Raconte-moi
262 pages
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Raconte-moi , livre ebook

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Description

Debout, seul, sale et sans aucun souvenir, Jo se retrouve au beau milieu du désert de poussière, au plus profond du monde des hommes. Que fait-il là et pourquoi ? Accompagnez Jo dans son voyage initiatique par-delà les mondes. Alternance de douceur, de questionnement et de partage, Raconte-moi tente de percer les mystères de l'infime frontière entre réalité et onirisme, passé et avenir. Les réflexions de héros anonymes accompagneront Jo dans le cheminement qu'il devra suivre pour survivre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 juillet 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332960498
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-96047-4

© Edilivre, 2015
Raconte-moi
 
 
Suivons bien ce grand fil doré.
Sentons le fil râper nos doigts,
chauffer nos paumes.
Il nous amène à ces endroits,
où nous sommes hommes.
N’ayons surtout pas peur du noir,
les yeux fermés.
Beaucoup de gens vont nous croiser,
loin des regards.
Mais surtout restons bien discrets.
On ne saurait se faire voir,
nous les voyeurs attitrés,
les voyageurs un peu hagards
de ces pages inanimées.
Laissons-nous prendre au jeu et par
hasard qui tombe à point nommé
nous voilà pris dans ces histoires
suivons le fil et prenons garde
à bien garder nos yeux fermés.
 
 
Je ne sais pas si ces mots chantent une prière
Si elle a un écho quelque part dans les airs
S’il faut joindre les mains ou bien fermer les yeux
Cette marée de mots qui forme un simple vœu.
Gardez-la près de moi, oui, je vous en supplie
Non, vous ne pouvez pas lui reprendre la vie
Pas plus qu’un honnête homme détruirait une famille.
Que vous n’ayez pas de cœur n’est pas ce qu’on m’a appris.
Je rapproche mes mains et je ferme les yeux
Du sang au bout des doigts, le cœur qui bat trop fort
Cachés dans cet instant, on n’est rien que nous deux
J’aurais aimé que ce soit moi qu’on nomme mort.
Juste un moment plus tard, ou un jour, ou cent ans
Je veux dormir comme la belle au bois dormant
Fermer les yeux aussi, pour toujours, à jamais
Mais non, ce n’est pas à ça que vous voulez jouer.
Elle est partie si loin, me laissant seul ici
Dans cette vieille carcasse abîmée par la vie.
Oh, écoutez-moi bien, vous qui avez tant ri.
Ça ne s’arrêtera ni là, ni aujourd’hui.
Je voyagerai tant, mes pieds seront en feu
Je ne porterai que mon cœur comme une bombe
Je franchirai les mondes, la voir de mes yeux
Croyez-moi, vous vous retournerez dans vos tombes.
 
