Les Mots passants

Marie Paule Guillemard

Description

Pendant des mois de confinement, déconfinement et de reconfinement liés à la pandémie Covid19, puis bien au-delà de cette période, l’auteur a jeté sur le papier ses réflexions, ses idées, sans barrière, sans préjugé. Les Mots passants… sont devenus les billets d’humeur qu’elle a réunis dans ce recueil.
Elle a demandé à sa fille Emmanuelle GUILLEMARD, photographe installée sur la côte normande, de les illustrer, avec sa propre personnalité et créativité.

Sujets

• Poésie
• Littérature

Informations

• Publié par: Iggybook
• Date de parution: 22 juin 2021
• Nombre de lectures: 1
• EAN13: 9782379797101
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Marie-Paule Guillemard
Les Mots passants
Billets d’humeur en rimes libres
ISBN 9782379797101 © juin 2021 Marie-Paule Guillemard Illustrations : Emmanuelle Guillemard éditions Martin Guidel



Du même auteur Confidences pour confinement , 2020 Les Mots dansants, 2021



« Les mots sont les passants mystérieux de l’âme… » Victor HUGO


À Luc À mes chers enfants À mes petits-enfants À ma famille À mes amis…


Illustrations Les illustrations sont des œuvres originales, rétrocédées par la photographe Emmanuelle Guillemard hors droits d’auteur.


Les mots
La puissance des mots peut être infinie,
De même leur malice, leur poids, leur magie.
Les mots possèdent à eux seuls un pouvoir,
Dévoilent nos sentiments, notre façon de voir.

Avant de parler, pesons nos mots,
Ceux qu’on écrit ou prononce tout haut.
Ils forment un vocabulaire varié
Pour décrire, déclarer, exprimer…

Ils servent à illustrer la pensée.
À donner un sens, une capacité,
É crits, énoncés, dissimulés ou dits
Dans un exposé, une histoire, un récit.

On cherche en formule à imager,
On tente sans cesse de préciser.
Les mots doivent être justes et fidèles,
Ils peuvent être langage universel.

Mots doux ou mots violents,
Cruels, gratuits et consolants,
Ils peuvent trancher une question,
Répondre à une interrogation.

Les gros qui pourtant sont bannis,
Par surprise peuvent être de sortie,
Les petits souvent bien plus doux,
Aptes à mettre sens dessus dessous.

Certains sont creux, insignifiants
D’autres, concis, sont géants,
Issus d’un profond raisonnement
S’ils sont utilisés à bon escient.

Les mots peuvent aussi blesser,
Faire mal et aller jusqu’à tuer
S’ils sont adroitement amen és
Dans le dessein d’empoisonner.

Ils prennent de la valeur
Accompagnés avec chaleur
Par un regard bienveillant,
Ils deviendront apaisants.

Les mots peuvent rendre heureux,
Entraîner, convaincre, être venimeux.
Provoquer des émotions,
Influencer des intentions.

Les mots peuvent faire avancer.
Racines de nos pensées,
Sachons les utiliser
Avec lucidité et responsabilité.

Le choix des mots n’est pas facile,
Leur conception pas toujours habile.
Certains savent en user,
Tandis que d’autres en abuser.

Les mots demeurent une fois signifiés,
Avec une gomme ne peuvent être effacés.
Ils sont habiles à construire des murs,
Leur emploi doit donc être sûr.

Un jeu de mots peut être une réponse,
Sa force caresse ou défonce.
Un simple mot peut valoir un discours,
Le silencieux de mots peut être bavard d’amour.

Parfois on ne trouve pas de mots
Pour exprimer de trop grands maux.
Les mots peuvent nous emporter,
Apprenons avec conscience à les maîtriser.



LES MOTS


DES MOTS POUR DES MAUX
Une quantité de mots
Jaillissent de mon stylo.
Je commence par les jeter
Sur une feuille de papier,
Je vais tenter de les trier
Et enfin de les assembler.

Ils viennent, s’imposent à moi
Sans que je sache pourquoi.
Ils semblent traduire des maux
Même si parfois ils sonnent faux,
Augmentant mon désarroi.
C’est inquiétant quelquefois.

Où vais-je chercher ces idées ?
Une interrogation à creuser !
Elles viennent se faufiler
Dans ma tête, se bousculer.
Parler des choses c’est éviter
De se laisser traumatiser.

Se remettre en question
Développe l’imagination,
Amène à réflexion,
Entraîne à la méditation,
C’est un facteur de protection
Même si c’est sans projection.

Il ne faut pas s’en priver,
Ça vous permet d’évacuer
Les tensions accumulées
Qu’on soit ou non confiné.
Même si d’autres sauront
Mieux rendre compte de la situation.

Ce sont des billets d’humeur,
Des vers libres, car j’ai peur
De vouloir les enfermer
Et les priver de liberté.
Je ne leur cherche pas de pieds,
Je les laisse seulement s’envoler.

Ce n’ était pas mon intention
De provoquer votre attention
Ou de forcer l’admiration
Par ma folle imagination.
Je souhaite juste à ma façon
É viter de tourner en rond.



DES MOTS POUR DES MAUX


CAUCHEMAR
Un cauchemar m’a réveillée
Le Président venait de parler.
Un mois nous étions reconfinés,
Peut-être plus si besoin en était.

Privés à nouveau de liberté
Nous étions tous enfermés,
De nouvelles attestations
Réglant notre circulation.

Impossible de quitter nos régions,
Le temps revenu des privations,
Dans l’espoir de pouvoir célébrer
Les fêtes proches de fin d’année.

Les petits commerces fermés,
Bars, restos non autorisés.
De sorties de nouveau spoliés,
Seule nous resterait la télé.

L’objectif : tester, alerter, protéger
N’ayant pas vraiment fonctionné,
Une toute nouvelle stratégie
Devait mettre en sécurité nos vies.


Devant les supermarchés
Des caddies sortaient bondés,
Pâtes, riz, farine, PQ par sûreté
Si jamais ils venaient à manquer.

Le pire restait à venir,
Car je ne pus me rendormir.
En écoutant les actualités
Je constatais la triste réalité.

Je n’avais pas rêvé
Nous étions bien isolés
De nos familles et amis séparés
Pour une durée indéterminée.


LI-BE-RA-TION !
Quitte tes habits trop grands
L’heure a sonné il est temps
De sortir te balader, enfin délivré.
La permission nous a été donnée.

Comment faire on ne sait pas bien,
S’en plaindre ne servirait à rien,
Alors on va devoir affronter
Cette toute nouvelle liberté.

Mettre un pied devant l’autre,
Réapprendre à côtoyer les autres.
Je crois qu’ils ont fort changé
Depuis qu’on nous a confinés.

Notre voisin a bien vieilli,
Il a les cheveux tout gris.
Ses rides se sont creusées,
Sur moi sont-ce les mêmes effets ?

Nos enfants ont été fantastiques,
Chaque semaine en apéro drastique
Devant leurs portables branchés,
Ils nous ont fidèlement accompagnés.

Aux amis on a téléphoné,
Histoire de contacts, garder.
Puis les appels ont cessé,
On ne savait plus de quoi parler.

Ça a duré des années,
Chacun chez soi enfermé,
Bientôt on ne les a plus comptées
Pour éviter de nous décourager.

Le virus a-t-il muté ?
A-t-il été éradiqué ?
La télé ne l’a plus évoqué,
Pour ne pas nous démoraliser.

Alors on s’est habitué
À parler seul pendant la journée,
Aux meubles on s’est raconté.
Avant on serait passé pour aliéné.

Certains de nous ont quitté
Ce monde un peu insensé.
Ont-ils seulement regretté,
De partir, seul un peu désaxé.

Mais les jeunes vont construire
Une nouvelle société, rebâtir.
Soyons-leur reconnaissants
Et surtout encourageants.

Levons nos cannes en même temps
Restons devant eux souriants.
Il faut qu’ils nous voient contents
De reprendre la vie, presque comme avant.

Ces propos plutôt affligeants
Je vous les expose en riant,
Mais surtout en souhaitant
Qu’ils ne deviennent pas notre présent.


INSOMNIE
Une idée soudain me vient,
Le stylo prolonge ma main,
Se balade, se met à galoper
Et essaie de la restituer.

Mettre en mots une pensée
Sans pourtant la déformer,
C’est une sacrée gageure
Car souvent ils sont trompeurs.

En phrases, les rassembler,
Formuler, exposer, préciser.
Avec rigueur et sincérité,
Ne pas les laisser s’échapper.

Parfois l’intention envolée
Jamais ne se laisse rattraper
Si je tarde à la coucher
Sur un m