Le pin d Oyodo
180 pages
Français

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Le pin d'Oyodo , livre ebook

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Description

Il s’agit d’un roman dont le cadre se situe en partie en Alsace, dans la ville de Colmar, et en partie à Tokyo. Fuko, un jeune japonais qui termine une formation aux techniques de la peinture et des études d’histoire de l’art à l’Université Ueno, arrive devant le Musée des Unterlinden une fin d’après-midi du mois d’Août. Il fuit un naufrage amoureux, mais avec la mission, confiée par son directeur de thèse et son Université, de percer le secret qui se cache au cœur de la biographie de Martin Schongauer, grand peintre et graveur du quinzième siècle. En cherchant à découvrir la véritable histoire qui lie le célèbre artiste alsacien au modèle qui lui a servi à peindre « la Vierge au Buisson de Roses », son œuvre majeure, il essaie de comprendre les raisons qui ont amené l’échec de sa relation avec Sakura, la jeune femme qu’il a laissée à Tokyo. Empêtré dans les souvenirs d'un passé qui ne le lâche pas, il se trouve tout à coup entraîné dans une grave affaire de meurtre qui bouleversera définitivement sa vie et fera resurgir des visages qu’il croyait pouvoir oublier en se sauvant à l’autre bout du monde.

Informations

Publié par
Date de parution 19 septembre 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782312013589
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0015€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Pin d’Oyodo
Ce qui est haïssable
Ce n'est pas le pin d’Oyodo
Qui attend
Mais la vague qui s'en va
Simplement après avoir vu la plage

Tanka tiré des Ise Monogatari
Pierre Gustin
Le Pin d’Oyodo














LES ÉDITIONS DU NET 22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
A mon père, dont la présence silencieuse m’a accompagnée pendant tout le travail d’écriture, et à Antoine et Alain, dont les prénoms commencent par la même lettre que le mot « ami », pour m’avoir prodigué leurs conseils et avoir accepté la tâche ingrate de me relire



























© Les Éditions du Net, 2013 ISBN : 978-2-312-01358-9
Avant-Propos
A l’ombre fragile d’un pin de mer, un couple de jeunes gens est assis sur le sable, les yeux tournés vers l’océan. La silhouette du Mont Fuji se dresse derrière eux, imposante et impassible, sans qu’il soit permis de dire si elle est une protection ou une menace. La jeune femme pense au temps qui passe et le garçon aux tableaux qu’il peindra. Ils ne sont sûrs de rien sinon qu’ils s’aiment. De l’autre côté du monde, dans une ville au sud de l’Alsace, on arrive à la fin d’une journée chaude et une jeune femme quitte son père en déposant sur sa joue un baiser léger comme un pétale de rose.
Qui pourrait penser qu’une histoire va naître entre ces hommes et ces femmes que tout sépare ? Mieux, comment imaginer que celui qui les rapprochera s’appelle Martin Schongauer, l’un des plus grands peintres graveurs du quinzième siècle européen ?
Il faut dire, pour être complet, que le jeune homme apprend l’histoire de l’art à l’Université Ueno de Tokyo, où il a pour professeur un homme secret que l’on considère comme l’un des plus grands spécialistes de la gravure européenne à l’époque de la Renaissance. Pendant ce temps son amie, qui prête sa beauté aux artistes en leur servant de modèle, fréquente assidument l’atelier d’un sculpteur du Pays de l’Edo, célèbre pour son talent et son mauvais caractère. Que cherche-t-elle donc là-bas avec autant de constance ?
On pourrait craindre, au moment de lire cette histoire, que le bonheur de ce couple ou celui du père et de sa fille se révèle aussi fragile que l’ombre mouvante du pin de mer. Tant de malentendus, de dangers et d’envies menacent un bonheur…
On pourrait aussi penser que deux personnes assises côte à côte, quand elles contemplent l’horizon ou qu’elles se regardent au fond des yeux, n’aperçoivent pas la même chose. Tous les futurs, à cet instant précis de leur vie, restent envisageables mais, en avançant dans le temps, l’éventail des possibles se réduira comme une peau de chagrin jusqu’à, inévitablement, n’être plus que la ligne exclusive d’un destin auquel elles ne pourront plus échapper. Dès lors, il faudra bien qu’elles acceptent les rôles écrits pour elles dans le Livre de la Fortune, sans savoir si la pièce qu’elles joueront aura la légèreté d’une comédie, les rebondissements d’un drame ou la brutalité d’une tragédie.
A coup sûr, le pressentiment de cette fatalité n’est pas étranger à la lueur qu’on voit trembler dans leurs regards fascinés.
Chapitre I
Aéroport Charles de Gaulle, huit heures du matin. Le soleil, encore bas dans le ciel transparent de juillet, commence à lustrer la carlingue des gros porteurs immobilisés sur les allées de tarmac. Inertes, pareils à des jouets démesurés dans la vitrine d'un magasin extraordinaire, ils sont alignés sur des chemins de velours gris, de l'autre côté du mur de verre où s'affichent, avec des bruits d’élytres, les numéros des vols en partance et les horaires d’arrivées. Autour d’eux s’agitent des petits hommes affairés, que les casques antibruit qui couvrent leurs oreilles font ressembler à des insectes industrieux.
L'esprit et le corps engourdis par une longue immobilité pendant laquelle il a traversé pas moins de la moitié de la planète, changé d'hémisphère et remonté sept heures dans le cours du temps, le jeune homme qui se laisse conduire par un escalator du Hall 3 de l’aérogare de Roissy essaie de se convaincre qu'il est bien arrivé en France. Tout est allé si vite ! La décision et le billet d'avion pris en trois jours, quelques coups de fils passés à ce qu’il lui reste de famille et quelques amis, une valise bouclée en trente minutes… Pourquoi tant de précipitation ? Pour quitter quelqu'un ou pour fuir quelque chose ? Poussé par le désir de découvrir de nouveaux paysages, l’envie de rencontrer des têtes inconnues ? Peut-être aussi pour démarrer une autre vie… Ce départ qui ressemble à une rupture, s’il n’est pas le simple effet d’une toquade, possède sûrement des motivations fortes. La curiosité ? L’amertume ? La colère ? Le dépit ? Un peu de tout cela sans doute.
Ces interrogations sont un raccourci des pensées que le jeune japonais ressasse depuis qu'il est monté dans le vol 7112 du Tokyo-Paris de la Japan Air Lines, quelques heures plus tôt. Et, il faut bien le reconnaître, malgré les efforts qu’il fait pour leur trouver des réponses, il en est à peu près au même point qu’avant son départ, quand il hésitait encore à sauter le pas. Une telle impuissance à comprendre les mobiles qui le poussent, l’impression désagréable d’agir sous l’emprise d’une volonté qui lui échappe, le plonge dans un état où son humeur ressemble à un précipité instable qui balance à chaque instant entre la révolte et l’abattement.

Né d'une mère française et d'un père japonais, tous les deux décédés dans un accident de la route il y a quelques années, le jeune homme se prénomme Fuko et va sur sa vingt-septième année. Il vit dans un petit appartement de la banlieue nord de Tokyo avec sa compagne Sakura, et fréquente l'Université des Arts où il suit depuis plusieurs années un cours d'expression picturale réputé au Japon pour avoir formé plusieurs peintres devenus célèbres. Parallèlement à cette formation pratique, il s'est inscrit au Département des Arts graphiques et d'Histoire de l'Art. Il lui reste à présenter une thèse de doctorat pour obtenir son diplôme de fin d’études. De prime abord, il avait pensé consacrer ce travail à vérifier une hypothèse très personnelle. Les techniques de la gravure européenne auraient été introduites, selon lui, dès le seizième siècle à la cour vieillissante des empereurs Ming par les prêtres de la Compagnie de Jésus, émissaires de la culture occidentale à cette époque et, de là, elles auraient diffusé jusqu’au Japon pour influencer l'art des estampes à l'époque d'Edo. Cette idée a germé dans son esprit depuis deux ans environ et il aurait aimé prendre le temps de la développer.
Le projet n'enthousiasmait guère Monsieur Akihito Massu, son directeur de thèse, qui le jugeait trop aventureux. Le professeur était plutôt partisan d'un travail sur la vie de Martin Schongauer, un peintre-graveur alsacien de la seconde moitié du quinzième européen. Il faut dire que, depuis de nombreuses années, le Professeur Massu s’est imposé au Japon comme le grand spécialiste de la gravure occidentale du Moyen-âge et de la Renaissance. L’homme, plutôt solitaire, ne semble vivre que pour cette passion dévorante, doublée d’un appétit immodéré pour les femmes. Ces deux objets d’étude accaparent l’essentiel de son temps et ses étudiants font courir mille histoires à son sujet. Fuko l'a choisi comme directeur de thèse parce que le personnage exerce, sur lui comme sur beaucoup de ses compagnons d’études, une sorte de fascination qu’il n’arrive pas à expliquer. Sans doute pourrait-on trouver une raison à cet intérêt particulier dans le mode de vie du Professeur, que l’on dit assez peu conventionnel. En travaillant sous sa férule, Fuko espère apprendre à mieux le connaître. Il est curieux de dissiper le mystère qui entoure cet homme énigmatique et, d’une certaine manière, désireux de se libérer de l’envoutement qu’il exerce sur ses étudiants. A côté de cette motivat

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