Chroniques de Concordia
144 pages
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Chroniques de Concordia , livre ebook

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Description

Dans la nuit du 4 décembre 1851, alors que Louis Napoléon Bonaparte tente de garder le pouvoir par la force, un groupe de jeunes orphelins tente de fuir; ils sont arrêtés par une lueur mystérieuse du fond de laquelle semble s’échapper le cri d’un enfant. Au même instant, dans un autre monde, un jeune prince d’à peine quelques mois, est arraché par son protecteur à la guerre sanglante qui fait rage. Alors qu’ils tentent de se réfugier sur la lune Hyponia, une lueur étrange les aspire. Le lecteur, entraîné par un narrateur qui en sait plus qu’il ne le dit, découvre le « Livre des livres », ouvrage ancestral qui tient lieu de porte entre les univers. Chaque personnage découvrira qu’il possède un double dans une autre dimension et que leur rencontre peut être aussi belle qu’explosive.

Informations

Publié par
Date de parution 31 mars 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782312030555
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0012€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Chroniques de Concordia
Pour mes filles, Sarah, Jeanne et Soline qui ne demandent qu’à rêver, et pour ma femme, Corinne, qui me permet de rêver aussi.
Olivier Clavaud
Olivier Clavaud
Chroniques de Concordia
Tome I : La Bouche d’Ombre












LES ÉDITIONS DU NET
22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
« La vie, le malheur, l’isolement, l’abandon, la pauvreté, sont des champs de bataille qui ont leurs héros ; héros obscurs plus grands parfois que les héros illustres. »
Les Misérables , Victor Hugo


















