Chronique d une copropriété en délire
140 pages
Français

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Chronique d'une copropriété en délire , livre ebook

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Description

Après le règne minéral, végétal et animal, il y a maintenant le règne du copropriétaire. Reconnu à part entière dans notre société moderne, ce personnage qui peut être tour à tour insipide ou étincelant. Borné ou intelligent, charmant ou grognon, devient obligatoirement odieux dès qu’il est question de ses droits ou devoirs en copropriété. Ce roman vous entraine dans les tribulations tumultueuses d’une copropriété imaginaire (enfin presque…). Vous suivrez le rythme endiablé des gags nés du comportement excessif de certains. Les acteurs de ce roman jouent juste et fort, servis par une écriture souvent désopilante, mais sans complaisance…

Informations

Publié par
Date de parution 24 février 2012
Nombre de lectures 6
EAN13 9782312006215
Langue Français

Extrait

Chronique d’une copropriété en délire

Eliane Marchal






Chronique d’une copropriété en délire













LES ÉDITIONS DU NET
70 quai Dion Bouton - 92800 Puteaux





























© LES ÉDITIONS DU NET 2011
ISBN : 978-2-312-00621-5
Chapitre 1
Les charges, point ne paierai
Prenons un matin ordinaire. Rien ne distinguait ce matin d’un autre jour de l’année, il y avait le même temps gris sur Paris. Les passants dans les rues étaient aussi pressés, tristes et moroses que d’habitude. C’était un lundi, jour difficile s’il en est. Pourtant Pierre Delorme était de charmante humeur, au volant de sa voiture, il ne pestait même pas contre la circulation bloquée qui lui avait fait perdre vingt minutes dans la rue de Rivoli. Pierre était administrateur de biens, il avait un petit cabinet dans le 5 e arrondissement, compte tenu de la petite structure de son cabinet, beaucoup de choses reposaient sur ses épaules. Malgré les difficultés, il aimait son métier, grâce à la variété de son travail. Il n’avait aucun rendez-vous professionnel, aujourd’hui, aussi il rêvait en passant machinalement sa vitesse de la première au point mort. Il venait de passer un excellent week-end comme cela ne lui était pas arrivé depuis plusieurs mois, voire quelques années. Sa vie n’était pas monotone, toutefois, le moins que l’on puisse en dire, c’est qu’elle manquait d’attrait et d’excitation. Tout avait changé depuis qu’il avait rencontré Christelle. Christelle ! quelle merveilleuse histoire, il ne pensait pas qu’il pourrait de nouveau être ému à ce point en pensant à une femme. Il l’avait rencontrée pour la première fois chez Philippe, lors de sa soirée d’anniversaire. Depuis, ils avaient passé deux soirées ensemble et puis ce premier week-end. Il ne se lassait pas de cette impression de bien-être dans lequel il baignait depuis vendredi soir. Si le bonheur existait, il devait ressembler à cela. Il l’avait quittée hier soir avec la promesse d’au moins deux rencontres cette semaine. Sans parler du dîner chez Philippe, où ils iraient ensemble.

