Les Géants anonymes
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Les Géants anonymes , livre ebook

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Description

En fin observateur de l’âme humaine, François Désalliers propose une autopsie du tragique dans ce qu’il a de quotidien et de sournois car l’impensable est bien souvent à la portée de tous…
Et il utilise son redoutable talent de conteur pour arracher à ses personnages criants de vérité une humanité qu’il élève au rang de mythe. Car ces êtres, autrement, demeureraient aux yeux de notre époque avide de héros, de simples anonymes.
Deux hommes, deux pères de famille, deux voisins, deux destins. Ils vivent côte à côte, mais ne se connaissent pas. L’un écrit, l’autre pose des clôtures. L’un est marié à une gérante de caisse populaire et père de trois enfants dont il s’occupe avec soin. L’autre est divorcé, séparé de ses deux enfants qu’il ne voit pas souvent, ce qui l’arrange, car il déteste la mère, une femme quelconque qui collectionne les pensions alimentaires. Chacun vit dans son petit monde jusqu’au jour où Francis, l’écrivain, rend visite à Léopold, le poseur de clôtures. Débute alors une aventure étrange, rocambolesque et funeste.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 juillet 2012
Nombre de lectures 0
EAN13 9782764417867
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L i t t é r a t u r e d ’ A m é r i q u e
Collection dirigée par Normand de Bellefeuille et Isabelle Longpré
Les Géants anonymes
Du même auteur Un monde de papier, roman, Triptyque, 2007. Un été en banlieue, roman, Québec Amérique, 2006. L’Homme-café, roman, Québec Amérique, 2004. Des steaks pour les élèves, roman, Québec Amérique, 2000. Amour et pince-monseigneur, roman, Québec Amérique, 1999.
François Désalliers
Les Géants anonymes
roman
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Désalliers, François, Les géants anonymes (Littérature d'Amérique) ISBN 978-2-7644-0651-9 (Version imprimée) ISBN 978-2-7644-1427-9 ( PDF ) ISBN 978-2-7644-1786-7 ( EPUB ) I . Titre. II . Collection : Collection Littérature d'Amérique. PS8557.E678G42 2009 C843'.54 C2008-942217-1 PS9557.E678G42 2009

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition ( PADIÉ ) pour nos activités d’édition. Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC . Les Éditions Québec Amérique bénéficient du programme de subvention globale du Conseil des Arts du Canada. Elles tiennent également à remercier la SODEC pour son appui financier L’auteur remercie le Conseil des Arts du Canada pour la bourse qu’il lui a accordée. Québec Amérique 329, rue de la Commune Ouest, 3 e étage Montréal (Québec) Canada H2Y 2E1 Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010 Dépôt légal : 1 er trimestre 2009 Bibliothèque nationale du Québec Bibliothèque nationale du Canada Mise en pages : André Vallée — Atelier typo Jane Révision linguistique : Diane Martin et Diane-Monique Daviau Direction artistique : Isabelle Lépine Conversion au format ePub : Studio C1C4

