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Français

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Description

Fille d’eau et de sable, sur les rives de ce long fleuve, libre d’espaces, tu imaginais tes contes de fée. Le bonheur ! Tu as couru dans les prés parmi les fleurs, les ronces, les blés. Vient un temps où on désapprend le rêve et se glisse dans le savoir des autres.
Oui, j’appris à tourner le dos au froid, à me présenter face au bonheur. Tu es venu tête frisée, m’as prise par la main et ensemble avons marché, marché tant d’années, éraflures aux pieds et joie dans le coeur. Nous avons parcouru
notre chemin accrochés au temps, aux blessures. Mon piano, nos soirées à
peindre. Nous nous sommes levés ce matin de grandes noces et avons bâti
maison au pays de l’amour infini. Le soleil a séché nos doutes et rempli de
joyaux l’espace entre nos deux corps.
Cette maladie sournoise, mon sang, tes larmes. Je te soignerai de mes
baisers, de mon amour, de mes craintes. N’aie pas peur. Nous ne céderons
pas notre bonheur aux désirs de la mort. Que veux-tu que nous fassions d’une seule vie ?...
Ce livre est un seul poème dédié à la mémoire de la conjointe de l’auteur qui
retrace, dans un seul souffle, le fil de leur vie commune alors que son épouse l’a quittée au terme d’une maladie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 29 février 2016
Nombre de lectures 9
EAN13 9782897262389
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Lucie,
des mots pour toi
Tu es née
au mois de l’année
où hurle le vent,
naît le givre
dans les fenêtres
et pousse la neige
au pied des portes closes.
Au bord du fleuve
cinq ans d’enfance,
petite fille des eaux,
amoureuse des sables
Heureuse enfant
libre dans ces espaces,
tu imaginais
tes contes de fée
les cheveux coiffés
d’une couronne de marguerites.
Ta jeunesse
a goûté si peu
au temps de la candeur.
Continue, petite,
à parcourir les prés,
enjamber les ruisseaux,
rire au soleil
et te cacher de la pluie
sous les feuilles du chêne.
Demain, oui demain
nous partons
vers une petite ville
enfoncée dans les terres
sur le bord d’un grand lac.
Nous serons enfants
cueillant les fruits des champs,
le soleil au-dessus
de nos jeunes années.
Viens avec moi.
Aujourd’hui n’est pas
un jour de nuage.
Juin ne peut permettre
que se faufile dans nos vies
la peine de ne plus être capables
de gambader
au rythme de notre amitié.
Papa enseigne
et maman lave, le ventre rond,
nos pas imprimés
dans toute la maison.
Trois !
Quand ? Je ne sais pas.
Au printemps poussent
les enfants dit-on,
comme des fleurs
venues de par les grands.
Un garçon !
Me voilà prise
entre deux contraires.
Je les ai aimés,
tantôt oui, tantôt non.
Le bonheur était si simple.
Construire dans le sable
un village entier
avec pour toute maison
des tas de cailloux.
Ne piétinez pas
mes rues étroites ;
elles grouillent de gens
pressés de faire leurs courses.
Le magasin général, l’épicerie,
le bureau de poste.
Et quoi encore ?
J’oubliais monsieur le curé
et ces sous qu’on donne
pour allumer des chandelles.
Ce soir, mes six ans.
Je souffle et éteins
le bonheur de l’innocence.
Vient le jour où l’on quitte
notre imaginaire
pour aller sur les bancs
d’une école apprendre
ce que les autres
veulent bien que l’on sache.
Je sais l’eau
la mer, le vent, le sable,
Je sais courir dans les champs,
cueillir les fleurs, les fruits,
voir le soleil dessiner mon ombre.
Je sais, mais cette grosse boîte
ne sait pas que je sais.
À moi mes secrets
mes jeux nés du bonheur
de n’être pas encore grande.
Je veux rester petite
un dernier été
pour me tremper les pieds
dans la rivière aux perches.
Juste une dernière fois
avant que septembre
me fasse trop grande
pour rester à la maison
jouer avec mon cadeau d’anniversaire.
Tu m’écoutais,
fermais et ouvrais les yeux
au rythme de mes gestes.
Nous avons ri
de tant de choses
et pleuré de tant d’autres,
poupée de porcelaine
et fille en robe-soleil.
Viens écouter
ce que nous racontent
les blés et les hirondelles.
Ne cherche pas ton nid ;
il est construit en toi
par tes souhaits d’enfant.
Plie au vent
fais comme nous.
Et lorsqu’il sera passé
Regarde à nouveau le soleil.
C’est pour cela
que lorsque je serai grande
je veux garder
mon cœur d’enfant.
Et bien, souviens-toi :
l’âge est une parure
et la jeunesse en soi,
un don qui ne vieillit jamais.
Comment vais-je t’appeler
toi aux yeux magiques ?
Jacinthe, oui.
Regarde au loin, Jacinthe,
la montagne des ours
où se cache le renard
et le monde des monstres.
N’aie pas peur.
Ce ne sont que des bêtes de papier
inventées par des conteurs.
Construisons notre maison
derrière le garage
et rêvons à ce dernier été
avant la grande rentrée.
Je ne pourrai plus flâner avec toi.
Avec ces nouveaux jours,
il faut toujours faire plus vite,
plus vite.
Il y a de ces cloches
que je voudrais jeter
au fond des abîmes
pour ne plus entendre leur appel.
Mais que veux-tu ?
À six ans, on nous demande
de rester assise
une journée entière
derrière un bureau
où d’autres bien avant nous
y ont sculpté leur ennui.
Il me faudra
désapprendre le rêve
et bâtir
un nouveau savoir.
D’années en années
des chiffres et des lettres
qui s’enfargent dans ma tête,
des théorèmes, des lignes, des cercles
construisant à ma place
de nouveaux problèmes.
Deux par deux,
nous nous engouffrions
dans les corridors d’un cloître.
Oui, j’ai fait mes devoirs
et me suis couchée tôt
afin de ne plus rêver.
Mes leçons,
des lignes à mémoriser.
Mille et un verbes
au subjonctif plus qu’oublié.
Sitôt sortie, courir
dans la foulée
d’une nouvelle liberté.
L’été, les vacances
sur le bord
d’une rivière devenue lac,
les pieds dans l’eau glacée.
Il est si court
le temps qui nous enchante.
Mes quinze ans, ma bicyclette
et les maux de dos,
premières douleurs

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