Je ne me tuerai plus jamais
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Je ne me tuerai plus jamais , livre ebook

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Description

J'ai cinq ans et j'm'ai tué a dit un personnage célèbre. Rafaëlle aussi a cinq ans, mais elle ne s'est pas tuée. Du moins, pas encore._x000D_
Rafaëlle est une fillette exceptionnelle. Dotée d'une intelligence et d'une sensibilité hors du commun, elle est fort différente des autres enfants de son âge. Rafaëlle a vécu bien des choses pour une si petite fille... des événements tragiques, comme l'accident de voiture dans lequel son père a trouvé la mort. Quand c'est arrivé, Rafaëlle n'a presque pas pleuré. Sa peine, elle l'a enfouie, aussi profondément qu'elle en était capable... refusant de la partager avec quiconque, même avec sa mère, Marie-Ève. Celle-ci non plus n'a pas pleuré. Car Marie-Ève, une femme superbe, sais se maîtriser en toute occasion. Cependant, elle s'estime mauvaise mère et épouse indigne._x000D_
Mère et fille quitteront la métropole pour une ville plus paisible et une vie plus sereine. Là, elles devront faire face à leurs émotions débordantes. La présence d'Isabelle, l'enseignante de maternelle adorée de Rafaëlle, aura un effet à la fois apaisant et perturbant sur ces êtres blessés et vulnérables. Toutes trois se trouveront plongées dans un tourbillon d'émotions violentes où se mêlent amour, tragédie, tendresse et espoir._x000D_
Un roman provocant, mais aussi tendre et bouleversant.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 août 2012
Nombre de lectures 2
EAN13 9782894554210
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Catalogage avant publication de la Bibliothèque nationale du Canada

Lamarche, Claude, 1939-
Je ne me tuerai plus jamais
ISBN 2-89 455-146-0
I. Titre.
PS8573.A383J4 2003  C843’.54  C2003-941 286-5
PS9573.A383J4 2003
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’Aide au Développement de l’Industrie de l’Édition (PADIÉ) ainsi que celle de la SODEC pour nos activités d’édition. Nous remercions le Conseil des Arts du Canada de l’aide accordée à notre programme de publication.

Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC

© Guy Saint-Jean Éditeur Inc. 2003
Conception graphique : Christiane Séguin
Révision : Nathalie Viens

Dépôt légal 3 e trimestre 2003
Bibliothèques nationales du Québec et du Canada
ISBN 978-2-89 455-146-0
ISBN EPUB 978-2-89 455-421-0

Distribution et diffusion
Amérique : Prologue
France : Vilo
Belgique : Diffusion Vander S.A.
Suisse : Transat S.A.

Tous droits de traduction et d’adaptation réservés. Toute reproduction d’un extrait quelconque de ce livre par quelque procédé que ce soit, et notamment par photocopie ou microfilm, est strictement interdite sans l’autorisation écrite de l’éditeur.

Guy Saint-Jean Éditeur inc., 3154, boul. Industriel, Laval (Québec) Canada. H7L 4P7.
(450) 663-1777. Web : www.saint-jeanediteur.com
À Huguette
1
J’ai cinq ans et j’m’ai tué , avait dit un personnage célèbre.
Elle aussi a cinq ans, mais elle ne s’est pas tuée.
Du moins, pas encore.
Elle, c’est Rafaëlle. L’autre, c’est Marie-Ève, sa mère.

2
— Pourquoi ne déménagerais-tu pas à Joliette avec Rafaëlle, Marie-Ève ?
— Quitter le Plateau, son ambiance, ses restaurants, les flâneries sur la rue Mont-Royal et les terrasses de la rue Saint-Denis, Frites alors, Le pain doré, Champigny ! Jamais, Simone ! Penses-y : mon bureau est à Montréal, mes clients sont de Montréal, je plaide ici.
— Rien ne t’empêche de garder ton bureau à Montréal et de continuer d’y faire tes affaires, réplique sa mère. Joliette est à peine à une demi-heure en auto.
— Laisser mon appartement que j’aime, le cinéma, le théâtre, les concerts à proximité, les sorties du jeudi avec les filles...
— Demeurer à Joliette n’empêche rien de cela. Et tu le sais bien, ma fille : Rafaëlle a besoin d’un changement d’air. Ça presse !
— Pourtant, elle aimait bien le Plateau.
— Tu as bien dit : « Elle aimait bien ». Mais maintenant, elle ne l’aime plus. Je ne t’apprends rien : depuis l’accident, elle est méconnaissable. Un accident comme celui-là, ça marque un enfant !
— Elle n’en a jamais parlé.

3
C’est vrai qu’elle n’en avait jamais parlé. Ni à l’hôpital ni à la maison. Ni au psychiatre, ni à l’orthopédagogue, ni à Simone, ni à Marie-Ève. À personne. L’accident ne semblait ni l’avoir perturbée ni avoir laissé aucune marque dans sa tête ou dans son cœur, comme il n’avait laissé aucune égratignure sur son corps.
« Mais ce n’est pas parce qu’elle ne nous en parle pas qu’elle... ne s’en parle pas », avait dit le psychiatre Durand.

