Christine
156 pages
Français

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Description

Christine, taraudée par les désirs de son âge, le rendra-t-elle heureux ? La passion peut-elle survivre quand la différence d'âge est trop grande dans le couple ? D'ailleurs, pourquoi les hommes mûrs recherchent-ils la compagnie de très jeunes filles ? Les aventures et mésaventures du couple s'imbriquent tout naturellement dans le contexte social. Isaïe Biton Koulibaly poursuit sa réflexion et nous offre une fresque de la société africaine. Il fustige sans pitié, fonctionnaires et politiques. Il explore les confusions, les défaillances de l'homme. Christine prend toute sa place dans l'oeuvre d'Isaïe Biton Koulibaly traversée par des questions toujours d'actualité.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2016
Nombre de lectures 951
EAN13 9782916472393
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

ISAÏE BITON KOULIBALY
ChristineROMAN
CIV 239
10 BP 1034 Abidjan 10 • info@les classiquesivoiriens.com Tél : (225) 21.56.50.63 • Fax : (225) 21. 36.56.57 www.classiquesivoiriens.com
À BÉBÉ HAOUA TOURÉ
CHAPITRE I
Une insomnie tenace épuisait Fulbert Zanga, même ses yeux refusaient de se fermer. Les souvenirs afuaient, notamment celui de ce dimanche avec le cheval blanc. Il était à la plage avec Christine Ableyman. C’est un endroit qu’il aimait particulièrement. Rester au bord de la mer toute une journée était pour lui l’équivalent de dix jours de repos. Il aimait le grondement sourd de la mer et regardait sans se lasser, les vagues déferler sur le rivage. Et quand il voyait un bateau à l’horizon, il se rappelait son enfance. À l’âge de huit ans, il monta pour la première fois dans un bateau de guerre qui faisait escale dans le port. Les visites furent permises pendant soixante-douze heures. Toute sa classe de l’école primaire régionale visita le bateau pendant plus de trois heures. Il avait senti grandir en lui une vocation de marin. Il ne venait jamais à la plage sans que sa vocation de l’enfance ne lui revienne. Depuis cette visite, il n’avait jamais remis les pieds dans un vrai bateau, mais sa passion de la mer et des voyages en bateau ne s’était pas apaisée. Ce dimanche-là, Christine portait un jean coupé aux genoux et un débardeur rouge. La jeune lle n’avait jamais caché son attachement à ces deux couleurs :
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Chapitre I Christine le bleu et le rouge. Fulbert n’aimait pas le jean. Mais, quand c’était Christine qui en portait un, il était en extase. N’importe quel habit, se disait-il, est chic et tout dépend de qui le porte. Le plus beau vêtement porté par une personne que l’on déteste ne séduira jamais.
Ce dimanche, très peu de personnes étaient sur la plage. Il se demandait pourquoi. Christine lui t comprendre que les gens ne se déplaçaient pas beaucoup à la n du mois. La troisième semaine du mois, les gens n’ont plus d’argent et ne viennent pas à trente kilomètres de la capitale. Pour s’y rendre, il fallait absolument posséder une voiture ou prendre des taxis-brousse. Dans les deux cas, les frais de transport représentaient une petite dépense. Ensuite, pour déjeuner sur la plage deux choix s’offraient : apporter son repas ou aller au restaurant. Ils sont nombreux en bord de mer. La facture n’était pas mince pour l’une ou l’autre solution. À la plage, pullulaient les photographes qui voulaient immortaliser ces moments. Fulbert et Christine, ce dimanche-là, se rent photographier une dizaine de fois. Les photos leur seraient remises en n d’après-midi, avant leur départ. Christine n’aimait pas beaucoup se faire photographier, mais quand elle voyait ses photos, elle était ère.
