La Louve du Bas-Saint-Maurice
148 pages
Français

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La Louve du Bas-Saint-Maurice , livre ebook

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Description

Ayant repris les rênes de la scierie familiale, Adèle Paradis a fort à faire lorsqu’elle découvre que l’héritage de son père Clément comporte sa large part de périls et d’argent obtenu frauduleusement. Alors que la famille entière est plongée dans l’incertitude et la peur, la jeune femme sombrera-t-elle aussi dans l’illégalité si elle ne réussit pas à obtenir l’aide de Joseph, l’amoureux éconduit qui aurait tant souhaité l’épouser? Saura-t-elle apaiser les élans de son cœur pour l’artiste et sa toile ou le policier trop curieux?
Le temps presse. La tension augmente pour Adèle et sa famille. La jeune femme comprend à quel point il est dangereux de mêler amour et argent au moment où le curé s’immisce un peu trop dans les affaires de ses ouailles et que chacun tente de sauver la scierie (et la réputation de la famille). De nouvelles menaces planent de toutes parts et la poussent à envisager des solutions désespérées… Pourra-t-elle surmonter l’orage de passion, de violence et de cupidité que la mort de Clément a provoqué?
La conclusion palpitante de l’histoire d’une famille déchirée entre les liens du sang et l’odeur de l’argent.

Informations

Publié par
Date de parution 17 avril 2019
Nombre de lectures 2
EAN13 9782897586003
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Guy saint-Jean Éditeur
4490, rue Garand
Laval (Québec) Canada H7L 5Z6
450 663-1777
info@saint-jeanediteur.com
saint-jeanediteur.com
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Données de catalogage avant publication disponibles à Bibliothèque et Archives nationales du Québec et à Bibliothèque et Archives Canada
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Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) ainsi que celle de la SODEC pour nos activités d’édition. Nous remercions le Conseil des arts du Canada de l’aide accordée à notre programme de publication.

Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC
© Guy Saint-Jean Éditeur inc., 2019
Édition : Isabelle Longpré
Révision : Isabelle Pauzé
Correction d’épreuves : Johanne Hamel
Conception graphique de la page couverture : Olivier Lasser
Illustration de la page couverture : Talisman illustration design - Alain Fréchette
Mise en pages : Christiane Séguin
Dépôt légal — Bibliothèque et Archives nationales du Québec, Bibliothèque et Archives Canada, 2019
ISBN : 978-2-89758-0599-0
ISBN EPUB : 978-2-89758-600-3
ISBN PDF : 978-2-89758-601-0
Tous droits de traduction et d’adaptation réservés. Toute reproduction d’un extrait de ce livre, par quelque procédé que ce soit, est strictement interdite sans l’autorisation écrite de l’éditeur. Toute reproduction ou exploitation d’un extrait du fichier EPUB ou PDF de ce livre autre qu’un téléchargement légal constitue une infraction au droit d’auteur et est passible de poursuites légales ou civiles pouvant entraîner des pénalités ou le paiement de dommages et intérêts.
Guy Saint-Jean Éditeur est membre de l’Association nationale des éditeurs de livres (ANEL).
« Le miel est une chose, mais le prix du miel en est une autre. »
Proverbe turc
« La richesse ressemble à l’eau de mer : plus on en boit et plus on a soif ! »
Arthur Schopenhauer (1788-1860)
Philosophe allemand
Jour 9 – Vendredi
Chapitre 1
GRANDES-PILES, 14 AOÛT 1925, SCIERIE DES PARADIS, 16 H
— O n fait quoi, maintenant, mademoiselle Adèle ? demande Conrad, casquette à la main.
La question est pertinente. Depuis deux jours, elle turlupine, Adèle Paradis. Du matin jusqu’au soir, la jeune femme s’interroge sur la suite des choses. Sa bosse à la tête est un rappel douloureux du désastre qui s’est abattu sur sa famille. La mort subite de son père Clément, la découverte de ses activités illégales, le départ de son frère Cyprien, son propre enlèvement évité de justesse et les liasses d’argent disparues empêchent tout retour à la normalité. Sans compter l’effondrement de Juliette, dont le mari reste introuvable.
— Mademoiselle ? On a fini l’contrat de madriers pour monsieur Joyal, insiste le nain.
— Oui. C’est ben correct. On va le livrer, comme convenu, lundi matin. Tiens, prends ça, c’est ta paie. J’ai ajouté un p’tit bonus. Tu l’as ben mérité.
— Merci. Le bois est dans la charrette, prêt à partir… On fera deux voyages. On a pas le choix, le camion sera pas réparé avant lundi après-midi. Le nouvel essieu est arrivé de Montréal, par le train, à matin. Mais après ?
Après ? Le supplice de cette question est sans pitié. Le cerveau d’Adèle est embourbé de préoccupations qui s’empilent comme les tas de planches dans la cour à bois. Que faire de la nuit étoilée passée dans les bras d’Émile ? Comment oublier cette pause salutaire survenue comme une embellie dans un ciel tourmenté ? Le tableau, son audace de se dévoiler devant le regard de l’artiste et l’attente du corps tremblant de désir. Et Joseph, qui lui offre la lune dans ses lettres enflammées, alignant les mots d’amour lui faisant miroiter une vie d’aisance. N’est-ce pas pure inconscience que de ne pas les écouter ? Comme il est inconséquent d’être attirée par ce policier au regard franc et troublant. Ce Jean-Paul Charland, surgi de nulle part, dont la seule présence provoque une tempête au creux de son estomac. Le pouvoir de la cicatrice sur sa joue est bien réel. Elle envoûte plus qu’elle n’éloigne. Sinon, comment expliquer ces hommes qui se rapprochent d’elle ? Elle en touche les méandres du bout de son index. L’image de sa louve courant dans les bois lui apporte un peu de réconfort. La liberté est possible, malgré les barrières qui nous entourent. Mais qu’on soit femme ou louve, il faudra bien user de cette liberté pour se choisir un destin !
— Est-ce que ça va ? interroge le nain de sa voix la plus douce.
— Non. Mais j’imagine que ça peut s’arranger. Clément aurait trouvé une solution.
— Vot’ père avait confiance en vous… moé aussi, affirme-t-il, en portant un regard attendri sur la jeune femme.
— T’es ben fin, Conrad. Essaye de te reposer, demain, pis dimanche. De mon côté, j’vais réfléchir.
— Vous pouvez compter sur moé.
— J’le sais. Tiens, en partant, tu donneras les paies à Rodrigue et Hubert. J’vais m’occuper d’Arthur.
— Comment y va ?
— Y s’ennuie de Cyprien, même si y’était toujours sur son dos. Perdre son père et son frère, coup sur coup, c’est dur à prendre, pis pas juste pour lui.
— Avez-vous des nouvelles de Cyprien ?
— Y’est parti à Trois-Rivières. C’est tout c’que j’sais.
— Y va revenir.
— Pour ça, il faudrait qu’on ait de l’ouvrage à y donner. Au train où ça va…
— Laissez-vous pas abattre ! Moé, pis les gars, on est là. On vous lâchera pas !
Adèle sait que ce petit homme dit vrai. Au fil des ans, le moulin à scie a périclité, mais aucun d’eux n’a jamais menacé de quitter le navire. Au contraire, Rodrigue a risqué gros en suivant Clément sur le chemin de la contrebande d’alcool. Il a opéré les alambics, des nuits entières, au fond des bois, au-delà du marécage. Il aurait pu finir en prison ou être mal- mené par des bandits sans scrupules. Elle s’en rend compte, maintenant qu’elle s’est frottée à la violence de Stan Courchesne. Quant à Hubert, elle voit bien que l’absence de Cyprien l’affecte. Il accepte difficilement que ce soit Adèle qui dirige. Il n’est pas homme à faire des esclandres, mais ses ronchonnements sont plus fréquents. Nul doute qu’à ses yeux, le legs de Clément est une hérésie et que la rudesse du bois aura raison de la rousse.
Le nain se retire à reculons, comme le faisaient les paysans d’une autre époque devant leurs seigneurs. Adèle referme le registre où elle a inscrit, de sa plus belle écriture, les détails de la production d’une semaine houleuse. Il lui a suffi de quelques lignes, alors qu’il aurait fallu un roman pour en expliquer le contexte.

