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Description
Sujets
Informations
Publié par | Inspirantia |
Date de parution | 18 octobre 2021 |
Nombre de lectures | 4 |
EAN13 | 9782924830116 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 1 Mo |
Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Chantal Tessier
Je ne t’ai jamais
promis la vérité
ROman
Je ne t’ai jamais
promis la vérité
Éditeur : Les éditions Inspirantia,
une filiale de Chantal Tessier Entreprises inc.
Tél. : 438 494-7144
Courriel : info@inspirantia.com
Site Internet : www.inspirantia.com
ISBN papier : 978-2-924830-09-3
ISBN ePDF : 978-2-924830-10-9
ISBN ePub : 978-2-924830-11-6
Dépôt légal – Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2021
Dépôt légal – Bibliothèque et Archives nationales du Canada, 2021
© 2021 par Les éditions Inspirantia,
une filiale de Chantal Tessier Entreprises inc.
Tous droits réservés pour tous les pays et toutes les langues.
Responsabilité
L’autrice et l’éditeur ne revendiquent ni ne garantissent l’exactitude, le caractère applicable et approprié ou l’exhaustivité du contenu de ce livre. Ils déclinent toute responsabilité, expresse ou implicite, quelle qu’elle soit.
Chantal Tessier
Je ne t’ai jamais
promis la vérité
ROman
Ouvrages de la même autrice
La quête : celle qui danse avec le sable (2019)
Les yeux que l’on ferme voient encore (2020)
Il existe un moyen éprouvé de lutter efficacement
contre les maux de l’âme :
reconstruire la vérité émotive de sa propre histoire de vie.
— Dr Marc Pistorio, psychologue
Le début de la fin
À quelques minutes du grand raz-de-marée, dans la noirceur presque totale, Romane fait les cent pas en tentant d’essuyer, avec l’intérieur de son écharpe, son front dégoulinant de sueur.
Elle n’a même pas eu le courage de me répondre!
En proie à une soudaine vague incontrôlable de stress, la main sur le mur et la tête penchée vers le sol, la jeune victime des angoisses cherche son air qui, ce soir, semble avoir de la difficulté à se frayer un chemin jusqu’à ses poumons. Immanquablement, dans ce genre de situation, une irrésistible envie d’uriner assaille son bas ventre, ce qui la pousse à se tortiller. Entre les lointains murmures des citoyens du Monde, ayant déjà pris place à l’autre bout de la pièce, elle tend l’oreille afin de déceler la voix de celui qui, à tout moment, pourrait nommer son nom.
Et si elle se pointe, comment devrais-je réagir? Je l’ignore ou je fais comme si rien ne s’était passé?
L’attente suppliciée est interminable.
De ces longs épisodes où tout est en suspens, depuis qu’elle est revenue de son voyage à Paris, il y a un an, Romane se fait maintenant une obligation de les refuser. Par le passé, trop souvent a-t-elle espéré que les manifestations des autres arrivent d’elles-mêmes. En somme, très peu ont répondu à ses aspirations. À force de revendications, elle s’est épuisée. À force de conviction, elle s’est désillusionnée. Désormais maîtresse de son esprit, de son cœur et de son corps, elle ne consent plus à tolérer toute forme d’irrespect contre sa personne. Elle ne cède plus aux faux-fuyants.
Sur le point de hurler, elle se ressaisit.
Respire! Respire! Respire!
Alors qu’elle tente d’arracher un fil disgracieux qui dépasse de sa robe, la jeune femme pousse un sourd grognement teinté d’amertume.
Tiens! Je vais l’ignorer. De toute façon, elle ne mérite pas mon attention.
À l’aube du puissant déferlement, une fois de trop, Fedora, sa mère, a fait preuve d’un déplorable revers en désertant les ultimes demandes de son unique progéniture. En quelques semaines, prétextant une peur insurmontable des foules et d’autres excuses tout aussi farfelues, elle a froidement ignoré les nombreuses invitations de celle qui, aux yeux de la société, aurait dû être sa plus grande fierté.
Depuis plusieurs années, la guerre, autrefois déclarée entre les deux femmes, est devenue impitoyable et, d’après le silence qui les accable depuis quelques mois, n’est pas disposée à faire relâche. Néanmoins, dans un monde où même les charognards ont besoin de l’ombre d’une feuille pour se reposer, ce soir, l’enfant blessée aurait souhaité revendiquer une trêve. Par-dessus tout, avant même qu’elle ne demande quoi que ce soit, elle aurait aimé que ce répit, temporairement dénué de tout acte d’hostilité, arrive de lui-même.
Tristement, il est de ces rêves qui, malgré les plus grandes volontés, ne parviennent jamais à se réaliser.
Au détour d’un immense et large panneau en bois, laissé nonchalamment dans un coin de la pièce, pour occuper son esprit, Romane se met momentanément en retrait, fouille dans son sac à main puis, de son porte-monnaie, en sort un petit bout de papier jauni. Comme elle a l’habitude de le faire depuis le jour où elle a découvert celui-ci dans le cordier de son violon, en juin dernier, elle relit la phrase qui y est écrite au stylo noir.
