Le printemps n'en sera que plus beau

Rachid Mimouni

Description

Le Printemps n’en sera que plus beau est un ouvrage atypique qui s’intéresse, sans mystification, précisément à la Guerre d’indépendance. L’histoire est celle de Djamila, une jeune militante pour l’indépendance,
que se disputent un militaire français et Hamid.

Sujets

• Littérature Algérienne
• Littérature algérienne
• Maghreb
• Afrique

Informations

• Publié par: Editions Sedia
• Nombre de lectures: 19
• EAN13: 9789947872765
• Langue: Français

Extrait

Le printemps n’en sera que plus beau

DU MÊME AUTEUR

L E F LEUvEDéToURné , R obERT L AFFonT , 1982  ; P ockET , 1991  ; S Tock , 2000 S ; éDiA , 2007 . U nEPAixàvivRE , E nAL , 1983 S ; Tock , 1995 . T oMbézA , R obERT L AFFonT , 1984  ; P ockET , 1996  ; S Tock , 2000 S ; éDiA , 2007 . L’H onnEURDELATRibU , R obERT L AFFonT , 1989 ; S Tock , 1999  ; S éDiA , 2008. L A  c EinTUREDEL ’ ogRESSE , S EgHERS , 1990  ; S Tock , 1999 . U nEPEinEàvivRE , S Tock , 1991 S ; ockET , 1993 ; S éDiA , 2014. D ELAbARbARiEEngénéRALETDEL ’ inTégRiSMEEn PARTicULiER , L EPRéAUxcLERcS , 1992 P ; ockET 1993 . L A M ALéDicTion , S Tock , 1993  ; P ockET , 1995 . c HRoniqUESDETAngER , S Tock , 1995 P ; ockET , 1998 .

Rachid Mimouni

Le printemps n’en sera que plus beau roman

É DiTionS S éDiA Alger

© Sédia, 2014. Tous droits réservés pour le Maghreb  pour l’édition française.

ISBN: 978-9947-872-76-5

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HAMID Voici venu aujourd’hui le temps des douleurs. Je retrouve Djamila à l’instant de la perdre. D’une façon ou d’une autre, Djamila est conda- mnée. On me demande aujourd’hui d’assassiner ma gazelle, et après une longue absence, on m’a pro- mis le retour de Djamila à l’heure et à l’endroit exacts du rendez-vous convenu, et je suis là qui l’attends ce soir sur cette passerelle. Va-t-elle venir ? La nuit tombe, et sur la ville règne un grand si- lence. Des hommes errent tristement dans les rues. Depuis des temps immémoriaux, les hommes ont toujours erré dans cette ville, inhospitalière et hostile à souhait.

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Il n’était pas facile de parvenir au bureau du commandant Etienne, situé au fond du dernier étage d’un bâtiment qui en comptait quinze. Cet immeuble ne présentait, vu de l’extérieur, qu’un aspect très banal et se fondait dans l’ensemble des constructions environnantes. On aurait pu, tout au plus, remarquer son étrange discrétion. Mais il régnait en son sein une activité de ruche bourdonnante. Civils et militaires, hommes et femmes se croisaient dans les couloirs avec de légers signes de tête, affairés et silencieux. Le commandant Etienne n’était pas un homme commode, et son personnel civil se trouvait soumis aux mêmes règles que celles des militaires. Il ne faisait pas bon de se laisser surprendre à discuter dans un couloir. Il n’était pas facile de parvenir au bureau du commandant Etienne, et le jeune et fringant ca-

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pitaine en faisait l’amère constatation. Après les multiples ïches remplies, après de longues at- tentes à chaque étage, il se trouvait enïn chez la secrétaire du commandant où il lui fut demandé encore une fois de bien vouloir patienter quelques instants. Au cours de sa lente ascension, il avait largement eu le temps de perdre la belle humeur qui l’habitait ce matin-là. Aussi est-ce la mine renfrognée qu’il pénétra dans l’antre du maître de céans ? —Bonjour, capitaine, entrez donc. —Merci. —Pardonnez-moi de vous avoir tant fait at- tendre. Je ne m’attendais pas à vous recevoir si tôt. Les hommes restèrent un instant à s’observer, immobiles et silencieux, se jaugeant du regard. Puis le commandant désigna un siège à son visiteur. —Veuillez vous asseoir. Alors, amis ou ennemis ? Impossible de se prononcer pour le moment. Il fallait attendre la deuxième phase qui fut aussitôt engagée par le commandant. —Avez-vous fait bon voyage, capitaine ? —Excellent, merci. Le jeune homme demeurait sur la défensive. Et le vieux commandant, indécis, ne savait trop quelle attitude adopter face à ce pâle garçon qui le regardait d’un air tranquille. Indécision qui l’irritait au plus haut point et contribuait ainsi à

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augmenter un trouble intérieur qu’il s’évertuait à dissimuler. Le loup surpris dans sa tanière a parfois des candeurs de gazelle. Le commandant ïxait son visiteur. Assis en face de lui, se tenait celui qu’on considérait comme le maître à penser de tous les généraux français, le plus grand théoricien des luttes de guérilla, et l’un des meilleurs spécialistes du terrorisme urbain. Devant ces jeunes et brillants universitaires sortis des plus grandes écoles de par le monde, le vieux commandant avait toujours manifesté un sentiment ambigu, mélange de mépris et de considération. Sa probité le forçait à reconnaître en eux l’efïcience d’une intelligence développée au maximum et qui leur conférait souvent l’envergure de futurs ofïciers d’états- majors, tandis que son expérience lui enseignait la vanité des grandes théories et l’importance, pour l’homme, des motivations affectives. Il remémorait la somme d’efforts que lui avaient coûté ses galons, lui qui commença sa carrière en qualité de sergent, là-bas, en Indochine. Sa vie fut d’abord une succession de tours de force. Dur, tenace, sans pitié, ses exploits lui va- laient parfois des promotions, rarement de l’ad- miration, jamais de sympathie. Et il évoluait ainsi dans la hiérarchie, à force de volonté et de gageures tenues, loup solitaire et farouche, sans amitié ni amis. Il arracha ses galons, beaucoup plus qu’on ne les lui donna, et ses supérieurs ne pouvaient s’empêcher d’éprouver une sourde appréhension

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