Dernier élément

Charlie Bregman

Description

Un homme est dans sa voiture. Dans sa boîte à gants est caché le revolver qu’il se mettra sur la tempe dans quelques minutes. À 24 ans, c’était le feu, qui avait fait basculer le cours de sa vie sentimentale. Six ans plus tard, c’était l’air, ou plus précisément le manque d’air, qui lui avait arraché Florence. Et puis après une longue période de reconstruction, à la suite de laquelle il avait réussi à fonder une famille, un nouvel élément s’était dressé contre son bonheur : l’eau. Mais quel rôle jouera le dernier élément manquant, dans son destin ?

Sujets

• Short Stories
• Fiction
• Short story

Informations

• Publié par: Iggybook
• Date de parution: 14 octobre 2014
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782363154408
• Langue: Français

Extrait

Table des matières DERNIER ÉLÉMENT VOUS AVEZ AIMÉ CETTE NOUVELLE ?VOUS AIMEREZ SANS DOUTE… POUR RETROUVER LE SOURIRE MON PROCHAIN ROMAN POUR LA LIBERTÉ POUR ALLER MIEUX TOUT CHARLIE DROITS D’AUTEUR

 
DERNIER ÉLÉMENT
 
 
Devant moi, les pins, la plage, et puis la mer. Toutes ces vaines agitations qui viennent s'échouer sur le rivage. Tout ce flux et reflux incessant qui lisse tous les reliefs.
Un homme aux cheveux grisonnants fait son footing. Il en bave, mais il court quand même. Il ira jusqu'au bout. Ou du moins au bout de cette plage. Après, comme tout le monde, il finira par s'essouffler. Ils finissent tous par s'essouffler à un moment ou à un autre. Celui-ci ne fera pas mieux que les autres. Son allure montre déjà des signes de faiblesse.
Un dalmatien court dans tous les sens. Il évacue son trop-plein d'énergie. Toute cette énergie trop contenue et qui ne lui sert à rien. Son maître le siffle. Il ouvre le coffre de sa fourgonnette et le fait remonter dans l'habitacle.
Plus loin, le propriétaire du bungalow de location de jet skis s’assoit sur la souche d’un pin. Sa collègue le rejoint. Ils ne se parlent pas. Il a dû se passer quelque chose entre eux. Elle veut construire une histoire avec lui, et lui n’en veut absolument pas. Il se lève, il veut repartir, il ne la regarde même pas. Elle s’interpose. Elle lui délivre ces mots qu’il ne veut pas entendre. Elle se serre contre lui, se raccroche à sa taille, repose son âme contre son torse. Lui, il reste stoïque. Insensible. La tête haute, le regard au loin, les bras le long du corps, tendus comme des arbalètes. Cupidon a oublié de lui adresser une fléchette. Elle finit par se détacher de lui. Ils se disputent. Il a ce geste des bras qui semble dire « Et qu’est-ce que j’y peux, moi ? » et il repart. Il rejoint le ponton et remonte sur son jet ski. Elle reste là un moment, devant le spectacle de ce cœur de pierre qui ne tombe jamais à l’eau. Et puis elle fait demi-tour, se sèche les larmes, et repart. Dommage. Elle ne le verra pas dans cette dernière acrobatie improvisée qui vient de lui faire avaler toute la justice des flots.
Moi, je suis dans ma voiture. Sur le parking. Le temps est complètement pourri, aujourd'hui. Il ne pleut pas, mais tout est gris. Tout est fade, tout est sans contraste.
À l'image de ma vie, finalement. Un grand tableau bien sombre dans lequel il aura toujours manqué l'audace des couleurs. Mon peintre manquait sans doute un peu de folie.
Seule la folie donne un sens à l’insupportable.
 
Comment ai-je pu croire que mon bonheur pouvait se réaliser ? Comment ai-je pu me laisser imaginer, ne serait-ce qu'une seconde, que ma vie pouvait soudain changer alors que tout a toujours été comme ça ?