Les Barricades
177 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Les Barricades , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
177 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

L’amour est-il un pays qu’on peut regagner après de longues années d’exil ?
Adrien est un jeune homme au cœur barricadé. Alors qu’il revient de quatre années d’exil au Nicaragua et souhaite s’isoler à la campagne, il voit sa destinée bifurquer lorsque sa voiture heurte de plein fouet une jeune femme qui joggait. Avant de sombrer dans le coma, la victime s’inquiète de sa mère. Sous le choc, Adrien promet de s’en occuper.
Cet évènement bouleversera sa vie et celle de tous ceux qui graviteront autour de lui. Il se retrouvera au cœur des drames et dilemmes d’une autre famille que la sienne alors qu’il est, depuis longtemps, en rupture avec ses propres parents. C’est avec une singulière simplicité qu’Adrien s’aventurera dans cette voie de traverse que lui offre la vie. Rien ne sera simple pour autant.
De sa plume agile et raffinée, Hélène Lapierre dépeint un éventail de personnages attachants dont les existences s’entrecroisent et s’assemblent pour créer une courtepointe tendre et colorée.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 11 mars 2014
Nombre de lectures 1
EAN13 9782764426944
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Québec Amérique est fière d’offrir un espace de création aux auteurs émergents ; avec la mention « Première Impression », elle souligne la parution de leur premier livre.

Projet dirigé par Marie-Noëlle Gagnon, éditrice
Conception graphique : Nathalie Caron
Mise en page : Andréa Joseph [ pagexpress@videotron.ca ]
Révision linguistique : Line Nadeau et Eve Patenaude
En couverture : Parada Creations
Illustration : Bliss No.2 par Susana Parada / paradacreationsblog.com
Conversion au format ePub : Studio C1C4

Québec Amérique
329, rue de la Commune Ouest, 3 e étage
Montréal (Québec) Canada H2Y 2E1
Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d’édition.
Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. L’an dernier, le Conseil a investi 157 millions de dollars pour mettre de l’art dans la vie des Canadiennes et des Canadiens de tout le pays.
Nous tenons également à remercier la SODEC pour son appui financier. Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.



Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Ar chives Canada
Lapierre, Hélène
Les barricades
(Tous continents)
ISBN 978-2-7644-1230-5 (Version imprimée)
ISBN 978-2-7644-2693-7 (PDF)
ISBN 978-2-7644-2694-4 (ePub)
I. Titre. II. Collection : Tous continents.
PS8623.A724B37 2014 C843’.6 C2013-942099-1
PS9623.A724B37 2014

Dépôt légal : 1 er trimestre 2014
Bibliothèque nationale du Québec
Bibliothèque nationale du Canada

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés

© Éditions Québec Amérique inc., 2014.
quebec-amerique.com
HÉLÈNE LAPIERRE
À la mémoire de mon frère Guy
Première partie
1.
Adrien la voit surgir devant lui telle une bête venue de nulle part. L’instant de frayeur se fige dans l’écho des pneus qui crissent sur l’asphalte. Les mains du conducteur se crispent sur le volant, il la heurte de plein fouet. Le corps de la joggeuse virevolte et se fracasse dans les herbes hautes à quelques mètres de la chaussée. Après plusieurs secondes de stupeur, Adrien sort de la voiture. Il court, enjambe le fossé, accordant ses gestes à ses pulsions instinctives. Il s’agenouille près de la femme.
Elle ouvre les yeux et aperçoit le visage d’un homme tout bouclé, identique à l’archange Gabriel imaginé dans ses rêveries d’enfant. L’archange qui souriait à ses bêtises, qui la suivait partout, qui lui permettait de continuer à exister malgré les ombres déjà présentes dans sa courte vie. Son archange.
— Est-ce que je suis morte ? demande-t-elle à la figure floue auréolée d’un halo jaune.
— Ne bougez pas ! Ne bougez pas, vous avez eu un accident. Ne bougez pas, parlez-moi, restez avec moi. Ne partez pas, parlez-moi.
— C’est la faute de Baudelaire… chuchote-t-elle dans un souffle qui menace de s’éteindre.
— Continuez, continuez.
— Ma mère. Qui va prendre soin de ma mère ? a-t-elle encore la force de murmurer.
Est-ce l’angoisse qu’elle éprouve à l’idée d’abandonner sa mère ou la douleur physique qui lui donne ce rictus coincé ?
— Ne vous inquiétez pas, on va s’en occuper. Je vais m’en occuper, se reprend-il.
Maintenant qu’il vient de briser la jeunesse et la beauté de cette joggeuse matinale, il est prêt à lui promettre mer et monde. Elle souffle un léger merci juste avant de tomber dans un profond sommeil.
— S’il vous plaît, s’il vous plaît, ne mourez pas ! la supplie-t-il.
Il voudrait s’excuser d’avoir été là au mauvais moment. Pourquoi n’être pas retourné directement à Montréal ? Pourquoi avoir tenu à visiter cette ferme avant l’heure du déjeuner ? Rien ne pressait. Il s’accable, continue d’implorer :
— Ne mourez pas, je ne veux pas avoir tué quelqu’un. Tenez bon, s’il vous plaît…