© Les Éditions du Net, 2015
ISBN : 978-2-312-03055-5
Avertissement au lecteur
Tout est fini.
Je dois témoigner pour que personne ne laisse plus les événements s’enchaîner ainsi.
Vous trouverez sans doute cela bien grandiloquent, exagéré, voire prétentieux. Il n’en est pas moins important que je témoigne.
De quelque dimension, monde, galaxie dont vous soyez originaires, sachez que l’Horreur guette en tous lieux. Elle est d’autant plus dangereuse qu’elle s’est tapie en chacun de nous. Le Bien et le Mal, je l’ai appris tout au long de ma vie, sont étroitement liés, comme deux frères ennemis qui aiment pourtant à se côtoyer.
Je dois, avant tout, vous assurer de la véracité de tous les éléments qui seront transcrits dans ces pages. Je n’écris que ce que j’ai vécu, vu, ou ce que l’on m’a raconté. Mais mes sources sont toujours sûres.
Si vous décidez de passer cette page et donc de vous lancer dans ce récit, vous devez savoir que nombre de vos certitudes vont voler en éclats. Vous serez transportés dans des mondes dont vous ne soupçonnez même pas l’existence. Pourtant vous comprendrez à quel point, nous tous, êtres du genre humain, nous sommes semblables, nous souffrons les mêmes traumatismes, nous rêvons les mêmes projets, fous parfois, nous ruminons les mêmes haines et soupirons les mêmes amours.
Si je veux vous entraîner dans ce récit, c’est pour vous montrer à quel point ce qui est écrit peut avoir une incidence. Non mon modeste ouvrage, mais tout ce qui, dans l’univers, guide les êtres.
Je veux ajouter ces pages au grand Livre des livres .
Partie I : Désolation
« Dans sa grande sagesse et dans sa grande méfiance, la Nature à toute chose a engendré son double pour que toute chose corrompue trouve en son semblable le remède à son mal. Chaque terre, chaque mer, chaque être vivant se pense un mais est deux »
Extrait du Livre des livres .
Chapitre 1
4 décembre 1851. Terre.
Arsène est un enfant, et il serait difficile pour quiconque de mesurer son bonheur en ce moment. Il court, caracole, gambade, secoué par son rire. Il est heureux.
– Monsieur Victor, Monsieur Victor, et ça, ça va ?
– Oui, oui, tout ce qui peut faire barrage aux troupes de l’imposteur est utile !
Arsène ajoute une vieille chaise sur l’amas de vieux meubles déposé à même le sol par les habitants de la rue.
Il fait froid mais Arsène ne possède qu’une fine chemise fanée. Il a à peine douze ans. Ses cheveux longs et inégaux sont sales et crépus mais respirent la liberté de celui qui arpente chaque jour les rues en quête de sa pitance, d’un nouveau jeu, de l’amitié, de la vie. Ses yeux, d’un marron profond, disent l’histoire d’un peuple qui a faim et qui se battra pour manger. Ils disent l’histoire d’un pays, l’histoire d’un monde. Son pantalon trop court recouvre des jambes qui ont grandi trop vite ; il est maigre de ne pas avoir assez mangé et d’avoir déjà trop vécu.
C’est tout un monde qui s’anime alors autour de lui, comme s’il ne vivait que pour lui, du moins comme s’il avait conscience que cette journée était la sienne.
Le tableau que je vais vous brosser vous semblera bien exagéré, sans doute vous direz-vous que j’en fais trop en tentant de vous apitoyer pour mieux retenir votre attention. Pensez ce que vous voulez, je ne vous souhaite pas, en tout cas, de vivre la moitié de ce que ce petit a vécu.
Sa vieille grand-mère lève les bras au ciel, implorant son petit-fils de cesser ses simagrées et de rentrer à la maison. Elle lui pose cependant son châle sur les épaules, l’embrasse sur le front et rentre chez elle. Elle sourit, timidement. Elle sait qu’elle ne peut rien contre l’enthousiasme de son petit, mais elle sait aussi, on le lui a lu dans un livre, que « La raison du plus fort est toujours la meilleure ». Elle se met à genoux entre son armoire en noyer et sa table, elle prie. Elle sait bien que si un dieu existe, il l’a abandonnée depuis longtemps, sinon pourquoi souffrirait-elle autant ? Pourquoi aurait-elle perdu sa fille et son gendre pendant les insurrections de 1848 ? Pourquoi à son âge et sans le sou aurait-elle dû élever son petit Arsène toute seule ? Elle sait que ce ne sera d’aucune utilité, mais elle prie ; elle sent que ce soir son malheur ne sera que plus grand, mais elle prie ; elle prie pour oublier qu’il ne sert à rien de prier.
Devant le rez-de-chaussée miteux de la vieille femme, un peu à l’écart, la Brûlée tend une gamelle pour recueillir les quelques sous qui lui permettront peut-être de passer l’hiver. Personne ne sait d’où elle vient, personne ne lui parle. A peine lui jette-t-on parfois un bout de pain quand on voit qu’elle s’affaisse dangereusement. Son visage est plié dans un châle gris. On devine à peine son regard clair. On ne le soutient jamais. Les cicatrices qui entourent ses yeux sont bien trop hideuses. Elles témoignent d’un terrible malheur et les gens la fuient par peur du mauvais sort. Elle ne quitte pourtant jamais la petite place, comme si quelque chose ou quelqu’un l’attirait en ce lieu misérable.
Arsène est rejoint par ses amis. On les appelle les Oubliés, si on est poli, mais le plus souvent, on les appelle les Pouilleux. Ils sont avec Monsieur l’Haricot. On le nomme ainsi parce qu’il est long, courbé, la tête en avant, ses épaules tombent comme pour chercher un réconfort, et quand il marche, ses longs pieds semblent se mouvoir comme deux chaises à bascule parallèles. Il a l’œil gauche crevé mais le second est vif comme celui d’un épervier. Toute la journée, il chasse avec ses recrues, il vole, c’est vrai, mais pour les nourrir, non pour dévaliser les parisiens plus chanceux qu’eux.
Il est assis sur un tonneau et il espère que cette journée engendrera un renouveau.
Parmi ses protégés, on trouve Fripouille, le vaurien, l’air féroce, le front plissé, les yeux noirs, les poings serrés.
Binocle, le maigrichon, faible mais réfléchi, il est le seul qui sache lire.
Quignon, rond et jovial, les yeux clairs, les joues roses et la culotte trop serrée. D’aucuns diront qu’il a beau rôle de se plaindre et de mendier alors que sa couenne ferait pâlir un veau de lait, pourtant on peut penser que parfois la nature fait bien les choses et qu’avec Quignon, elle fait un pied-de-nez au sort, comme si elle disait en s’esclaffant : « Regarde, regarde bien, tu l’affames et il reste rond, il est plus fort que toi ! ». Quignon a justement toujours faim et il doit faire preuve d’une ruse et d’une imagination sans pareilles pour dégoter suffisamment de nourriture.
Adèle est la seule fille du groupe. Ses cheveux roux comme la flamme lui ont valu plus de malheurs que de joies. Combien de fois l’a-t-on traitée de sorcière ? Trop souvent pour qu’elle puisse être heureuse. Ses yeux verts sont trop grands pour ce petit visage et ses jambes sont trop maigres pour soutenir son petit corps décharné, pourtant, elle joue ici avec les autres. Mais jamais personne n’entend le son de sa voix. Celle-ci s’est sûrement éteinte sous le poids d’un événement affreux. Elle vit avec Arsène, chez sa grand-mère, mais la pauvre femme est si diminuée qu’elle trouve bien souvent refuge parmi les Oubliés. Il faut dire que chacun de ces enfants est orphelin et que s’ils ont des souvenirs de jours meilleurs, ils les gardent pour eux, au fond de leurs petits cœurs. Tous les pouilleux ont un cœur.
Ces enfants jouent, inconscients, heureux, comme on se sent à l’aube d’un nouveau jour.
– Attrapez l’Guignon, attrapez l’Guignon ! s’égosille Arsène, son rire se mêlant à ses cris.
– Je l’tiens, je l’tiens par la queue, souffle Fripouille, allongé sur les pavés boueux, la queue d’un rat entre les doigts.
– C’te fois, j’te parie que j’le bouffe, ce crevard ! s’époumone Quignon en accourant péniblement vers la scène de capture. Mais son pied bute dans un banc renversé en bout de barricade et il s’écrase lourdement, poussant le cri d’un animal peureux, sur le pauvre Fripouille. Libéré, le rat détale et d’un bond, Il s’agrippe à la jambe du vieux l’Haricot. Des années plus tard, les témoins affirmèrent que quand il avait atteint son épaule, ils avaient entendu, pour la première fois, le rire d’un rat.
Alors que les enfants

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