Les gens ça fait toujours des histoires
126 pages
Français

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Les gens ça fait toujours des histoires , livre ebook

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Description

Pour un oui, pour un non, les gens, ça fait toujours de histoires. Avec ce roman audacieux et impertinent à bien des égards, Dan Ross Smague dresse une galerie de personnages irrésistibles, loufoques, parfois faubouriens, confrontés à mille péripéties, autant de rebondissements aussi invraisemblables qu’inattendus. L’humour et les dialogues grinçants narrés par l’auteur, à l’image de protagonistes pas toujours des plus recommandables, telle la grand-mère, véritable phénomène parmi les phénomènes, font de cette expédition, un itinéraire de vacances parsemé de perlouses et autres petits trésors amenés à figurer parmi l’anthologie de la sottise humaine dont il restera toujours de superbes et adorables spécimens.

Informations

Publié par
Date de parution 11 avril 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9791029009440
Langue Français

Extrait

Les gens ça fait toujours des histoires
Dan Ross Smague
Les gens ça fait toujours des histoires
Les Éditions Chapitre.com
123, boulevard de Grenelle 75015 Paris
© Les Éditions Chapitre.com, 2019
ISBN : 979-10-290-0944-0
Avant - propos
Avant que je n’oublie, il me faut remercier les personnages (tous les personnages) qui m’ont incité à écrire ce roman. Même si je les ai parfois – souvent – affublés de sobriquets, par le fait de les avoir couchés noir sur blanc, j’ai souhaité leur rendre hommage.
Délirantes, surréalistes ou vertigineuses les situations abracadabrantesques dans lesquelles je les ai plongés ne sont qu’un témoignage de respect, de reconnaissance et d’amour. Amour que je n’ai su leur exprimer par pure bêtise, me dissimulant derrière ce mur hypocrite du temps qui passe et voit partir les êtres chers trop tôt.
Je me souviens de la soirée du jour des funérailles de ma merveilleuse grand-mère, soirée durant laquelle nous nous remémorâmes avec joyeuseté cent anecdotes vécues en sa compagnie, laissant baba l’assistance et faisant pisser de rire celles et ceux qui venaient de l’accompagner à sa dernière demeure.
Je regrette de n’avoir eu le courage, la hardiesse, l’héroïsme de lui dire de son vivant combien je l’aimais.
3 juillet
I. G EORGES ? N ON , W ILSON !
– Georges ?
– Non, Wilson !
– Avant tout, est-ce que vous êtes bien installé mon cher Georges ?
– Appelez-moi Wilson, surtout si vous devez écrire un livre.
– Wilson ?
– Oui, c’est mieux n’est-ce pas ? Moi, je trouve que ça sonne bien en tout cas.
– … Mon cher Wilson.
– Ah… Vous voyez ?
– Ne commencez pas à m’interrompre à tout bout de champ, souffle Jean-Claude, qui, bien qu’agacé face à l’attitude recroquevillée de son copain, laisse tout de même paraître un sourire à la commissure de ses lèvres.
– D’accord ? se radoucit Wilson. Inclinant la tête, il pose l’index droit sur sa bouche fermée en même temps qu’il écarquille les yeux. Il hoche la tête, remonte les épaules, s’apprête à parler.
– Hmm, racle-t-il du plus profond de sa gorge.
– Chut, chut, chut ! Ne dites rien… Geor… Je vous en prie, ne dites rien. Merci. Donc… Geor, euh pardon, je veux dire Wilson. Wilson : Croyez-vous au destin ?
– Hmm, hmm.
– Oh, je vous en prie, continue Jean-Claude, agacé par le comportement de Wilson. C’est une question, alors bien évidemment, vous pouvez retirer votre doigt de sur vos lèvres et me répondre. Ne faites pas l’enfant ; vous et moi avons passé l’âge !
– Le destin, il n’y a pas à y croire ou pas y croire ! Le destin est ! du verbe être, au présent. Un point c’est tout.
Jean-Claude, surpris par la réaction qu’il juge virulente, marque une pause, le temps d’une courte réflexion puis reprend en prenant soin de bien détacher chaque syllabe.
– D’accord ! Alors, écoutez bien l’histoire. Elle ne souffre d’aucune interruption, d’aucune coupure. Mon cher… Wilson, cette histoire va vous enchanter.
– Hé ! tire puis rengaine Wilson en se trémoussant pour mieux enfoncer son corps dans le moelleux des coussins du lit. Tel un gamin de huit ans dans l’espoir d’un conte merveilleux, l’homme au visage émacié affiche soudain des yeux pétillants au-dessus de joues fardées d’un rose orangé.