Les policiers arrivent en trombe, suivis des ambulanciers. On le relaie auprès de sa victime. Partagé entre le regret et le soulagement, il cède sa place. Déjà, on le questionne. Sa voix saccadée et ses gestes impuissants témoignent de ce qu’il vient de vivre.
— Comme une antilope, elle a surgi devant moi.
— Alliez-vous vite ? N’est-ce pas plutôt vous qui, dans un moment de distraction, avez foncé sur elle ?
Les yeux d’Adrien se voilent. Il comprend qu’on ne le croira pas d’emblée. Est-il en train de devenir la bête que l’on traque ? Les secouristes s’affairent. Soudainement, une nouvelle vague de choc secoue les quelques curieux agglutinés autour d’eux. Leur silence consterné a fait place à l’excitation. Tout le monde parle en même temps. Adrien est lent à enregistrer la nouvelle qui les fait vibrer. On vient de reconnaître la victime. Il s’agit de la comédienne Anne Aubert. La belle et talentueuse Anne, celle que tous les Québécois adorent. On s’exclame, on s’émeut, comme si elle faisait partie de la famille. Une envie de pleurer noue la gorge d’Adrien. « Respire », s’encourage-t-il. Il voit bien qu’elle n’a pas repris connaissance quand on l’installe sur la civière.
La plainte stridente de la sirène qui s’éloigne semble sortir de sa propre poitrine. Anne s’en va. Ses repères s’évanouissent avec elle. La réalité ondule, bascule dans une sensation de fiction. Autour de lui, les badauds traînent sur les lieux comme s’ils souhaitaient à tout prix faire partie de l’événement. Ils pépient à qui mieux mieux. Adrien voudrait voir disparaître ces ridicules figurants. Il suit les policiers pour faire une déposition en règle.
On ne dirait pas que c’est dimanche.

Midi. Adrien roule sur l’autoroute des Cantons-de-l’Est. On lui a rendu sa liberté abîmée. À condition qu’il reste à la disposition des enquêteurs. Dans sa tête, le bruit des pneus, le fracas des os sur le capot, un hurlement qui déchire l’instant présent, des yeux bleus effrayés et sa promesse faite sur le coup de l’émotion. Il allume la radio, la referme aussitôt en pensant que la nouvelle est peut-être déjà sur les ondes. La faim le gagne, il n’a rien avalé depuis la veille. Sortie 55, il s’arrête à un casse-croûte. Toutes les tables sont occupées par des familles qui soulignent avec exubérance le début des grandes vacances. La joie, partout autour de lui. Il flotte dans un univers parallèle habité par une blonde joggeuse gisant sur un chemin de campagne. Une joggeuse et sa mère, même s’il ne connaît pas encore cette dernière.
Après avoir mangé, Adrien choisit de tout mettre en œuvre pour la retrouver. Il a promis de s’en occuper. Il s’accroche à cette bouée. C’est nettement préférable pour sa santé mentale. Mieux que de s’apitoyer, de s’inquiéter ou de dramatiser. Elle est certainement déjà au courant de la tragédie. Comment interprétera-t-elle son intrusion ? Lui ouvrira-t-elle seulement sa porte ? Au poste de police, il a entendu : « Françoise Langevin, avenue Laval, Montréal ».
Seize heures. Adrien est posté devant la résidence de la mère de son antilope. Il hésite. L’incongruité de la situation lui apparaît. Comment se présenter ? Il ne peut pas aller droit au but en avouant sans détour : « Bonjour, madame. C’est moi qui ai renversé votre fille, et je lui ai promis de prendre soin de vous. » C’est fou, complètement fou. Peut-être est-il en train de se jeter dans la gueule du loup. Il avance tout de même. C’est une nécessité. Il sonne. On ouvre aussitôt.
— Je croyais que c’étaient les policiers qui revenaient, je n’ai pas l’habitude d’ouvrir… s’excuse la femme qui se tient devant lui, confuse, comme si elle venait de commettre un impair.
Ses yeux rougis et enflés le contemplent. Elle attend, encore plus démunie que lui.
— Vous êtes Françoise ? C’est votre fille Anne qui m’envoie, lance Adrien d’instinct.
Il a vu juste. À l’évocation du nom de sa fille, la dame frémit et perd toute défense. Elle dit simplement :
— Entrez.
Le temps s’arrête. Debout, figés tous deux da

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents