Reconstruction dilemme
230 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Reconstruction dilemme , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
230 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

« Un grand nombre de personnes sont appelées à se reconstruire au cours de l'existence. Que ce soit à la suite d'une séparation, d'une période de chômage ou à cause d'autres mutations, il n'est pas rare que les circonstances de la vie exigent, enjoignent de rebondir. Ce qui est beaucoup plus isolé : un anéantissement de la personne humaine pour un redémarrage à haut risque, voire quasiment impossible. L'aventure à laquelle John va faire front ne s'explique pas, elle se vit. Elle conduit aux portes de la Camarde jusqu'à une improbable renaissance. » Jeune comptable, John est hospitalisé d'urgence suite à une terrible migraine. Il sombre dans le coma duquel il se réveillera tétraplégique et muet. Une dizaine d'années plus tard, son chemin recroisera celui de la mère de deux de ses enfants... Comment réapprendre à vivre ? S'inspirant de son propre vécu, l'auteur livre un roman fort, témoignage effrayant et leçon de vie admirable.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 avril 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342152166
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Reconstruction dilemme
Jacky Laurent
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Reconstruction dilemme

Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
Retrouvez l’auteur sur son site Internet :
http://jacky-laurent.societedesecrivains.com
 
 
 
Un grand nombre de personnes sont appelées à se reconstruire au cours de l’existence. Que ce soit à la suite d’une séparation, d’une période de chômage ou à cause d’autres mutations, il n’est pas rare que les circonstances de la vie exigent, enjoignent de rebondir. Ce qui est beaucoup plus isolé : un anéantissement de la personne humaine pour un redémarrage à haut risque, voire quasiment impossible. L’aventure à laquelle John va faire front ne s’explique pas, elle se vit. Elle conduit aux portes de la Camarde jusqu’à une improbable renaissance.
Parallèlement au fardeau innommable, on comptera des peines, des avanies, de constants renoncements, mais aussi des joies incommensurables jusqu’à une renaissance authentique malgré de lourdes chaînes, des combats et des luttes inouïs pour pérenniser le vivant. Malgré des spoliations et des déformations, John accédera aux desseins prioritaires qu’il s’est bâtis.
Je n’ai jamais aimé le soir depuis plus de 39 ans. Cela fait plus de 39 ans que je ressens une angoisse fugitive lorsque j’approche le château. C’est bizarre, car le château est sans doute mieux que la prison. La joie de l’intégrer après un bagne long de trois ans ne fut pas feinte.
 
 
 
Départ
Un 19/08 de naguère, John se résolut à laisser sa voiture, une Peugeot, un tantinet cabossée, mais en état de marche, bien garée sur l’avenue de la Libération. Cette caisse recelait quelques trésors éparpillés dans le coffre. Une partie de l’héritage qu’il avait reçu à la suite du décès de son aïeule, survenu quelques mois plus tôt. Une raison majeure l’incita à abandonner ce véhicule synonyme de plaisirs et de liberté. Depuis quelques semaines, il sent que la vie le lâche, pareil à un fil qui va rompre. Il n’en saisit pas la cause, mais les effets qui se traduisent jusqu’à présent par des syncopes et une fatigue permanente. Il a cru pouvoir braver indéfiniment. La conscience de flirter avec un danger l’incite, non sans un indubitable vague à l’âme, à ne pas conduire son véhicule hors série pour prendre un train corail. Montparnasse-Quimper vers 13 heures.
Il range quelques vêtements dans un sac simple, verrouille sa chambre 222 qui jouxte l’appartement du directeur. Que de fêtes improvisées et bruyantes se sont produites depuis janvier dans cet espace somme toute exigu ! Un à un, les potes quittent l’ALJT (aide au logement de jeunes travailleurs). Cet été, on assiste à une grande migration. Après des mois de travail, chacun regagne ses sources. Quelques-uns seulement reprendront en septembre l’onéreuse, mais pratique et confortable location. D’autres achèteront un appartement pas trop cher et bien à eux, repasseront avenue de la Libération afin d’y écluser une mousse, de jouer au flipper ou refonder, l’espace d’une soirée, le cercle. À condition d’avoir l’aval d’un résident, chacun peut entrer dans le lieu, et par ce droit, prendre part aux réjouissances qui y sont organisées, notamment grâce à l’ADACS (association pour le développement des activités culturelles et sportives). Un filon pour rencontrer des politiques influents. John ne subodore pas encore qu’il vient d’y vivre le plus riche semestre de sa vie.
Malgré l’heure avancée, il peut se servir un petit déjeuner au self. Il aime le café crème hyper sucré entreposé dans des pichets en zinc. Il affectionne aussi le beurre doux avec lequel il tartine son pain. John est le seul occupant du réfectoire, ce matin-là. Un cuisinier s’affaire à élaborer trois ou quatre déjeuners pour midi. Il se rend soudainement compte qu’il n’a jamais pris le déjeuner là-dedans pour une simple raison : le réfectoire est fermé le dimanche. Or, uniquement ce jour-là l’aurait intéressé pour midi ; et cela quelques fois seulement. John n’est pas casanier et s’accorde volontiers des week-ends au Tréport, en Belgique ou ailleurs.
Sitôt le café crème éclusé, il saisit son sac, remet la clef 222 au gardien qui balbutie des mots à peine audibles. Le monsieur, dont le bruit dit qu’il est érudit, porte les séquelles d’une méningite. Cela se traduit par une incapacité à prononcer des mots autres que : « bonjour, bonsoir ». Il prend la clef et la suspend au tableau enfermé dans un placard. John traverse la passerelle en bois qui relie le foyer à l’avenue de la Libération. Avant de gagner un coteau de Chaville, il tourne sur la droite, doit récupérer du linge dans une blanchisserie. Il s’aperçoit très vite que l’assistante du prestataire de service est trisomique. Comme avec le gardien, il ne causera pas. Et c’est tant mieux. Sur le coteau opposé de Chaville, il doit s’affranchir d’une mission singulière : sortir sa mère d’un enclos de cancéreuses. Pour un homme de 19 ans, ce n’est pas très gai, mais il est le seul à pouvoir s’acquitter de cette tâche ; son beau-père ayant choisi de se réfugier dans sa villégiature vendéenne. John descend vers l’avenue Roger Salengro, jette un œil vers les bars qui lui sont familiers. Il dépasse la Chavilleraie et la gare rive droite qui mène à la Défense, puis Saint-Lazare. Avec un poids de fatigue, il accède enfin à l’enclos dirigé par des bonnes sœurs. Là, il remplit des bulletins de sortie, commande un VSL pour Montparnasse. Il ne peut éviter des patientes pansées jusqu’au haut du cou. Ça fout le bourdon. Le parc est beau. L’endroit respire la propreté et l’aseptise. Il se sait atteint d’un mal étrange qu’il songe soigner au château. Des dames échangent des banalités s’articulant autour de l’hyène. John traversa le premier semestre avec un tel bonheur qu’il lui fallait se pincer pour réaliser. À la rentrée, il comptait s’inscrire dans une fac de droit ou suivre sa dulcinée BCBG en Corse où elle était mutée ; et cela, si sa grossesse se confirmait. C’était la cerise sur un gâteau plein de richesses. Pour l’heure, il convenait de décanter au château.
En attendant le VSL, il entrepose les sacs sur le trottoir. Les adieux des autres convalescentes ont une dimension pathétique. Il y a urgence à quitter cet endroit maudit à cause de sa vocation d’accompagnement de cancéreuses. Une CX rutilante se gare. Le chauffeur mime un empressement qui n’a pas de raison d’être puisque ni Paris ni sa banlieue ne sont embouteillées en août. Pour une fois, le taxi n’est pas appelé pour diriger vers un centre de chimio. Ceci dit, John n’est pas encore convaincu du caractère bénin de la tumeur de sa mère. Le chirurgien s’est exclamé :
 
