Ragotin ou le Roman comique
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Ragotin ou le Roman comique , livre ebook

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Description

Extrait : "LA BAGUENAUDIERE. Déjà Phébus, voisin de ces moites retraites, Ne semble plus mener ses chevaux qu'à courbettes ; Ce dieu porte-lumière, aux yeux vifs, au blond crin, Ainsi que du tabac respire un air marin, Et sentant que Téthys apprête sa litière..."

À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN :

Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants :

• Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin.
• Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.

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Informations

Publié par
Nombre de lectures 22
EAN13 9782335097474
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0008€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

EAN : 9782335097474

 
©Ligaran 2015

Notice
Cette comédie fut représentée au Théâtre-Français, sous le nom de Champmeslé, le 21 avril 1684 ; elle eut dix représentations jusqu’au 16 juillet suivant.
Elle n’a jamais été reprise depuis. C’est à cet ouvrage que Furetière fait allusion lorsqu’il dit, dans son second Factum , publié à Amsterdam, chez Henry Desbordes, en 1686 (p. 20) : « Jean de la Fontaine n’a pas été plus heureux que Boyer et que le Clerc : quand il a voulu mettre quelque pièce sur le théâtre, les comédiens n’en ont pas osé faire une seconde représentation, de peur d’être lapidés. » Dans son troisième Factum , qui parut en 1688 (p. 41), il ajoute en manière d’amende honorable, mais sans se résigner à être exact : « Tout ce qu’il peut souhaiter que je réforme en l’article qui le concerne, c’est d’avoir dit que sa pièce de théâtre n’a été jouée qu’une seule fois ; car j’ai appris depuis qu’il y en avait eu deux représentations. »
Elle ne fut imprimée qu’en 1702, dans les Pièces de théâtre de Monsieur de la Fontaine , la Haye, Adrian Moetjens, in-12, de 5 feuillets liminaires non chiffrés et 296 pages numérotées. Ce recueil comprend : Pénélope ou le retour d’Ulysse de la guerre de Troie , tragédie ; le Florentin ; Ragotin ou le Roman comique ; Je vous prends sans verd ; le duc de Monmouth , tragédie par M. de Waernewyck. Bien que tout le volume ait une pagination continue, il existe pour chaque pièce un titre particulier, qui semble intercalé après coup, avec la date de 1701, mais sans nom de lieu ni d’imprimeur. La première pièce, quoique formellement attribuée à la Fontaine, est de l’abbé Genest, qui la fit réimprimer en 1703.
La comédie de Ragotin a été empruntée par la Fontaine et Champmselé au Roman comique de Scarron publié de 1651 à 1657. « Ils y ont rassemblé, autant qu’il leur a été possible, tous les évènements du Roman comique de Scarron, particulièrement les aventures de Ragotin. Cependant ce n’est point ce personnage qui fonde l’intrigue de la pièce, c’est l’amour de Destin, le comédien, et d’Isabelle, fille de la Baguenaudière, promise en mariage par son père à Blaise Bouvillon, fils de Mme Bouvillon. Nous passons l’intrigue de cette comédie pour rendre compte du dénouement que nous croyons être de M. de la Fontaine. Le Destin enlève Isabelle ; la Rancune, qui s’est aperçu de l’intelligence de ces amants, court après eux, et, secondé de quelques paysans, il ramène les fugitifs. Dans le moment que ces derniers essuyant de vifs reproches de la Baguenaudière et de Mme Bouvillon, survient le décorateur de la troupe des comédiens… »
Voyez sur cette comédie, outre les renseignements que fournit le Registre de la Grange, qui est aux archives de la Comédie-Française, la Notice biographique , en tête de notre tome I, p. CXLII-CXLIV.
Presque tous les critiques et éditeurs s’accordent à juger sévèrement Ragotin , quelle que soit la part, très petite sans doute, de notre poète dans cette farce.
Boissonade, entre autres, dit, dans un article du Journal de l’Empire du 8 mai 1812 : « La Fontaine a mis en mauvais vers la prose originale de Scarron, et l’a complètement gâtée… Il a voulu accumuler sur son principal personnage toutes les disgrâces et tous les ridicules : il a cru rendre le rôle plus plaisant ; mais il est trop chargé, et, au lieu d’amuser et d’exciter le rire, il fatigue et ennuie. À mon sens, Ragotin est une comédie détestable. M. Geoffroy, ajoute-t-il, écrivait : “L’on peut juger qu’un homme tel que la Fontaine aura su tirer parti du roman de Scarron, qu’on nomme comique à si juste titre. ” Je puis me tromper, mais je pense que, quand M. Geoffroy aura lu le Ragotin de la Fontaine, il s’étonnera de voir ce grand poète si fort au-dessous, non seulement de lui-même, mais de Scarron. Peut-être aussi trouvera-t-il que les scènes si plaisantes du Roman comique ne peuvent guère être transportées sur le théâtre. Au moins la Fontaine pouvait-il, même dans un sujet mal choisi, avoir un meilleur style. »
Rappelons que Théophile Gautier s’est aussi inspiré de l’épopée picaresque de Scarron, particulièrement des amours de Destin et de l’Étoile, dans son roman si poétique, si coloré, si pittoresque, le Capitaine Fracasse , d’où son gendre, Émile Bergerat, a tiré une comédie héroïque, en cinq actes, en vers (1890).
Personnages

