Il est venu avec des anémones
58 pages
Français

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Il est venu avec des anémones , livre ebook

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Description

Dans ce recueil de nouvelles, Lyne Richard aborde une obsession qui lui est chère : l’eau. Une mer ici pleine de désespérance, remplie d’un siècle et demi de douleurs et d’amours naufragées. Divisées en deux parties, les «acteurs» et les «scènes», les vingt et une nouvelles qui composent ce recueil vous transportent dans un écosystème où les travers humains sont exacerbés par un habile chant choral aux accents poétiques. L’auteure sait résolument installer une atmosphère à la fois étonnante et inquiétante dans un lieu qui n’est pas sans rappeler le Griffin Creek d’Anne Hébert.
Roses-sur-Mer est un bien étrange coin de pays. On pourrait même dire que cette petite localité en bordure de l’eau est un personnage en soi tant elle exerce une influence sur le comportement de ses résidents, estivants ou permanents. Selon la croyance populaire, on dit même que « la mer sort ses couteaux la nuit et vient trancher les cordes vocales de ceux qui n’ont plus assez de mots pour la douleur. » C’est donc dans ce terreau fertile en rebondissements que le lecteur fait la rencontre de personnages singuliers, à commencer par la figure emblématique de Rose, décédée mystérieusement en juillet 1846, et qui serait peut-être à l’origine de la malédiction. Pas de répit donc pour ces bonnes gens aux destins entrecroisés. Car qui dit petite ville dit aussi absence de vie privée…

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 février 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782764420003
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Littérature d’Amérique
 
Collection dirigée par Normand de Bellefeuille et Isabelle Longpré
De la même auteure
 
Adulte
Marcher pieds nus sur nos disparitions , Les Éditions David, 2009 (poésie).
Le Bruit des oranges , Éditions Québec Amérique, Collection Littérature d’Amérique, 2007 (roman).
La patience des cerfs-volants suivi de Le bruissement des cendres , Les Éditions David, 2007 (poésie).
Tout ce blanc près de l’œil , Les Éditions David, 2006 (haïkus).
Dans l’infini du rouge , Le Loup de Gouttière, 2002 (poésie).
La nuit fait semblant de mourir , Le Loup de Gouttière, 2000 (poésie).
Agenouillée dans vos bouches , Le Loup de Gouttière, 1999 (poésie).
Une dernière pomme en septembre ou ailleurs , Le Loup de Gouttière, 1997 (poésie).
Les soifs multipliées , Le Loup de Gouttière, 1994 (poésie).
 
Jeunesse
La Nuit Woolf , Éditions Québec Amérique, coll. Titan+, 2009.
Le petit soleil amoureux , Le Loup de Gouttière, coll. Les petits loups, 2000.
 
Autres
Poèmes et nouvelles parus dans une quarantaine de collectifs (STOP, Arcade, Estuaire, Moebius, Exit, etc.).
Poèmes affichés dans le métro à Montréal dans le cadre de l’événement POÉSIE DANS LE MÉTRO en 2003 et en 2005.
Poèmes affichés dans les autobus de la ville de Trois-Rivières en août 2001.
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
 
Richard, Lyne,
Il est venu avec des anémones (Littérature d’Amérique)
9782764420003
I. Titre. II. Collection: Collection Littérature d’Amérique.
 
PS8585.I146I4 2009 C843’.54 C2008-942305-4 PS9585.I146I4 2009


Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour nos activités d’édition.
 
Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.
 
Les Éditions Québec Amérique bénéficient du programme de subvention globale du Conseil des Arts du Canada. Elles tiennent également à remercier la SODEC pour son appui financier.
 
 
Québec Amérique
329, rue de la Commune Ouest, 3 e étage
Montréal (Québec) Canada H2Y 2E1
Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010
 
Dépôt légal : 1 er trimestre 2009
Bibliothèque nationale du Québec
Bibliothèque nationale du Canada
 
Mise en pages : Salah Amrane
Révision linguistique : Diane-Monique Daviau et Diane Martin
Direction artistique : Isabelle Lépine
Adaptation de la grille graphique : Célia Provencher-Galarneau
 
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés
 
© 2009 Éditions Québec Amérique inc.
www.quebec-amerique.com
 
Imprimé au Canada
Sommaire
De la même auteure Page de Copyright Page de titre Epigraphe Roses-sur-Mer L’histoire de Rose Au commencement était la chair Retour Le vingt-huit août 1989 L’ invitation Les crayons feutres Le voyage Une robe en coton jaune Madame Mado Vous La femme que j’aime Ma mémoire d’elle L’enquêteur Océane Menthe poivrée Prendre la route Ce que dit Juliette Ça Il est venu avec des anémones Cet été-là Lyne Richard Il est venu avec des anémones nouvelles

