Bleus à l'âme

Anne Markyse

Description

Quand le quotidien est difficile, alors les textes d’Anne disent le bleu des âmes…
Et quand les âmes pleurent trop fort, alors les photographies d’Anne, et de sa fille Clémentine tentent d’en adoucir la réalité…
Bleus à l’âme est un recueil de poésies, issu d’un ensemble de cinq livrets.

Informations

• Publié par: Les Éditions du Net
• Date de parution: 14 mai 2021
• Nombre de lectures: 1
• EAN13: 9782312081038
• Langue: Français

Extrait

Bleus à l’âme
Anne Markyse
Bleus à l’âme
Recueil de poèmes
Photographies : Anne Markyse – Clémentine Déglise
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2021
ISBN : 978-2-312-08103-8
À nos cœurs souffrants
Giant’s Causeway, Irlande
U NE ÂME CONTRE UNE ÂME
Dieu joue avec nous…
Une âme contre une âme…
Quel douloureux et cruel marchandage
Mais ainsi va le monde et ainsi va la vie
Une âme de maman contre une âme d’enfant…
Un homme qui ne sait plus
S’il est l’heureux papa ou le mari blessé
Devant ce grand drap blanc
À la fois linceul et berceau…
Contre la mort, les médecins n’ont rien pu faire…
Pour la vie, ils auraient bien tout fait
Ils ont bien essayé
D’lui donner une maman
À ce jeune nouveau-né…
Mais voilà elle est morte
Et personne n’y peut rien
Ne reste plus que d’elle ce sourire vivant qui gigote et qui crie, insouciant de son sort
et livré à lui-même.
Dieu joue avec nous…
Mais que dira cet homme à son fils devenu grand
Quand ce dernier apprenant son histoire
Viendra lui demander pardon
De lui avoir volé celle qu’il aimait ?
Est-ce sa faute à lui si sa maman est morte ?
Dieu joue avec nous…
Ou bien est-ce nous qui ne voyons pas tout ?
Ou bien est-ce nous qui jouons avec lui ?






Strasbourg
U N VIDE QUI S ’ ÉLARGIT
Il pleut.
Lui, dans sa voiture, il pleure…
Son fils à l’hôpital et sa vie qui bascule…
Tout est allé si vite…
Une voix au bout du fil… l’accident… sa femme morte, son enfant gravement atteint…
Il essaie de comprendre, il essaie d’y croire mais l’idée est grotesque et
la vie si absurde.
Il les revoit encore au bout de la grande allée. Un jour comme les autres. Ils avaient ri et plaisanté comme chaque matin. Un dernier signe de la main et leur voiture qui s’éloigne…
Seul dans sa voiture, il pleure. Il respire les effluves d’un parfum qui s’y accrochent encore et là, sur la banquette arrière, un pull oublié…
Les yeux baignés de larmes, il roule vers l’hôpital avec son cœur qui saigne et sa vie qui se perfore, sa vie qui lentement se vide de tout son sens.
Son fils, sur un brancard, roule vers le bloc opératoire, avec son ventre qui saigne, et son intestin qui se perfore, et tout son jeune sang qui lui échappe en nappes.
Lui ne sait pas encore que sa maman est morte, qu’elle gît sous un drap blanc, qu’il ne la reverra plus…
Les yeux embués de larmes, il roule vers l’hôpital. Et il essaie de comprendre, et il essaie d’y croire mais c’est trop dur, trop absurde…
Il y a au fond de son cœur un vide qui s’élargit…
Et lui essaie de comprendre et lui essaie d’y croire…





Marais salants, Guérande