Le Cycle Domanial, tome 2
518 pages
Français

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Description

Le tabellion Eutrope Tarbe, esprit systématique et peu impressionnable, juge en conscience que la Firme de Diffusion des Traditions Historiques Domaniales raconte l’histoire de la République Domaniale n’importe comment. Cette institution à péage fausse ouvertement le savoir collectif et ce, notamment, en ce qui concerne le rôle que jouèrent dans l’Histoire la Rainette Dulciane et sa suivante, la vicomtesse Rosèle Paléologue. Eutrope Tarbe se met à rectifier les choses dans de grandes conférences publiques et, ce faisant, il se fait tirer dessus à la carabine par des séides indéterminés. S’interpose alors la chasseuse Édith, célibataire endurcie et fonctionnaire intègre, qui deviendra vite sa garde du corps attitrée.
On se lance dans une incroyable cavale terrestre, aérienne et maritime visant à protéger de la méthodologie froidement destructrice des historiens privés un précieux document historique, écrit du temps de la Révolution Domaniale par une noble chroniqueuse qui s’appelle, elle aussi, Édith. La tonique factionnaire et son protégé s’embarqueront sur la Rebuffeuse, un caboteur à voile et à vapeur à bord duquel le tabellion Tarbe ne trouvera rien de moins que le sens de son existence.
Entraînée jusque dans la mystérieuse Île Arabesque, pour protéger le tabellion dont elle a la charge, la chasseuse Édith, pour sa part, fera, hors de toute attente, la connaissance de la débardeuse Atalante et, là, tout volera en éclats.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 mars 2013
Nombre de lectures 11
EAN13 9782923916576
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