 
Il avance dans le désert de poussière.
Il ne se souvient pas de la manière dont il est arrivé là. Comment il s’est retrouvé à marcher, juste marcher.
Il s’arrête, prend le temps de regarder un peu autour de lui. Aucun immeuble, aucune maison, aucun toit à perte de vue en réalité. C’est incroyable. Il plisse ses yeux qui commencent à le faire souffrir. Il pose sa main sur sa poitrine, tousse fort. Il essaye de reprendre son souffle au creux de son bras, ça atténue un peu la brûlure qui le consume à chaque respiration. Il sent les larmes couler. Parfait. Peut-être qu’il y verrait un peu plus clair.
Le désert de poussière porte assez mal son nom, selon lui. Quand Jo en parlait autour de lui, il s’imaginait davantage un monde de brouillard. Un monde dans lequel on ne verrait pas où on mettait les pieds. Il ne s’était jamais imaginé qu’il ne pourrait pas y respirer.
Il se redresse, se gratte les cheveux. Il laisse glisser sa main le long d’une mèche qui lui arrive à l’épaule. Il la regarde, ne voit que du gris, du gras et de la poussière. Le dos de sa main est rêche, le dessous des ongles est sale. Il ne reconnaît pas ses vêtements. Un pantalon ample, il a toujours détesté ce genre d’habits. D’habitude il porte des jeans bien coupés, un tee-shirt sous une chemise parfaitement ajustée. Le parachute qu’il a ce jour-là n’est certainement pas à lui. Ni ce qui lui sert de veste, c’est rempli de poches, informe. Monstrueux. Et sale.
Depuis quand est-il là ? Quelqu’un l’y a-t-il emmené ? Il se frotte la tempe, il a un sacré mal de crâne.
Il entend de la musique. C’est éloigné, agréable. Un son récurrent, léger, joyeux. L’appel de la civilisation. Si des gens peuvent danser et chanter, c’est certainement qu’ils ont trouvé un moyen de respirer. Intéressant.
– T’as l’air d’avoir besoin d’un coup de main, mon gars.
Jo tourne la tête. Un vieil homme se tient là en souriant. Il a des cheveux  longs et dégarnis, porte un imperméable gris.
– Vous arrivez d’où ? Je ne vois rien dans le coin.
L’homme éclate de rire. Jo sourit à son tour. Il a fait une bonne blague. Lui qui est nul pour tout ce qui touche à l’humour, il vient de faire rire quelqu’un. Ce n’est pas si désagréable ici, finalement. L’homme lui tape sur l’épaule.
– Allez, suis-moi. Je t’emmène.
* *       *
– Tu viens du monde d’au-dessus.
Jo le regarde. On lui a donné une tige à sucer. Il ne se souvient plus qui, dans l’assemblée, lui a donné ça. L’homme et lui sont entourés de gens. Des hommes, des femmes. Aucun enfant, tiens. Ça parle fort, ça rit fort. Ils ne sont plus dans le désert. Ils sont entourés par le sable, mais à l’abri. Ça les protège de la poussière qui vole à l’extérieur.
Il retire la tige de sa bouche, la regarde. C’est vert, dur, un peu sucré. Il n’a ni faim, ni soif, presque plus mal à la tête. Il faudra qu’il en ramène chez lui, de ce truc.
– Je ne sais pas comment je suis arrivé là, dit Jo. Si je viens d’au-dessus, d’en-dessous ou d’à côté, je n’en sais rien du tout. Et vous, qui êtes-vous ?
– Mais pourquoi tout le monde veut savoir qui je suis ? Ce que je dis est bien plus intéressant.
Jo sourit.
– Vous me permettrez d’en juger par moi-même si ça ne vous dérange pas.
Le vieil homme attrape une femme par la taille, elle se laisse volontiers faire malgré son ronchonnement.
– Et elle, c’est Véronique. C’est un chouette prénom, Véronique…
L’homme fait un petit sourire salace, Jo ne peut s’empêcher de rire.
– Moi c’est Jo. C’est la seule chose dont je sois sûr, mon prénom.
La musique est tellement forte, c’est enivrant. Pas besoin d’alcool d’aucune sorte, il suffit de se laisser porter par les chants, les rires et de sucer sa tige verte. Chacun la sienne. Les hommes se la calent entre les dents, les femmes ont plutôt tendance à la tenir entre leurs doigts, à la porter à la bouche comme une sucette.
Jo demande à son vieux camarade où ils se trouvent.
– Tu es au beau milieu du monde des hommes.
Il écarte les bras en riant.
– Notre plus belle création ! Et toi, dis-moi.
Il penche son torse vers Jo, appuie ses bras sur le comptoir.
– Raconte-moi.
Jo réfléchit quelques instants. Il aimerait lui expliquer d’où il vient et ce qu’il fait là. Le vieil homme lui inspire confiance sans pouvoir s’expliquer pourquoi. Les relations humaines sont toujours irrationnelles, pourquoi s’embêter. Mais lui veut savoir.
Ça, c’est un trait de son caractère. Ah, oui… vouloir comprendre. Se poser des tonnes de questions, les retourner dans tous les sens, sans forcément obtenir de réponse. Mais rester, encore et toujours, sur le pourquoi.
Pourquoi.
Il se sent bien. Ni inquiet, ni heureux, ni rien du tout. Toutes ses émotions semblent être restées à l’endroit d’où il vient. Il est arrivé sans sac, sans valise, sans mémoire. Sans larme ni sourire. Impeccable.
* *       *
– Je crois que mon cœur bat pour quelqu’un.
Le vieil homme pose sa tige sur le comptoir.
– C’est pour ça que tu es là.
Jo pose ses coudes sur le comptoir, expire lentement et regarde par la fenêtre.
– C’est quoi toute cette poussière, dehors ? Pourquoi il n’y en a pas, ici ?
– La poussière est ce que la nature nous a donné pour faire face à nos malheurs les plus profonds. On la récolte, on l’assemble, on colle le tout avec la sève des fleurs des sables. Ça nous donne ces belles tiges, mon gars. Mais on a dû créer un abri, on ne pouvait pas vivre au milieu de la poussière, ça nous aurait été fatal. Il fallait qu’on s’en protège pour l’apprécier à sa juste valeur.
Un monde créé pour faire face aux souffrances. S’il est là parce qu’il est amoureux, ça doit vouloir dire que ça le rend malheureux. Il y est venu tout seul comme un grand.
* *       *
Jo voit un gamin arriver en vélo à travers la poussière. Il pédale vite et mal, fait des écarts, comme si la route n’appartenait qu’à lui. Bon, il n’y a peut-être pas énormément de véhicules ici, mais quand même. Ça pourrait être dangereux.
Il est plus effaré encore de le voir entrer dans le café avec toute l’aisance d’un habitué. Il pose son vélo précautionneusement contre le mur et frotte sa selle avec sa manche. Alors qu’il se penche pour atteindre la pédale, Jo voit un sac à dos aussi gros que le gosse tomber vers l’avant. Il doit peser tellement lourd…
Personne n’a l’air interpellé de voir le vélo garé à l’intérieur du café. Les gens continuent de boire, fumer, parler fort, personne ne regarde le gamin. Il lève la tête, faisant la moue sous sa casquette trop grande, fait glisser son sac à dos par terre, s’installe entre Jo et le vieil homme.
– Comment ça va, gamin ?
Le vieux retire la casquette de la tête du gosse, réajuste son tee-shirt et lui ébouriffe les cheveux.
– Ça va, répond l’enfant. J’ai un nouveau travail.
Il penche la tête en direction de Jo. Le vieil homme sourit.
– Tu dois t’occuper de lui ?
Le vieillard se lève, tend son verre à la femme qui sert derrière le bar et prend son imperméable gris.
– Je te le laisse avec plaisir. Il est gentil, tu t’entendras bien avec lui.
Jo fixe le vieil homme. Il ne va pas le laisser tout seul avec un gosse, quand même… Il faudra qu’il rappelle un peu l’ordre des choses, sinon ça allait devenir n’importe quoi. Il tourne la tête vers l’enfant et entend immédiatement le ton condescendant qu’il est en train de prendre.
– Comment tu t’appelles, bonhomme ? Et comment veux-tu m’aider ?
Il aurait mieux fait de se mordre la langue, les lèvres, la totale pour ne pas subir le regard effronté du petit garçon. Le gamin croise les bras, se redresse de toute sa hauteur, inspire.
– Je m’appelle Anis. J’ai eu d’autres prénoms mais ce n’est pas important. Et j’habite ici, dans le désert de poussière pour aider les gens qui sont dans le denier.
Le vieil homme sourit.
– Le déni, gamin.
Le petit regarde Jo en rentrant la tête dans les épaules, l’air

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