Des steaks pour les élèves
201 pages
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Des steaks pour les élèves , livre ebook

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Description

Après nous avoir donné Amour et pince-monseigneur (finaliste au Prix France-Québec), François Désalliers signe ici le « grand roman » que nous attendions sur l'école, l'enseignement, les professeurs, les élèves... et sur cet univers scolaire si quotidiennement important... dont nous parlons pourtant toujours si maladroitement.
François Désalliers est professeur de théâtre dans une école secondaire. Il écrit donc en toute connaissance de cause...
Clarence, comédien en mal d'emploi, accepte l'offre de la directrice de l'école de son quartier : il deviendra professeur de théâtre en troisième secondaire. La directrice s'appelle Tigre et a une chevelure de terre brûlée. Voilà. C'est tout dire. Voici un roman où se mêlent réalité et fantasme. La question qui se pose : Clarence s'en sortira-t-il vivant?
Entouré de Pénélope, sa femme contorsionniste au Cirque du Soleil, de Miss Smalwood, la jolie anglaise aux lèvres charnues, de Barjo, l'amateur de bons vins, de Guenille, l'itinérant qui habite le garde-robe du local de théâtre, il affrontera les fauves et surtout la redoutable Tête-bêche qui ne veut rien de moins que sa peau.
Voici un roman d'aventure. Une aventure moderne et rocambolesque sur le monde de l'éducation. Tous les enseignants y reconnaîtront leurs phobies nocturnes les plus inavouables, plusieurs élèves leurs fantasmes et leurs pulsions les plus assassines.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 février 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782764417904
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Littérature d’Amérique
Du même auteur
Amour et pince-monseigneur , roman, Éditions Québec Amérique, 1999.

Données de catalogage avant publication (Canada)
 
Désalliers, François
Des steaks pour les élèves
9782764417904
 
I. Titre.
 
PS8557.E678D47 2000 C843’.54 C00-941129-1 PS9557.E678D47 2000 PQ3919.2.D47D47 2000
 
 
 
Les Éditions Québec Amérique bénéficient du programme de subvention globale du Conseil des Arts du Canada. Elles tiennent également à remercier la SODEC pour son appui financier.


Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour nos activités d’édition.
 
 
 
©2000 ÉDITIONS QUÉBEC AMÉRIQUE INC.
www.quebec-amerique.com
 
 
Dépôt légal : 3 e trimestre 2000 Bibliothèque nationale du Québec Bibliothèque nationale du Canada
 
 
Mise en pages : André Vallée
Sommaire
Du même auteur Page de titre Page de Copyright CHAPITRE 1 CHAPITRE 2 CHAPITRE 3 CHAPITRE 4 CHAPITRE 5 CHAPITRE 6 CHAPITRE 7 CHAPITRE 8 CHAPITRE 9 CHAPITRE 10 CHAPITRE 11 CHAPITRE 12 CHAPITRE 13 CHAPITRE 14 CHAPITRE 15 CHAPITRE 16 CHAPITRE 17 CHAPITRE 18 FRANÇOIS DÉSALLIERS Des steaks pour lis élèves
À Brigitte
Leur férocité serait mon pain quotidien. Paul Guth La tigresse
 
 
Sol et Gobelet Sont de drôles de pistolets Luc Durand
CHAPITRE 1
Clarence dormait profondément. Il était enfoncé dans son lit sous une pile de couvertures chaudes et moelleuses. Il était heureux. Clarence n’était jamais aussi heureux que lorsqu’il dormait. Il s’étendait de tout son long dans son lit douillet, repoussait les oreillers qui tombaient parfois sur le sol, s’étirait, poussait maints soupirs d’aise et de satisfaction profonde et il dormait. Il oubliait tout. Plus rien n’avait d’importance pour lui. Il avait une faculté extraordinaire d’oubli.
Quand le téléphone sonna dans la cuisine, il n’eut pas l’intention de se lever. Il devait penser que le répondeur ferait son travail et prendrait sagement le message. Dans les brumes de son rêve il entendit, vaguement, le premier son strident de l’appareil, puis le second, puis le troisième. Au quatrième coup, à la quatrième semonce, normalement, le répondeur entrait en action. Mais ce n’est pas ce qui se produisit. Clarence s’agita. Remua. Il avait chaud, très chaud. Il sentit soudain une main appuyer sur la montagne de couvertures et une voix familière lui susurrer à l’oreille :
— C’est pour toi.
— Mmm… Qu’est-ce que c’est ?
La voix se fit plus insistante:
— C’est pour toi le téléphone. Lève-toi, Clarence !
Quelle horreur ! Un pied pâle émergea du magma des couvertures et tâta l’air froid de la chambre. Puis la tête ébouriffée de Clarence surgit, quelque part, et glissa le long du mur sur lequel étaient appuyés d’ordinaire les multiples oreillers dans lesquels il se calait lorsqu’il lisait le soir avant de s’endormir. Sa femme attendait au pied du lit.
— Alors ? Tu arrives ou quoi ?
— Oui, oui…
Clarence d’un coup sec repoussa les couvertures et il se retrouva assis sur le bord du lit. La tête lui tournait. Il regardait ses deux pieds maigres posés faiblement sur le sol. Il les considéra un long moment avec sollicitude. Il semblait les prendre en pitié ou se demander ce qu’ils faisaient là.
— Tu y vas ? reprit sa femme avec un début d’impatience à peine perceptible dans la voix.
— C’est qui ?
— Sais pas…
— Bon, bon…
Il chercha son caleçon en se grattant le crâne et ne parvint pas à le dénicher. Il se leva, regarda autour de lui pendant que sa femme retournait dans la cuisine. Il entendit :
— Un instant…
Il se dit qu’il serait temps qu’il trouve son caleçon.
Après un long moment d’absence, il crut voir une chose blanche accrochée au portemanteau près de la porte et il pensa qu’il pouvait s’agir de l’objet. Il tendit les bras. Une de ses mains, comme par hasard, agrippa le portemanteau. Clarence put ainsi retrouver le sens de la perspective et une vision plus nette de ce qui l’entourait. Il faut dire qu’il lui arrivait souvent de ne pouvoir s’extraire du rêve, même éveillé. Bref, il porta son attention sur le bois blond du portemanteau et sur la chose blanche suspendue à un long crochet en laiton doré. Il s’agissait bien de son caleçon et il semblait même assez propre. Il l’enfila rapidement, vu les circonstances, et déboucha dans le passage menant à la cuisine. Sa femme lavait la vaisselle. Il saisit le combiné.
— Allo ?
— Tigre ! s’exclama une voix de femme. Vous vous souvenez de moi ? J’aurais un petit service à vous demander. J’aimerais que vous veniez me voir…
— Ah ? Euh… Oui… Oui… Quand ?
— Quand vous voudrez.
— C’est que je suis un peu occupé en ce moment.
Sa femme le regarda de biais en essuyant une assiette puis elle la déposa dans l’armoire. Clarence se demanda si elle avait ou non poussé un long soupir.
— J’ai beaucoup de sommeil à rattraper, dit-il enfin.
— Écoutez, reprit Tigre, prenez le temps de vous reposer, mais je vous attends demain matin à neuf heures dans mon bureau.
Clarence dit:
— Merci.
Mais il ne savait pas pourquoi. Tigre raccrocha aussitôt. Clarence calcula que, pour être dans le bureau de cette tigresse qui se faisait appeler Tigre le lendemain matin à neuf heures, il lui faudrait se lever à huit heures, le lendemain ! Sa femme rangeait les ustensiles dans un tiroir et ça faisait un bruit sec.
— Bon, se dit-il.
Et il retourna se coucher.
 