Émile Laforest serre le bébé contre sa poitrine. Ses bras sont fermes et souples tout à la fois, soupesant la fragilité d’une vie en devenir. Le poupon gazouille des a-reu de satisfaction. Le jeune homme rayonne en le berçant avec douceur.
— Regarde, Juliette. Y’é déjà en admiration devant son mononcle !
— Arrête de te monter la tête ! Y’a le ventre plein de lait, pis y’é sur le bord de dormir.
— Écoute-la pas, Clément. Mononcle Émile va te faire des beaux dessins quand tu seras plus vieux, l’assure-t-il, en caressant la joue du bébé de son index.
— J’suis pas encore décidée pour le nom.
Juliette a besoin de le mentionner. L’affirmation lui brûle les lèvres depuis les révélations faites par sa sœur. S’en libérer lui fait du bien. Malgré la surprise d’Émile, elle continue de plier le linge, debout près de la table, sans changer de rythme. À ses yeux, son père est entré dans une sorte de limbes d’où elle n’arrive plus à le sortir. Il y attend son verdict final. Il n’était pas l’homme qu’elle croyait connaître. Ses cadeaux ont à présent le goût du soufre. Il provenait de gains illégaux, que des truands sont venus réclamer jusque dans sa cuisine. Comment peut-elle lier le prénom de son fils à un héritage pareil ? Mais d’un autre côté, Clément n’était pas que cela. Il était aussi un grand-père attentionné pour ses petits-enfants. Pour elle-même, il n’avait jamais manqué à son devoir. Désenchanté du mariage de sa fille avec Gaspard, il avait continué d’être là quand elle en avait besoin, faisant fi des incartades trop fréquentes du mari. Juliette ne peut que lui en être reconnaissante, mais apprendre qu’il frayait avec des gangsters dépasse son entendement. Son absence est devenue un gouffre insécurisant. Sans mari et sans père, elle s’affole à l’idée qu’elle a maintenant trois enfants sur les bras.
— Asteure que t’as repoussé le baptême d’une semaine, t’as le temps d’y penser, suggère Émile.
— Y va s’appeler Serge !

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