Croque-monsieur

Diane Sansoucy

Description

i l’adolescence est un terreau fertile pour les sentiments troubles, l’âge adulte est résolument le temps des remises en question. Pour son deuxième roman, Diane Sansoucy délaisse donc l’univers exploré dans Fast Forward (1997) pour nous raconter la dérangeante histoire d’une femme marquée par l’adversité.
Voici un récit dont on ne peut sortir indemme tant la langue y est crue et tant les émotions y sont intenses. Croque-monsieur est un roman qui va au fond des choses sans compromis.
Lorsque, à 7 ans, on assiste à la mort de sa mère, on a de la difficulté à comprendre ce que la vie a de bon à nous offrir. Claudine, deuxième enfant d’une famille qui en compte trois, tente, tant bien que mal de se faire une vie à elle malgré ce traumatisme. Lorsque Madeleine, la deuxième femme de son père, se meurt du cancer, Claudine revoit le parcours accompli dans sa lutte pour la survie. Carburant à la culpabilité, elle ne se croit pas douée pour le bonheur. Son compagnon ne l’a-t-il pas quittée pour un homme ? Mais Claudine est une battante. Elle fait partie de ceux qui renaissent toujours de leurs cendres au prix de n’importe quelle douleur.

Sujets

• Croque-monsieur
• Roman

Informations

• Publié par: Québec Amérique
• Date de parution: 05 février 2013
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782764420119
• Langue: Français

Extrait

Littérature d’Amérique
De la même auteure
Fast Forward , roman, avec la collaboration de Maud Langlois, Montréal, Québec Amérique, 1998.

Données de catalogage avant publication (Canada)
 
Sansoucy, Diane
Croque-monsieur
(Littérature d’Amérique)
9782764420119
I. Titre. II. Collection : Collection Littérature d’Amérique.
PS8587.A373X76 2003
C843’.54
C2003-940275-4
PS9587.A373C76 2003
PQ3919.2.S36C76 2003

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©2003 Éditions Québec Amérique inc.
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Sommaire
Littérature d’Amérique De la même auteure Page de titre Page de Copyright Dedicace Portraits de famille 1 - Luc et Claudine, le premier matin 2 - La mort de Françoise Lambert 3 - Les nuits d’hôpital 4 - L’enterrement de Françoise Lambert 5 - Une nuit de crise, puis l’attente 6 - Au village et chez les Lambert, la vie, tant bien que mal, reprend son cours 7 - Luc et Claudine, un soir d’orage 8 - Le dernier Noël de Claudine et d’André 9 - La fuite de Claudine à Arles et la mort de Madeleine 10 - L’enterrement de Madeleine 11 - Claudine se souvient 12 - Le départ de Luc, le retour de Patrick Diane Sansoucy Croque-monsieur roman
À Serge, Gilles, Yves, André, Stéphane et Jean-François, pour la fin du monde, parce que « La fin n’annonce rien de bien sinon que c’est bien la fin. »
Patrice CHEVALIER, Crypte sombre
 
À Patrice et Christian, pour la suite du monde, parce que « Ceci n’est pas une complainte mais la réalité d’une fraction d’une seconde éternelle… … Qui prend nos rêves en otage et demande une vie comme rançon. C’est une infinité gigantesque, couleur d’un bleu ciel d’hiver Caressant les paupières de ceux qui osent regarder en l’air. »
Patrice CHEVALIER, Crypte sombre
 
 
À James, pour la suite et la fin de son histoire. À Lucie, pour le coup d’envoi d’une folle équipée. À Manon, pour le support quasi quotidien.
 
 
Et à Pierre, bien sûr, pour l’amour du monde.
« On ne saurait toujours dire ce que c’est qui enferme, ce qui mure, ce qui semble enterrer, mais on sent pourtant je ne sais quelles barres, quelles grilles, des murs. … Sais-tu ce qui fait disparaître la prison ? C’est toute affection profonde, sérieuse. Être amis, être frères, aimer cela ouvre la prison par puissance souveraine, par charme très puissant. »
Vincent VAN GOGH, Lettres à Théo
 
 
« L’art c’est un combat – dans l’art, il faut y mettre sa peau. »
Jean-François MILLET
Portraits de famille

La famille Lambert
Claire et Louis-Étienne Lambert
André Lambert : le fils de Claire et de Louis-Étienne
Françoise Perron-Lambert : la première femme d’André
Brigitte, Claudine, Robert Lambert : les enfants de Françoise et d’André
Madeleine Rancourt-Lambert : la deuxième femme d’André
Étienne Lambert : le fils de Madeleine et d’André
Marco Ferland : le mari de Brigitte
leurs enfants : Amélie, Vincent, Laure, Nicolas et Marc-André
Louison Dagenais-Lambert : la femme de Robert
leurs enfants : Marie-Gabrielle, Julien et Martin
 