ÉDITH ET ATALANTE (Le cycle domanial 2)
PAUL LAURENDEAU
© ÉLP éditeur, 2013 www.elpediteur.com elpediteur@yahoo.ca
ISBN978-2-923916-57-6
Conception de la couverture : Allan E. Berger, par reprise d’un travail d’Alan Villiers :The mizzen of the Grace Harwar, 1929.
Polices libres de droit utilisées pour la composition : Linux Libertine et Libération Sans
ÉLP éditeur, le service d’éditions d’écouter lire penser, un site dédié à la culture Web francophone depuis 2005, vous rappelle que ce fichier est un objet unique destiné à votre usage personnel.
L’on pense peu dans les pays où l’on tait ses pensées. En vain diroit-on qu’on s’y tait par prudence, pour faire accroire qu’on n’en pense pas moins : il est certain qu’on n’en pense pas plus et que jamais les idées nobles et courageuses ne s’engendrent dans les têtes soumises au Despotisme.
Claude-Adrien Helvétius : De l’Esprit(1758), Paris, Fayard, 1988, p. 347.
I. ÉDITH
Chapitre 1
Pour expliquer les conditions particulières qui amenèrent Édith à entrer dans ma vie, je dois fournir quelques détails sur ma propre existence. Cela me pèse un peu, car j’ai beaucoup plus envie de parler d’Édith et du rythme étrange auquel elle a fait vibrer tout mon être, que de dégoiser sans trêve sur ma petite personne. On m’excusera donc cette ouverture centrée sur moi-même, en en remarquant la brièveté.
Mon nom est Eutrope Tarbe. Au tout début des événements troublants et assez extraordinaires que je rapporte ici, j’étais assistant tabellion à la Faculté populaire domaniale. J’ai été un proche collaborateur de la Profes-soresse scholaste Sylvane Paléologue. Elle fut, en fait, ma directrice de recherche à ladite Faculté populaire domaniale. Il y a environ deux ans, la Firme de Diffusion
des Traditions Historiques Domaniales se mit à sérieu-sement harceler ma directrice de recherche et son épouse, la réalisatrice cinématographique Rosèle Paléologue, à propos d’un film historique, d’ailleurs excellent, réalisé par cette dernière. Je suis un esprit assez systématique et d’une grande fidélité envers les personnes que j’admire. Quand la Firme se mit à attaquer cette philosophe intègre et d’une grande sagesse, je pris le parti de constituer un dossier critique détaillé sur cette entreprise privée, détentrice depuis un bon demi-siècle du monopole absolu sur la diffusion scolaire et médiatique de l’Histoire du Domaine. Je ne me doutais pas de la galerie d’horreurs que j’allais découvrir. Concussion, agiotage, corruption, intimidation, falsifications diverses, tout y passa. Les pressions exercées par la Firme sur la Professoresse scholaste Paléologue cessèrent d’elles-mêmes en une petite année, sans que j’aie eu le temps de déployer les batteries que j’avais méticuleusement armées pour assurer la protection de la réputation de ma respectée directrice de recherche. Le fait est qu’elle n’avait aucunement besoin de mon aide. Son statut à la Faculté lui suffit amplement pour parer les traits malhonnêtes de ses ennemis. La méfiance généralisée dans les milieux universitaires à l’égard des
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firmes fit le reste. Mais je m’étais pris au jeu. Le dossier criminel de la Firme de Diffusion des Traditions Historiques, de ses gestionnaires et actionnaires, de ses alliés sociaux et commanditaires, que je constituais méthodiquement absorba toute mon attention pour une bonne année encore. Reconnaissante de mes intentions chevaleresques initiales et curieuse de voir jusqu’où mes recherches iraient, la Profes-soresse scholaste Paléologue m’encouragea à pousser cette enquête plus à fond. Ni elle ni moi ne soupçonnions les situations biscornues auxquelles je m’exposais. Scandalisé par mes découvertes, dans ma bonne foi encore un peu naïve, je décide finalement un beau jour de mettre sur pied un cycle de conférences populaires sur les abus et les malversations de la Firme. Ayant pris soin d’obtenir d’abord mon plein statut de tabellion et m’étant ensuite bardé des protections juridiques requises, j’intègre le circuit des Conférences populaires tabellionnes, avec un exposé intituléLa Firme de Diffusion des Traditions Historiques spolie notre patrimoine et abuse notre bonne foi. Mon succès est alors, je dois l’admettre, tout à fait inattendu. Le Secrétariat des Conférences tabellionnes est submergé de plis télégra-phiques réclamant que je me rende dans telle ou telle région du Domaine pour exposer mes découvertes et recueillir de
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nouveaux témoignages. Le Secrétariat, constitué d’une équipe de jeunes femmes et hommes n’ayant pas froid aux yeux, attrape la balle au bond et élargit bientôt mon cycle de conférences, ciblé initialement sur une huitaine de villes périphérites, à une soixantaine de centres urbains et ruraux répartis en la totalité du Domaine. Il n’est pas long avant que la Firme prenne ombrage de mon intervention. Ne pouvant – sous le prétexte habituel de protéger ses actionnaires – m’attaquer judiciairement, mon plein statut tabellion m’assurant désormais une liberté de parole quasi-imparable, elle choisit de puiser dans sa panoplie de procédures disgracieuses. Maintenant, où que je prenne la parole, une claque, formée de personnages torves et patibu-laires, me chahute dans les termes les plus choquants. Ces casseurs n’ont même pas besoin de faire preuve d’une imagination particulière. En effet, j’ai la malchance, si on peut dire, de porter le même prénom qu’Eutrope Outrelou, le Gestionnaire perpétuel de la Firme. Les chahuteurs n’ont donc qu’à recycler les différents slogans utilisés contre leur patron, dans les manifestations conventionnelles et à me les accoler sans autre forme d’adaptation. J’ai donc droit à la pluie des Eutrope la Salope et desGare si je te chope, Eutrope, qui avaient fait le rythme joyeux de notre prime jeunesse.
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Comme ces avanies n’altèrent en rien le succès populaire de mon intervention, les choses vont s’aggraver d’un coup sec. Un jour, je prends la parole dans un grand centre urbain situé à la frontière des pays périphérite et centriote, dans cette section du territoire domanial que l’on appelle encore du nom tragique deTerres à Pogroms. C’est un pays rude et fier, dont les citoyens et les citoyennes sont particulièrement exacerbés par l’image de barbarie que la Firme entretient sur leur héritage ethnoculturel. La salle est bondée. À la fin de mon exposé, au moment où je vais prendre les témoignages de la foule avec le sentiment qu’on en aura de bien bonnes à me raconter, trois détonations éclatent depuis le fond plafonnier de la salle. Le pichet d’eau se trouvant de l’autre côté de ma table de conférence vole en éclats. Surpris, je reste figé. Mon corps se refroidit de façon si abrupte que je crois une seconde avoir été touché par un des projectiles. Mais si je ne bouge pas et m’en avise même, c’est bien que je vis toujours. Et, ainsi seul sur l’estrade, je suis tout à coup la cible parfaite pour un tireur me mirant disons depuis le paradis, trop con que je suis pour bouger, me planquer, ou fuir. Dans un tumulte indescriptible, les citadins et les citadines pogromites, courageux et peu intimidés, se mettent à chercher le tireur en vitupérant, en pestant et en se criant des consignes rageuses.
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Soudain, d’un pas fluide et délié, une grande femme se rue sur moi depuis la coulisse. Elle porte un pantalon et une veste de serge grise. L’ensemble est plutôt seyant… une sorte d’uniforme, probablement. Elle a une jolie chevelure d’un roux éteint, coiffée savamment à la Cordula d’Arc, c’est à dire en une longue tresse plate qui danse dans son dos quand elle court. Elle se penche calmement sur moi. Ses joues sont juste un peu trop poupines, mais ses yeux, d’un gris argenté presque scintillant, me font frémir par leur intensité. Elle me saisit le bras, de ses mains maigres mais solides et me dit :
« Venez avec moi. »
J’ai juste le temps de récupérer mes notes et de les fourrer dans mon cartable. Elle me fait contourner la table et m’entraîne vers la coulisse, en me tenant solidement par les avant-bras. Quand nous quittons l’estrade, une quatrième détonation éclate. Ma leste et providentielle apparition tourne calmement la tête vers la salle et montre du doigt un point précis du paradis, à quelqu’un qui est visiblement au parterre. Nous sortons en trombe de la salle de conférence et elle m’enfourne dans une voiture de fonction. Elle s’assoit à mes côtés et marmotte quelque chose au chauffeur, en dialecte centriote. La voiture
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