Hippie pacifique
220 pages
Français

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Hippie pacifique , livre ebook

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Description

Partir à la quête de soi-même, affronter les pulsions adolescentes, découvrir Tahiti d'une façon très étrange et nourrir une relation incestueuse... voilà la vie de Svan, 15 ans, abandonnée par une mère et un père pour lesquels tout meurtre serait justifié par le hasard. Cette quête impossible commence sur les hauteurs de Tahiti, dans ce vert végétal intense, avec la rencontre d'un vieil original et le besoin de se dissimuler, et de disparaître du système pour mieux se retrouver.
En Islande, Sven attend le moment propice pour s'évader de son île de Grimsey et rejoindre sa sœur sur Tahiti.
L'histoire s'accélère, les cœurs aussi, la référence à Robinson n'est pas loin. Elle se fait au bout d'un chemin difficile pour Svan.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 juin 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332951106
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-95108-3

© Edilivre, 2015
Hippie pacifique I


« Il faudra dire et redire que nous ne savons rien,
Que nous ne nous souvenons de rien
Et que l’Homme est un piètre menteur ».
Sven Svensson ( L’écrivain universel, 1993)
J’avais connu L’Afrique. Je l’avais côtoyée. Mais le temps avait eu raison des envies de voyages de mon père adoptif. Après une période de tumulte, nous nous étions basés en France dans un bon confort. Ma sœur naquit sur ces années de tranquillité.
J’avais douze ans et il était clair que je ne partagerai jamais quoi que ce soit avec elle. L’écart d’âge était trop grand. Ma mère n’étant pas la mienne, il était impossible que celui qui se présenta comme mon père biologique, soit le mien. J’acceptais l’impossible en disant bonjour à Ali. Il resta froid et distant. Il ne m’avait jamais connue et je ne lui devais rien. Mais dès son arrivée dans ma vie, ma crainte d’être de trop devint véritable.
Il voulait voyager. Ma mère fut séduite par ses allures de hippie. Ils voulurent gagner la Polynésie, convaincus sur le tard qu’ils se « trouveraient » et qu’ils se referaient hippies là-bas dans les années 80 comme dans les années 70.
Mon père adoptif laissa partir ma mère à la condition qu’elle me prenne également. Il s’imaginait déjà mal tout seul avec un bébé et il lui parut impossible de s’occuper de moi en plus. Le fonctionnement de mes parents était très libre : si ma mère voulait partir, qui plus est avec un ancien copain, elle pouvait le faire. Mon père ne la retiendrait pas. Mais la perspective de m’avoir avec elle durant son initiation personnelle n’enchantait guère ma mère. Ayant déjà abandonné une fillette en Afrique, elle venait de se rendre compte qu’il lui serait difficile de chercher à me refiler en Polynésie. Elle serait patiente : j’entrai dans l’adolescence, elle n’en aurait plus pour longtemps avant de me voir partir définitivement.
Nous partîmes ainsi un matin tous les trois, Ali, ma mère et moi, pour un voyage que mes parents potentiels espéraient secrètement sans retour.
I
La vallée s’élargissait vers la mer, étendant sa végétation dense au-delà des premières habitations de la plaine océanique. La chaleur était tempérée par un vent constant et fort qui surgissait brusquement derrière les derniers contreforts de l’île. Je retroussai mon paréo, courus jusqu’à la barrière du belvédère et me penchai sur le vide. Je n’abordais jamais le haut belvédère sans regoûter à ce plaisir d’enfant, fait de peur et d’émerveillement, que me donnait la vertigineuse coulée verte, surgie là-haut parmi les sommets, glissant ensuite et s’enflant sauvagement à travers les rochers. Elle prenait naissance là-haut parmi les aigles des mers, aux pieds du Dieu Noir. Puis, à mi-hauteur, là même où je me trouvais, changeant soudain de pente, tombant presque à pic vers la côte, elle s’évasait et s’épanchait avec grâce dans la blanche capitale allongée aux flancs du lagon de Tahiti.
Cette fois encore, j’avais insisté pour accompagner mes parents qui descendaient du Sanctuaire Abandonné où se trouvaient nos cases solitaires. Et à ma grande surprise, ils avaient accepté tout de suite, Eliane avec un sourire indulgent et Ali avec un haussement d’épaules résigné. Je m’étais dit : « lui est toujours aussi indifférent, mais Elle est d’ordinaire beaucoup plus désagréable ». Ils avaient marché en me gardant entre eux sur l’étroit chemin accidenté qui descendait à travers les arbustes épais. La végétation débouchait sur un plateau stérile, large marae où se dressaient les statues de pierres, face à la mer. Une fois arrivés sur le grand plateau du belvédère, ils m’avaient laissée vagabonder librement devant eux et j’avais folâtré en criant de joie à travers l’immense verger redevenu sauvage qui ornait jadis le Palais du Gouverneur. Je m’y étais arrêtée pour y cueillir une mangue puis j’avais repris ma course à travers une petite place pavée et déserte. Une curieuse cabine téléphonique rouge surplombait la vallée, à côté d’une paire de jumelles payantes desquelles je tentai de scruter l’horizon. Tandis que mes parents me rejoignaient, je m’accoudai à la rambarde et me laissai griser par l’impétueux dévalement de la verdure et le paisible panorama de la ville étalée sur la côte. Eliane et Ali se disputaient et leurs paroles parvenaient jusqu’à moi. Je tentai d’oublier mes parents en laissant mes yeux errer sur les premières villas ceintes de petits jardins fruitiers, les grands hôtels aux terrasses élevées couvertes de parasols et aux baigneurs qui préféraient la piscine au Pacifique.
Le vent fraîchit et tourna soudain dans mon dos, soufflant désormais de la montagne vers la mer et dispersant vers le large les bruits du port. Je saisis alors à peine la conversation animée de mes parents à côté de la cabine rouge mais le ton qu’ils donnaient offrait une idée de la tension de leur conversation. Je m’efforçai de les oublier en regardant les jet ski aller et venir sur l’océan. On devinait au loin l’île voisine, haute et majestueuse qui plongeait dans la mer sans lagon. Je replongeai mon regard sur la côte de Tahiti, les premières villas riches étaient entourées d’épais parcs multicolores. Je m’imaginai enfant riche et belle allant dans le doux vent du matin, foulant l’herbe haute dont le crissement sous mes pas serait le seul bruit de cette vie divine.
« Ils ont dû commencer à se disputer dans le verger, me dis-je à mi-voix, c’est pour ça qu’ils m’ont laissée courir comme je voulais ! Et ils sont restés près de la cabine parce qu’Eliane va appeler son frère en Islande. Elle est venue pour ça au Belvédère et Ali l’a suivie pour l’en empêcher ! Elle espère que Sven viendra vivre avec nous ici, elle est heureuse. Mais je suis tout de même contente ! Quand je pense à tous les petits bons moments avec elle, c’est un peu comme si elle m’aimait ».
Je retirai mes pieds d’entre les barreaux de la barrière qui surplombait le belvédère et me retournai pour regarder mes parents. Eliane et Ali étaient appuyés chacun de chaque côté de la cabine et je les trouvai assez séduisants. Ali était grand et athlétique, d’allure un peu militaire avec ses cheveux rasés. Pour sa dégaine, il était sobrement vêtu d’un short et d’une chemisette clairs taillés sur mesure. Eliane, quant à elle, avait gardé un corps d’adolescente, mince et pulpeuse. Déhanchée contre la cabine, elle exposait ses épaules nues au soleil dardant et était simplement vêtue d’un paréo bleu-vert accroché à son cou par de minces rubans et s’arrêtant à mi-cuisses. Le vent en entrouvrait les pans et faisait tournoyer ses longs cheveux blonds-roux autour de son visage. Je les observais encore, sans les écouter, et comme ils se parlaient avec des gestes lents et des moments de silence, je prédis avec un petit rire sans illusions : « ils ne vont plus se battre longtemps maintenant, ils se fatiguent à chaque fois de plus en plus vite ! Puis, je repris un air grave et me dis : « Ce ne sont pas eux qui pourront me sauver ! ».
Arrachant une feuille de Bougainvillier, je me remémorai les deux dernières disputes de mes parents à propos de mon oncle Sven : « La semaine dernière, c’était à la maison, au Sanctuaire, déjà à cause de Sven, ils ont commencé tôt le matin, quand Ali est revenu avec Peter de la cueillette des ananas, et ça a duré jusqu’au repas quand Eliane a dit : « ça suffit, on mange ! Peter, tu nous a préparé de la viande ? ». Et c’était vrai, il avait fait rôtir un lièvre sur une baguette devant sa grotte, et on a commencé à le manger. C’était délicieux, la peau était craquante et Ali a mangé sans rien dire ».
« La fois d’avant, j’ai oublié, c’est loin, ah oui, c’était moi qui revenais de la côte avec Peter. Il faisait nuit, ils se disputaient déjà et on a mangé seuls, Peter et moi, du poisson et des urus. Eux, ils ont continué toute la nuit, je ne pouvais pas dormir et je suis allée rejoindre Peter dans sa grotte. Il m’a donné une natte. C’était bien, il faisait frais et très calme aussi. On entendait juste les gouttes d’eau tomber du plafond. Peter est sympathique, il est toujours plein de bonnes attentions pour moi ! »
Les yeux fixés sur un bel avion de ligne brillant comme du verre dont le train effleurait déjà silencieusement la longue piste tendue par-dessus le lagon, j’entendais la voix aigre et hachée de Ali qui répétait : « encore ton frère, toujours ton frère ! Il n’a rien à t’offrir cet avorton ! Ne peux-tu pas le laisser où il est ? Crois moi, j’espère que tu me trouves beau, parce qu’avec sa gueule cassée, ton frère me dame encore et toujours la place ! Tu n’es qu’une idiote !
– Tais-toi ! Tu n’y comprends rien ! Je ne sais pas si Sven m’aime encore, mais il mérite que je l’aime comme je n’ai jamais aimé personne ! Je n’ai jamais rien trouvé chez lui qui rappelle ta médiocrité !, répliqua Eliane avec force. Et elle s’était enfermée dans la cabine, cherchant fiévreusement sa carte. J’avais pris peur : les colères de ma mère étaient terribles.
« Mes parents se disputent ! Ils ne s’aiment plus, ils ne s’aimeront plus jamais et ils n’aiment pas Svan non plus ! » Me dis-je doucement, usant de ce dédoublement qui m’était devenu familier depuis ma treizième année, lors de mon arrivée à Tahiti, trois ans plus tôt, quand j’avais brusquement renoncé à les appeler Papa et Maman. C’était avant leur premier bain dans le lagon. Ali s’était approché d’Eliane dont le corps harmonieux attirait tous les regards dans un petit maillot blanc, l’avait giflée sans explications et lui avait appliqué une solide claque sur les fesses en lui ordonnant de tout enlever. Eliane, sans marquer de surprise, avait rendu

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