Les Choses terrestres
148 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Les Choses terrestres , livre ebook

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
148 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Avec Les Choses terrestres, Jean-François Beauchemin nous propose le dernier volet de la trilogie amorcée avec Comme enfant je suis cuit (1998) et Garage Molinari (1999), tous deux salués par la critique. C'est donc avec bonheur que nous retrouvons, dix ans plus tard, le trio constitué de Joëlle, Jérôme et Jules, entourés d'une galerie de personnages tous plus attachants les uns que les autres.Fasciné par l'enfance, l'auteur nous fait également cadeau d'un roman jeunesse cette saison : Mon père est une chaise. Préparez-vous car Jean-François Beauchemin a encore bien des choses à nous dire... et c'est tant mieux!C'est lorsque la maladie frappe qu'on réalise la fugacité de l'existence. Si Jules souffrait d'une horloge biologique détraquée dans Garage Molinari, cette fois, c'est tout son organisme qui refuse de rentrer dans le carcan étouffant d'un monde qui a perdu le sens des valeurs. Ce n'est qu'à force d'amour et de cures de beauté qu'il parviendra à refaire surface entouré de Joëlle et de Jérôme qui veillent au grain et qui s'efforcent, avec leurs amis, de remettre à l'avant-plan les choses essentielles de la vie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 18 janvier 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782764417102
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Du même auteur
Comme enfant je suis cuit , roman, Québec Amérique, 1998.
 
Garage Molinari , roman, Québec Amérique, 1999.
 
Le chien qui voulait apprendre le twist et la rumba , texte paru dans Récits de la fête , collectif d’auteurs, coll. Mains libres, Québec Amérique, 2000.
 
Mon père est une chaise , collection Titan+, Québec Amérique Jeunesse, 2001.

Données de catalogage avant publication (Canada)
 
Beauchemin, Jean-François
Les Choses terrestres
9782764417102
I. Titre.
 
PS8553.E171C46 2001 C843’.54 C00-942034-7 PS9553.E171C46 2001 PQ3919.2.B42C46 2001
 
 
 
Les Éditions Québec Amérique bénéficient du programme de subvention globale du Conseil des Arts du Canada. Elles tiennent également à remercier la SODEC pour son appui financier.


Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour nos activités d’édition.
 
 
 
 
 
 
 
 
©2001 ÉDITIONS QUÉBEC AMÉRIQUE INC.
www.quebec-amerique.com
 
 
Dépôt légal : 1 er trimestre 2001 Bibliothèque nationale du Québec Bibliothèque nationale du Canada
 
 
Révision linguistique : Diane-Monique Daviau Mise en pages : André Vallée
Sommaire
Du même auteur Page de titre Page de Copyright Dedicace Les Choses terrestres
À mes quatre frères et à ma sœur : Benoît, Jean-Luc, Pierre, Jacques et Christiane. Pour cet attroupement bruyant et rigolard de fauchés, de flâneurs et de poètes variés que nous formons tous les six, quand nous quittons nos costumes de gens irréprochables.
 
À Manon Des Ruisseaux, toujours si inquiète pour les autres, et si peu pour elle-même.
 
À l’entrée de Galway, Walcott parla de nouveau : « Je suis resté athée, mais je peux comprendre qu’on soit catholique ici. Ce pays a quelque chose de très particulier. Tout vibre constamment, l’herbe des prairies comme la surface des eaux, tout semble indiquer une présence. La lumière est mobile et douce, elle est comme une matière changeante. Vous verrez. Le ciel, lui aussi, est vivant. »
 
Michel Houellebecq Les Particules élémentaires
Le monde dépeint dans cette histoire n’est pas le nôtre, et cependant il lui ressemble. On ne cherchera pas les similitudes avec notre univers dans les phénomènes naturels de ce monde-là, encore moins dans les caractéristiques physiologiques de ceux qui l’habitent. Leur humanité, en revanche, nous est déjà plus familière. À une différence près, on reconnaît en elle nos frères et sœurs. Quelle est cette différence ? C’est que les individus représentés ici sont en quelque sorte toujours étonnés qu’on puisse concevoir l’existence autrement qu’en accordant aux choses du cœur une place dominante. On ne se surprendra guère par conséquent de les trouver si entièrement occupés par les émotions que ces choses leur inspirent. Tout se passe pour eux comme si la vie ne se vivait qu’à travers le prisme de la sensibilité, et comme si la raison, et même l’expérience, ne comptaient que pour peu de chose. En somme, tous sont d’inlassables adolescents. Voici en effet l’histoire de gens rêveurs et courageux, qui croient en un monde meilleur ici et maintenant, tel que le prescrit toute vie humaine encore neuve. Et voilà pourquoi ce roman, où les personnages pour la plupart dépassent pourtant largement l’âge de l’adolescence, est bel et bien un roman sur la jeunesse.
L e jour arrivait avec sa fanfare muette, peu à peu le soleil se levait sur les choses terrestres. C’était une aube remplie d’oiseaux avec beaucoup de solfège à l’intérieur du coffre mélodique, mais qui ne laissaient s’échapper par le bec que des débuts de chansons, car à cette heure si matinale le refrain ne leur revenait pas encore tout à fait. Cependant, au milieu de leurs petits corps d’aéroplanes musicaux, le tourne-disque aérien commençait à se réchauffer, bientôt tout le ciel résonnerait de mélodies légères sorties tout droit du ventre. De chaque côté, pendant ce temps, les ailes allaient et venaient comme une moulinette pour garder le tout suspendu au-dessus du quartier avec grâce et altitude. À l’arrière il arrivait tout de même que la queue reste coincée en mauvaise position parce que l’oiseau avait dormi dessus, et voilà pourquoi certains tournoyaient sans relâche au-dessus des maisons avec le gouvernail qui n’en faisait qu’à sa tête. Les pattes, quant à elles, attendaient tranquillement l’atterrissage, repliées sous la carlingue. À l’horizon, l’air ressemblait aux flancs d’une truite, car tout s’entrelaçait si formidablement, le gris de la nuit, le rose du matin, et aussi les flèches d’argent comme sous les poissons quand ils fendent les rivières. Plus haut, le ciel hésitait encore : fallait-il éteindre jusqu’à la dernière étoile ? Mais à cette heure il n’y avait plus de choix possible, déjà la clarté étendait son costume sur le monde, ce placard clos.
P artout les maisons commençaient à s’animer, dans les fenêtres on voyait les gens qui se grattaient sous le pyjama en regardant le ciel pour voir un peu à quoi allait ressembler la météo ce matin-là. Devant les portes des HLM, des chats faisaient leur toilette en attendant qu’on leur ouvre pour le déjeuner, et chaque fois que la langue frottait le pelage ça faisait floup, floup . Cachées dans le poil, les puces attendaient sagement que ça finisse, et alors elles sortaient de leur cachette puis elle recommençaient à faire la fête entre les rayures.
Vers les sept heures, en tendant l’oreille, j’ai entendu par la fenêtre ouverte de monsieur Poussain la radio qui jouait Marguerite ma jolie avec le batteur qui tenait le rythme terriblement à l’arrière. Ensuite le soleil a dépassé la hauteur des toits, et aussitôt on a senti une petite émotion traverser les arbres. Au bout des branches, les feuilles un peu racornies par l’automne ont commencé à bouger à cause du vent léger, et lorsqu’elles s’envolaient sur les vaguelettes de l’air on aurait dit de petites chaloupes roussies et bosselées. Après, quand le soleil a été tout à fait levé, la lumière a fait briller la vitrine de madame Doubska, puis son fils Jerzy a commencé à sortir la marchandise sur le trottoir pour attirer la clientèle passante. Les fenêtres des maisons aussi ont brillé, puis les toits des usines, les décombres de l’ancien Garage Molinari, et jusqu’aux lunettes du caporal Breadbaker qui balayait le sol devant son hangar. Et alors la fanfare silencieuse du jour a encore entonné quelque chose avec son grand feu émotif, oh ! comme ça ressemblait à une victoire, tout cet incendie de trompettiste !
Mais voici que quelqu’un frappe sur le palier, c’est le docteur M’Bélélé qui vient examiner mon frère.
C’ était un homme à la peau si noire que lorsqu’il souriait avec ses dents rutilantes on aurait dit un clair de lune sur la nuit du visage. Au milieu de la face le regard brillait aussi à l’occasion, mais seulement quand il parlait de sa femme, dont il était si amoureux que ça le prenait encore aux tripes même après toutes ces années de mariage, jadis, dans son Congo natal. Au sommet, ses cheveux si frisés et toujours entretenus très au ras de la tête rappelaient un peu les vaguelettes sur les gâteaux au chocolat de madame Bérimont, quand elle nous en apportait parfois. Autour du crâne, à cause de son âge respectable, une bande étroite de ces cheveux-là formait une autoroute très blanche couchée sur le flanc et en forme d’anneau de Saturne, interrompue sur le devant pour laisser passer le visage. Avec les dents et les yeux c’était la seule blancheur qui venait de lui, sauf quand il enfilait son sarrau et qu’il portait ses baskets blancs, alors le docteur M’Bélélé était illuminé de haut en bas comme une lampe congolaise.
Joëlle et moi on l’a conduit dans la chambre de Jules, et alors il s’est mis à fouiller dans sa trousse sans même retirer son couvre-chef en peau de guépard. En éparpillant son bric-à-brac sur le lit, il ne cessait de répéter Où ai-je encore rangé mon entonnoir, vraiment ? Où ai-je encore rangé mon entonnoir, vra

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents