Carnets atlantiques
329 pages
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Carnets atlantiques , livre ebook

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Description

Les essais que le lecteur va découvrir dans cet opus constituent un itinerarium mentis des temps modernes : en cette époque planétaire d'inculture glorifiée et d'effondrement existentiel globalisé, tout le monde, massive démagogie aidant, a des idées sur tout et le contraire de tout. Qu'un individu, au cours d'une vie, je la lui souhaite la plus complète et la plus exacte possible, trouve, aujourd'hui, une, voire deux vraies idées, et l'amplitude pour les développer, outre le désir, est déjà, en soi, remarquable... La situation est un peu connue : l’étroitesse concertée de vue, le bofisme bavard béat et les manœuvres à l’emporte-pièce ont déterminément de beaux jours devant eux. Donc, vis-à-vis de tout ça, délétère, selon moi, au suprême, qui ne va pas en s’arrangeant, la seule attitude valable, éthique non moins qu’esthétique, est la résistance intellectuelle active. De lieux mentaux en lieux géographiques, les thèmes, littérature mondiale, art, saisons et déambulations nomades, hors de topologies trop évidentes, se répondent, en échos porteurs d’énergie, au gré de mon itinéraire multiforme. Et interpellent pour qui sait lire.

Informations

Publié par
Date de parution 22 juillet 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782312012513
Langue Français

Extrait

Carnets atlantiques

Francis Donskoï
Carnets atlantiques
















LES ÉDITIONS DU NET 22 rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
« Que le flot de chaque jour laisse un dépôt sur mes pages, comme il laisse du sable et des coquillages sur le rivage. Autant de terre ferme de plus. Ceci pourrait être le calendrier des marées de l’âme. »

Henry David Thoreau, Journal





















© Les Éditions du Net, 2013 ISBN : 978-2-312-01251-3
Avant-propos
Voici qui est pour le moins saisissant et plutôt récréatif : en cette époque planétaire d’inculture glorifiée et d’effondrement existentiel globalisé, tout le monde , massive démagogie aidant, a des idées sur tout et le contraire de tout.
Qu’un individu , au cours d’une vie, je la lui souhaite la plus complète et la plus exacte possible, trouve, aujourd’hui, une, voire deux vraies idées, et l’amplitude pour les développer, outre le désir, est déjà, en soi, remarquable…
La situation est un peu connue : l’étroitesse concertée de vue, le bofisme bavard béat et les manœuvres à l’emporte-pièce ont déterminément de beaux jours devant eux.
Donc, vis-à-vis de tout ça , délétère, selon moi, au suprême, qui ne va pas en s’arrangeant, la seule attitude valable, éthique non moins qu’esthétique, est la résistance intellectuelle active .
Je la pratique depuis longtemps, depuis l’enfance.
Me ravisant, tandis que j’organise les textes que le lecteur va découvrir dans cet opus, agir sans s’agiter en désobédient pour qui le vocable nuance n’est pas vain, n’a rien à voir avec je ne sais quelle posture de nature élitiste. Mais bien à entendre du mouvement natif de mon être.
Je ne me satisfais pas de tout un état de choses. À commencer par le délabrement de nos cinq sens : le risque est couru de nous rendre infidèles aux beautés du monde.
Dans mon existence la plus immédiate, je me donne, autant que je le peux, du mieux que je le peux, venant de là d’où je viens, les moyens, à l’occasion complexes et parfois contradictoires, d’échapper à la frustration pour m’approcher au plus près de l’idée très concrète qui consisterait à faire de sa vie terrestre, je n’en connais pas d’autre, comme un chef-d’œuvre. C’est ambitieux, mais on n’a qu’une vie et il ne faut jamais se manquer d’humanité.
Résistance, en solo ou en duo, à deux, c’est encore mieux, pour dégager – pour tenter , avec le sourire, de dégager – via des rencontres, des séminaires, des conférences, des entretiens, des interventions, et, pourquoi pas ?, des livres – nous sommes encore quelques-uns à considérer que le livre reste la voie royale de l’esprit – un espace humain respirant, radieux et inspirant.
Cet horizon devant moi, ni optimiste ni pessimiste, j’avance, humblement possibiliste.
Résistance, oui, mais joyeuse. Je suis un partisan absolu du gai savoir / Ça -voir.
Sauf erreur, le sens des perspectives en tête, aux quatre points cardinaux, c’est ce dont nous avons le plus besoin.
Les pages de ces Carnets atlantiques que je propose en partage en sont la manifestation à la fois singulière et explicite : de lieux mentaux en lieux géographiques, les thèmes, littérature mondiale, art, saisons et déambulations nomades, hors de topologies trop évidentes, se répondent, en échos porteurs d’énergie, au gré de mon itinéraire multiforme. Et interpellent pour qui sait lire.
À la lecture de ces essais extraits de la multitude, réalistes sur un pied, romanesques sur l’autre, la plupart sur le ton aphoristique, de l’ancien siècle jusque dans le nouveau, la question de la culture, liée étroitement à celle de l’éducation, se révèle tant fondamentale que radicale.
Sur cette question ainsi sur que d’autres tout aussi vitales, les plus puissants esprits, exceptions parmi les exceptions, horribles travailleurs aux antennes sensibles, je les compte sur quelques doigts, je vais encore me faire bien voir, nourrissent ma réflexion.
Je leur suis reconnaissant, je les salue de ma main chaleureuse, ces auteurs, pour moi infiniment vivants, qui, dans le temps recomposé, me grandissent, m’encouragent et m’invitent à avancer. J’ai de la chance.
Hommes, femmes, d’où venons-nous ? Que voulons-nous ? Où allons-nous ?
Entre déterminisme et construction progressive de la liberté, tout est là, désormais, devant nous.