« Pour connaître la vérité, parlez à Fedora. »
Après quelques secondes de réflexion, en remettant la note dans sa bourse, contrariée, Romane roule les prunelles, baisse les épaules et pousse un grand soupir de déception.
Mais quelle est cette satanée vérité? Quelle torture!
En fixant béatement une pyramide de pots de peinture qui jonche le sol, la jeune femme se met à frissonner. Décidément, à ce jour, même si l’envie lui avait souvent brûlé les ventrailles, jamais n’avait-elle osé exiger à sa mère des comptes sur cette mystérieuse déclaration provenant d’un auteur inconnu. Qui plus est, jamais n’avait-elle trouvé le courage de lui avouer l’existence du violon familial. Elle en est convaincue : même acculé au pied du mur de l’enfer, il y a des démons qu’il vaut parfois mieux ne pas réveiller. Malgré tout, force est d’admettre que, plus le temps passe, plus l’étau des tourments se resserre d’un cran autour de sa gorge. Et cela commence à devenir insupportable…
Un jour, il va bien falloir que je le lui dise… Quel merdier!
Entre deux énormes valises suspectes surgit un homme, habillé d’un jean et d’un chandail noirs, portant une casquette noire bien enfoncée sur la tête lui cachant ainsi les cheveux et une partie des yeux. L’air agité, il lui fait de grands gestes avec les bras puis, avec son index de la main droite, il lui ordonne de monter immédiatement l’escalier lequel la mènera tout droit à son jugement dernier.
— Allez! Allez! Dépêchez-vous!
Dans la cacophonie, en lisant sur les lèvres de l’individu, Romane croit comprendre que son nom a été nommé plusieurs fois, mais visiblement trop concentrée sur l’exhalaison de son anxiété, elle ne l’a pas entendu. Lorsqu’elle réalise qu’il est venu le moment de s’exécuter, elle a envie de vomir.
Bousculée par l’homme à la casquette noire qui, sans délicatesse, pose sa main sur son omoplate et la propulse dans les marches, tel un zombi, Romane avance, le pas vacillant, sous les phares agressifs. Maintenant seule en plein milieu de l’aire de jeu, où les tragédiens du Monde ont l’habitude de livrer leurs plus grandes performances, inhumée par l’intensité de la lumière qui lui pique les yeux, elle fronce les sourcils et cache sa figure avec son poignet. Devant elle, de vagues silhouettes l’observent avec insistance.
Qu’est-ce que je fais ici? Au secours! Puis-je m’enfuir?
Nue dans son âme, la jeune femme demeure immobile jusqu’à ce qu’un homme la sorte de sa torpeur en lui remettant un morceau de verre lourd comme une altère de deux kilos. Soumise aux règles établies par la démonstration de ce genre de geste significatif, elle sourit au grand soulagement des défroques qui, les bras dans les airs, crient abondamment.
Puis, c’est le silence mortuaire.
Toujours dressée devant les ombres qui la fixent, Romane retient son souffle. Son cœur bat si fort que, comme une pédale frappant sans cesse la peau tendue d’une grosse caisse, elle le sent tambouriner ses tempes avec vigueur. Au gré de ses habituels scénarios apocalyptiques, par ses manières malhabiles, elle rougit à l’idée de révéler le fait que, contrairement à ce que tout le monde croit, elle n’est pas si forte qu’elle en a l’air. Pire, elle s’imagine suinter comme un porc laissant le mascara couler sur ses joues et la transpiration de ses aisselles mouiller sa robe. Un tableau horrible qui la paralyse sur-le-champ. Dans sa tête, des phrases se bousculent, mais, engourdies par la crainte d’être jugées, ne parviennent pas à sortir de sa bouche.
Mon Dieu que j’ai l’air ridicule! De plus, je ne me rappelle même plus ce que je dois dire… Si Fedora me voyait, elle aurait tellement honte de moi! Et avec raison…
Forcée à s’armer de courage, la jeune femme se commet en tentant d’expulser un son. Après n’avoir craché que quelques verbes, elle n’a déjà plus de souffle.
Affolée, elle a peur de s’évanouir.
Toutefois, à l’apogée de tous les événements qui ont marqué les grands tournants de sa vie, Romane n’a pas l’intention de perdre la face puisque, ce soir, sous les spotlight de la grande scène de la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts, à Montréal, il s’agit d’un grand soir. En vérité, seulement neuf mois après avoir quitté son poste de technicienne-comptable du grand festival de musique pour lequel elle travaillait et avoir inauguré Musiqu’envol, son école de musique pour les enfants défavorisés, la petite-fille d’immigrants tchèques indésirables et désavoués de la Seconde Guerre mondiale a été choisie pour recevoir le prix Idée entrepreneuriale de l’année par l’Académie des entrepreneurs du Québec. Définitivement, il s’agit là d’un prix convoité par tous les jeunes visionnaires en quête de succès qui la dévisagent avec une pointe d’envie.
Décelant, par ses bruyantes manifestations élogieuses, la présence, dans la salle, de son équipe de loyaux professeurs, Romane se sent immédiatement envahie par une puissante énergie. Soulevée par un immense sentiment de fierté, elle reprend rapidement ses sens et, dans une envolée de