— Qu’est-ce que tu vas faire ? lui demanda sa femme.
Clarence mangeait des céréales. Depuis des années il vivait d’expédients, de petits travaux, des bricoles : narration, commerciaux, postsynchronisation… rien de sérieux. Il vivotait. Et avec quatre enfants, c’était plutôt stressant… Sa femme, contorsionniste, faisait toutes sortes d’acrobaties pour arrondir les fins de mois. Mais bon, ils se débrouillaient. Miam-Miam, leur chatte noire et blanche, vint rôder autour de la table puis elle monta sur une chaise et elle observa Clarence en plissant ses yeux verts. Son poil était lustré et soyeux. Elle attendit. Clarence la regarda mais ne lui donna rien à manger. Elle en eut assez et se rendit à son bol de nourriture, près de la cuisinière. Griffatout, l’autre chatte, bondit dans les airs sans aucune raison à l’approche de Miam-Miam et Clarence pensa qu’elle était bien jeune : elle devait avoir trois ou quatre mois ; Clarence ne le savait pas. C’est sa femme, Pénélope, qui l’avait achetée sans lui en parler. Elle était très belle, tigrée, et Pénélope n’avait pu résister. Miam-Miam était plus âgée ; elle devait avoir près de deux ans.
— Je vais y aller, dit enfin Clarence. Je verrai bien.
— Bon, se dit Pénélope. Ça ne peut pas faire de tort, un peu de sécurité.
 
Clarence se rasa, prit sa douche, s’habilla. L’école n’était pas très loin de son domicile et il marcha. C’était une belle journée d’été. Le soleil se découpait dans le ciel bleu et il y avait par-ci par-là quelques nuages blancs qui étaient là simplement pour le plaisir ; ils avaient l’air de curieux, de voisins, d’amis. Clarence ne sifflait pas. Il ne sifflait jamais, mais il avait toujours sa musique intérieure, comme un transistor dans sa tête, qui l’accompagnait. Clarence ne remarquait pas les oiseaux. Il ne connaissait rien aux oiseaux. Il n’aurait pu distinguer un chardonneret jaune d’un merle d’Amérique, mais il était heureux de marcher sur le trottoir et il souriait béatement.
 
Quand il arriva devant le portail de l’école, il allongea le pas et passa sous les grands érables de l’allée qui le conduisit à l’entrée principale. Il chercha puis finit par dénicher l’antre de Tigre. À voir son bureau dégagé, il comprit qu’elle l’attendait : elle avait envoyé promener toutes ses affaires par terre. Elle n’avait gardé, sur son meuble en noyer, qu’un très grand sous-main gris perle sur lequel elle avait appuyé son coude et elle brandissait sa main droite dans un angle de quarante-cinq degrés.
— Entrez, monsieur Duval ! Venez vous asseoir. Nous allons faire une partie de bras de fer !
Il se demanda un moment s’il rêvait. Mais non ! Bien réelle, Tigre était moulée dans un costume en nylon, très seyant, aux couleurs criardes et elle était visiblement très heureuse de se mesurer à Clarence. Il pénétra dans la pièce éclairée par la lueur bleutée du moniteur installé dans la bibliothèque et s’assit sur la chaise indiquée. Il empoigna la main tendue de Tigre

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