Et je veille au fond de chaque blessure
Gatien Lapointe
Roses-sur-Mer
Dans cette ville, on dit qu’il se passe des choses étranges. Le taux de suicide y est très élevé et les gens perdent l’usage de la parole après avoir vécu ce qu’on appelle un traumatisme profond . Comme si la mer s’emparait des êtres pour satisfaire son besoin d’histoires inachevées.
Ici, à Roses-sur-Mer, on croit que la mer sort ses couteaux la nuit et vient trancher les cordes vocales de ceux qui n’ont plus assez de mots pour la douleur.
Tous les étés, on ne compte plus les morts. Ils viennent par dizaines se couler dans leur cercueil liquide. Ailleurs dans le pays, on appelle Roses-sur-Mer la dernière escale .
Pourtant, presque personne ne déménage. Nous avons des ventouses sous nos semelles. Et des rêves déchirés.
Une fois que vous avez accordé votre corps aux parfums de Roses-sur-Mer, plus rien ne vous rattache au reste du pays. Pas même l’odeur des azalées des jardins de Métis, pas même la beauté des pivoines du jardin Van den Hende. Rien. Vous êtes ligoté ici, dans les remous salés et les vents rouges que Rose a laissés en héritage.
Parfois, la senteur des roses est insupportable. Surtout à l’anniversaire de la mort de Rose. L’odeur emplit alors toutes les maisons et les femmes colorent leurs lèvres de rouge profond. Près du quai, la joie des hommes est désaccordée et les bateaux ne vont pas plus loin que leurs amarres. On dit alors de la mer qu’elle est d’humeur à courir les cendres.
Ici, à Roses-sur-Mer, il y a beaucoup d’hommes seuls. Les épouses ont joué avec la folie et ont brûlé leur joie de vivre. Heureusement qu’il y a la belle Emma pour les consoler et leur donner une raison d’exister dans la chair des femmes.
Ce n’est pas qu’on n’est pas heureux. Mais il y a quelque chose dans l’air qui fait que l’on n’est jamais seul. Même dans la plus grande des solitudes, il y a un souffle qui accompagne l’air, un chant qui se lève de la mer et qui s’accroche aux épaules.
Et, à côtoyer la mort, elle finit par être quelque chose d’épouvantablement vivant.
L’histoire de Rose
Elle s’appelle Rose. Nous sommes en juillet 1846. Debout près de la mer, elle attend l’homme qu’elle aime. François est parti en bateau depuis deux mois. Elle l’attend. Elle n’en peut plus d’attendre. Il devrait être de retour depuis trois semaines. Déjà tout en elle s’assèche et meurt. Elle a mis la robe qu’elle doit porter à leur mariage. Une belle robe, très cintrée, avec des petits boutons de nacre. Elle reste là, un jour et puis une nuit. Et puis un autre jour.
À la fin de l’autre nuit, elle implore la mer de lui redonner son homme. Prends ma voix que j’ai si belle , supplie-t-elle, et pares-en tes plus magnifiques coquillages .
Le lendemain matin elle est toujours là. Elle n’a pas bougé d’un pouce et ses mains sont blanchies par l’immobilité. Son teint est pâle et sa bouche s’agite comme si elle chantait. Pas un son ne sort pourtant de ses lèvres et la mer est si calme, on dirait un lac. Quand son frère revient à la maison après sa semaine d’études à Québec, il crie son nom, mais elle ne répond pas. Il la laisse seule, car il pense qu’elle est trop triste pour parler. La mer ondule à peine en petits mouvements qui ressemblent à un serpent.
À la tombée du jour, elle est toujours là. Son frère se rend près d’elle, un châle à la main. Rose , dit-il tout bas en s’approchant doucement. Elle ne bouge pas. Il est derrière elle quand il se décide à poser sa main sur son épaule, très délicatement.
Elle se défait alors immédiatement en cendres très fines, elle n’est plus qu’un petit monticule de cendres parfumées, à peine plus gros qu’un chou. Sa robe, elle, est restée debout, comme une statue de satin.
La mer perd ses allures d’eau calme. Elle prend le rivage avec des vagues qui courent plus vite que le temps. Le frère s’empresse de ramasser la robe et les cendres avant qu’elles ne se fassent engloutir. C’est un combat entre la mer et lui. Arrivé près de la route, là où des broussailles poussent selon le désordre voulu par la nature, il trébuche sur une pierre et les cendres se répandent. Il les enterre en pleurant, se demandant s’il n’est pas en train de rêver.
Une semaine plus tard, à son réveil, il croit entendre la voix merveilleuse de sa sœur. Il se frotte les yeux et regarde vers le rivage. La mer est calme et ses miroirs s’accrochent au bleu du ciel. Il sort de la maison et s’avance vers l’eau. En frissonnant, il regarde vers l’endroit où il a échappé les cendres. Un rosier rouge a pris naissance à travers les broussailles et défie le paysage.

À partir de ce jour-là, les rosiers ont poussé comme du chiendent et la légende a traversé les saisons. L’amoureux de Rose a été retrouvé, trois semaines après la mort de celle-ci, flottant sur un morceau de son bateau. Le coquillage qu’il avait écouté ne faisait qu’un avec sa propre chair.
Au commencement était la chair
Le premier jour, Emma s’étire de tout son corps en se frottant contre les draps de coton. Elle monte sur le pont du bateau et, toute nue, elle s’offre impudiquement aux premiers rayons du soleil. Elle plonge ensuite da

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