La Cinquantaine en Provence
82 pages
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La Cinquantaine en Provence , livre ebook

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Description

Ah ! la Provence ! Ses paysages enchanteurs, ses magnifiques villages, son histoire si riche, son soleil et ses bons vins ! Christian n’a pas su résister longtemps aux menaces de sa femme Audrey, bien décidée à l’obliger à prendre un mois de vacances. Pour ce médecin-chercheur dans la cinquantaine, plus porté sur le travail acharné que sur le farniente, ce séjour dans un mas à Grambois sera l’occasion de découvrir de nouveaux charmes à la vie…
C’est ainsi qu’avec Audrey et Jeanne, la grande amie de sa femme, Christian s’envole vers la France. Une fois sur place, malgré son tempérament cartésien et son désir de toujours être dans l’action, Christian se surprend à changer de rythme. Peu à peu, l’influence des deux femmes qui mieux que lui savent goûter l’instant présent se fait sentir. Il se laisse séduire par la beauté des lieux, la chaleur des gens, la douceur d’un quotidien aux couleurs de détente et de plaisir. Mais les visites d’amis ne sont pas sans le laisser songeur. Lui qui vient d’avoir cinquante-cinq ans perdrait-il sa vie à la gagner ? Pourquoi a-t-il soudainement l’impression qu’il aurait avantage à trouver de nouveaux sens à son existence ? Et comme si ses questionnements n’étaient pas assez nombreux, voilà que le hasard place la troublante Mathilde sur sa route…

