La Déréliction de la Chaussette trouée
123 pages
Français

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La Déréliction de la Chaussette trouée , livre ebook

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Description

Depuis que l’air est devenu irrespirable, les gens ne sortent plus de leur appartement. Les portes des immeubles sont scellées, tel l’entrejambe d’une chrétienne prémaritale.
Alors Vincent, programmeur, occupe ses journées de lignes de code, de sandwichs lyophilisés et de porno sur le web.
Sa vie est insipide.
Jusqu’au jour où apparaît sur son écran un message gouvernemental. Roulements de tambours et musique à crissement, sa vie bascule. L’acharnement ubuesque qu’il a donné pendant tant d’années à maintenir sa vie dans la banalité la plus inintéressante vole alors en éclat. La prison le guette, les cyber-terroristes l’espionnent. C’est la merde.


Dystopie drôle et crue, La Déréliction de la Chaussette trouée propose une réflexion cynique sur la génération Y au travers d’une société cyber dépendante.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 4
EAN13 9782490630097
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’Auteur
Dramatiquement mis au monde une nuit d’été où les loups rôdaient autour de l’hôpital de Saint Claude, Geoffrey Marchand passe son enfance à chasser le bouquetin des montagnes haut-jurassiennes sans pour autant faire mouche. À l’âge de dix-huit ans, son sac à dos plein et les idées en ébullition, il part pour des études d’ingénierie et d’architecture entre la tempétueuse Dijon et l’imprévisible Strasbourg. Inspiré par de longues périodes d’expatriation au Japon et en Suisse, il s’installe finalement à Montreux, où il travaille aujourd’hui comme architecte en parallèle à ses études doctorales en sémiotique spatiale.



Geoffrey Marchand
LA DÉRÉLICTION
DE LA
CHAUSSETTE
TROUÉE
Inceptio Éditions


© Inceptio Éditions, 2018
ISBN : 978-2490630-08-0
Inceptio Éditions
13 rue de l’Espérance
La Pouëze
49370 ERDRE EN ANJOU
www.inceptioeditions.com


Prologue
Vincent et ses camarades étaient assis sur des chaises rouge-vif, assis en rang d’oignon devant la télévision où leur était diffusé un programme sans saveur. L’histoire racontait la vie d’une jeune femme de ménage aux difficultés familiales, présentement malade. Clouée au lit pour avoir mangé une pomme indigeste. La futilité de l’histoire avait dû sauter aux yeux des réalisateurs, tant et si bien qu’après quelques minutes de film, à peine, ceux-ci avaient cru judicieux d’ajouter à la narration une bande de sept trapézistes éclopés dont Vincent aurait juré avoir déjà vu le numéro dans le programme de l’après-midi d’une chaîne du câble. La joyeuse bande ne parvenant pas à faire se sentir la belle plus en forme, et l’intérêt du spectateur n’étant toujours pas au rendez-vous, Vincent vit apparaître devant les yeux ébahis de ses camarades un toubib à cheval aux méthodes somme toute douteuses, mais qui s’avérèrent curer la jolie Blanche-Neige de ses maux. Purement incompréhensible. Invraisemblable du début à la fin. Mais qu’importe, ç’avait été distrayant.
La maîtresse, Madame Martinez, ralluma la lumière, et demanda à chacun des enfants de remettre sa chaise en place. C’était un moment que Vincent n’appréciait pas ; la pause de début d’après-midi se terminait, et il leur fallait reprendre la classe. La maîtresse annonça géographie, ce à quoi ses camarades répondirent en cœur un joyeux « youhou » duquel Vincent ne partageait pas une lettre.
Vincent, six ans et demi, un facile un mètre quinze de haut, n’était pas de ces enfants hurleurs. Il s’était toujours senti calme et solitaire, le genre de personne qui, bien qu’il lui faille passer du temps avec les autres, sentait sa vie parfaitement en ordre lorsqu’il était seul, assis dans un coin à lire un livre.
Madame Martinez commença à parler, et le silence s’installa. Le garçon, refusant la logique mais ennuyeuse incitation à étudier, profita de sa position d’arrière classe pour regarder les dos de ses camarades. Personne ne bougeait, comme si les paroles de la maîtresse les envoûtaient.
Quelque part, à droite, quelque chose bougea.
Ç’avait été un moment très bref, insignifiant, mais historique. Elle avait tourné la tête et posé les yeux dans les siens, aussi bête que ça, entre les États-Unis et la Côte d’Ivoire. Il y avait eu un mouvement de cheveux, du brun volant au blond pétulant. Et très vite, ce regard, complice. Vincent, à cet exact moment, s’était senti gêné, à l’étroit sur une chaise où il ne savait plus comment s’asseoir. Cécile avait ces yeux qui vous font comprendre instantanément ce qu’ils veulent. Elle avait ri et pleuré en même temps. Elle l’avait regardé avec la tendresse qui fait pleurer les petits garçons et pardonne les arrachages de queue de lézard. Puis, avec toute la simplicité du monde, elle avait souri, timidement, mais franchement.
L’estomac de Vincent tomba dans sa cage thoracique. C’était comme si la découverte d’un premier sourire de fille lui avait en même temps fait découvrir la gravité. C’était sincère, c’était beau. Mais ce fut bref.
Cécile avait repris la leçon aussi vite qu’elle avait tourné la tête, et Vincent était resté silencieux, les yeux sur son dos, benêt. Impossible de mettre un mot sur ce qui s’était passé, sauf à comprendre la troublante méconnaissance de ses propres pensées. Pourquoi se sentait-il de la sorte ? Pourquoi Cécile l’avait-elle regardé ainsi ? Il l’avait vue sourire, il l’avait vue pleurer, aussi. Mais jamais ses intestins ne s’étaient mêlés de l’histoire. Aujourd’hui marquait le départ d’une tout autre histoire.
À la sortie de l’école, Vincent avait pris le courage qu’il avait pu trouver en lui, avait attendu que Cécile prenne ses affaires, puis avait rangé les siennes et couru la rattraper.
Seulement madame Martinez l’avait vu.
— On ne court pas dans les couloirs ! Vincent, viens voir ici.
Le cauchemar. Le garçon s’arrêta net et, pressé de retrouver Cécile avant qu’elle n’ait atteint la grille de l’école et de ce fait, la voiture de sa mère, il marcha (sans trottiner, naturellement, c’est interdit) jusqu’à la maîtresse.
— Je te l’ai déjà dit, pourtant, Vincent. Tu sais pourquoi on n’a pas le droit.
— Oui, maîtresse.
— Pourquoi ?
— Parce qu’on peut tomber et se faire mal.
— Ou… ?
— Ou bousculer un camarade et lui faire mal, répondit-il d’une voix nonchalante. Je peux y aller ?
— Non. Pas tout de suite.
Vincent se sentit outré. Cécile allait partir !
— Je t’ai senti dissipé, aujourd’hui. Plus que d’habitude, j’entends. Tout va bien ?
— Oui, madame Martinez. Mais je dois vraiment y aller, maintenant.
— Bon …, dit-elle en appuyant la syllabe sur plusieurs secondes. D’accord, vas-y.
Vincent se retourna et marcha à la vitesse maximale admissible, d’une démarche de pipi pressant.
Une fois la porte passée, et la vue de la maîtresse hors de son dos, il se mit à courir. Cécile devait être proche de la sortie, et il lui fallait impérativement lui parler. Ou tout au moins, passer du temps avec elle, la voir sourire, la sentir le regarder à nouveau.
Le garçon traversa le couloir et, une fois la porte de l’école franchie, arriva dans la cour d’où l’on avait une vue plongeante sur le portail. Mais Cécile n’était plus là. Sa mère avait dû être à l’heure, la prendre par la main sitôt le portail passé, et l’emmener à la voiture, un goûter à la bouche.
Vincent, son sac d’école de travers, continua donc son chemin en traînant des pieds. Ce n’était que partie remise, bien sûr, mais l’idée le dérangeait. Il se savait habité d’un courage à durée de péremption : s’il ne l’utilisait pas de suite, il ne le retrouvait pas. Il serait plus difficile pour lui de parler à Cécile demain. Peut-être aurait-elle même oublié ce moment qu’ils avaient partagé. L’avait-elle même remarqué ?
Le trajet pour rentrer à la maison lui prenait moins de dix minutes. Il remontait le trottoir le long de la route principale, puis prenait à droite le long d’une allée qui l’emmenait entre de hauts bâtiments et un parc jusqu’à la résidence de ses parents. C’était un moment tranquille, où personne ne lui demandait d’être attentif ou de faire des devoirs. Il pouvait marcher en paix, écouter les gens parler de leur vie autour de lui. Ce jour-là, Vincent arrivait au niveau du parc lorsqu’une dame le dépassa. Ses jambes seules faisaient presque la taille du garçon. Pour autant, il ne se laissa pas distancer et accéléra le pas pour pouvoir l’écouter.
— Mais écoute, Dylan, c’est des bêtises. Ces histoires de pollution de l’air, on en a toujours entendu causer. Le réchauffement climatique, c’est là, ça, je n’en doute pas, mais je ne vais pas arrêter d’aller au travail pour ça, tu vois ? Oui, oui, je sais que ça vient de ce type, mais il n’y a pas de raison de s’inquiéter pour autant. Ce n’est pas le gouverneme

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