Pour tout commentaire ou question technique au sujet de ce ePub : service@studioc1c4.com
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés © 2009 Éditions Québec Amérique inc. www.quebec-amerique.com
À Charles
1
T out commence par une maison. Dans une rue bien ordinaire. Ce n’est pas une belle maison. C’est une habitation construite en 1977. Elle en est à son deuxième propriétaire. Il y a des logis qui en voient défiler davantage. Dans la cour arrière, il y a des arbres, des arbustes, des fleurs. Une corde à linge. C’est pratique quand il fait soleil. Mais aujourd’hui il pleut. Dans le bureau de Francis, il y a une grande fenêtre qui donne sur la cour. Il peut donc voir la pluie tomber sur les lilas. Les feuilles sont gorgées d’eau, elles tremblent un peu, à cause du vent. Francis pense à Ground Zero. Il se dit qu’il pourrait aller voir de quoi il retourne. New York n’est pas tellement loin. Ground Zero, c’est le début de tout. Il y voit une métaphore de sa condition, car il se sent vide.
De l’autre côté de la clôture, la voisine tire sur sa corde à linge. Elle se dépêche de rentrer les vêtements mouillés. La poulie fait un bruit d’enfer. Il y a quelques années, Francis a installé un poteau d’aluminium dans sa cour et la voisine a demandé à sa femme si elle pouvait y accrocher sa poulie. Monique a dit oui. Elle n’aurait pas dû ! Maintenant, leur saloperie de poulie provoque un boucan de tous les diables et ils ne sont pas fichus de la réparer, de la huiler ou de la changer ! Francis pense qu’ils ne se rendent même pas compte qu’elle fait du bruit ! Après tout, il ne devrait pas se surprendre. On vit dans un monde bruyant. Pas un moment de repos. Pas une miette de silence. Essayez donc de vous concentrer dans ces conditions !
Déjà qu’il a toutes les peines du monde à trouver le moindre intérêt à ce qu’il fabrique. À trouver du goût à sa vie. La vie est un enfer, pas de doute. Je sais ce que je dois faire, se dit-il. C’est le goût de le faire que je n’ai plus. Et c’est dangereux. Ce serait peut-être moins dangereux si je n’avais pas d’enfants. Mais j’ai des enfants. Lui revient alors à la mémoire la « fête » d’hier soir pour souligner l’anniversaire de Simon.
Francis était allé faire des courses avec Chantal et Caroline. Ils avaient couru dans les allées du supermarché. Ils s’étaient arrêtés devant un présentoir pour choisir une carte d’anniversaire. Il y en avait une qui les faisait rire. Elle représentait un gros cochon rose qui s’apprête à souffler des bougies. Il était mentionné : « Allez… Prends une bonne respiration et souffle ! » À l’intérieur de la carte : « Ça va te faire du bien un peu d’exercice ! » Ils trouvaient cela très drôle. Simon passe beaucoup de temps devant l’ordinateur. Il n’est pas gros. Loin de là. Mais ils se disaient que cela le ferait rire.
La carte de souhait ne lui avait pas plu. Il s’était levé de table avant le dessert et il était descendu au sous-sol. Francis avait voulu le rejoindre. Mais, dans l’escalier, Simon remontait les marches.
— Qu’est-ce qu’il y a ?
Il s’était dégagé en jurant. Il avait enfilé ses baskets et il était sorti.
Les filles étaient parties à sa recherche. Rien à faire. Ils avaient fini par s’asseoir au salon et ils avaient regardé la télévision. Un peu plus tard, Simon était apparu dans la cour. Chantal avait voulu aller le trouver, mais il avait menacé de partir si elle approchait. Il désirait qu’on le laisse tranquille. Finalement, il était redescendu au sous-sol où il s’était planté devant son ordinateur. Comme d’habitude, pense Francis. Il se branche sur Internet avec ses copains et ils jouent à des jeux de guerre. Qu’est-ce qu’on peut y faire ? Moi, je m’enferme bien dans mon bureau pour écrire. Quelle est la différence ? La différence, c’est que j’aurais mangé ma portion de gâteau !
Francis regarde la pluie tomber sur les lilas. Il a le cœur gros. Sa pensée vagabonde. Puis, tout à coup, on frappe à la porte de son bureau. Il se demande qui cela peut être. Encore plongé dans ses réflexions, il va ouvrir. Il s’attend à voir sa femme. Eh bien non. Devant lui se tient un homme vêtu avec recherche. Il porte un costume prince de galles, une chemise blanche impeccable, et son nœud de cravate est parfaitement ajusté. Coupe de cheveux irréprochable. Chaussures vernies.
— Bonjour. Je m’appelle Frank Bettger.
L’homme lui serre la main avec vigueur. Il possède une poigne de fer. Beaucoup d’énergie dans toute sa personne. Francis le regarde, abasourdi. Comment est-il entré dans la maison ? Qui l’a fait entrer ? Est-ce que Monique… Mais l’homme reprend :
— Mon nom doit vous dire quelque chose. Il y a quelques années, j’ai publié un livre qui avait pour titre : How I Raised Myself from Failure to Success in Selling . On l’a traduit sous le titre : De l’échec au succès, ma formule de succès dans la vente …
Francis cherche dans sa mémoire. En effet, ce titre lui dit quelque chose. Il doit avoir ce bouquin dans sa bibliothèque. Il y a quelques années, des lunes, dans une autre vie, il avait vendu des tas de trucs. Il était doué. Mais c’était pour survivre. Il n’aimait pas réellement ce travail. Frank Bettger le regarde avec un grand sourire.
— C’est un livre que j’ai écrit en 1977, mais c’est toujours d’actualité, n’allez pas croire le contraire. J’ai publié ça du temps où j’habitais au New Jersey. J’y racontais ma vie, comment de perdant j’étais devenu un gagnant.
Francis se rappelle. Frank Bettger, selon l’expression de Dale Carnegie, s’était élevé à la force du poignet. De pauvre qu’il était, il était devenu quelque chose comme riche et puissant grâce à l’art de la vente, et c’est ce qu’il racontait dans son bouquin.
— C’est surtout une question d’organisation, dit Frank Bettger. Il faut s’organiser. Il faut agir avec enthousiasme. Quand j’ai rencontré Dale Carnegie, en 1917, j’avais vingt-neuf ans, je ne réussissais pas dans la vente. En fait, j’y échouais lamentablement. Mais…
Francis pense alors que si Frank Bettger avait vingt-neuf ans en 1917, c’est dire qu’il est né en 1888. Et, s’il est né en 1888, comme on est en 2006, il a aujourd’hui cent dix-huit ans ! Il devrait avoir cent dix-huit ans ! Cela n’a aucun sens !
— J’ai écrit ce livre très tard, reprend Frank Bettger. Imaginez-vous ! J’avais quatre-vingt-neuf ans. Mais je ne le regrette pas. Il a aidé beaucoup de monde. Beaucoup de vendeurs. Et il pourrait vous aider à votre tour. Il pourrait vous faire sortir de l’ornière dans laquelle vous êtes. Il pourrait vous faire sortir de votre état dépressif et vous faire accéder à la lumière ! En fait, je peux vous aider, puisque je suis là ! Vous pouvez profiter de ma présence. N’est-ce pas merveilleux ?
L’homme qui se trouve en face de Francis n’a pas cent dix-huit ans. C’est un homme solide. Bien campé. Il es

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