L ArtDeLaChute Noire
40 pages
Français

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L'ArtDeLaChute Noire , livre ebook

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Description

L’art de la chute, on peut, sans craindre de se tromper, affirmer que Claire Arnot le maîtrise au-delà du commun. Elle nous concocte des bijoux de textes, certains très courts, d’autres plus longs, des petits flashs du quotidien, des situations inattendues ou ordinaires, et toujours une chute comme un pavé dans la mare. Ils se déclinent en quatre catégories, les chutes noires, les chutes cocasses, les chutes tendres, et pour épicer un peu les choses, les chutes coquines.
Dans ce premier recueil, c’est le noir qui donne le ton.

« Je pourrais me lever tous les matins à 6 heures pour arpenter les collines puisque j’aime ça ; je pourrais rester chez moi, ronronnant entre mes livres et mon chat puisque j'aime ça ; je pourrais sortir tous les soirs au théâtre, au ciné, me remémorer mes jeunes années de comédienne puisque j’ai adoré ça ; je pourrais aller danser seule ou en compagnie, écumer les fiestas ou les boîtes de nuit car le swing, j’aime ça ; je pourrais voyager par mer et par air, faire le tour de la terre puisque je rêve de ça ; je pourrais passer mon temps à cuisiner, gourmande et gourmet car j'aime vraiment ça ; je pourrais me consacrer à fond dans mon boulot, combinant expérience et innovation puisque j'aime beaucoup enseigner le français aux étrangers ; je pourrais passer mes jours et mes nuits à cajoler, à créer des surprises d'amour, drôles, douces et sensuelles puisque j'adore aimer et être aimée... mais je sais déjà que je ne ferai rien de tout cela à fond... ou juste un peu en passant car feignasse comme je suis, au lieu de vivre mille vies, je préfère les inventer et vous les décrire. »
Claire Arnot.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 19
EAN13 9782374533834
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0022€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'ArtDeLaChute Noire
Claire Arnot
PAGE 38
L’imagination a été donnée à l’homme pour compenser ce qu’il n’est pas. L’humour pour le consoler de ce qu’il est. Saki
Il faut se hâter de rire des choses pour n’être pas forcé d’en pleurer. Guy de Maupassant
Présentation
Lper, affirmer que Claire Ārnot’art de la chute, on peut, sans craindre de se trom le maîtrise au-delà du commun. Elle nous concocte d es bijoux de textes, certains très courts, d’autres plus longs, des petits flashs du quotidien, des situations inattendues ou ordinaires, et toujours une chute co mme un pavé dans la mare. Ils se déclinent en quatre catégories, les chutes noire s, les chutes cocasses, les chutes tendres, et pour épicer un peu les choses, l es chutes coquines. Dans ce premier recueil, c’est le noir qui donne le ton. «r arpenter les collinesJe pourrais me lever tous les matins à 6 heures pou puisque j’aime ça ; je pourrais rester chez moi, ro nronnant entre mes livres et mon chat puisque j'aime ça ; je pourrais sortir tous le s soirs au théâtre, au ciné, me remémorer mes jeunes années de comédienne puisque j ’ai adoré ça ; je pourrais aller danser seule ou en compagnie, écumer les fies tas ou les boîtes de nuit car le swing, j’aime ça ; je pourrais voyager par mer et p ar air, faire le tour de la terre puisque je rêve de ça ; je pourrais passer mon temp s à cuisiner, gourmande et gourmet car j'aime vraiment ça ; je pourrais me con sacrer à fond dans mon boulot, combinant expérience et innovation puisque j'aime b eaucoup enseigner le français aux étrangers ; je pourrais passer mes jours et mes nuits à cajoler, à créer des surprises d'amour, drôles, douces et sensuelles pui sque j'adore aimer et être aimée… mais je sais déjà que je ne ferai rien de to ut cela à fond… ou juste un peu en passant car feignasse comme je suis, au lieu de vivre mille vies, je préfère les inventer et vous les décrire.» Claire Ārnot.
1. Blondeurs