F. D.
Printemps 2012

Idée(s)
« C’est une absolue perfection, et comme divine, de savoir jouir loyalement de son être. »
Montaigne
Contemplatif,
pensant à Henry David Thoreau,
ce compagnon d’esprit en fidèle fréquentation,
au bord de l’étang clair-obscur,
je goûte les beautés savoureuses du grand réel
et me mets tranquillement au travail.
Haïku for ever
« D’ailleurs, comment la créature humaine peut-elle être sûre de quoi que ce soi ? »
Proverbe oriental
Le plus célèbre, le haïku originel , celui de Matsuo Basho, 1644-1694, dont le nom de plume signifie, rappelons-le, « bananier » en japonais, est celui, parmi tant d’autres, que j’aime, encore et toujours, fredonner devant le bassin aux poissons rouges :
La vieille mare
Une grenouille y plonge
Ploc !
Version en langue anglaise et nuances :
The old pond
A frog jumps in
The sound of the water
Ah !, cette vieille mare ou ce vieil étang ( étant ?), il n’y a pas que les grenouilles qui y plongent :
Dans la vieille mare
A coulé une sandale de paille
Tombe la neige fondue
(Buson, 1716-1783, village rustique , c’est son nom )
L’étang ou la mare ne sont jamais désolidarisés du réseau naturel :
La rivière et l’étang
Désormais ne font qu’un
Pluie de printemps
(Buson)
Humilité des choses et de l’approche, bien entendu, et c’est tout l’art du haïku, mais humilité apparente pour qui sait lire entre les lignes et les bribes du réel :
J’ai emprunté ma chaumière
Aux puces et aux moustiques
Et j’ai dormi
(Issa, 1763-1828)
Dans la bibliothèque de l’atelier, arche salvatrice, mon atelier des quatre vents, conçu et bâti de mes seules mains, je relis la magnifique anthologie du haïku de Maurice Coyaud publiée dans le temps d’autrefois ( Fourmis sans ombre , Phébus, 1978), et tombe sur celui-ci qui dit à la perfection mon état d’esprit présent :
Ils ne pipaient mot
Ni l’invité ni l’hôte
Ni les chrysanthèmes blancs
(Ryôta, 1718-1787)

It is good as it is .
Le géant de la forêt russe
Pourquoi les lectures simultanées de Everyday Life Of The North American Indian de Jon Manchip White (Indian Head Books, New York, 1979), trouvé – sérendipité ! – au fin fond de Mohab, bourgade de l’Utah, et de ces quelques mots de Martin Heidegger : « Quand, par les nuits d’hiver, les tourmentes de neige secouent la maisonnette et qu’au matin le paysage est recueilli sous la neige » (in Questions III , L’Expérience de la pensée , Gallimard, 1966) me font aussitôt voyager en Russie auprès d’Ivan Chichkine, ce peintre subtil surnommé le géant de la forêt russe ?
Mystère et boule de gomme.
Ah !, les associations d’idées…
Shore Temple
De l’eau, à Mahâbalipuram, dans l’État du Tamil Nadu, en Inde, au lointain si proche, s’élance le Shore Temple.
J’aime ce temple dans sa perfection nue.
À cinq heures, au soleil levant, tout alentour est « ordre et beauté, luxe, calme et volupté ».
Les pères fondateurs disent que c’est un temple pour y venir prier. Bien. Les natures étant diverses dans l’univers, pour moi, c’est, avant tout, au-delà de tout, le temple-cachette-refuge des écureuils. Pas l’écureuil géant ( Ratufa indica ), non, l’écureuil lambda des jardins anglais, des forêts suisses, de Seattle et de Sapporo.
Si, d’aventure, il s’était trouvé dans les parages, le touriste du monde spectaculaire aurait-il glissé, dans son everlasting sac-à-dos, au moment du départ, ce récit, Mahâbalipuram tout le monde descend , de Jacques Brosse (Fayard, collection L’Expérience psychique, 1973) ? Rien de moins sûr.
En Inde, je connais un autre temple. Résolument retiré. Infiniment plus secret. En son centre, dans une réconfortante étrangeté, pousse un banian hors d’âge ruisselant de pluies régulières. C’est un temple d’ici et de toujours comme dans les nouvelles de Kipling.
Un temple pour les enfants et certaines grandes personnes – quelques-unes, guère plus, diagnostic à l’appui et vérifiable – qui sont en prise directe avec leur enfance.
Vincent
In & out , je

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