Rachid
254 pages
Français

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Rachid , livre ebook

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Description

Rachid est fils de harki. Que fait-il sur le Grand Chemin qui mène à Compostelle ? Le drame vécu par ses parents en Algérie, l'abnégation de la Légion étrangère, sa passion pour son métier et la musique s'invitent dans ses pensées et nourrissent sa marche. Des djebels algériens à la riante Galice, Rachid nous invite à le suivre tout au long d'une saga pleine de tendresse et d'émotions.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 novembre 2016
Nombre de lectures 2
EAN13 9782342057690
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0071€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Rachid
François Bats
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Rachid
 
 
Ce livre est dédié à Rachid , pèlerin de Compostelle et inspirateur de ce roman
 
Avertissement :
 
Ce livre est un roman. Les personnages qui y sont décrits et les faits qui y sont relatés sont le fruit de l’imagination de l’auteur.
 
Il y a dans la vie de tout homme un instant qui décide de tout son avenir. Ce moment, si important qu’il soit, est rarement préparé par le calcul et dirigé par la volonté : c’est presque toujours le hasard qui prend l’homme, comme le vent fait d’une feuille, et qui le jette dans quelque voie nouvelle et inconnue où, une fois entré, il est contraint d’obéir à une force supérieure et où, tout en croyant suivre son libre arbitre, il est esclave des circonstances ou le jouet des événements.
Alexandre Dumas
Préface
Jean-Marie Salva
Avec Rachid, pèlerin de Compostelle , François Bats nous invite à emprunter « le chemin » d’une façon inédite. C’est en effet un double drame qui jette Rachid, troubadour et tailleur de pierres, sur la route de Saint Jacques de Compostelle empruntée aujourd’hui par tant de nos contemporains en quête de valeurs et de sens au sein d’un monde désorienté : ce double drame est celui de son père, Mouloud le harki, et le sien, plus intime.
Mais ces deux drames exercent sur Rachid une attraction inverse : tout le ramène à l’histoire de son père qu’il veut explorer pour mieux se connaître en connaissant enfin ses racines ; tout le pousse au contraire à tenter d’oublier son propre drame qui ne nous est révélé qu’aux deux tiers du récit. Avec ce pèlerinage insolite, Rachid entreprend donc un long et douloureux travail sur la mémoire aussi collective qu’individuelle, les deux étant souvent intimement liées.
Le drame de son père, supplétif de l’armée française pendant la guerre d’Algérie rapatrié avec la Légion, est naturellement celui qui interpelle le plus notre mémoire collective.
Le narrateur nous parle à la première personne dans un récit à deux voix qui s’enchevêtrent, se superposent et parfois se confondent. Il est, à certains moments, difficile de distinguer qui, de Mouloud ou Rachid, parle à la première personne : le père parle-t-il de lui-même, ou le fils de son père ? C’est, au sens musical autant que symbolique du terme, une fugue à deux voix avec son sujet (le drame du père), son contre-sujet (celui du fils) et toutes les figures habituelles de ce genre musical, notamment le canon. La musique tient d’ailleurs une place essentielle dans le récit car Rachid fait chanter sa voix aussi bien que sa guitare.
La voix du père en écho à celle, mutante, du fils nous ramène à la guerre d’Algérie et à l’un de ses épisodes les plus sombres, le destin tragique des harkis, deux fois vaincus, deux fois trahis. Sans visée historique, le récit nous ramène à une page sombre d’une histoire proche et lointaine à la fois tant elle est refoulée dans notre inconscient collectif. Si notre mémoire est souvent défaillante sur ce sujet, c’est autant par culpabilité feinte ou sincère, fondée ou non (le colonialisme, la torture…), que par méconnaissance, faute d’un travail sérieux des historiens sur le sujet.
Une seule chose est certaine : la page de notre histoire commune que Rachid et Mouloud nous font revivre est celle dans laquelle la France a indignement manqué à sa parole en entraînant derrière elle des populations innocentes et en les abandonnant ensuite à leur sort tragique. La parole donnée a peu de sens parmi les hommes politiques habitués à tous les revirements, arguant même parfois que c’est seulement le vent qui fait tourner la girouette ! Elle en a en revanche beaucoup au sein de l’armée comme Mouloud nous le fait découvrir au travers de la Légion qu’il a rejoint dans des circonstances bouleversantes. Sans prosélytisme ni grandiloquence, l’auteur redonne à des valeurs simples toute leur dimension : la fidélité, la loyauté, le courage…
Comment ne pas avouer que ce récit fait résonner en nous un écho particulier au moment où déferlent sur nos écrans les images tragiques d’attentats menés au nom de Dieu. Ces actes sanglants traduisent au pire un malaise croissant entre l’Orient musulman et l’Occident chrétien, au mieux (!) l’exacerbation par une poignée de fanatiques sanguinaires d’un ressentiment diffus à l’encontre de l’Europe en général, et de la France en particulier accusée de tous les maux par leurs détracteurs.
Nos vieux pays usés et repus n’ont souvent à opposer à ces délires meurtriers qu’une repentance absurde et vaine.
L’histoire balance souvent entre culpabilité excessive et mensonge d’état ou vérité officielle. La position de la Turquie au sujet du génocide arménien illustre parfaitement la seconde attitude ; celle de la France au sujet de son passé colonial notamment en Algérie illustre la première. Aucune des deux n’est juste et adaptée. Le processus de reconstruction des mémoires collectives après un conflit douloureux passe, pour les pays comme pour les individus, par un effort d’objectivité qui précède un pardon souvent autant à donner qu’à recevoir. J’ai eu le plaisir de témoigner en mai 2015 devant un amphithéâtre d’étudiants à l’université catholique de Louvain, invité par Valérie Rosoux, universitaire et chercheur qui travaille depuis longtemps sur le rôle de la mémoire dans les relations internationales. Je l’ai fait aux côtés d’un universitaire belge d’origine algérienne et dont le père a joué un rôle actif dans la guerre d’indépendance. Nos deux mémoires familiales étaient a priori difficiles à réconcilier et pourtant nos efforts respectifs à entendre et comprendre le point de vue de l’autre dans une bienveillance naturelle a permis au moins un échange fructueux.
J’ai trouvé dans ce travail sur la mémoire que Rachid entreprend en marchant vers Saint Jacques des accents « camusiens », le Camus du Premier homme , ce beau texte inachevé et donc inédit retrouvé dans la sacoche d’Albert Camus après son accident tragique et que sa fille n’a décidé de publier que très récemment.
Le drame qui jette Rachid sur le « chemin » n’est pas sans rappeler celui de Camus, lointain compatriote et frère en humanité de Rachid, superbement décrit par Michel Onfray dans la belle biographie qu’il lui a consacrée. Camus construit son « ordre libertaire » sur l’écho des paroles d’un père qu’il n’a pas connu tandis que Rachid se reconstruit lentement sur celles d’un père méconnu que le destin a jeté dans les bras d’une France peu reconnaissante.
La méditation solitaire de Rachid, le soliste de la manécanterie de Béziers devenu tailleur de pierres, au sujet de son père Mouloud, le berger berbère devenu légionnaire, se transforme lentement en une prière, ponctuée d’accords de guitare, de voix séraphiques qui montent haut sous la voûte des cathédrales et de rires dans les vignes de la Rioja. Une prière en un Dieu sans nom ni visage mais qui se fait connaître humblement à chaque pas, à chaque regard. Prier c’est rejoindre en soi ce qui est plus grand que soi ou, comme le dit et le fait si bien Rachid, entre deux voies toujours choisir celle qui monte. C’est ce que cet étonnant pèlerin de Compostelle nous invite à faire en mettant nos pas dans les siens.
 
