Naufrage

Brahim Saci

Description

Il est des voyages poétiques qui semblent interminables. C’est le cas de celui qu’entreprend, depuis quelques années, Brahim Saci. Naufrage est son huitième livre de poésies qui interpelle la conscience humaine. Le monde d’aujourd’hui est, dans bien des cas, un naufrage quand les valeurs se perdent, quand l’argent impose sa loi à tous les niveaux.
Solitaire, le poète emprunte des chemins escarpés en quête de la lumière, de la paix, de l’harmonie. Mais ces chemins deviennent difficiles à fréquenter. Les systèmes veulent que l’individu rentre dans le moule et ne se pose pas trop de questionnements. Les mots restent salvateurs malgré les zones obscures du monde. Le poète sait qu’il faut remplir la cruche du présent.

Informations

• Publié par: Les Éditions du Net
• Date de parution: 27 mai 2021
• Nombre de lectures: 2
• EAN13: 9782312081328
• Langue: Français

Extrait

Naufrage
Brahim Saci
Naufrage
Préface de Youcef Zirem
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2021
ISBN : 978-2-312-08132-8
Tout meurt,
Tout se dissout
Pour que naisse la vie

Jean Amrouche
Cendres : Poèmes (1928-1934)

Préface
Remplir la cruche du présent
Il est des voyages poétiques qui semblent interminables. C’est le cas de celui qu’entreprend, depuis quelques années, Brahim Saci. Naufrage est son huitième livre de poésies qui interpelle la conscience humaine. Le monde d’aujourd’hui est, dans bien des cas, un naufrage quand les valeurs se perdent, quand l’argent impose sa loi à tous les niveaux.
Solitaire, le poète emprunte des chemins escarpés en quête de la lumière, de la paix, de l’harmonie. Mais ces chemins deviennent difficiles à fréquenter. Les systèmes veulent que l’individu rentre dans le moule et ne se pose pas trop de questionnements. Les mots restent salvateurs malgré les zones obscures du monde.
Le poète sait qu’il faut remplir la cruche du présent. Le poète a compris qu’il faut respirer chaque saison. Naufrage est également un retour sur la fin d’un amour. L’amour est un soleil, mais quand il s’en va, il devient un trou noir. Même la science ne sait pas tout des trous noirs, de ce trou noir de la disparition d’un amour. Alors le poète le fait revivre, à travers les souvenirs, les paroles de jadis, les voyages à travers les beaux villages de France ou de Kabylie .
Cependant tout vrai amour qui a existé trouve sa place dans l’éternité du souvenir. La mémoire est alors une douce lumière qui fait du passé un compagnon délicat, précieux et fort. Peut-être que c’est justement la perte de l’amour qui montre sa véritable valeur. Peut-être que l’amour qui dure trop longtemps plonge dans une forme de routine qui finit par le tuer. Le poète veut que l’amour continue ses voyages et propage ses spirales envoûtantes ; dans Naufrage, Brahim Saci donnerait tout l’or du monde pour retrouver quelques instants partagés, quelques regards complices, quelques airs de guitare.
La musicienne est encore avec le poète dans ses pérégrinations parisiennes ; elle lui chuchote parfois des mots incompréhensibles, elle essaie de lui dire des choses qui ne serviront à rien. Mais pour le poète, ces choses sont toujours importantes ; ces choses vont venir grossir ses multiples quêtes, et surtout apporteront de l’énergie créatrice à ses poèmes. Naufrage est une belle trace, comme les précédents livres de Brahim Saci, ce recueil est courageux tant le poète se met à nu et se raconte à cœur ouvert !
Un vrai poète est celui qui ne tente pas de tricher ni avec lui-même ni avec les autres. Et ne pas tricher est l’une des plus grandes prouesses que peut accomplir un homme dans le monde déroutant et impitoyable d’aujourd’hui.
Youcef Zirem
N AUFRAGE
L’embarcation était certaine
Loin de nous toute peine
Nous voguions amoureux innocents
Mais personne ne sait ce qui l’attend
Ce sont brusquement levés les vents
Soufflant hurlant
Les vagues ont commencé à nous malmener
Pour nous faire chavirer
Nous n’avions que l’amour
Pour affronter ce mauvais jour
Mais tu as sauté par-dessus bord
Comme pour précipiter la mort
J’ai pris ta main pour t’arracher aux flots
Tu m’as regardé sans un mot
Quand l’accalmie est revenue
Tu m’as dit je ne t’aime plus.