Enfin, tout allait bien. Quand il poussa la porte, il ne vit que le visage désolé et coupable d’Yvonne, sa secrétaire. Il comprit tout de suite qu’une épreuve l’attendait. Sa bonne humeur s’effaça à la vue d’un homme râblé, en tenue de chantier qui le toisait d’un air haineux. On le sentait prêt à éclater, le visage congestionné. Qu’avait-il fait ? ou bien, qu’avait-il oublié de faire ?
– Il faut que je vous voie immédiatement, aboya l’homme en bondissant de son siège, comme un ressort détendu.
Cette journée commençait très fort
– Laissez-moi au moins le temps d’arriver !
L’homme se précipita vers lui et vociféra :
– Il est 10 heures ! Ce n’est pas une heure pour commencer à travailler ! Je vous attends depuis neuf heures, je n’ai pas que ça à faire.
Pierre Delorme s’interposa entre la porte de son bureau et le forcené :
– Nous n’avions pas rendez-vous que je sache. N’est-ce pas Yvonne ?
Était-ce une impression, il sentit que sa secrétaire se tassait davantage sur son siège, elle frappait avec énergie et vitesse sur son clavier. Elle voulait sans doute que son travail la protège de la violence ambiante. Elle chuchota, d’une petite voix sans timbre :
– Non, monsieur.
Pierre jeta un coup d’œil dans sa direction, elle s’enfonçait de plus en plus, sans doute son principal souhait était de disparaître aux yeux de tous. Ce n’est certainement pas, de ce côté que Pierre aurait de l’aide. Il respira à fond, se redressa pour compenser l’attitude de sa secrétaire et clama :
– Je ne tolère pas cette façon de m’aborder !
– Moi, il y a d’autres choses que je n’aime pas, riposta l’autre.
– Si vous voulez que je vous reçoive, il faut vous calmer et attendre.
Pierre Delorme entra dans son bureau, en claquant la porte d’un air rageur. Il s’attendit à la voir se rouvrir, rien ne se passa. Il se dirigea vers son siège, s’assit et contempla son bureau. La pile du courrier du matin était bien en vue, à côté, les trois parapheurs à signer, puis quelques fax étalés. La routine, en quelque sorte, si ce n’est cet énergumène qui assiégeait son bureau. Son altercation avait fait disparaître la douce euphorie qui l’habitait jusqu’à son arrivée. L’homme qui squattait son entrée le crispait et l’empêchait de se concentrer. Il résolut de le recevoir afin d’avoir l’esprit libre.
Il prit son combiné :
– Yvonne, faites entrer ce monsieur.
La porte s’ouvrit violemment et l’homme s’engouffra. En un souffle, il était assis en face de Pierre. Il s’agrippait aux accoudoirs, de peur qu’on le déloge.
Pierre se rendit compte que l’entretien n’allait pas être facile avec cet individu, sans aucun doute, borné et têtu.
Il dit d’un ton sec :
– Qui êtes-vous et que puis-je, pour vous ?
– Entreprise de peinture Silva. Je suis monsieur Silva et je veux mes sous.
Pierre soupira. Évidemment, il aurait dû se douter qu’il s’agissait d’une question d’argent, devant son silence Silva répéta :
– Vous m’aviez promis de l’argent, il y a quinze jours et je n’ai rien reçu.
– Je ne suis pas au courant, c’est pour quelle affaire ?
– Rue de l’Observatoire. Madame Leston m’avait prévenu que vous payez mal !
– Si l'on paye mal, comme vous le dites, c’est sans doute que l’on n’a pas les fonds.
Pierre reprit son téléphone et demanda :
– Yvonne, pouvez-vous m’apporter le dossier travaux de la Rue de l’Observatoire ?
Il n’avait pas lâché le combiné téléphonique que, déjà, Yvonne entrait dans son bureau avec la chemise. Elle la déposa sur son bureau sans un mot. Elle s’enfuit, plus qu’elle ne sortit du bureau. Il la rappela. Elle entra, à contrecœur, comme dans une arène.
Pierre pensa qu’il ne devait pas avoir le moral, le jour où il l’avait embauchée. Elle avait toujours l’air accablé et n’était pas d’une grande aide les jours de crises. Ses épaules rentrées, son allure de bête, destinée à l'abattoir, attisait la vindicte de ses interlocuteurs. Il aurait dû engager une secrétaire, style cerbère, afin de le protéger des excités du genre Silva. Par contre, son air doux et servile était bien perçu par la plupart des clients normaux et surtout, il ne pouvait nier son travail efficace.
– Vous avez promis de l’argent à monsieur Silva.
– Non, monsieur, c’est la comptable, il appelle tous les jours depuis qu’il a déposé sa facture.
– On peut lui en donner ou pas ?
– Non, monsieur, le compte est vide.
Silva se leva et explosa :
– Pourquoi m’avoir commandé les travaux si vous saviez que vous ne pourriez les solder ?
Yvonne rentra davantage sa tête dans ses épaules, si elle continuait ce manège, elle ressemblerait bientôt à une tortue.
– Nous avons juste de quoi acquitter la facture d’eau, il restera 150 €. Je peux préparer un chèque si vous voulez, proposa-t-elle dans un souffle.
Cet air contrit excita davantage Silva :
– Je ne fais pas l’aumône, je veux mon dû.
– Combien doit-on à monsieur Silva ?
– 6 000 € environ, monsieur.
– C’est exact ! assura Silva. Et je veux cet argent de suite, je resterai jusqu’à ce que je l’aie.
– On vient de vous dire qu’il n’y avait pas de fonds disponibles !
– Je ne vous crois pas, d’ailleurs, madame Leston m’a…
– Ah ! Foutez-moi la paix avec madame Leston. Yvonne ! Préparez un chèque de 1500 €.
– Ce n’est pas possible monsieur, on sera à découvert !
– Je vous vois après pour les relances.
Silva, ne s’estimant pas satisfait, ajouta :
– Quand recevrai-je le solde ?
– Je ne sais pas.
– Je vous préviens, je ne reprendrai pas le chantier, tant que je ne serai pas payé.
Pierre Delorme se leva et ouvrit la porte de son bureau, pour indiquer à Silva que l’entretien était terminé.
– Je m’en occupe, au revoir monsieur Silva, ma secrétaire va vous préparer le chèque.
Silva se campa devant lui :
– Vous ne m’avez pas répondu pour le solde.
– Combien de fois faut-il, vous le répétez ! Je ne sais pas !
Pierre Delorme lui prit la main et sous prétexte de le saluer lui fit passer la porte, qu’il referma sur un tonitruant :
« Ça ne se passera pas comme ça ! Je vais aller voir madame Leston. »
Après avoir lu le courrier, répondu à quelques appels téléphoniques et signé les lettres préparées dans les trois parapheurs, il rappela Yvonne pour en finir avec ce contretemps.
– Je ne comprends pas pourquoi nous avons choisi un entrepreneur aussi désagréable et exigeant.
D’un air toujours aus

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