Jean-Marie Salva
Biarritz 24 août 2016
 
Jean-Marie Salva est avocat en droit communautaire, inscrit aux barreaux de Paris et Bruxelles et enseignant à l’université de Panthéon Assas Paris 2. Il est issu d’une famille de Provençaux, Corses, Catalans, Espagnols ayant traversé la Méditerranée tout au long du xix e  siècle pour participer au peuplement de l’Algérie décrétée territoire français par la seconde république en 1848.
Par sa famille maternelle, il est la cinquième génération d’une même lignée née en Algérie dans le village fondé par ses ancêtres : Chéragas dans la banlieue d’Alger.
Il a mené, à la fin de ses études à l’Institut d’études politiques et à la faculté de droit de Bordeaux, des recherches et publié ses travaux sur les conditions dans lesquelles sa famille a traversé la Méditerranée en 1842 et pris part à la colonisation d’un coin de la Mitidja.
Il poursuit aujourd’hui sa réflexion sur les blessures de l’exil, la reconstruction des mémoires collectives post-conflits et collabore à de nombreux journaux.
1. Moi, Rachid
Cogito ergo sum
(Je pense donc je suis)
René Descartes
 
— Bonjour ! Je m’appelle Rachid.
Tout le monde m’appelle comme ça parce que c’est mon nom. En fait je dois préciser que Rachid serait plutôt mon prénom.
— Oh ce petit qu’il est mignon avec ses cheveux frisés ! me disait-on autrefois quand ma maman me promenait dans la Cité. Comment t’appelles-tu ? Quel est ton nom ?
— Rassid ! répondais-je.
Eh bien Rachid n’était pas mon nom, c’était mon prénom ! Mais cela, on ne me l’a expliqué que plus tard, à l’école. N’étant pas tout à fait idiot, j’ai assez vite compris le distinguo entre nom et prénom, mais j’ai encore parfois du mal à m’y habituer. Voilà pourquoi il m’arrive encore de me tromper sur ce point de détail… et je ne suis pas le seul à faire la confusion, je peux vous le dire.
 
Ce prénom Rachid, je dois dire que quand j’étais petit, je l’appréciais moyennement ; j’aurais préféré m’appeler Dominique, Bernard et surtout Jean-Pierre ou Jean-Michel, comme la plupart de mes copains de l’école, mais bon, mon père, qui lui s’appelait Mouloud, a inscrit Rachid sur l’état civil de Braguelonne les Béziers 1 quand je suis né et donc je fais avec. Il a choisi ce nom, e

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