L E GEL ET LA FLAMME
Que n’ai-je pas fait pour attirer son attention ?
Elle est pourtant loin de mériter cette intention
Celle qui est devenue la vouivre
Qu’il ne faut pas suivre
Elle crache du feu
Malheur à ceux
Qui l’approchent
Elle est comme la roche
Froide sans âme
Elle est le gel et la flamme
Ceux qui croisent son chemin
Connaissent son venin.
Le cœur ne peut fuir
Ce qui va lui nuire
Est-ce la loi du sort ?
Je m’interroge encore.
N E RETENEZ PAS CELLE QUI VOUS QUITTE
Ne retenez pas celle qui vous quitte
Pourquoi l’empêcher de courir les gîtes ?
Laissez-la au sort
De port en port
Laisse-la au vent
Celle qui fuit le printemps
Celle qui partage votre vin
Se réveille avec vous le matin
S’agrandit l’union
Celle qui vous parle de séparation
N’est plus avec vous
Elle écoute l’appel des loups
La partie sauvage
La part de l’orage
La partie se joue
Tout est prétexte au courroux.
D ANS UN MONDE ASSOMBRI
Dans un monde assombri
Où le mensonge est établi
Comme une valeur certaine
Par la folie humaine
La muse se démène
Par monts et plaines
Cherchant par tous les vents
Un poème un chant
Pour que le cœur revienne
Pour assainir l’oxygène
Bien trop pollué
Bien trop abîmé
Par la course à l’illusion
Au non-sens à la déraison
Les yeux recherchent le ciel
Entend-il nos appels ?
J E ME SOUVIENS
Je me souviens de tout
De notre amour fou
Tant de promesses non tenues
Tu m’as perdu
La trahison est amère
Autrefois nous avions la mer
Le cœur léger comme l’air
J’étais le seul à te plaire
Rien ne pouvait te satisfaire
Il te fallait la misère
De ces rues sombres
Avec ces rats des décombres
Tu as sacrifié ton art
Brisé ta guitare
Pour assouvir tes pulsions
Du désir de la destruction.
A GIR POUR LE MEILLEUR
Agir pour le meilleur
Avec tout son cœur
Faire de son mieux
Sourire quand il pleut
Apprivoiser la solitude
Sortir de ces certitudes
Méditez sur les mystères
Du ciel et de la terre
Ceux qui voilent
Ceux qui dévoilent
Un retour vers l’intérieur
Se libérer de l’extérieur.
Retrouver le but de l’existence
Qui est paix et espérance
Cultiver l’essentiel
Pour retrouver le lien avec la terre et le ciel.
A CCEPTONS NOS ÉPREUVES
Acceptons nos épreuves
Qu’il vente ou qu’il pleuve
Accueillir chaque nouveau jour
Avec le regard de l’amour
Comme une nouvelle chance
Une nouvelle expérience
Qui nous ouvre d’autres horizons
D’autres occasions
Le jeûne la patience
Comme une alliance
Purifient notre cœur
Pour voir partout le bonheur.
Même quand tout paraît noir
Nous pouvons tous créer l’espoir
Même la plus petite étincelle
Se voit du ciel.
C ETTE ÉPOQUE AMÈRE
Cette époque amère
Étouffe l’air
Sème partout la misère
Sur la terre
Le monde désespère
Contraint de se taire
Mensonges, faux-fuyants
Le mal est attrayant
Penser semble interdit
On pense pour vous, qu’on nous dit
Quelques serpents
Empoisonnent le vent
Quelques riches pitres
Emprisonnent le libre arbitre
Les créatures ont oublié leur créateur
Fermant les portes au bonheur.
F ILOU EST TÉMOIN
Filou notre chat est témoin
Des roses qui jonchaient nos chemins
Que tu as arrachées avec ta main
Pour les jeter au loin dans des ravins.
Ton mental déchiré
L’équilibre brisé
Ont fait vaciller l’harmonie
De notre belle vie
Ton cœur gelé
Insatisfait
S’est éloigné
Pour se perdre à jamais
Dans les illusions de l’époque
Qui ruine et se moque
De l’amour vrai
Celui que le monde veut tuer.
S OURIEZ AU JOUR NAISSANT
Souriez au jour naissant
Même si le soleil est absent
Cherchez la lumière qui est en vous
Elle vous éloignera de l’obscurité des fous.
Je sais que souvent
Soufflent les mauvais vents
Qui apportent des senteurs
Ou de la peur
Faites le choix des parfums
Vous verrez partout un jardin
Laissez au vent les regrets
Qui viennent du passé
Remplissez vos yeux d’amour
Le ciel qui s’abattait lourd
Changera de visage
Le bleu remplacera le gris des nuages.
B UVEZ L ’ INSTANT
Buvez l’instant
Soyez ivres de chaque moment
Partagez la coupe
Avant que le couperet ne coupe
Aussi vite que l’éclair
Déchirant l’air
Vos espoirs
Pour faire tomber le soir
On dit du sort qu’il s’amuse
Il sépare il ruse
L’union lui déplaît
Il s’allie au couperet
Du temps tueur
Des êtres, du bonheur
Seuls ceux qui ne dépendent pas de l’extérieur
Peuvent prése