Pluies’que le quotidien

Richard Monette

Description

Au départ, la poésie offerte dans ce recueil repose sur des réflexions personnelles et d’émotions brutes sous forme de petites notes. Elles se métamorphosent ensuite en textes qui poussent, et croissent, et se ramifient jusqu’à se toucher les uns les autres. Ces poèmes sont comme des peintures, parfois timbres, parfois tableaux, parfois murales, que l’on peut regrouper pour les exposer comme il nous semble, selon notre humeur, le thème abordé dans l’exposition ou même, peut-être, raconter une histoire. Résultat : un recueil ordinairement original de cent-quinze textes (et quatre citations annoncées), le tout conforme au style de Richard Monette, qui est parfaitement spécifique, inégalé et littéralement inouï. Un grand cru.

Après ...Mais (2011) et Perle-Mêle (2014), Richard Monette nous propose Pluies’que le quotidien, un recueil qui réunit cinq années de scribouillages où les textes sont triés par ordre alphabétique de titre, un classement qui en vaut un autre qui, surtout, vise à atténuer l’émotion brute qui se dissimule sous chacun de ces textes dont certains, comme L’incommunicabilité des déserts, confinent au sublime.

Sujets

• French Canadian
• Canadien
• Poésie
• Littérature

Informations

• Publié par: ELP Editeur
• Nombre de lectures: 1
• EAN13: 9782924550632
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Pluies’que le quotidien
Poèmes
RICHARD MONETTE

© ÉLP éditeur, 2021 www.elpediteur.com [e-mail] ISBN : 978-2-924550-63-2
Couverture : Allan E. Berger, d'après une photographie prise par Myle Rockens, 2018
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Le nord est toujours plus loin
Il y a de ces départs que l'on attend bavard, et il y a ceux-là qui nous inondent le regard pluies'qu'ils nous crèvent en silence les tympans offrant nos coeurs à nu dans un arrête du temps

Craque le souffle sourd d'une austère blessure d'usure rafale
1984 en 2020
Tu tétanises l’univershumain, ubiquiste minuscule fantôme dans l’ombre desétats providences par où se dépense les aumônes.

Linéaire, la logiquepsychologique de la peur vêt le masque sans l’euphoriefurieuse des phares affrontant l’aloi des lois.

Par l’isolation sanitaire asservieaux justifications paranoïaques tu estompes les souriresagnostiques qui ahanent sans joues sans joie.

Ton monde d’alignés estd’illusions grisailles écrous sans nez ni toux,tout tourne vautour de toi sans roue: l’obsolescence dudiscernement hante les cendres d’achats et dans leschèques tu auras gagné que tu nous tues ou pas.
24 juin 2014
Touten rivières à ce fleuve

Déçu, pluies’qu’il est de liquide ce 24 juin. Il pleutun peu. Il y aura des orages ce soir, peut-être mêmeviolents. Depuis aussi loin que des souvenirs habitent l’arrièrede mes yeux, y'mouille quatre fois sur cinq les soirs de laSaint-Jean-Baptiste.

Déçu, y fâ tou'l'temps mauvais ce jour-là. C'est le tsi Jésus qui pleure. Je l'ai appris dès que j'aicommencé à grandir par les routes des écolescatholiques. Il semblerait que le grand chum de Jésus,Jean-Baptiste, dit le tsi frisé patron des Québécois,n'est qu'un tsi boss dé bécosses .

Déçu,y’a toujours pas de pays pour le tsi peuple qui fêteplus le début du tsit’ été comme une tsite tribu païenne d'esclaves nourrie aux tsi spains quotidiens plutôt que comme une nation souverainesoulignant sa propre fierté d'être.

Déçu,je crois malheureusement qu'il pleuvra encore plusieurs annéesle 24 juin.
23 février 2016
Parebrise de glace, et de colèreitou,
les essuie-glaces barbouillent tout.

La fleur offerte par le feu au fauveflou
n'a ni corps et sans cœur, nicoude, ni cou.

Parebrise de glace, et de colèreitou, les essuie-glaces barbouillent tout.

Père pauvre pierre àpleure de peau, sans pouls,
je malmène mes maux parmi millemurs, nous.