Elle aimait celles qui la montraient perchée sur le cheval blanc. Des palefreniers venaient avec des chevaux et proposaient, moyennant nance, une promenade à cheval le long de la plage. Fulbert Zanga imaginait un cheval fougueux qui fonçait dans la mer avec ses cavaliers. Il imaginait Christine engloutie par la mer. Il chercha à rejeter rapidement ces idées noires en pensant à l’amour. La plage, c’est aussi la sexualité dans le sable. De petites cabanes s’étalaient tout le long de la plage. Elles étaient faites de bois et de paille. Quand on arrivait à la plage, les propriétaires vous les proposaient
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Christine Chapitre I à des prix homologués. Certaines personnes y restaient une ou deux heures et repartaient après avoir assouvi leur instinct bestial. Mais pour la plupart des couples qui venaient, c’est après le repas qu’ils fermaient la porte de la cabane pour une sieste crapuleuse. Fulbert et Christine ne manquèrent pas de se livrer aux jeux de l’amour. Après avoir joui ensemble, ils s’endormirent. Christine dormait profondément. Fulbert se réveilla au bout de cinq minutes et se mit à contempler la jeune lle. Elle était si belle. Rien qu’à regarder sa poitrine lui donnait une érection. Il n’osait pas caresser ses reins, de peur de la réveiller. Néanmoins, il lui caressait les cheveux. Elle portait une longue tresse comme Fulbert Zanga les aimait. Il ne cessait de les réclamer. La joie, le bonheur ne tiennent qu’à un l. Un jour, il avait échappé de justesse à un accident de voiture car il s’était retourné en apercevant une femme du peuple qui était magniquement coiffée d’une longue tresse. Il appelait femme du peuple, celle qui habitait les quartiers populaires ou qui était tout simplement pauvre, celle dont le mari était manœuvre, ouvrier ou petit vendeur. Parmi les femmes du peuple se trouvaient de vraies jolies femmes dont la pauvreté cachait la beauté. Fulbert se disait souvent qu’il prendrait deux ou trois de ces femmes pour en faire ses maîtresses an de les mettre en valeur avec l’argent qu’il leur donnerait. Jamais il ne le t. Il avait peur de la réaction d’un mari trompé. Pour lui, les petites gens vivent de vengeance dissimulée ou non assouvie contre ceux qu’ils appellent les nantis ou les bourgeois. Il ne voulait pas faire la une des journaux pour un crime passionnel. Il savait qu’il était mieux armé pour abattre un mari jaloux pris d’une violence soudaine. N’avait-il pas été champion national de karaté ? Fulbert Zanga se souvenait toujours de sa médaille de bronze aux jeux africains. Il n’avait pas disputé la nale à cause d’une erreur d’arbitrage.
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Chapitre I Christine Les perdants se justient toujours, à moins d’une victoire nette !
Ses yeux se portèrent sur les fesses rebondies de Christine. Il les trouvait beaucoup plus belles quand elles étaient habillées. Christine dormait toute nue dans le sable de la cabane. Il aurait aimé voir les poils de son pubis, mais elle était couchée sur le ventre. Il aimait que Christine eût des poils en abondance. Pour lui, une femme qui était toujours rasée de ce côté a un sexe ressemblant à celui du bébé. Pendant dix minutes, il regarda ce corps sculptural qui dégageait une grande quantité de phéromones. Brusquement, elle se retourna, dans un grand ronement, et présenta sa face. Fulbert Zanga était dans une situation d’adoration en voyant ce beau corps. En jetant un regard sur la fente de Christine, il pensa à tous ces hommes qui avaient succombé devant un sexe féminin. Il se disait que même le roi David, un des préférés du Créateur du ciel et de la Terre, n’avait pas résisté devant Bath-Cheba, la femme d’un de ses soldats qu’il poussa à la mort, uniquement pour lui prendre sa femme. Et cet Hérode qui, pour faire plaisir à Hérodias, la femme de son frère qu’il avait épousée, t décapiter Jean-Baptiste, le cousin du Christ. Pour une femme, un roi d’Angleterre a préféré abandonner le trône. Pour un seul regard d’une petite stagiaire à la Maison-Blanche, le puissant Bill Clinton, président des États-Unis, perdit son équilibre. Un président africain, en pleine gloire, prenait sur son dos sa maîtresse qui lui faisait jouer le mouton tout en lui demandant de bêler. Fulbert fut le témoin d’une scène qu’il n’oubliera pas de sitôt. Une jeune et belle lle sourit à six jeunes gens dans la rue. Chacun pensait que le sourire lui était adressé. Deux d’entre eux se battirent. L’un poignarda l’autre qui mourut. Ce mystère de la femme ne cessait de tourmenter Fulbert Zanga depuis des décennies. Si la fente de la femme était sa puissance,
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Christine Chapitre I il était donc convaincu que le diable s’était introduit entre les cuisses des lles d’Ève. Il était persuadé que la femme tenait sa puissance de Satan qui avait donné à Ève une puissance de séduction dont chaque lle héritait en venant au monde.
Devant les beaux seins de Christine, il ne pouvait pas tenir longtemps. Il se pencha vers elle et se mit à caresser, à efeurer les mamelons. Il voulait maintenant sucer ces seins qui s’offraient à lui. Elle se réveilla et lui sourit.  « Que fais-tu chéri ? - Je te regarde. - Tu n’es pas fatigué de me regarder ? - Je suis inlassable. » Elle se leva, attacha une grande serviette violette autour des reins et sortit de la cabane pour se jeter dans la mer. Fulbert sortit à son tour de la cabane et s’installa au bord de la mer pour regarder Christine nager. Après un quart d’heure, Christine vint s’asseoir auprès de Fulbert. Elle l’enlaça et l’embrassa.  « Tu es un ange, Christine. - C’est toi l’ange, mon doudou. Tu ne te baignes pas ? - Non, je veux garder ton odeur sur moi. - Tu n’as pas peur ? - Peur de qui ?»