RAGOTIN .
M. DE LA BAGUENAUDIÈRE .
MADAME BOUVILLON .
BLAISE BOUVILLON  : son fils.
ISABELLE  : fille de M. de la Baguenaudière.
LE DESTIN  : comédien.
LA RANCUNE  : comédien.
L’OLIVE  : comédien.
LE DÉCORATEUR  : comédien.
LA CAVERNE  : comédienne
L’ÉTOILE  : comédienne.
UN CHARTIER .
TROIS PORTEURS .
M. DE PRÉRAZÉ  : gentilhomme provincial.
M. DE BOISCOUPÉ  : gentilhomme provincial.
M. DES LENTILLES  : gentilhomme provincial.
M. DE MOUSSEVERTE  : gentilhomme provincial.
UN LAQUAIS .
Acte premier

Scène première

M. de la Baguenaudière, madame Bouvillon, Isabelle, Blaise Bouvillon.

LA BAGUENAUDIÈRE

Déjà Phébus, voisin de ces moites retraites,
Ne semble plus mener ses chevaux qu’à courbettes ;
Ce dieu porte-lumière, aux yeux vifs, au blond crin,
Ainsi que du tabac respire un air marin,
Et sentant que Téthys apprête sa litière…

MADAME BOUVILLON

En vérité, Monsieur de la Baguenaudière,
Depuis que la fureur de rimer au hasard
A pris le peu d’esprit dont le Ciel vous fit part,
On ne vous entend plus. Pourquoi cette litière,
Ce Phébus ?

LA BAGUENAUDIÈRE

C’est-à-dire en langage vulgaire,
Madame Bouvillon, que l’horloge six fois
S’est déjà fait entendre aux échos de nos bois,
Et des comédiens dont j’attends la venue
La troupe à mes regards n’est point encor parue.
Que veut dire ceci ? Vous, Blaise Bouvillon,
Pour les voir arriver montez au pavillon ;
Allez au cabinet qui face l’avenue,
Ma fille, et quand l’un d’eux vous frappera la vue,
Vous viendrez me le dire : allez.

MADAME BOUVILLON

Que d’embarras !
Vous moquez-vous d’avoir ici tout ce fracas ?
Pourquoi cette dépense ? et que voulez-vous faire,
Vous, des comédiens ?

LA BAGUENAUDIÈRE

Quoi ! toujours en colère !
De ces emportements purgez-vous, purgez-vous :
Madame Bouvillon, prenez un ton plus doux ;
Et puisqu’enfin l’hymen unit notre famille,
Qu’il nous joint vous et moi, votre fils et ma fille,
Le plaisir qu’avec vous je prends de m’allier
Fait que je veux un peu rire sur mon palier :
Je brûle pour cela que notre troupe vienne.

MADAME BOUVILLON

Dites que c’est pour voir votre comédienne.

LA BAGUENAUDIÈRE

Qui ? l’Étoile ? Ah ! jalouse.

MADAME BOUVILLON

Avouez-le entre nous,
Cette brillante Étoile est un astre pour vous :
Vous l’aimez, et votre âme adore sa puissance.

LA BAGUENAUDIÈRE

Je ne veux pas vous rendre offense pour offense ;
Mais l’effet de cet astre est sur moi moins certain
Que sur vous l’ascendant de Monsieur le Destin :
C’est un comédien bien fait, courtois, habile.

MADAME BOUVILLON

Eh ! quoi donc ! sans aimer ne puis-je être civile ?
Est-il assez hardi pour présumer de soi… ?

LA BAGUENAUDIÈRE

Non.

MADAME BOUVILLON

Ce n’est qu’avec vous qu’il est venu chez moi.

LA BAGUENAUDIÈRE

D’accord, je l’y menai, mais à votre prière ;
Et ce soir-là chez vous la chère fut entière ;
Rien ne fut épargné. Si par l’extérieur
On peut probablement juger du fond du cœur,
Le vôtre aux clairvoyants fut trop reconnaissable.
Quand de ce qu’on mettait de meilleur sur la table
Ma main faisait un choix pour le comédien,
Les vôtres, à l’envi, sans examiner rien,
À l’accabler de tout se montrèrent avides,
Tant qu’en un tournemain tous les plats étant vides,
L’assiette du Destin fut si pleine en effet,
Que chacun s’étonna que le hasard eût fait,
De morceaux entassés avec autant d’emphase,
Un si haut monument sur aussi peu de base
Qu’est le cul d’une assiette.

MADAME BOUVILLON

Eh bien ! en ce moment,
Si j’eus à le servir un peu d’attachement,
Qu’en pouvez-vous conclure ? En un mot comme en mille,

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