– Avant d’entrer au cœur de l’histoire, une question mon cher Wilson. Une question et ensuite je vous raconte. Bien sûr, je reste à votre écoute, mais seulement pour une information, un détail, au cas où je serais imprécis ou bien si je venais à écorcher, oublier, préciser un point qui pourrait vous échapper. À part ça : pas de commentaire ! D’accord ?
– D’accord !
– Tout d’abord Wilson, connaissez-vous Henri ?
– Henri… IV ou celui de la 114 ?
– De la chambre 114, voulez-vous dire ?
Wilson opine de la tête.
– Je ne connais pas le numéro de la chambre qu’il occupait.
– Henri, le grand qui jouait les Alzheimer ?
– Vous croyez vraiment qu’il en jouait ?
– Bah, bah, bah, bah… Pas qu’un peu, le gueux. Je l’ai toujours su. Fallait le voir prêter l’oreille ce péteux quand quelque chose l’intéressait.
– Bref. Curieux tout de même ? semble tomber des nues un Jean-Claude interrogateur. Curieux, ajoute-t-il tandis que sa tête, comme le font si bien les habitantes de nos poulaillers, émet un brusque mouvement vers l’arrière, curieux, car depuis dix ans qu’il est suivi par les médecins, ceux-ci auraient dû se rendre compte de la situation.
– Bah, bah, bah, bah… Les médecins, ici vous savez, ils viennent, font mine de… Voyez ce que je veux dire, précise Wilson en chuchotant, et puis ils s’en retournent après avoir empoché le petit paquet.
Perplexe, Jean-Claude, dont le cerveau commande à ses doigts de se gratter la nuque, finit par sourire et se ressaisit.
– Bon, ne nous laissons pas distraire. Je crois qu’il est préférable que je ne vous pose plus aucune question. Non Georges, les questions, c’est fini ! On arrête là, d’accord ?
– Wilson ! Appelez-moi Wilson ! hausse le ton Georges, alias Wilson. Ce n’est pas compliqué tout de même ! Cela fait dix minutes que je vous le demande. Alors c’est toujours la même moutarde, celle qui me monte au nez. Il faut que je vous obéisse ; j’y suis prêt et vous… vous ne faites aucun effort.
– Pardon !… Non, Wilson, ce n’est pas une question ! Je vous demande pardon, car je ne veux plus que vous m’interrompiez. Sinon on ne va jamais y arriver. Non, mais enfin, quoi. OK ?… OK Wilson ?
– OK ! capitule Wilson.
– Alors, mon cher… écoutez bien.
Wilson remonte le bord de la mince couverture jusque sous son nez et, tel cet enfant curieux, joyeux à l’idée d’une belle histoire, frétille dans son lit puis laisse son corps se détendre.
– Il était une fois, il y a quelque temps de cela, dans un pays, non loin de celui-ci…
– Lequel ? tente Wilson.
– Chut ! rétorque un Jean-Claude bien décidé à ne plus s’en laisser compter. Il continue :
– C’était en juillet, tout au début du mois de juillet…
II. 3 JUILLET – L ES D ENFER
En ce jour d’été,
dès l’aube,
la famille Denfer s’était levée, plus ou moins joyeuse. « Ben, y a pas de quoi éclater de joie non plus », grommelle Sergent Garcia, la grand-mère Denfer, quand son fils vient l’extirper de sous ses draps.
Plus ou moins joyeuse, pourtant, les vacances étaient là !
Dehors, il faisait bon. D’un commun accord, « Sauf qu’à moi, personne ne m’a rien demandé », s’insurge la vieille dame après s’être péniblement mise sur pied. « Ben oui, quand j’ai pas envie, j’ai pas envie et tout devient pénible ! », argumente-t-elle.
Alors, à l’unanimité de quatre voix sur cinq, la veille au soir, une fois le dîner avalé la vaisselle lavée, rangée ; le ménage terminé, il avait été convenu de partir tôt le lendemain matin, et en tout cas, « Avant que le soleil ne sévisse », avait imposé Jenny Bigoud, la mère de la famille Denfer. « C’est déjà pénible avec un chauffeur qui roule à deux à l’heure, alors s’il faut, en plus, supporter la chaleur… Je rends mon tablier, même si j’ai rien en dessous ! », avait-elle asséné en guise d’ultime revendication.
3 juillet, 5 h 37
Quelques chants ou plutôt quelques cris d’oiseaux nocturnes accompagnaient le père employé à caler dans la malle arrière les bagages que sa femme avait vérifiés et posés sur le gravier, au cul de l’auto. Jenny, l’épouse Denfer, était l’unique membre de la famille à présenter des gestes de nervosité « Pour changer », soupire longuement une sarcastique grand-mère Sergent Garcia.
Sitôt levés, les adultes s’étaient contentés d’une tasse de café, les enfants d’un bol de chocolat et d’une banane puis, le temps de (re) contrôler si le gaz était fermé, l’eau, l’électricité coupées, ils se retrouvèrent tous fin prêts pour le long voyage, à l’exception de la grand-mère qui, pour manifester son ras-le-bol, n’en finit pas de traîner les pieds ou plutôt ses savates.

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