De tout en peu
97 pages
Français

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De tout en peu , livre ebook

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Description

Alternant entre poèmes, nouvelles ou contes, la plume de l’auteur, tantôt douce et colorée, tantôt acide et sombre, nous invite au partage des mots tout en suscitant la réflexion sur de nombreux thèmes de société.


Les histoires de cette collection mêlent le réel à la fantaisie, le sérieux à la légèreté, et nous emmènent en voyage à travers l’espace et le temps. Du Midi de la France au continent africain, ou même la lune, traversez les souvenirs du monde et partez en excursion depuis la vie simple des villages d’antan, aux années d'après-guerre, jusqu’aux visions de l’avenir de notre planète bleue.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 14 avril 2022
Nombre de lectures 0
EAN13 9782383510338
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Detout en peu
 
La SAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous lesprestataires de production participant à la réalisation de cet ouvrage nesauraient être tenus pour responsables de quelque manière que ce soit, ducontenu en général, de la portée du contenu du texte, ni de la teneur decertains propos en particulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelqueouvrage qu’ils produisent à la demande et pour le compte d’un auteur ou d’unéditeur tiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité.
 
 
Didier Tricou
 
 
 
 
De tout en peu
 
 
 
 
 
 
 
 
 
À Aline, guide et copilote sur les chemins de la vie.
À mes parents.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
« Tous les ennuis que nous vaut la vie moderne sont dus à ce qu’ily a de divorce entre la nature et nous. »
 
Isaac Asimov
 
 
 
 
« Mais, tu n’es pas le Bon Dieu, toi tu es beaucoup mieux, tu esun homme. »
 
Jacques Brel
PARTIE I : Sur la ligne de partage des mots
J’AIVU (à Martin Luther King…)
J’ai vu une araignée détériorer sa toile pour libérer lajeune mouche
J’ai vu l’Europe entière accueillir les migrants au port deLampédouse
J’ai vu mon voisin trier ses ordures, et les jeter dans lesbacs appropriés
J’ai vu le rabbin, l’imam, le prêtre, le pasteur et l’athée,ensemble, désigner celui qui conduirait la communauté
J’ai vu le chasseur viser un caillou quand s’envolait leperdreau
J’ai vu le matador implorer la grâce pour le taureau
J’ai vu le milliardaire emmener au restaurant les pauvres duquartier
J’ai vu le patron dire à un ouvrier harassé « rentrechez toi te reposer »
J’ai vu le requin ignorer les jambes du nageur
J’ai vu le marchand d’armes se convertir en marchand defleurs
J’ai vu les soignants, nombreux et bienveillants quand lavie se dégrade
J’ai vu la personne âgée heureuse dans un EHPAD
J’ai vu le soldat tirer en l’air puis rendre les armes
J’ai vu le voleur repenti restituer son sac à la grand-mèreen larmes
J’ai vu le conducteur s’arrêter pour laisser traverser lepiéton
J’ai vu le terroriste désamorcer sa bombe et décrocher sonceinturon
J’ai vu le pêcheur déchirer son filet pour laisser lespoissons trop petits s’échapper
J’ai vu le chercheur découvrir un traitement contre lecancer, et les laboratoires pharmaceutiques décider de l’élaborer
J’ai vu le mouton anesthésié partir sans angoisse à l’abattoir
J’ai vu le sourire fatigué du petit garçon guéri qui reprendespoir
J’ai vu l’épuisement, la joie, l’amour, l’apaisement dansles yeux de sa maman
J’ai vu le chien et le chat partager la même gamelle etjouer en mangeant
J’ai vu les hôpitaux se vider et les écoles se remplir
J’ai vu la pollution diminuer et la planète à nouveau,croire en l’avenir
J’ai vu les actionnaires abandonner leurs dividendes auxouvriers
J’ai vu la paix en Syrie, au Yémen, au Soudan et dans tousles conflits ignorés
J’ai vu Poutine, Orbàn, Maduro, Erdogan, Kim Jon-Un etautres, oublier ambition et puissance pour évoquer paix, prospérité, bonheur,partage, solidarité…
J’ai vu Trump battu aux élections
J’ai vu les deux Corée s’ouvrir à l’unisson
J’ai vu partout des éoliennes, des usines à biomasse, descentrales solaires, hydrauliques et géothermiques
J’ai vu les trafiquants d’ivoire cesser de pourchasser leséléphants d’Afrique
J’ai vu les compagnies pétrolières éviter de s’ériger enlobbys surpuissants
J’ai vu l’indice de Bonheur National Brut instauré enprincipe de gouvernement
 
J’aivu des sages que certains disaient fous,
enfantsde Gandhi, De Klerk et Mandela,
héritiersde Schœlcher, Rigoberta Menchu,
deMartin Luther King ou Mère Teresa.
J’aivu les fils d’Hugo, de Ferry, de Voltaire, de Tolstoï ou de Romain Rolland
d’Adenaueret Brandt, de Monnet, de Schuman,
etceux de Sakharov, Camara, Thomas More, de Jaurès, d’Aristide Briand…
 
J’ai vu le sourire nimber la maman quand le tout premier criestompe la souffrance
J’ai vu l’avenir, de bleu et de soleil, aux yeux des toutpetits riboulants de confiance
 
Alors,j’ai fait un rêve : j’ai rêvé que je ne rêvais pas.
LA « NIBOULETTE   »D’ALBAN
  Niboulette : petit nuage (inspiré del’occitan « nivol », nuage).
Dans notre belle région, quand les jours s’étirent enlongueur, quand la chaleur se fait intense, posant sa main de plomb sur lanature et les hommes, il arrive que, jour après jour, le ciel demeurecontinument bleu. Un bleu total, pur, dense, immense, profond, sansperturbation, sans strie, sans effilochées, échappant à la moindre trace d’humiditésusceptible de le délaver, sans trouble, sans opacité, sans translucidité,au-dessus d’un air intensément sec. D’un bout à l’autre de l’horizon, pas lemoindre nuage, pas la moindre trace de blanc, sinon, parfois, très haut,rectiligne avant de se dilater, se diluer, s’estomper en se désunissant, la traînéenégligemment abandonnée par un avion.
Prodigieusement, merveilleusement, désespérément bleu…
… Jusqu’à ce qu’apparaisse un tout petit duvet cotonneux, àpeine visible, à peine marqué, dans l’azur immense. Mon père, en le voyant, disait :« Regardez, c’est la niboulette d’Alban. Demain ou après-demain, ilpleuvra ». Bien sûr, nous refusions d’y croire, tant le bleu du ciel et latransparence de l’air donnaient une impression d’éternelle sérénité, d’intemporellebéatitude. Pourtant, la prophétie, toujours, s’avérait. En quelques heures, laniboulette grandissait, s’adjoignait quelques blanches nuées qui s’étoffaient,s’élargissaient, s’épaississaient, puis, peu à peu, s’assombrissaient jusqu’àlâcher des pluies d’averse parfois violentes.
Je n’ai jamais su qui était cet Alban qui, pour mon père,déterminait ce petit nuage initial. Je n’ai jamais su d’où venait cetteexpression et n’ai jamais eu la curiosité de me renseigner, mais je la garde enmémoire avec tendresse car elle est synonyme de souvenirs heureux, d’insoucianceet de gaieté, malgré son annonce de lendemains moins enjoués.
Depuis, j’ai appris que, dans le quotidien d’une vie, lebleu apparaît, se fige, se maintient, mais ne dure jamais vraiment.
À l’inverse, il arrive que, plusieurs jours d’affilée,parfois même, hélas, pour de longues périodes, le ciel demeure triste,pluvieux, pesant, si bas que, si on en croit le poète, un canal peut s’yperdre, si gris qu’un canal peut s’y pendre…
Puis, soudain, jaillit, à peine perceptible, un infime rayonde lumière, qui, en quelques heures, va se renforcer, se nourrir, s’adjoindre d’autresparcelles de soleil pour transpercer cette grisaille, la transformer en unéblouissement. J’aimerais nommer ce précurseur « la risoulette ( Risoulette : petit sourire (inspiré del’occitan « risoleg », sourire).)  », sans lui attribuer dequalificatif, laissant à chacun, s’il en a envie, le choix d’y accoler leprénom d’une personne qu’il veut honorer, ou bien celui d’un lieu, d’un animal,ou encore le laisser seul, tout nu, comme ça, « la risoulette », lafantaisie de ce mot contrastant, sans vraiment l’altérer, avec la puissance dece qu’il évoque : l’espoir d’une renaissance.
Malgré son rôle annonciateur de dégradation à venir, laniboulette de mon enfance m’a souvent permis de chasser ses frères moinspoétiques, les nuages noirs et menaçants. De découvrir, parfois, une échancrurepermettant d’entrevoir le moins agréable, la perturbation, hélas, toujourslatente en période heureuse, ou au contraire, lorsque tout allait mal, uneminuscule percée, un rayon de lumière, vers l’espoir de jours meilleurs…
 