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 novembre 2011
Nombre de lectures 0
EAN13 9782764416730
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Collection dirigée par Anne-Marie Villeneuve
Yves Lamontagne
La Cinquantaine en Provence
roman
QUÉBEC AMÉRIQUE
Du même auteur chez Québec Amérique
Comment devenir un VIP , coll. Dossiers et Documents, 2009.
Et si le système de santé vous appartenait ? , coll. Dossiers et Documents, 2006.
Confidences d’un médecin , coll. Dossiers et Documents, 2003.
Sincère s remerciement s à Anne-Mari e Villeneuve , qu i m’ a guid é dan s cette nouvelle forme d’écriture, à Lorraine Alepin Dutil pour sa collaboration habituelle, et à Nancy et François Lebel, pour mes séjours d’écriture et de repos à Tobago.
Chapitre 1
Depuis des années, Christian n’avait pas pris de vacances. Homme rationnel et déterminé, sa carrière de médecin-chercheur l’avait amené à présenter ses travaux dans de nombreux pays et à enseigner en France, en Belgique, en Grèce, en Angleterre et aux États-Unis. Maintes fois il avait désiré arrêter de visiter des villes, seul ou escorté d’un collègue, en taxi ou en voiture… et en deux heures ! À Paris, lors d’une sortie en solitaire à bord d’un bateau-mouche, il s’était dit qu’il était temps de mettre un terme à cette vie de fou. À la fin de cette soirée, après être débarqué du bateau, il déambulait sur les quais de la Seine quand il décida d’entrer dans un café pour tenter d’échanger avec quelqu’un. Le serveur, particulièrement loquace, s’obstina à lui parler en anglais, bien que Christian lui eût fait remarquer qu’il était québécois et francophone.
Face à un tel mur d’incompréhension, Christian avait finalement baissé les bras :
— Do you think that « z’is » city is « vonderful » ?
— Yes, but not when you feel lonesome and tired.
Christian en était même devenu à détester l’avion, puisqu’en une seule année il avait couvert plus de cent mille kilomètres assis dans un 747.
À l’occasion, son épouse, Audrey, l’accompagnait dans ses périples, quand sa profession d’avocate lui laissait un peu de temps libre. Malheureusement, au cours des dernières années, sa clientèle s’était étoffée, rendant impossibles les voyages en couple.
De retour à Montréal, Christian reprenait toujours son épuisante routine — métro-boulot-dodo — agrémentée de quelques heures de repos lors de week-ends campagnards en compagnie d’Audrey et des enfants, Gabriel et Maude. Mais là encore, il ne pouvait s’empêcher d’appeler le laboratoire au moins trois ou quatre fois par jour ou de terminer la rédaction d’un article scientifique. Même dans sa maison au fond d’un bois, le téléphone, et ces dernières années, le télécopieur et Internet, lui étaient d’une grande utilité.
« N’y a-t-il plus aucun endroit où l’on peut avoir la paix ? » l’entendait-on murmurer de plus en plus souvent.
Sa maison de campagne, « sa campagne », comme il le disait souvent, constituait son seul exutoire, une thérapie. Il considérait que ce havre de simili paix lui coûtait finalement moins, en temps comme en argent, que de consulter un collègue psychiatre ou un psychologue.
Un soir pluvieux d’automne, alors qu’ils étaient justement dans leur maison de campagne, Audrey appela Christian dans la pièce qui faisait office de bureau et lui montra sur l’écran de l’ordinateur un magnifique mas à louer pour un mois, à Grambois, en Provence.
— Tu paies les billets d’avion et la location de l’auto et Jeanne et moi payons pour la maison.
Pour lui, ce n’était certes pas une question d’argent, mais comme ils avaient quelques fois voyagé en compagnie de Jeanne, la grande amie d’Audrey, celle-ci tentait de mettre tous les arguments, même financiers, de son côté.
De tout le baratin d’Audrey, Christian avait surtout retenu : « Tu prends des vacances à mon goût ou je divorce. »
Audrey n’aurait pas pris un autre ton pour lui lancer son ultimatum. Malgré l’emballement de son épouse quant à ce projet, Christian demeura réservé, convaincu que les propriétaires n’accepteraient jamais de louer leur résidence pendant la haute saison, une période de l’année à laquelle ils l’habitaient eux-mêmes. D’ailleurs, l’annonce sur Internet parlait de location pour la saison morte. Audrey, elle, avait la certitude de pouvoir les convaincre en leur écrivant qu’ils ne sauraient dire non à de sympathiques Québécois bienveillants, responsables et courtois.
Christian fixait l’ordinateur où défilaient des photos de la maison, de chaque pièce et des jardins. Devinant qu’il mordait à l’hameçon, Audrey continua sa plaidoirie.
— Nous louerons la maison pendant le stage d’espagnol de Gabriel à Alicante et que Maude travaillera comme monitrice dans un camp de vacances pour enfants dans les Laurentides.
Le voyant de plus en plus intéressé, elle en rajouta :
— Nous sommes déjà allés au Mexique et en Floride avec Jeanne lors de tes congrès, et tout s’est bien passé. Tu le sais, Jeanne est toujours de bonne humeur, elle ne rechigne jamais à aller découvrir les restaurants et elle a surtout cette capacité à ne pas se montrer intrusive dans notre vie de couple. Tu me dis souvent qu’il n’y a rien de plus détestable que de se retrouver en voyage avec des gens dépendants, qui critiquent tout et qui sont radins. Tu sais très bien que ce n’est pas le cas de Jeanne et elle accepte de payer la moitié de la location de la maison avec moi. Tu viens d’avoir cinquante-cinq ans, tu n’as jamais pris de longues vacances et tu travailles comme un fou, même à la campagne. Tu ne crois pas qu’il serait temps de prendre un mois de vraies vacances, loin de nos bureaux, et sans les enfants qui peuvent maintenant se débrouiller seuls ?
Christian restait stoïque devant l’écran de l’ordinateur. Audrey lui asséna un nouveau coup :
— Ce mois en Europe, loin de ton labo, pourrait aussi te permettre de réfléchir sur ta façon de vivre, ou plutôt d’exister, et de penser à ce que tu comptes faire du reste de ta vie.
— Ma foi, tu veux ma mort ? ironisa Christian.
— Ç a fait vingt-cinq ans que tu fais de la recherche sur le cancer. C’est ton combat, je le respecte, mais tu n’en sors jamais. Il est grand temps que tu prennes congé de ton labo !
Sentant Christian faiblir de plus en plus face à ses arguments, l’avocate continua sa plaidoirie :
— Tu as fait des conférences à Lyon, Montpellier, Aix et Marseille, mais tu ne connais presque rien de ces villes. Tu te souviens ? Il y a une dizaine d’années, profitant d’un de tes congrès à La Rochelle, nous étions allés dans ces coins-là pendant deux semaines avec les enfants. Tu avais adoré visiter des villages et rencontrer des gens. Te rappelles-tu de nos soupers en amoureux sur les terrasses des petites auberges champêtres pendant que les enfants s’amusaient à la piscine ?
Audrey jouait sur la corde sensible de Christian : son côté romantique. Le sentant presque fébrile, elle s’attaqua ensuite à la part de rationalité du scientifique qu’il était.
— Regarde. C’est une belle et grande maison où chacun peut avoir sa tranquillité, chose à laquelle tu tiens tant. Tu travailles fort et tu n’es pas prêt à faire beaucoup de compromis quand tu voyages. Là, tu auras la liberté de choisir ce que tu veux faire et quand tu veux le faire. Tu pourras partir avec la voiture le matin, faire les courses et débusquer des villages sympathiques. Qui sait, peut-être devras-tu jouer au menuisier ou à l’électricien à l’occasion ! Tu seras occupé, mais tu pourras avoir l’esprit ailleurs. Pourquoi ne pas profiter aussi de ce temps pour lire des romans plutôt que ta pile d’articles scientifiques ? Souviens-toi combien tu avais aimé le livre de Peter Mayle, Un e anné e e n Provence , qui t’avait rappelé des souvenirs de ce coin de France.
Christian savait qu’Audrey avait bien raison. Il en était à un stade de sa carrière où tout lui était plus simple et plus facile. Il était connu et reconnu internationalement, chacune de ses substantielles demandes de subvention était d’emblée accordée par de grands organismes scientifiques, et son équipe de chercheurs était la meilleure et la plus productive qu’il eût jamais eue. Pourtant, pour la première fois de sa vie, il se rendait compte qu’il n’était qu’un automate, qu’il était grand temps de profiter de la vie et qu’il se devait de penser davantage à lui et d’accorder plus de temps à sa conjointe et à ses enfants. Il réalisait aussi que, jusqu’à maintenant, sa carrière et sa vie n’avaient fait qu’un, alors que pour Audrey, la carrière n’était qu’un élément de la vie. Elle s’était d’ailleurs permis plusieurs voyages assez brefs avec son amie Jeanne, Christian refusant de les accompagner ou d’y aller seul avec Audrey, toujours sous prétexte qu’il avait trop de travail.
Il faut dire qu’Audrey et Jeanne s’étaient connues une bonne trentaine d’anné

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