Les Années de bataille
351 pages
Français

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Les Années de bataille , livre ebook

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Description

Sept personnages, et autant de péchés. Quand la conscience dit non et qu'on choisit sciemment de l'ignorer, il faut être prêt à en payer le prix. Parce que, au-delà de la réussite, il y a la vie. Celle qu'on voudrait mener si seulement on avait assez de volonté.
Avec humour, avec un sens précis de l'observation, ce roman, conçu comme un sudoku, raconte l'histoire tantôt loufoque, tantôt attendrissante de personnages qui se démènent dans la lutte quotidienne pour la survie.
Quatre femmes et trois hommes se sont connus selon le hasard des rencontres dans une grande ville. Ils sont à leur début dans la vie. Ils sont ambitieux, rêvent de réussir. Mais ils se débattent dans un monde où la concurrence est élevée au rang de valeur suprême. Alors ils doivent être prêts à tout, ne pas flancher, rester sur le qui-vive. Pour eux, ce sont les années de bataille.
Ils se lancent dans des chemins différents, se revoient par hasard, se retrouvent, tombent amoureux, fuient, se perdent et se retrouvent à nouveau. Comme dans la vie...
Par une large auscultation du monde d'aujourd'hui, ce roman nous fait pénétrer dans différents univers, nous mène d'un spectacle de théâtre ou de danse moderne aux antres du crime et de la prostitution, des coulisses du journalisme à la misère dans des pays détruits par la pauvreté, des recherches d'un savant sur la naissance de la démocratie aux magouilles financières d'une classe assoiffée de richesses.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 août 2012
Nombre de lectures 0
EAN13 9782764420638
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L i t t é r a t u r e d ’ A m é r i q u e Collection dirigée par Normand de Bellefeuille et Isabelle Longpré
Les Années de bataille
Du même auteur

FICTION
Réversibilité , roman, Montréal, Éditions Triptyque, 2005.
Les Onze Fils , roman, Montréal, Éditions Triptyque, 2000.
L’Eunuque à la voix d’or , nouvelles, Montréal, Éditions Triptyque, 1997.
La Déchirure , roman, Montréal, Éditions de l’Hexagone, 1992.
Le Conservatoire , roman, Montréal, Éditions de l’Hexagone, 1990 ; réédition : Éditions Triptyque, 2005.
ESSAI
Mainmise sur les services . Privatisation, déréglementation et autres stratagèmes , Montréal, Éditions Écosociété, 2006.
Le Paradoxe de l’écrivain , Montréal, Éditions Triptyque, 2003.
Claude Vaillancourt
Les Années de bataille
roman
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Vaillancourt, Claude
Les années de bataille
(Littérature d'Amérique)

ISBN 978-2-7644-0639-7 (Version imprimée)
ISBN 978-2-7644-2203-8 ( PDF )
ISBN 978-2-7644-2063-8 ( EPUB )

I . Titre. II . Collection : Collection Littérature d'Amérique.

PS8593.A525A76 2008 C843'.54 C2008-940875-6
PS9593.A525A76 2008

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition ( PADIÉ ) pour nos activités d’édition.

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L’auteur a bénéficié de la quiétude du Studio du Québec à Rome pour l’écriture de ce roman. Il en remercie chaleureusement le Conseil des Arts et des Lettres du Québec.

Québec Amérique
329, rue de la Commune Ouest, 3 e étage
Montréal (Québec) Canada H2Y 2E1
Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010

Dépôt légal : 3 e trimestre 2008
Bibliothèque nationale du Québec
Bibliothèque nationale du Canada

Mise en pages : André Vallée — Atelier typo Jane
Révision linguistique : Annie Pronovost et Diane Martin
Direction artistique : Isabelle Lépine
Conversion au format ePub : Studio C1C4
Pour tout commentaire ou question technique au sujet de ce ePub: service@studioc1c4.com