4
— L’accident n’a peut-être pas aidé, mais je suis sûre qu’il n’est pas seul en cause. C’est autre chose qui la ronge, ajoute Simone.
— Mais quoi ? Qu’est-ce qui peut bien bouleverser à ce point une enfant de son âge ?
— Rafaëlle en a marre de l’école !
— À cinq ans et demi !
— À cinq ans et demi !

5
Un dessin de Rafaëlle, la goutte qui avait fait déborder le vase. L’enseignante l’avait trouvé moche, elle avait même souri parce que Rafaëlle avait dessiné une grange qui n’avait pas de portes. Tous les autres enfants étaient venus voir son dessin et s’étaient écriés : « Rafaëlle fait des granges pas de portes ! Rafaëlle fait des granges pas de portes ! »
Ce genre de moqueries et de manifestations de groupe est fréquent chez les enfants de cet âge. Et les têtes de Turc de l’instant ne s’en formalisent pas, sachant très bien qu’ils auront rapidement leur revanche. Pas Rafaëlle et sa sensibilité à fleur de peau. L’histoire du dessin l’avait profondément blessée.
Et il y avait aussi que les autres n’aimaient pas beaucoup ses moues dédaigneuses et les airs de grandeur qu’elle prenait à tous moments. Et tous ces grands mots et expressions savantes qu’elle employait. Des mots comme « outré, ébahi, à rebours » qu’ils n’avaient pas l’habitude d’entendre de la bouche d’une enfant de leur âge et dont ils ne comprenaient pas la signification.
Et il y avait eu aussi l’incident de l’araignée qui se promenait sur le plancher près de son bureau. Elle avait poussé des cris épouvantables, l’œil effaré et pointant du doigt le monstre « qui s’apprête à me piquer mortellement de son dard venimeux ». Peu impressionné par sa crise, Julien s’était approché et avait nonchalamment écrasé l’araignée. C’est alors qu’elle avait crié de plus belle en déclarant, inconsolable, la main sur le front, « que le méchant Julien avait tué son monstre adoré et son amour éternel ». On avait à peine ri l’abandonnant seule à sa terreur et à sa peine d’amour ; personne n’était venu la consoler et essuyer ses larmes.
Bref, une série d’événements qui avait perturbé sa sensibilité fragile et qui lui laissait croire que personne à l’école ne l’aimait y compris l’enseignante qui avait souri, y compris sa grande amie Angela qui avait souri aussi.
À la suite de la mauvaise expérience du dessin, elle ne voulait plus retourner en classe.

6
— Tu vois bien qu’un changement d’air lui serait salutaire. Comme il le serait pour toi aussi. Je sais que ma fille a une grande force de caractère, une grande emprise sur elle-même, qu’elle n’aime pas parler de ses sentiments... même à sa mère. Je sais, Marie-Ève, que tu détestes que j’aborde le sujet. Il reste que si, dans l’accident, Rafaëlle a perdu son père, toi, tu as perdu un mari !
Subitement, le visage de Marie-Ève se rembrunit. Pendant un instant, elle semble contrariée et décontenancée, mais elle se retrouve rapidement et, comme si le dernier bout de phrase n’avait eu aucun effet sur elle ou comme si elle ne l’avait même pas entendu, elle enchaîne avec un sourire ironique :
— Dis-donc, Simone, il me semble que ça fait longtemps que tu m’as parlé d’une de tes nouvelles conquêtes.
— Hé !, l’avocate, laisse faire les diversions ! T’es pas à la cour ! T’es au restaurant en train de dîner avec ta mère.
La mère et la fille se regardent et se sourient. Le malaise volontairement provoqué par Simone a complètement disparu.
— En parlant de la cour, réplique Marie-Ève, il faut que je te laisse. J’ai une cause cet après-midi.
— Il s’appelle Juanito, il est Mexicain, il a 39 ans ! Des fesses, ma fille ! Des fesses rondes et fermes comme t’en as jamais vues !
— Simone !
— Vite, ma fille, tu vas être en retard ! La cour t’attend !

7
« Ineffable Simone, songe Marie-Ève en retournant à sa voiture. Soixante ans et aussi pimpante et désirable qu’elle l’était à quarante. Peut-être davantage, même. En tout cas, plus libérée, plus entreprenante. Je paierais cher pour avoir sa désinvolture et son tempéramment extraverti.
“Si, dans l’accident, Rafaëlle a perdu son père, toi, tu as perdu un mari”. Une petite phrase à pointes épineuses (sa spécialité !), dite en souriant, sans même élever le ton. Non pas pour blesser, tout juste pour agacer, pour soutenir un argument, pour ébranler la réticence. Perspicace comme elle est, elle s’est sûrement aperçue de mon trouble. Bien sûr que la mort d’Antoine a laissé des traces ! Mon flegme de femme forte, rationnelle, cérébrale que rien ne semble ébranler n’est qu’un bouclier. Bien sûr que la mort d’Antoine m’a laissé des cicatrices profondes. Mais des marques à mille lieux du genre de séquelles que Simone peut imaginer.
Ma tourmente, je la garde pour moi, pour moi seule. Je n’accepterai jamais que quelqu’un ne s’immisce dans mon intimité. Même toi, ma mère, que j’aime et que j’admire tant, même toi, mon oreille patien

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