Enlacés, ils discutèrent de tout et de rien. La mer restait leur thème de discussion favori ce dimanche-là. Fulbert disait aimer venir à la plage car l’eau de mer lavait l’homme de tout maléce que les ennemis pouvaient jeter contre lui. Comme il ne savait pas nager, Fulbert creusait un trou dans lequel se déversait l’eau de mer. Avant que d’autres vagues n’arrivent, il lavait son visage. Ainsi, il se croyait délivré, pour la semaine, des attaques sournoises et mystiques de ses ennemis.
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Christine Chapitre I Christine s’étonnait de ses propos relatifs aux ennemis. Il lui répondait qu’elle était trop jeune pour savoir que la vie était faite d’adversités. Très peu d’hommes vous apprécient malgré leur large sourire. Il raconta plusieurs cas d’hypocrisie dans sa carrière. Pour une question de poste de responsabilité et d’argent à acquérir, les hommes surtout sont capables de détruire ceux qu’ils voient incarner la puissance sur leur chemin. Fulbert ne cessait de lui dire que très peu de personnes étaient sincères et spontanées. Ils virent passer trois jeunes lles, serviette aux reins, qui marchaient tout le long de la plage et proposaient des téléphones cellulaires pour des appels à tarifs réduits. Fulbert ne sortait jamais avec son téléphone portable le dimanche. Pour lui, le repos, la détente passaient par le silence absolu avec l’extérieur. Il demandait, chaque fois, et avec insistance à Christine de fermer ses portables quand ils étaient ensemble. Fulbert répétait inlassablement que deux amoureux n’avaient pas besoin des appels des amis. L’amour est égoïste.
Quand ils quittèrent la plage pour rejoindre la voiture, ils la trouvèrent avec une roue crevée. Spontanément, des jeunes gens, sortis on ne sait d’où proposèrent de changer le pneu. Au moment où ils le démontaient, Christine chahuta avec eux en leur disant qu’ils avaient enfoncé une pointe dans la roue an de la réparer et de se faire de l’argent de poche. Les quatre jeunes gens nièrent avoir accompli une action aussi mauvaise, qu’ils ne tarderaient pas à payer. « Tantie, tout se paie sur terre. Nous ne pouvons pas faire cela, jura le plus jeune. » Fulbert était heureux de conduire sa voiture. Il mettait tout cela sur le compte de la pauvreté. « Les gens sont si pauvres qu’ils sont capables de tout. »
La route passait entre deux cimetières ; à gauche, il était réservé aux musulmans et à droite, aux chrétiens. Même si ses
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Christine Chapitre I parents n’étaient pas inhumés dans ce cimetière tout proche de la plage, il n’y passait jamais sans évoquer le souvenir de ses parents morts depuis fort longtemps. Il s’est souvent demandé pourquoi venir au monde, si c’est pour mourir après quelques années de douleurs et de souffrances sur cette terre. « Si la vie se terminait ainsi sous des pierres, inutile de naître. - - Je ne suis pas d’accord avec toi, chéri. Malgré la brièveté de la vie, on a beaucoup de plaisir à vivre. Chaque jour est un plaisir incalculable. En plus, on nit par ressusciter et vivre encore mieux si on est admis au paradis. - Mon bébé, tu crois encore à cette histoire de paradis ? - Je suis croyante. - Crois-tu que depuis la création du monde, depuis des milliards d’années, des gens attendent un jugement ? Où allons-nous les mettre ? N’y crois pas. Ce n’est pas vrai. - La vie est belle. Elle l’est surtout quand elle est brève. Je ne me vois pas vieillir. Il faut vivre la vie à fond et partir. - Pour le néant. - Oui, chéri. Je déteste la vieillesse avec les maladies et les abandons. - Certaines religions venant d’Asie disent que l’âme se réincarne plusieurs fois. On parle même de sept fois. Comme tu vis en ce moment dans cette ville, peut-être que dans cinquante ans, si tu meurs jeune comme tu le souhaites, tu vas te réincarner au Pakistan et après au Guatemala. - Tu es un vrai comédien. - Les adeptes de certaines religions y croient dur comme fer. - On ne meurt qu’une fois. Rien qu’une seule fois. Ensuite, on passe au jugement dernier. Point nal. - Bébé, le coup de foudre s’explique par le fait que deux personnes qui se sont rencontrées ou ont vécu ensemble dans un monde antérieur se sont retrouvées dans un autre après leur
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