Assise sur un banc, j’aime observer autour de moi ce tte vie qui coule dans les allées du parc. J’imagine la vie des gens, leurs joies, leurs peine s, leurs secrets… Certains sont transparents comme de l’eau, je devine aisément leu r destin, d’autres sont plus opaques ou distants ; je les sens fermés, fuyants. J’observe ces familles heureuses qui jouent dans les premiers rayons du printemps, j e me dis que je regrette un peu d’avoir travaillé autant toute ma vie, d’avoir cons acré si peu de temps à mes enfants : les premiers pas, les premiers mots, les jeux de ballons, les bulles de savon… c’est leur grand-mère qui en a profité, c’es t elle qui les a élevés. Et aujourd’hui que je pourrais être grand-mère à mo n tour, mes grands fils ne m’offrent pas de rejeton… trop pris par leur vie, tant pis. Ce matin, le jeu des devinettes est facile : face à moi sont assis sur un banc une jeune femme blonde et potelée et deux bambins aussi blonds qu’elle, de 5 ou 6 ans. Le frère et la sœur se chamaillent pour une corde à sauter. La femme les sépare doucement et explique avec une pointe d’accent slav e que ce serait mieux de jouer ensemble plutôt que de se disputer. Les enfants fon t la moue puis cèdent assez facilement au raisonnement. Je leur souris, complic e. Les petits commencent à sautiller l’un après l’autre, puis demandent à leur maman de compter leurs prouesses. Elle s’exécute en souriant. Au bout de q uelques minutes, la petite file tombe et se blesse au genou. Elle se jette dans ses bras en pleurnichant. J’admire la douceur de cette femme qui sait trouver les gest es et les mots, qui minimise l’incident, souffle sur le bobo, tamponne avec un m ouchoir et un peu d’eau. Un câlin, un baiser et l’enfant recommence à gambader. Je ne peux m’empêcher de lui faire mes compliments : — Madame, vous avez là de bien jolis enfants. — Merci, me répond-elle en souriant. — Ils ont de la chance d’avoir une maman aussi douc e et patiente. La jeune femme au casque blond me lance un regard m élancolique : — Je ne suis pas leur maman. Les miens sont restés en Roumanie… Cela fait deux ans que je ne les vois plus. Je reste sans voix puis je me dis que je vieillis… je ne sais plus deviner les personnes et leurs destinées.
2. Bon an, mal an
Mon frère a tellement insisté au téléphone avec son bagou de commercial, qu’à la fin j’ai accepté de passer le jour de l’an avec eux : — Mais juste deux jours, hein… j’arrive le 31 et je repars le 2. — Allez Fred, arrête de jouer l’ermite, tu vas voir, on va s’éclater… Depuis mon divorce, je traverse une légère déprime, comme en filigrane, qui voile ma vie sociale et quotidienne. Je ne rêve que de bo uquins et de soirée en solitaire au coin du feu. Manu habite au fin fond du Finistère, même pas au b ord de la mer, un petit village charmant en été, mais désolé et désolant en hiver. Il a épousé une Bretonne du cru, dynamique et efficace. Je lui soupçonne bie n quelques frasques après 15 ans de mariage, mais on ne cause pas de ces choses-là en famille… La Saint Sylvestre a lieu dans la salle des fêtes ; cinquante personnes entre 40 et 60 ans, beaucoup de femmes et des mecs déjà bien ém échés… apéro breton oblige ! La sono crache du Michaël Jackson premier cru, notre jeunesse, quoi… je me tiens prudemment près de l’entrée au cas où me v iendrait la furieuse envie de m’enfuir. Mon frère, boute-en-train, m’attire à lui , me présente à ses copains. Me voici avec un verre de Sangria à la main, à jeun, e lle descend toute seule, puis me monte à la tête ! Ouf… du coup j’ai chaud, mais je me sens plutôt bien. Vin rouge parfumé, épicé… je commence à sourire. Enfin du Reg gae, je m’élance sur la piste, moi qui ne danse jamais ! Mon regard est alors happ é par une silhouette sinueuse, de longs cheveux gris et un tempo parfait. Une femm e assez mûre danse les yeux fermés. Elle a des hanches arrondies et une grâce d e déesse. Je m’en approche, le corps aimanté. Elle sent ma présence, ouvre de gran ds yeux noirs qui me sourient. On chaloupe sur Bob Marley puis on bondit sur Johnn y Clegg, on enchaîne un flamenco rock endiablé. Nos corps se frôlent et ond ulent en parfaite harmonie, on transpire, on rit, complices. Quand arrivent les sl ows, elle demande une pause. J’approuve et l’invite à sortir. On bavarde à voix basse à la faveur de la nuit. J’apprends qu’elle s’appelle Mercédès, d’origine es pagnole, elle vit dans ce trou perdu depuis plus de trente ans. Mariée à un éleveu r breton, quatre enfants, elle loue aussi quelques chambres d’hôtes. La sangria, c ’est elle… J’observe son visage strié des fins sillons de la vie, le pli de la bouche quand elle sourit, ses yeux profonds et magnifiques… quelle belle rencontre ! E lle pratique la danse africaine, ceci explique son sens du rythme. Je lui propose un e...
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