Le banc
124 pages
Français

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Description

Louise est une femme sous l’emprise de son mari, sa rencontre avec Pierre va l’amener à lui résister.
Pierre s’installa sur un banc ombragé, face à l’ascenseur. Il continua la lecture de son livre qui ne le passionnait guère. Il s’agissait du récit d’un soldat sous l’armée napoléonienne. Pierre ne savait pas ce qui l’avait poussé à l’acheter. Dans le cas présent, l’énigme manquait de relief. Malgré cela, il tenait à le finir. Après quelques pages, il vit sortir de l’immeuble une jeune femme vêtue d’un tailleur bleu et portant des lunettes de soleil. Pierre se demanda si elle habitait là. Il se souvint des cris entendus l’avant-veille. Était-ce elle qui avait crié ? Grande et mince, ses cheveux bruns retombaient sur sa nuque. Comme elle s’approchait de lui, il remarqua ses lèvres fines et son nez légèrement épaté. Les mains dissimulées dans les poches de sa veste, elle sortait à longues enjambées du bâtiment. De son banc, Pierre ne put s’empêcher de la dévisager. Leurs regards se croisèrent. Sans ralentir son allure, elle continua son chemin vers la sortie. Un léger parfum l’accompagnait, aux notes de fruits, de mandarine et de rose. Il le trouva doux et agréable. Elle avait presque disparu quand, sans réfléchir, il se leva pour la suivre.

Informations

Publié par
Date de parution 14 novembre 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782312063652
Langue Français