Les essuie-glaces barbouillent tout.
25 février 2017
Ma sale banlieue est toute en rues grises tel un fleuve timide engélatine crise

Parmiles heures habiles et aquatiques ouïr chialer le chant deschats asthmatiques
miaulementsmauves, complainte sans rythmique
Cethiver est de records à nuire
maquilléde glaçage translucide d’intense chaleur àmourir

Ôneiges absentes ! Ô ethnocide !
9 avril de mauvais temps
Ce matin monte, au monde se montre enprésence parfois pourpre et sombre mais le jour est dejais et de n’ombre nuit mes affres et mes forcesfondent et fuient

Il y aura de la marge dans l'air, ariderafiot et une aurore annulée par les nuages canots dansl'éveil voué aux vents, des vœux vaisseaux souffrent en os aveugles et sourds aux radeaux
1 re citation





Un peintre ne voit pas tout ce qu'ila mis dans le tableau qu'il a fait; ce sont les autres quidécouvrent un à un ces trésors, et plus unepeinture est riche en surprises de ce genre, plus sonauteur est grand.

Matisse
À
À l’aube de nous, riresdénoués
patience à pouls, en poussés
et germe heureux, silencieux
petits bonheurs précieux

Ah! Sur nos lunes bleues
je vaille, dévoué voleur
voyeur de vœux

Je ne mesure plus les mots
qu’en mondes sonores
À qui le tour
L'âge est en flèche lancé,
franchissant l'espace sans ralentir.

Sans même bouger,
l’avenir est toujours incertain.

La rue, toi dans la rue Il y a làla rue où tu n’attends plus sur place comme uneverrue.
Les virus oubliés grossissent; çac’est su.

L'avenir, toi sans penser l’avenirsans toit, passer serait fait de toi répandu, toutbrisé,
de toi gonflé sur le gravier,
ou même de toi indemnisé.

L’avenue, toi dans l’avenue Ily a là l'avenue où tu t’infiltres en trou d'cul.
Mardeux ! Même les chauffardst'ont vu.

De l'autre bord tu fouines pour untrésor dû ;
tu es une marmotte casino Québec bien dodue.
À propos de Richard Monette
Richard Monette a vu difficilement le jour à Montréal pendant l’été 1956. Il a commencé à écrire au début de l’adolescence, écrivant peu, mais sans jamais cesser. Ayant exercé plusieurs métiers hors des cercles littéraires, il travaille depuis trente-cinq ans pour une société internationale d’ameublement et de décoration où il s’active en logistique à contrôler le niveau des stocks et des approvisionnements. Mais la poésie le passionne toujours autant, bien qu’il soit un lent lecteur. Et si lire est long, c’est autant à la lecture qu’à l’écriture que son cerveau explose en explorant tellement de directions que, généralement, il se perd. En conséquence, Richard Monette est un homme perdu... qui, la cinquantaine venue, a senti l’urgence de laisser une trace de son œuvre poétique avec un premier recueil de poésie. Il aborde maintenant la retraite avec un troisième ouvrage alors qu'il se consacrera désormais à sa passion des mots.

Démarche poétique
Ma poésie se pose, s'impose, et ose.
Le poème est une copie améliorée, mais déformée de réalités diffuses que beaucoup ne voient pas et, bien que la normalité soit sécurisante, la poésie, elle, naît dans l'écart par rapport à la norme. La poésie ose en assumant cette différence qui l’habille en robe de soirée.
Mes textes naissent par des réflexions personnelles et des émotions brutes sous forme de notes rarement présentables sans retouches. Ces gribouillages se métamorphosent ensuite en textes qui poussent, et croissent, et se ramifient jusqu’à se toucher parfois les uns les autres. La poésie s’impose simplement puis c’est l’attention acharnée du poète pour le texte qui en fait le poème.
Ces poèmes occupent presque tous une seule page car ils sont pour moi comme des photographies, des images d’instantanés montrant le monde autour et les sentiments qui s’en dégagent. Je les vois comme des peintures, parfois timbres, parfois tableaux, rarement fresque ou murale. Les thèmes, s'il faut en nommer au moins un, abordent le quotidien avec une large palette d'émotions. La poésie se pose, car bien que réussie, même superbe, elle a besoin d’un cadre original pour la mettre en valeur, et c’est ainsi qu’elle s’expose, sonore dans la voix du poète et surtout des lecteurs.

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