elle se débrouillera sans trop de gêne. Préposé pendant quarante ans à la billetterie de la Gare d’Aiguillon, il a amassé sou à sou l’argent nécessaire pour couler une retraite convenable avec sa vieille. Imaginez : quarante ans vécus ensemble dans cet appartement du quartier Saint-Jean-Baptiste ! À proximité de tous les services ! À peine le temps d’ajuster le sac d’école sur leurs épaules et les enfants se retrouvent dans la cour du collège ; l’autobus passe à la porte, frôle presque la première marche de l’escalier ; deux minutes et les voilà sur le parvis de l’église. Mais un jour fatal du dernier été, la faucheuse impitoyable a couché l’homme sur l’andain sans même crier gare.
Confinée avec sa peine dans un cinq-pièces, Georgette s’accommode plutôt mal de son veuvage. Les enfants craignent maintenant qu’elle ne chavire si elle persiste à poser ses pas dans ceux de son défunt. À accompagner son mort en quelque sorte. Il faut prendre une décision.
Ce matin du premier mai, le camelot n’est pas seul dans les rues du quartier : pour respecter tous leurs engagements, les déménageurs les ont envahies eux aussi dès potron-minet. Dans la rue Saint-Jean, au pied d’un long escalier de fer, un Fargo cinq tonnes de l’As du déménagement de Québec inc. vient de repérer, dans une muraille criblée de portes et de fenêtres toutes semblables, le numéro qu’il recherche. Il se fraye une place : crampe à droite, avance, crampe à gauche, recule, crampe encore, klaxonne. Enfin l’engin est tranquillisé et trois hommes descendent de la cabine. Aussitôt, comme pour les rassurer, une femme impatiente apparaît sur un des balcons du troisième. En un tournemain, les harnais, les câbles, les courroies, les sangles, le diable, la passerelle… atterrissent sur le trottoir. Mieux vaut ne pas flâner.
Trois heures après, les meubles et le fourbi sont entassés dans le fardier. Entre-temps, la veuve a troqué son vieux pantalon contre une jupe assortie à une chemisette légère. Couronnée d’un chignon crêpé et fardée rose nanane, elle furète avec une vigilance inquiète dans tous les placards, soi-disant au cas où on aurait oublié quelque machin, mais bien plus pour se gaver une dernière fois de leur odeur si familière. En fait, elle se prépare à ce pincement au cœur qui l’assiège lorsqu’elle referme la porte sur la cruauté d’un désert. Mais elle crâne devant l’absurdité, et gagne le coupé de son fils Édouard stationné près du Fargo.
Elle n’a pas remarqué qu’il étrenne une voiture flambant neuve, dix fois plus pimpante que sa berline trouée comme une passoire. Non, elle fouille dans son sac à main pour y pêcher le contrat de location de son futur logement. Tiens, le voilà. S’il fallait que je le perde… Elle n’attend pas de réaction. Elle se contente d’en lire l’adresse à haute voix, comme pour s’entraîner, la mémoriser, rassurer le conducteur : Les Habitations Pierre-Boissonneau inc., 450, boulevard des Récollets, Trois-Rivières .
– Trois-Rivières, mon gars, autant dire au bout du monde ! Y as-tu pensé ?
L’autre demeure muet, parce qu’il sait très bien qu’il ne s’agit que d’une fausse question. Que d’une façon, pour sa mère, de marquer l’énormité de son geste.
Suivis de L’As du déménagement , ils quittent le chemin Sainte-Foy, puis filent sur l’autoroute Félix-Leclerc.
– Maintenant, maman, on peut le semer, non ?
– S’il fait du cent, fais du cent, toi aussi, c’est plus prudent.
– Plus prudent ! C’est quoi l’affaire ?
– Il faut pas le perdre de vue. On sait jamais. Peut-être que je reverrais plus jamais mes meubles…
– Oh ! là ! là ! Qui en voudrait ?
– Qu’as-tu à redire de mes meubles ?
– Une p’tite farce. Entends à rire, m’man.
À ne faire que du cent, Édouard rate la chance inespérée de montrer à sa mère de quoi son bolide est capable. De toute façon, préoccupée comme elle l’est, elle n’apprécierait aucune prouesse ni du conducteur ni du véhicule. Et il ronge son frein tout le long du trajet. Jusqu’à Trois-Rivières, boulevard des Récollets, numéro 450.
Les trois hommes sont contents de terminer la besogne plus tôt que prévu. Et le bataclan, si utile à l’arrivée comme au départ, a déjà repris sa place dans le camion. Reste à attendre la Georgette qui s’énerve parce qu’elle n’arrive pas à mettre la main sur son chéquier. Où a-t-elle bien pu le fourrer ? Rien d’étonnant avec tout ce fouillis.
– Que je suis sotte, maugrée-t-elle.
– Par chance que l’ascenseur nous a facilité la tâche, jubile celui que les deux autres surnomment Bouboule .
– En tout cas, j’ai bien l’impression que t’aurais fondu en sueur si t’avais dû grimper cet éléphant de piano au huitième dans des escaliers en tire-bouchon, sympathise le chef.
– Ascenseur ou pas, vous avez bien mérité les deux cents belles piastres additionnelles réclamées pour le seul piano, mes agneaux !, intervient, doucereuse, la veuve qui achève de libeller son chèque. Tenez, voilà : douze cents dollars comme convenu. Correct ?
Ils remercient. Tournent les talons. Il faut voir maintenant où les conduira la prochaine équipée.
* * *
Georgette apprécie les attraits et les commodités de son nouvel intérieur qu’elle décore avec goût, s’accoutume aux alentours du pâté de maisons. Mais une fois l’effet de dépaysement évanoui, alors qu’elle pourrait déguster la vie à nouveau, persiste toujours un petit quelque chose d’agaçant qui devient intolérable.
Son malaise empirant, au risque de passer pour une tête de linotte, elle se confie à son aîné. Le mot qu’elle lui expédie ne passe pas par quatre chemins.
Cher Édouard,
Si je commençais par des mots doux tu ne les lirais pas. Autant attaquer le bœuf par les cornes et te dire tout de suite que je veux déménager à cause du piano.
Ta mère qui pleure trop souvent.
Ce ton suspicieux ? Sur la défensive. Pourquoi ? En voilà une histoire ! Édouard a appris que tout effet a une cause. Il n’empêche que les mots cognent dur dans sa tête. Il n’a pas le goût de rigoler. Bien au contraire, appréhendant soudain une dépression plus que passagère chez sa mère, il alerte Germain, son cadet.
Georgette, bien mise et même un brin élégante, les accueille au sortir de l’ascenseur. Elle est tout sourire. À mille lieues d’une allure de pleureuse. Nulle trace d’abattement. Dans un bel élan d’affection, elle les embrasse chaleureusement. Pose les questions rituelles. Les deux garçons ne tardent pas à s’interroger sérieusement :
– Ça serait-y une supercherie ? Si c’est le cas, j’aurai deux mots à lui dire, marmonne Édouard à l’oreille du frérot.
Mine de rien, ils arrivent à l’appartement.
– Maman, tu vas nous expliquer ton truc.
– Quel truc ?
– Tu veux déménager à cause du piano. Pis tu passes ton temps à pleurer. C’est quoi le rapport ?
– Je peux plus le voir. C’est simple.
– Tu peux plus le voir. Depui

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents