Femmes dans la tourmente
130 pages
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Femmes dans la tourmente , livre ebook

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Description

«?Fini était le temps où les Juifs pieux avec leurs chapeaux et leurs payes faisaient éclater leurs joies fusionnelles, écoulée l'époque où ils avaient bu un verre de vodka en trop, oubliées les danses qui faisaient voler leurs barbes, en se tenant par les épaules, tournant, sautant et se heurtant. Leur allégresse brûlante qui les galvanisait leur faisait oublier les angoisses, les tourments, les soucis du quotidien. Ils les avaient repoussés derrière la porte, leur interdisant de la franchir, en espérant qu'ils s'évanouiraient dans la pénombre de la nuit qui, dehors, avait la charge de les engloutir dans l'oubli.?» Mêlant chronique sociale et romance, cette saga à la forme singulière nous invite à découvrir l'histoire de la communauté juive à travers les destins de deux couples, Sarah et Nathan et Rachel et Yoshua, pris dans la tourmente de la première moitié du XXe siècle, de la Pologne jusqu'à l'exil en Israël... Après Le Dernier train de Varsovie, Daniel Ryba signe ici le bouleversant poème d'un peuple : une fresque d'amour, d'espoir et de drame.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 juin 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342051773
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Femmes dans la tourmente
Daniel Ryba
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Femmes dans la tourmente
 
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
 
 
 
Sarah
 
 
 