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés

© 2008 Éditions Québec Amérique inc.
www.quebec-amerique.com
PREMIÈRE PARTIE
1
Elle savait qu’elle n’aurait pas dû.
C’est qu’ils avaient insisté :
— Allez, Stéphanie, tu vas pas rentrer comme ça si tôt !
— Viens avec nous, ça va te faire du bien, ça va te changer les idées…
Ils avaient nourri leur argumentation de sous-entendus scabreux, typiques de garçons de cet âge, des propos auxquels elle n’avait pas porté attention, même s’ils déclenchaient des rires en cascade.
Elle avait fini par céder.
— Bon, ça va, je vous suis.
Elle se retrouva dans une voiture, avec trois Haïtiens qu’elle connaissait peu, qui semblaient maintenant gênés de cette présence féminine pourtant désirée ; elle les empêchait d’être complètement eux-mêmes.
— Tu sais où on va ? demanda l’un d’entre eux.
Visiblement, personne ne le savait. Et déjà Stéphanie commençait à regretter d’avoir accepté. Son père l’avait avertie à plusieurs reprises :
— Ne pars pas comme ça avec n’importe qui ! Tu ne te méfieras jamais assez…
En réalité, peut-être son père était-il responsable du fait qu’elle se retrouvait comme ça, dans une voiture filant sans but au milieu de la nuit, traversant une banlieue laide qui ne semblait plus avoir de fin, avec des rues aux magasins illuminés de néons qui luttaient pour être les plus visibles, dans une voiture dont elle ne savait même pas à qui elle appartenait, avec trois jeunes Noirs obsédés par le sexe et l’envie de fêter, trois garçons de son âge qui enfilaient des blagues d’un goût douteux, qui lui montrèrent deux boîtes de nuit avec des danseuses nues, prétendant qu’ils s’y arrêteraient un peu pendant qu’elle les attendrait dans la voiture. Elle ne cessait de penser à son père, contre qui elle agissait ; maintenant, il ne la contrôlait plus, depuis qu’elle avait quitté la maison un soir de drame, subissant sa colère, abandonnant la famille sans même prendre mari, pour respirer un peu, pour vivre parfaitement libre, pour fuir ce père qui avait toujours dicté sa conduite, qui l’avait embêtée avec sa grande sagesse, ses avis toujours bons, son courage, sa trop grande perfection. Elle lui répondait par un comportement impeccable, une conduite exemplaire qui l’épuisait. Elle avait envie de s’éclater, de se faire du mal, ne serait-ce qu’une fois. Voilà pourquoi elle les avait suivis, ces trois garçons rieurs qu’elle connaissait si peu.
D’un coup sec du volant, Gasmin, le chauffeur, fit crisser les pneus, coupa deux voitures et s’immobilisa devant une pizzeria.
— T’as faim, Stéphanie, tu veux bouffer ? dit Jérémy, le garçon assis à ses côtés, en pointant le doigt en direction de son sexe.
Les deux autres s’esclaffèrent. Stéphanie ne s’étonna pas. Voilà le genre d’humour auquel ils s’étaient adonnés depuis leur départ. Voilà d’ailleurs ce qu’elle avait cherché en acceptant de s’évader avec eux. La faim la tenaillait, certes. Comment le dire sans répondre à la grossière allusion de son camarade ? Le problème se résolut de lui-même. Déjà, Gasmin et son compagnon Ésaï s’étaient levés et sortaient de force Jérémy de la voiture, en le tirant par les bras et les jambes, alors qu’il prétendait être irrésistiblement attiré par Stéphanie. Cette dernière restait immobile, n’osant plus quitter sa place.
Quand ils entrèrent dans le restaurant, ils cessèrent immédiatement leurs fanfaronnades. Comment décrire l’effet qu’ils produisirent, ces quatre jeunes Noirs égarés dans une banlieue si blanche, en ce début des années 1980, parmi une clientèle encore plus blanche sous la douche de néons impitoyables, qui se tut comme devant des envahisseurs, alors que ces envahisseurs timorés, ramenés à leur singularité par les regards qu’on feignait de ne pas leur adresser, baissaient les yeux et commandaient leur pizza avec des excès de politesse. Stéphanie se dit qu’aujourd’hui, avec ces gens de partout qui affluent vers les pays du Nord, qui s’intègrent comme ils le peuvent là où l’on semble vouloir d’eux, le spectacle de quatre Noirs dans une pizzeria de banlieue semble peut-être presque acceptable. Mais il y a plus de vingt ans, dans cette ville de Laval, française et frileuse, la surprise devant de pareils intrus paralysait, déclenchait des peurs secrètes à défaut d’un racisme avoué.
Haïtienne elle aussi, Stéphanie Joseph ne ressemblait pas à ses camarades. Du moins le croyait-elle. Pas tellement à cause de la couleur de sa peau. Certes, elle était plus pâle, et pour les Haïtiens qui évaluaient les infinies nuances du noir le plus sombre au teint rosé des Blancs, sa peau chocolatée ne se comparait pas à celle, pure ébène, de ses compagnons ; mais elle avait triché, involontairement. Sa peau avait été protégée du soleil par les longues heures de travail dans les bibliothèques, par sa vie studieuse et remplie d’une multitude d’activités, par son obsession de la réussite qui l’éloignait de ce farniente auquel devaient s’adonner avec complaisance Gasmin, Jérémy et Ésaï au cours de beaux après-midi langoureux. Pourtant, parfaitement Noire, sans métissage aucun, elle portait bien visibles les traits de ses ancêtres africains, ce qu’elle assumait pleinement, tout en tâchant de ne pas trop jalouser son amie Olga, superbe Haïtienne aux yeux bleus hérités de mélanges multiples et d’une grand-mère suédoise, dont la beauté éclatante rendai

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