Daniel Coulombe : l’ex-mari de Claudine
Luc Tourangeau : l’ex-conjoint de Claudine
Michael Laird : le conjoint de Luc
Patrick Gauthier : un ami de Claudine

La famille Perron
Évelyne et Maurice Perron : les parents de Françoise
Carmen Perron : la sœur de Françoise

La famille Rancourt
Clémence et Charles « Charlie » Rancourt
leurs enfants : Madeleine, Jacques « Jack », Simon « Sim » et Manon Rancourt
Adrienne Bertrand : la sœur de Clémence
Michelle Cormier : la conjointe de Manon Rancourt
leur fille : Gaëlle

En arrière-plan
Claude et Anne Dupras : le médecin du village et sa femme
Mathieu Brisebois : l’employé de la menuiserie
Sophie : la femme de Mathieu
M me Damphousse : la femme de ménage des Lambert
Carole Masson : la maîtresse de Maurice Perron
Odette Guimond : la maîtresse d’école
Mochon : l’artiste du village

La famille arlésienne
Manuel : le serveur du café
Laurent et Guillaume : le couple d’amoureux
Armand : le veuf marmonnant
El Corps d’Obèse : le matador
Le Malamuth : le chien de l’hôtel
1
Luc et Claudine, le premier matin
la femme cassée ; portrait d’un homme ; l’homme debout; fleurs dans un vase bleu.
 
 
 
 
 
 
J e suis tout étonnée de trouver Luc dans mon lit. Il dort comme un petit enfant, les poings au creux des joues. Même au plus terrible de nos nuits, son sommeil a toujours été paisible, chose que je lui enviais férocement au point d’avoir envie de le réveiller à grands seaux d’eau glacée. Évidemment, ni Chakipu, enroulé autour de sa tête, ni Belzébuth, vautré à ses pieds, n’ont daigné faire mieux que de dresser une oreille et de lever mollement une paupière lourde pour saluer mon arrivée. Le charmeur les a séduits. Je suis séduite aussi, avec une pointe de nostalgie qui me pique le coin des yeux.
Exactement le même, toujours aussi beau, le salaud. Après une nuit blanche, moi, il me semble que les kilos que j’ai pris depuis son départ pendouillent partout autour de mon corps, que j’ai le visage craquelé comme une vieille potiche. Je suis fatiguée, immensément fatiguée. J’aurais presque envie de me glisser contre lui, de refaire mon nid au creux de son corps. Il n’a pas changé, huit ans plus tard, c’est la même image, celle que j’ai fait ressurgir durant des mois quand j’avais envie de m’apitoyer sur mon sort. Le même, mais pas tout à fait : il n’y avait pas la longue cicatrice de l’épaule à l’omoplate qui me fait la grimace dans la lumière du petit matin.
La cuisine est rangée, la litière est changée, la table est mise pour le petit déjeuner. Il y a des fleurs dans un vase que je ne connais pas, un grand vase bleu assorti aux couleurs de l’appartement. Il savait que je n’en aurais pas. Des fleurs de la maison, de chez Madeleine. Enfin, de chez lui maintenant. Leur gaieté me choque ; trop vivantes, trop colorées, elles appartiennent à la chaleur et au soleil de ce mois de mai guilleret. Tout devrait être gris et terne devant la mort, un départ qui vous tue devrait envahir le monde, le laisser aussi morne et aussi laid que ces longs jours d’agonie.
Tout me blesse ce matin. Je ne veux pas du jour qui vient ni des autres, après. Je ne veux pas de Luc dans mon appartement. Je ne veux pas de Luc dans la maison de mon enfance. Je ne veux pas de ces nuits qui m’attendent, combien encore, à tenir la main d’une femme qui se débat pour gagner quelques heures sur la vie. À guetter sa respiration, le ventre convulsé au moindre raté. À errer dans les corridors sombres de l’hôpital, pleins de ronflements et de gémissements, pour me dégourdir un peu. À boire du café fadasse dans des verres mous, pour redonner un peu de chaleur à mon corps glacé. À me laver et à me relaver les mains imprégnées d’une odeur qui me révulse le cœur. Je me sens sale, la mort me colle à la peau, je sens le croque-monsieur. Je ne savais pas que la mort sentait le croque-monsieur.
Je ne veux plus rien accepter, je ne veux plus rien comprendre, je ne veux plus rien tolérer. Autant j’ai déjà pu désirer qu’il reste, autant je voudrais que Luc s’en aille. Reculer le temps de quelques sema