MANÈGE ENCHANTEUR
« Bambou, dans tes silences se dessinent, Bambou, desafricaines abyssines… »
Alain Chamfort, dans ma tête, chante fort et me tourmente.
Bambou… Ça n’a rien à voir, mais c’est comme ça. Un mot, unson, une évocation et la mélodie m’envahit. Impossible de m’en débarrasser.Bambou… Mais comment y échapper, ici ? Des bambous, il y en a partout où l’œilse porte. Depuis que je suis entré dans le parc, sa voix me titille lesoreilles, s’impose, me soumet, brouille ma perception de la beautéenvironnante.
Ah non ! Voilà que maintenant je fredonne… « Bamboudans tes yeux absents se dévoilent, Bambou, des fièvres aux moiteurstropicales… »
Bon, d’accord pour les moiteurs tropicales, mais… le reste ?
Autour de moi, les promeneurs déambulent, insouciants,charmés par le foisonnement végétal. Les enfants jouent, courent, rient, s’étonnent,posent des questions…
Je marche, troublé, essayant de me concentrer sur ce que jevois, de penser à celui qui, tel un Facteur Cheval cévenol, a importé et plantéces essences exotiques, à cette idée extravagante, ambitieuse, visionnaire oufarfelue, à son obstination qui l’a conduit à la ruine, mais nous a laissé desi beaux fruits.
Et le concert reprend… « Tous les silences de Bambouhurlent dans ma tête et me rendent fou… »
Si ce cher Monsieur Chamfort allait conter fleuretteailleurs cela me ferait un bien fou et me permettrait de profiter pleinement dela détente que je suis venu chercher.
Il faut que je m’évade, que j’échappe à cette rengaineentêtante.
La balade aérienne !
Non, j’ai le vertige ! Bah, ce n’est pas très haut, iln’y a aucun risque, on peut se cramponner aux filets latéraux. Et puis, je meconnais, je serai tellement tendu, tellement concentré, que le chanteur à sciepourra s’égosiller, je ne l’entendrai plus, trop occupé à ne pas regarder enbas. Débarrassé de cette Bambou-là qui me fait le même effet qu’une fêtealcoolisée, je ne verrai plus que les bambous d’ici.
Courage, grimpons !
Je pousse les cabestans, et, tant bien que mal, motivémalgré l’appréhension, m’élève peu à peu vers l’esplanade de filets tendusentre des poteaux de pin. Les bambous, tout autour, si droits, si hauts, sifiers, paraissent peu à peu moins hauts ; comme s’ils m’acceptaient parmieux, plutôt que me dominer lorsque, en bas, tout petit, j’étais écrasé par leurhauteur. Les séquoias eux-mêmes, toujours aussi puissants et majestueux,semblent inviter les groupes d’humains qui flottent entre deux hauteurs àparticiper à l’harmonie de la forêt. Nous ne sommes plus de simplesobservateurs mais entrons en symbiose avec

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