Extrait

Le banc
Jean - Michel Bongiraud
Le banc
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2018
ISBN : 978-2-312-06365-2
P REMIÈRE PARTIE : Le banc dans la cour
Chapitre I
Pierre ouvrit la fenêtre. Une dizaine de mètres plus bas, sur les trottoirs, une foule animée et bruyante déambulait. La nonchalance de certains passants contrastait avec le flot ininterrompu d’acheteurs qui entraient et sortaient des boutiques. À leur rumeur, s’ajoutait celle des voitures qui empruntaient cette rue. Depuis son étage, Pierre percevait le bruit sourd de cette agitation. Ce bourdonnement ne le dérangeait pas. La situation de l’immeuble était idéale pour qu’il puisse faire ses achats quotidiens et se rendre à son travail. À pied, en quelques minutes, il rejoignait l’arrêt de bus.
C’était un bel après-midi d’Octobre où le soleil semblait ne pas vouloir décliner. La douceur enveloppait encore les badauds et la chaleur tapissait les murs.
Cet appartement, Pierre venait de l’acquérir grâce à un petit héritage laissé par ses parents et à ses économies. Calme et posé, il aimait converser avec les autres et recherchait leur présence, même si la solitude lui était aussi nécessaire. Il savait se montrer discret quand il le fallait, et sa personnalité dégageait une impression de bien-être, de sécurité pour ceux qui le côtoyaient. D’apparence attachante, il ne ressemblait pas à un play-boy, mais il possédait un charme certain. Il portait les cheveux courts, bruns comme ses yeux.
À son travail, Pierre était chargé de gérer les stocks de marchandises, les commandes et le suivi comptable. La société qui l’employait était spécialisée dans la fabrication de turbines. Ce secteur d’activités ne connaissait pas de contraintes particulières. La gamme de fabrication couvrait de nombreux pans industriels, de l’aéronautique à l’agriculture. Alors que l’informatique commençait à se développer, la société, toujours en recherche de gains de productivité et de rendement, fut une des premières à investir dans l’achat d’ordinateurs. Obligation fut donnée à ses filiales et aux entreprises qui travaillaient avec elle, de se doter de ce type de matériel malgré son coût encore élevé. Pour Pierre, le gain de temps était patent et permettait de pallier le besoin, parfois urgent, de produits. De son travail, il s’accommodait fort bien. Le matin, il recevait un listing de la part de l’ingénieur en chef, responsable de la production, indiquant les pièces à commander. Pierre les classait ensuite en fonction des fournisseurs et des besoins. Après avoir effectué cette répartition, il adressait aux services concernés un mail leur indiquant les pièces à livrer. La livraison se faisait au plus tard dans les sept jours suivant la demande. Si le fabricant était en rupture de stocks, Pierre devait en référer à son supérieur qui prenait la décision, soit d’attendre, soit de s’adresser à une autre entreprise.
Pierre ignorait le nom de ses interlocuteurs ; l’adresse de la messagerie correspondait à celle de l’entreprise. La mise en place de ce nouveau moyen de communication se révéla laborieux, mais peu à peu chacun s’y accoutuma malgré quelques problèmes ponctuels. Courtois et brefs, les échanges se limitaient au cadre professionnel, à l’exception des fêtes ou des vacances où parfois un mot de convenance se glissait en fin de réponse. La plupart des correspondants signaient de leurs initiales. De son côté, Pierre apposait parfois son prénom.
Il travaillait dans un bureau indépendant. Quelques jours auparavant, il avait déposé une demande de travail à temps partiel. À ses amis, il ne cachait pas son désir de profiter d’une journée de congé supplémentaire par semaine sans être payé ! Sa plus proche collègue était une jeune femme, Emma, sortie d’une école de commerce. Grande et sportive, elle était mariée et le couple venait d’avoir un enfant. Une vitre séparait Emma de Pierre, mais ils aimaient se retrouver à la pause pour bavarder et prendre un thé.
Pierre s’assit sur le divan du salon et demeura pensif un long moment. La fin de l’après-midi approchait. Il sortit faire quelques courses. Il n’avait pas prévu d’activités pour ce dimanche ; il voulait se familiariser avec son nouvel environnement, et s’imprégner de chaque pièce. Il se sentait heureux. Cet appartement lui plaisait, assez grand pour y vivre seul ou à deux, voire avec un enfant. Jusqu’à présent, il n’avait pas trouvé de femme à sa convenance, pourtant il en avait fréquenté sans jamais s’en éprendre vraiment. Il sortit de chez lui et emprunta l’ascenseur. La porte allait s’ouvrir quand il entendit crier une voix féminine. Ce fut si bref qu’il n’y prêta pas attention.
En bas de l’immeuble, Pierre ne sut où se diriger et décida de suivre son instinct. Il souhaitait autant découvrir ce quartier que trouver une épicerie pour faire ses emplettes. Il ne découvrit aucune supérette lors de ses pérégrinations. Il s’adressa alors à un passant qui lui répondit par une moue dubitative, puis à une dame d’un certain âge, laquelle lui indiqua le chemin avec tant de détails qu’une fois seul, Pierre ne savait plus quelle rue prendre. Finalement, il finit par trouver ce qu’il cherchait, dans une rue adjacente à la sienne, un petit commerce de détails. Dans la soirée, il entendit à nouveau quelques cris, qui cette fois l’interpellèrent. Il ne comprit pas ce que cette femme criait mais la voix semblait proche. Puis le silence revint. Avant de s’endormir, il eut une pensée pour ses parents, sans lesquels il n’aurait pu acheter cet appartement.
Ce lundi-là, Pierre arriva un peu plus tard que d’habitude au bureau. Sa collègue absente pour la semaine, il devait prendre en charge une partie de son travail. Depuis quatre années qu’il travaillait dans cette société, il connaissait tout de la gestion des stocks et de leur suivi. Il ne voyait donc aucun problème à remplacer Emma. Sur sa pile de dossiers, il récupéra le listing déposé par son supérieur. Quelques annotations étaient apposées au regard de certaines lignes dont l’une était surlignée. Il commença par classer les demandes de pièces par fournisseur. Absorbé par cette tâche, il en avait oublié de prendre son thé. Comme il était seul, il renonça à le préparer ! Il continua sa vérification sans regarder l’heure et lut les remarques en regard de chaque commande. La plupart étaient communes. L’ingénieur indiquait le type, le nombre ainsi que la taille de la pièce. Par contre, la référence marquée en rouge était particulière en raison de son urgence ; les pièces livrées par ce fournisseur ne correspondaient pas à la demande initiale. Ils avaient dû les retourner. Il fallait de nouveau contacter cette entreprise dès à présent. Pierre ouvrit sa messagerie et une cinquantaine de messages apparurent à l’écran. Avant de les lire, il commençait par transmettre les demandes. En général, elles ne comportaient rien de particulier. Les réponses étaient stéréotypées. L’objet de l’envoi comprenait le numéro de livraison, la date d’envoi, la spécification des pièces. Quelquefois, un mot plus amical était ajouté à la fin. Il prit sa liste et chercha l’adresse de la société qui posait problème et devait livrer instamment les pièces précédentes et les envoyer avec les nouvelles. Il rédigea son mail, en n’omettant pas de demander un accusé de réception et d’indiquer que celui-ci avait une haute priorité.
Vers treize heures, il prit sa pause déjeuner. Il descendit les quelques étages qui menaient à la cafétéria de l’entreprise. Le bruit des discussions accompagné du crissement des couverts et des assiettes, augmenté de la ventilation de l’air conditionné, rendait l’ambiance assourdissante. Pierre tentait de ne pas y prêter attention, préférant manger au calme. Amoureux de la nature, il appréciait néanmoins la ville. Il regrettait la pollution, les odeurs de gaz d’échappement, mais l’activité, les va-et-vient, les magasins lui procuraient une source permanente de curiosité. Il acceptait cette fatalité de la vie citadine avec ses inconvénients et ses avantages. Dans une ville de province, il n’aurait pas trouvé un emploi aussi bien payé et cet appartement offrait toutes les commodités pour ses activités. Il s’accordait le minimum de temps pour manger. Dans la cafeteria, certains déjeunaient à

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