Sarah traitait ses affaires,
Avec l’aide de cinq employés.
Pendant que Nathan son mari
Était au travail à la fabrique,
Elle pouvait participer au bon fonctionnement
De sa maisonnée avec l’aide d’Alina.
Elle y recevait ses visiteurs, ses clients, ses fournisseurs,
Mais aussi une nuée pathétique de malheureux
Vivant dans un sombre monde sans ressources
Ni espoirs, qui la contristaient.
Au-dessus, au premier étage,
On trouvait deux salons,
Un rouge et un vert avec une
Très grande table où toute la famille pouvait
Prendre ses repas de concert, elle y recevait
Aussi ses nombreux invités.
Au second étage, sa chambre à coucher
Et au troisième, les chambres restantes
Pour les enfants, qui pouvaient aussi servir
Pour recevoir la famille ou les amis de passage.
Le fait d’habiter dans les faubourgs
Avait l’inconvénient fâcheux pour les fêtes, et Shabbat.
L’interdiction de prendre la voiture
Obligeait à parcourir à pied la distance
Qui séparait la maison de la synagogue
De la grand-rue, dans laquelle Nathan et Sarah
Avaient bien entendu leurs places réservées.
Sarah avait résolu le problème en partie,
Depuis quelques années ayant agrandi
Les ateliers, ils avaient, au cours des travaux, réservé
Une partie de l’ancien local pour en faire un lieu de prière.
Ainsi les murs avaient été repeints,
Le sol carrelé, une teba dressée en son centre,
Un Sefer Torah
Avait été spécialement commandé,
Des chaises avaient meublé l’endroit qui était devenu
Une petite synagogue apte aux prières, dans laquelle
Nathan, entouré de ses enfants,
Soutenu par certains ouvriers juifs
Qui n’habitaient pas trop loin
Arrivait à réunir Miniane chaque Shabbat.
Pendant la semaine, les premières minutes
De la journée de travail pouvaient ainsi être consacrées
À la prière du matin, après avoir récité
Les bénédictions, puisqu’elles devaient être faites à jeun,
Sarah préparait pour tout le monde
Un petit-déjeuner qui était dévoré
Juste avant que le travail ne commence à l’atelier.
Le samedi, le lundi et le jeudi, le Sefer Torah était déroulé,
Les hommes posaient les tephillin sur leur front,
Les enroulaient sur leur bras gauche pour procéder
À la lecture de la Thora.
Au fur et à mesure des années, Sarah avait fait procéder
À la transcription d’un second Sefer Torah
Puis d’un troisième
Puis d’autres encore pour chaque naissance de ses enfants,
Au fur et à fur des années qui passaient.
Le travail si particulier et si méticuleux avait été confié
À un vieux bonhomme
Dont la piété était hors de doute et la patience infinie,
La tâche était lourde car il fallait,
Sans grattage,
Ni rature, sans faute
Et selon une mise en page précise,
Recopier mot à mot,
Signe par signe, l’intégralité de la Thora.
Le premier Sefer ayant donné toute satisfaction,
Sarah avait engagé l’homme à demeure
Pour continuer son travail.
Les Thora étaient dédiées au nom des enfants
Qui au fil des ans agrandissaient la famille
Et lorsqu’un Sefer Torah était terminé
On en recommençait un autre.
Nathan procédait lui-même au tannage des peaux
Sur lesquelles était transcrit le texte sacré.
Il y consacrait un soin particulier, on s’accordait à dire
Que les Thora de Nathan étaient à tous points de vue,
Des modèles par la qualité du parchemin
Comme de celle de la calligraphie.
La coutume voulait que chaque juif écrive lui-même
Son propre Sefer Torah au cours de sa vie,
Mais cette tradition était largement tombée
En désuétude et c’était maintenant
Des professionnels consciencieux et appliqués
Qui se substituaient aux Juifs qui désiraient
Malgré tout qu’une Thora soit à leur honneur.
Le temps n’était pas compté
Mais il fallait environ une année pleine et entière
Pour arriver au bout de l’ouvrage.
Bien entendu les vérifications étaient
Faites en cours de la transcription pour savoir
Si le nouveau Sefer était propre à l’usage
Auquel il était destiné, c’est-à-dire que l’on vérifiait
Mot à mot qu’aucune faute ne s’était glissée
Dans sa rédaction
Le Sefer était alors paré et recouvert
D’une étoffe brodée et richement
Enluminée,
Au neuvième mois de l’année
Le jour de « Simrat-Torah »,
Joie de la Thora, réunissait la famille,
Le plus grand nombre de fidèles, d’amis,
De connaissances, on achevait la lecture
De la Thora par la dernière section de l’année.
Puis dès que la lecture était achevée, on
Recommençait par la première section du nouveau Sefer,
Afin de bien faire ressortir que l’étude
De la Thora ne prend jamais fin.
Puis on sortait tous les Serer
Qui étaient alors portés par les assistants,
Les uns faisaient le tour de la salle
En procession et en chantant des cantiques,
Les autres suivaient dans la synagogue en joie.
Nathan attendait ce jour qui lui apparaissait béni
Entre tous, avec une certaine nervosité, parce qu’il savait que
Les porteurs de Thora allaient danser
Avec une telle allégresse
Qu’il avait la crainte d’un accident,
Celle de voir qu’un des Sefers
Ne tombe dans la boue par maladresse
Et ainsi
Impropre à l’usage. Des rondes se formaient autour
Les danseurs de Thora,
Les accompagnant, les soutenant,
Les encourageant. Les voisins et toute une assemblée, attirés
Par les chants, le bruit, la musique, descendaient
Dans la rue, venaient participer
À l’allégresse générale.
Les Juifs et même les non-Juifs se donnaient
Rendez-vous pour une fête devenue
Une journée de liesse pour certains
Un jour de folklore pour les autres
Qui l’avait adoptée.
Les chants et les danses, auxquels ne participaient
Que les hommes et les enfants étaient regardés
Par Sarah avec une fierté et une délectation
Intérieure sans mesure.
Le spectacle avait un caractère irréel
Où le comique n’était pas absent.
De voir Nathan sauter et tournoyer
Serrant un Sefer posé sur son ventre
Qu’il avait large et généreux
Donnait à Sarah une double envie de rire
Et de l’embrasser. Certains perdaient leur chapeau
Ou leur kippa, et les rires fusaient,
Les barbes s’envolaient
Et la gaieté recouvrait de sa grâce
L’assistance qui descendait la rue en liesse
Puis revenait vers le Shoul
Afin de remettre le nouveau Sefer à sa place
Auprès des autres.
Tout ceci se passait généralement en septembre
Sarah, en compagnie de ses enfants,
Allumait les bougies de shabbat.
Par ce geste répété depuis des millénaires
Par toutes les femmes juives
S’ouvrait le shabbat dans sa maison,
Toute activité cessant à l’atelier comme chez elle,
L’antique prescription était strictement observée.
Nul travail n’était effectué selon la parole ordonnant
« Que ni toi ni ton fils, ni ta fille, ni ton
Esclave mâle ou femelle,
Ton bœuf, ton âne, ni tes autres bêtes,
Non plus que l’étranger qui est à tes portes afin
Que ton serviteur et ta servante se reposent comme toi, ce fut la première loi du monde consacrée au repos. »
Auparavant Sarah avait fait parvenir
Du pain et des bougies, des parts de repas
À un certain nombre de familles
Qui n’avaient pas les moyens
De célébrer dignement cette soirée.
Par ailleurs, elle avait dressé dans l’atelier
Une grande table sur des tréteaux
Où venaient manger une vingtaine de personnes
Nécessiteuses, juives ou non-juives.
Enfin, sa table était dressée de couverts
Dans l’éventualité où un voyageur ou des convives
De dernière heure se présenteraient.
On connaissait l’hospitalité de Sarah
Et chaque Shabbat toutes
Places étaient occupées et parfois même
Il fallait rajouter des assiettes.
De plus, Sarah invitait
Yoshua au milieu de ses enfants parce
Qu’elle appréciait son caractère affable.
Assis juste en face de Rachel
Et ne la quittait pas des yeux, pour saisir
Chacun de ses mouvements et sourires.
« Savez-vous combien marquait le thermomètre de matin ? »
« Je n’aime pas que tu ne sois pas bien protégée dit Nathan
Et puis à dire vrai j’aurais plaisir de te voir
Enveloppée dans un beau manteau,
D’autant que, lorsque tu rencontres les gens,
Ça ne peut pas faire de mal que tu te présentes
À ton avantage. »
« Papa a raison, dit Rachel, c’est joli
Un manteau de fourrure. »
« Je ne sais même pas quelle
Fourrure acheter. »
« Ce n’est pas un problème, va voir
Un fourreur à Varsovie, il te montrera… »
« Si vous allez à Varsovie, pouvez-vous
Nous acheter deux gilets en mouton pour
Mon mari et moi, nous vous les rembourserons
Au retour. »
Sarah se tourna vers la femme qui venait
D’intervenir et qui était assise près d’un homme
Âgé portant une barbe blanche descendant
En deux pointes séparées sur sa veste noire
« Oui bien sûr, dit-elle. »
« C’est parce qu’avec un temps pareil,
Cette année il fait froid même
Quand on est près du poêle.
À notre âge il est difficile de nous réchauffer. »
Tous les vendredis, Michna et sa femme
Venaient manger chez Sarah, c’était devenu
Une coutume, comme s’ils avaient été des grands-parents
Qu’ils n’étaient pas,
Mais dont ils avaient pris
La place en substitution des disparus.
Les jours ou, pour une raison ou pour une autre,
Ils n’avaient pas pu venir, Sarah s’en inquiétait.
Ils n’avaient aucun lien de famille,
Ni avec Nathan ni avec Sarah
Mais, au fil du temps, ils s’étaient acclimatés
Tant

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