Poèmes à croquer : ... en toute sensualité

Rosette Pipar

Description

Craquant sous les papilles, les fruits s’offrent dans leur volupté silencieuse. Souvenirs d’enfance aussi. Parfums de nature. À lire, à déguster, les mots surgissent, brefs, explicites, pour décrire la sensualité que l’auteure perçoit en eux. Métaphores, onirisme… la langue succombe au jeu des saveurs. Il faudra attendre la fin de l’expérience de la lecture pour découvrir l’objet du poème. Sous forme de devinette, sans jamais le nommer, le fruit se dévoile au fil de la lecture.
Ce petit recueil s’offre comme un jeu idéal pour vos soirées. Les convives pourront, en attendant le prochain met, échanger entre eux et trouver l’identité du fruit décrit. À vous de le deviner.

Sujets

• Poetry

Informations

• Publié par: Salamandre d'art
• Date de parution: 26 août 2013
• Nombre de lectures: 4
• EAN13: 9782897261054
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

À la Vie et à ses petits bonheurs
1.

Je l’ai deviné
Ce parfum
Sucré et acidulé à la fois
Je m’en suis approchée
Et déposé mes lèvres
Sur la peau granuleuse
N’y résistant plus
J’ai planté mes ongles
Pour y laisser suinter
Quelques larmes de jus
Enivrant
Plus encore
Ma salive
Roucoulante
À l’idée
De boire
À la source
Des mots
Comme ce fruit
Hermétique
Offert
À l’appétit
De qui
Voudra bien
L’entailler
Pour y savourer
Le cœur de la pulpe
Sans craindre
D’y rencontrer
Un pépin
2.

Rien
N’est plus frais
Malgré sa peau dure
Qui une fois
Entaillée
Révèle
Cette chair couleur sang
Rosée
À souhait
Fondant
Comme filet
D’eau fraîche
Oasis
Délice
Qu’est ce fruit
Généreux
Abondant
Désaltérant

Comme la source
Vive
Qu’un été torride
Me fait apprécier
Bien plus
Que le thé glacé
3.

Ronde et ferme
Qu’un léger duvet
Pare d’un semblant
D’armure
Qui bien vite
Plie
Sous la dent
Goulue
Subjuguée
Par tant de fraîcheur
Parfumée
Comme le fruit
De l’amour
À peine effleuré
Et qui laisse entrevoir
Au-delà de la tiède
Fragilité vierge
Cueilli
Sous le soleil
Une tendresse sucrée
Qui jamais
Ne s’oublie
4.

Je te prends
Tu me piques
Je te coupe
Tu me désaltères
Entre nous
Soleil oblige
De tant de sève
Tu es fait

Ton écorce rébarbative
Parsemée d’éperons durs
S’entaille
Révélant
Sous les doigts mouillés
Ton effluve
D’une fraîcheur exquise
D’un jaune écarlate
Digne des plus beaux soleils
Princes nourriciers
De ton fruit mûri
Entrailles un peu coriaces
Il n’en faut pas plus
Pour isoler
Ce cœur figé
En étayer
Les rondelles fibreuses
Qu’un jus savoureux
Parcourt
Dans toutes ses nervures

Glacé, cuisiné, séché
De tant de noblesse
Te voilà
Paré
Rondeurs acidulées
Et sucrées à la fois
Subjuguant
Les papilles jouissantes
Par tes charmes
Comblées
5.

Maman m’avait dit
Quand tu seras grande et sage
Tu l’aimeras

Intriguée
Chaque année
Je croquais
Dans ce fruit
Mythique
Sans pour autant
En apprécier
Le moindre secret

Voilà soudain
Qu’une fois l’âme de maman
Envolée
Vers un au-delà
Plus clément
Il me vint le goût
D’apprécier
Le mystérieux
Tourment

Me voilà donc
Propulsée
Au rang des grands
Puisque ce fruit
À présent
Me révèle
Ses adages acidifiants

Barbare