Il était une voix

Marie Gray

Description

Après plus de trente ans d’une carrière durant laquelle elle n’a fait qu’effleurer une certaine gloire, Annie Stone envisage de se retirer du monde du spectacle. Tant de sacrifices et d’années consacrées à la musique, pour aboutir là, chanteuse vedette du Castel, un bar quelconque du Vieux-Montréal!
Un soir, Jade Dupuis, une ambitieuse et jolie jeune femme, se présente sur scène lors d’une soirée spéciale au Castel. Comment ose-t-elle lui voler sa chanson, sa scène et ce qui lui reste de fierté? Le talent et la fougue de la jeune interprète n’ont d’égal que la jalousie et la nostalgie qu’éprouve Annie.
La rockeuse saisit alors une occasion en or, l’ultime tentative de revenir sous les projecteurs: elle s’inscrit aux auditions pour participer à un concours télévisé d’envergure. Sans savoir que Jade caresse la même ambition…
Entre les deux chanteuses se tisse une relation amère et mordante: l’impétuosité de la jeunesse rencontre la force de la maturité. Jade et Annie entraîneront leurs proches dans un duel musical corsé ô combien humain.
Sous la plume expérimentée de Marie Gray, entrez dans les coulisses de l’industrie musicale et découvrez des personnages hautement sensibles, complexes et vrais.

Informations

• Publié par: Guy Saint-Jean Editeur
• Date de parution: 20 septembre 2017
• Nombre de lectures: 3
• EAN13: 9782897583002
• Langue: Français

Extrait

Guy Saint-Jean diteur
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Laval (Qu bec) Canada H7L 5Z6
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Gouvernement du Qu bec - Programme de cr dit d imp t pour l dition de livres - Gestion SODEC
Guy Saint-Jean diteur inc., 2017
R vision: Isabelle Pauz
Correction d preuves: Lyne Roy
Conception graphique de la page couverture: Nancy Pavan
Mise en pages: Christiane S guin
D p t l gal - Biblioth que et Archives nationales du Qu bec, Biblioth que et
Archives Canada, 2017
ISBN: 978-2-89758-299-9
ISBN EPUB: 978-2-89758-300-2
ISBN PDF: 978-2-89758-301-9
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Imprim et reli au Canada
1 re impression, septembre 2017

Guy Saint-Jean diteur est membre de
l Association nationale des diteurs de livres (ANEL).

Pour les amours de ma vie, Samuel et Charlotte qui ont, eux aussi, la musique dans le sang et dans le c ur!
Pour ma m re qui m a transmis l amour de la musique (l oreille, aussi, merci maman!) et l Amour tout court. Tellement!
Pour mon papa, o qu il soit, this one s for you!
Pour Claude, ma pr cieuse amie, toujours l apr s tant d ann es (qui nous en ont fait voir pas mal, hein, ma chum?).
Pour toutes celles qui ont b ch , sacrifi , travaill , pleur , fonc , combattu, cri , donn , perdu, partag , surv cu, surmont , pardonn , recul , avanc , celles qui ont tendu la main ou ont su en saisir une, celles qui ont donn une chance quelqu un ou qui ont eu le privil ge d en recevoir une, celles qui ont su rena tre de leurs cendres ou qui sont en voie de le faire
Table Des Mati res
Premi re partie Montr al, 2014
1 Annie
2 Jade
3 Annie
4 Jade
5 Annie
6 Jade
7 Annie
8 Jade
Deuxi me partie
9 Annie 1980-1992
10 Jade 1992-1995
11 Annie 1993
12 Jade 1996-1998
13 Annie 1994-1999
14 Jade 1999-2001
15 Annie 2001
16 Jade 2002
17 Annie 2001-2002
18 Jade 2002-2003
19 Annie 2002
20 Jade 2003-2004
21 Annie Automne 2002
22 Jade 2005
23 Annie Hiver 2003
24 Jade 2007-2008
25 Annie 2003-2013
26 Jade 2009-2010
27 Annie 2013-2014
28 Jade 2012-2013
Troisi me partie 2015-2017
29 Jade
30 Annie 2015
31 Jade
32 Annie
33 Jade
34 Annie
35 Jade
36 Annie
37 Jade
38 Annie
39 Jade
pilogue Annie Mai 2017
Remerciements
Note de l auteure
Premi re partie
Montr al, 2014
1
Annie
Dino me tend un ballon avec son sourire irr sistible.
- Tiens, ma belle Annie, ton cognac!
- Merci, dis-je dans un murmure peine audible.
J avale le contenu du ballon d un seul trait. R my Martin, double, straight up , comme je l aime. La chaleur se r pand de ma bouche mes cordes vocales, puis mon sophage. Oui, a br le, mais j en ai besoin. Une fois cette pause termin e, il me restera encore une dizaine de chansons interpr ter avant la fin de la soir e, et ce bon vieux cognac, comme toujours, sera un alli fid le et efficace. Toujours fiable, mon R my! Depuis trente ans qu il m accompagne partout, des bars les plus miteux aux salles presque prestigieuses, donnant ma voix ce timbre qui pla t tant - ou enfin, qui plaisait beaucoup - et ma t te ce qu il faut de courage pour affronter des foules de moins en moins excitantes.
Au fil de mes trois d cennies de carri re, cette boisson a toujours su me mettre dans l tat d esprit ad quat: joyeuse et exub rante lorsque je sautais sur la sc ne mes d buts, ou alors forte et r siliente plus tard. C est- -dire une fois la gloire estomp e, disparue du jour au lendemain comme une hypocrite, sans que je puisse la retenir.
Ce soir, je compte sur elle pour m anesth sier et me soutenir, alors que je chanterai devant la soixantaine de clients indiff rents ou m ch s qui m attendent dans la salle. Parmi eux, trois ou quatre vieux boucs en rut qui s imaginent pouvoir se glisser entre mes draps plus facilement maintenant que je ne suis plus qu une has been . Pas de chance, champions! Il me reste peu de choses, mais j ai encore ma fiert . peine un soup on, mais quand m me
Chanter ici, au Castel, alors que j ai jadis connu un certain succ s, est loin de constituer l un des hauts faits de ma carri re. Quoi qu il en soit, ce bar du Vieux-Montr al repr sente le seul lien, aussi t nu soit-il, qui me relie encore ma passion et j y tiens.
Dino me regarde toujours avec ses yeux de velours. Malgr l heure tardive, des perles de sueur luisent son front; huit jours que cette canicule perdure, comme si la touffeur qui mane de mon corps intervalles plus ou moins r guliers ne suffisait pas. Premiers signes d un "retour d ge in vitable, les aga antes bouff es de chaleur, comme autant de pouss es de fi vre brutales et ph m res, ne me laissent que peu de r pit. Si j en viens un de ces quatre vouloir mettre fin mes jours, je choisirai l hypothermie. Ah, me plonger dans un bain de gla ons, quel d lice ce serait! Finis les tourments et les exasp rantes sueurs! Je n y songe pas r ellement, loin de l ; je serais, de toute mani re, beaucoup trop l che pour passer l acte. Non, je ne suis pas arriv e au bout de mon rouleau, ni au fond de mon baril. Bref, tant qu recourir aux dictons cul s, je n ai pas bu le calice jusqu la lie.
Pas encore.
J accepte la cigarette que m offre Dino avec un sourire en coin.
- Dino, tu ne serais pas en train de me flirter, avec ce regard-l ?
- Toujours, ma ch rie. Je n abandonnerai pas aussi facilement!
- Facilement? a fait un an qu on n est plus ensemble!
- Je sais, mais ce n est rien, douze petits mois. Un jour, tu vas r aliser que je suis celui qu il te faut et tu vas me revenir. En attendant, je t coute chanter et je repense nos nuits folles. a te manque, parfois, Bella?
Si a me manque? videmment! Je suis faite de chair, apr s tout, et depuis ma rupture avec Dino, personne d autre ne l a remplac , ni dans mon lit, ni dans mon c ur. Pas parce qu il est irrempla able, simplement je suis lasse. Lasse de l obligation tacite de plaire, sourire toute heure du jour, faire l amour, m me. Cette "activit me plairait encore, pourtant; m offrir un moment de tendresse par l entremise d une baise non significative serait un moyen comme un autre de tenter de combler un vide de temps en temps. Cependant, malgr les occasions qui s offrent moi, je pr f re m abstenir. Les complications surviennent toujours trop vite. Les hommes qui je plais souhaitent in vitablement b tir une "relation . Or, d s qu un mec devient "acquis , voil qu il esp re les m mes caresses chaque soir, les m mes treintes, les m mes baisers, simplement parce que nos corps sont pr s l un de l autre. Le d sir feint, la passion forc e? Tr s peu pour moi. J ai mis une croix d finitive sur toute forme de "vie de couple depuis Dino. Ass ch , mon c ur n est simplement plus capable de s mouvoir et l ennui, chaque fois, vient bout de mes plus sinc res tentatives de rapprochement, comme un pi tre amant vient bout de l amour.
De toute mani re, quarante-huit ans, je revendique le droit l authenticit et la paix: ne pas me sentir contrainte de me maquiller ou de me coiffer en dehors de la sc ne pour plaire quiconque. Ne pas devoir faire la conversation au saut du lit, non plus, ni convenir d un menu du soir selon les caprices de Monsieur. Ah, encore moins endurer les ronflements sonores d un conjoint endormi sit t ses testicules vid s ou essuyer les poils de barbe autour du lavabo!
Ce sont ces consid rations qui m ont emp ch e d accepter ce que Dino souhaitait tant m offrir. Bien des femmes l auraient fait ma place et s en trouveraient choy es. Seulement voil : le seul v ritable amour que j ai eu le privil ge de conna tre a t poustouflant, renversant de passion. La r ciprocit de nos sentiments le rendait ce point magique Or, m me si Dino poss de de nombreuses qualit s, il ne m inspire tout simplement pas ce genre d moi. Peut-on se contenter d affection et d amiti dans un couple? Est-ce suffisant? J en doute.
Dino me tire de ma r verie:
- Tu vas me chanter mes chansons, ma beaut ?
- Bien s r, tu le sais bien. la toute fin du set , comme d habitude!
- Je t aime!
- Je sais
Oui, je sais. Il suffirait que je l ve le petit doigt pour que Dino fasse de moi sa reine. Ses attentions d licates, sa g n rosit , son coute, sans compter ses talents manuels de toutes sortes ont tout pour plaire. De plus, m me s il n est pas la mer boire, le Castel lui appartient, et Dino tire bien son pingle du jeu. Bien situ dans un quartier touristique, l endroit est tr s fr quent presque tous les soirs de la mi-mai la fin septembre; la formule live de la fin de semaine attire galement son lot de clients locaux, tandis que les nouvelles soir es " votre talent! semblent pl