— Ça a une très sale gueule.
 
Puis, des infections urinaires laissèrent penser à une récidive, donc cancer.
Le taxi se faufila avec une aisance déconcertante dans le trafic usuel des autochtones. Assez rapidement, la tour fut repérée. Elle nargue la ville. S’il a souvent traîné du côté de Montparnasse, cette fois, ce n’est pas pareil ; il endosse une responsabilité d’accompagnant.
À midi, il faut manger. Si l’estomac de la convalescente ne crie pas famine, celui de John exige d’être rempli. Il se sert de sa faim pour se voiler la face. En fait, il se porte mal depuis trois semaines, mais use de tous les stratagèmes pour surseoir une exploration médicale en bonne et due forme. Plusieurs fois, les pompiers l’ont ramassé, inanimé, sur la chaussée. De retour à lui dans un service d’urgence, il refuse de se soumettre à la batterie d’examens inspirée par ses malaises. Sauf que le 18, une fois de plus pris en charge par des secours, on le passe à la radio. Il promet de prendre les résultats le lendemain, tout en sachant qu’il se trouvera dans le train. Quand les médecins découvrent un traumatisme crânien, ils cherchent en vain à localiser la victime ; victime peu docile, il est vrai. Ils lancent un appel à la radio, font leur possible pour localiser un danger ambulant. En vain.
 
Quelques revues sont choisies dans un kiosque. Elles serviront à tuer le temps. John vérifie sa provision de cigarettes, que tous les sacs sont rassemblés, qu’il ne manque rien. Il ne subodore pas un instant que s’il est patraque, c’est à cause d’une chute, en juillet, sur la voie pavée et pentue qui relie la clinique Aumont à l’avenue de Saint-Cloud à Versailles. Il impute son malaise à un rythme trop soutenu dans le travail, les festivités, les voyages. Le fait de cumuler les responsabilités et de vouloir, parallèlement, prendre part à un maximum d’agapes. Il peut même se prévaloir de connaître Paris sur le bout des doigts. Il mena avec bonheur une existence où les pauses furent rares. Bien qu’il fût mis en arrêt depuis début août, la sensation d’évanescence en matière de tonus ne partait pas.
Le train quitte la gare. Sur un immeuble, le logo du journal Libération se distingue. Le corail prend de la vitesse. Quand il ne fume pas en bout de wagon, John vérifie que sa mère tient le coup. Elle somnole, une revue ouverte sur les genoux. Les kilomètres défilent trop lentement. Le château devient un but à atteindre. Après, on avisera quant à l’utilité de consulter. Les derniers kilomètres sont éprouvants ; les minutes d’arrêt, interminables. Tiendra-t-il ? Ne tiendra-t-il pas ? Parmi les symptômes, l’envie de vomir doit être normale. Quelques troubles oculaires et des vertiges

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents